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EAN : 9791095071402
492 pages
Les Editions du Rocher (10/10/2018)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Peredonov, professeur dans une petite ville russe, n'est obsédé que par une chose : son avancement social. Méprisant, hautain, infect avec ses semblables, son égoïsme et son enfermement tragique forment la matrice d'une figure diabolique. Un démon de petite envergure est un classique de la littérature russe du début du xxe siècle.

Roman forcené qui rôde autour de l'abjection humaine. Cette analyse impitoyable de certains des recoins les plus sombres d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"L'homme, ce petit monde de folie..."
(Goethe, "Faust")

Merci à la masse critique d'avoir proposé, à côté des nouveautés, aussi cette réédition d'un classique de la littérature russe (1905), qui n'a décidément rien d'un "roman de petite envergure".
le nom de Fiodor Sologoub m'était inconnu, et je découvre un roman drôle, burlesque, et surement l'un de plus "décadents" de l'époque pré-révolutionnaire. Et aussi terriblement "russe" - où ailleurs aurait-on l'idée de casser les pieds des verres à vodka, afin de ne plus pouvoir les reposer sur la table sans les avoir entièrement vidés ?

On est pourtant bien loin des démons de Goethe ou d'Hoffmann, qui apparaissent dans un nuage de souffre pour satisfaire les ambitions folles des protagonistes. "Un démon de petite envergure" est un roman sur la médiocrité, et la progression de la folie de Peredonov est monstrueusement comique - on n'a aucune sympathie pour le personnage, et on ne peut suivre sa déchéance qu'avec une grimace de dégoût.
Il y a bien une "petite créature grise", qui se montre de plus en plus souvent au fur et à mesure que la raison de Peredonov vacille, mais elle n'est pas réelle... un démon de midi ?

Ardalion Borissytch Peredonov est professeur du collège dans une petite bourgade provinciale anonyme. Sa seule obsession est l'avancement social, qu'il croit mérité et inévitable. Il se croit irrésistible et spirituel; chaque femme désireuse de se marier avec lui. La réalité est tout différente - Peredonov est un mauvais professeur détesté de ses élèves, vantard, égoïste, prétentieux et sans scrupules.
Son entourage n'est guère mieux - dans les prétendues "amitiés" ne se cachent que calomnies, jalousies et suspicions.
Ainsi, quand sa Varvara utilise un subterfuge d'une fausse lettre d'une personne haut placée, qui promet à Peredonov une nomination au poste d'inspecteur, elle déclenche, à son insu, la lente descente de son mari dans la paranoïa et la folie.
Pourquoi cette nomination, dont tout le monde est déjà au courant, ne vient-elle toujours pas ?

Peredonov, déjà suffisamment "monstrueux", commence à voir le mal partout. Tout le monde, le chat y compris, veut le calomnier, dénoncer, anéantir. Tout est sombre - même les paysages sont le reflet de l'âme du professeur - il fait toujours moche dans le livre.
Sologoub est imbattable pour décrire la progression de la paranoïa - d'abord les gens, puis les chats et les moutons, la créature grise qui ricane...
La façon dont il parle de la terreur qui inspirent à Peredonov les cartes à jouer est inoubliable !

Un bal masqué se prépare dans la ville, et on sent qu'il va inévitablement se passer "quelque chose"; une sorte d'apothéose. C'est presque ça...
Mais Sologoub garde l'horreur ultime pour le dernier chapitre. le destin du professeur est alors définitivement scellé.

le roman a dû faire parler de lui à sa parution, mais plutôt à cause de l'histoire parallèle à celle de Peredonov - cette épisode de la jeune fille qui séduit un collégien. Etrangement, les sentiments "réels" de Ludmilla et Sacha, qui créent un scandale dans la société hypocrite, font plutôt penser à une bulle d'air frais, par rapport au reste du roman.

Au début, je pensais beaucoup à Gogol et ses "Âmes mortes". Mais le personnage pathétique de Peredonov est difficilement comparable avec le calculateur Tchitchikov. Vers la fin, je pensais plutôt aux atmosphères un peu surréelles, créées par Vitold Gombrowicz.
La vie provinciale est décrite avec beaucoup de mordant, mais Sologoub se moque plutôt des qualités humaines que de la société en général.
Sa ville est un peu irréelle - cela pourrait se passer n'importe où et n'importe quand.
En tout cas, une belle lecture... et un auteur à découvrir !


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Ayant lu quelques critiques totalement discordantes de ce roman russe réédité pour la quatrième fois depuis sa parution en 1907, je m'y suis collée de bon coeur, étant adepte de cette littérature.
J'ai été happée par ce gros roman, sans bien encore en comprendre le pourquoi.
L'écriture, très certainement, qui donne à ce roman sur la psychose une magnifique forme littéraire.
Parce que le personnage principal , un professeur de collège, Peredonov, est un être abject , pervers , manipulateur au-delà de toute imagination normale pour son état, délateur de ses élèves auprès de leurs parents, pour le plaisir de savoir qu'ils seront fouettés, une carpette avec les puissants, bref un sale type, que dis-je, un salopard de première. Ses vilenies courent sur 500p, la première moitié montre le délire de persécution et la parano de cet homme, puis vient ensuite la vraie psychose, Peredonov est bel et bien devenu fou, absent du réel, et ce jusqu'au crime.
Les personnages secondaires n'attirent pas plus la sympathie, dans une petite ville les rumeurs galopent, et tous les mauvais penchants s'expriment dans ce roman. le principal du collège est peut-être à extraire de ce lot d'abrutis.
Et pourtant, ce roman m'a scotchée, bizarre, je n'irai pas voir un psy pour autant…
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Je n'irai pas au-delà de la page 121, car je m'ennuie trop. Il ne s'est encore rien passé. Un éditeur d'aujourd'hui aurait fait supprimer toutes ses dizaines de pages inutiles. Je ne sais pas ce qui pourra bien advenir au personnage principal dans la suite du roman, mais tant pis car Peredonov n'est ni sympathique ni antipathique, donc il laisse indifférent. J'étais pourtant motivé par ce beau livre, mon premier roman russe. Quelle déception !
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Téléchargé sur le site gratuit (une mine d'or) de la bibliothèque russe et slave, chez Bossard, traduction de H. Pernot et L. Stahl, 1922. C'est cette version que j'ai lue et non la réédition de 2018 sur une traduction de 1977 de George Arout.
Un roman classique de la littérature russe qui fait le lien entre Les âmes mortes de Gogol et le maître et Marguerite de Boulgakov. Un des aspects spécifiques à la littérature russe est qu'elle mélange sans vergogne et réconcilie des styles aussi différents que la farce burlesque, le fantastique modernisé des contes d'autrefois et le pamphlet politique et social souvent dissimulé, censure oblige, derrière les deux précédents. A ce titre, on peut dire que, ni Dostoievski, encore moins Tolstoi, les deux écrivains russes les plus célèbres en France, n'en sont pas représentatifs. On pourrait par contre parler de Gontcharov (Oblomov) ou Lermontov (UN HÉROS DE NOTRE TEMPS) et, plus récemment, Viktor Pelevine (La vie des insectes).
Le démon mesquin, livre de 1907, est typiquement dans cette lignée, et en constitue un véritable fleuron. L'histoire démarre comme une simple peinture de moeurs autour des manoeuvres que concocte Peredonov pour obtenir un poste d'inspecteur et des manoeuvres de plusieurs femmes autour de lui pour se faire épouser par ce fonctionnaire – un statut très prisé dans la russie tsariste de l'époque. Ces manoeuvres vont virer de part de d'autres à l'obsession et l'état mental de Peredonov va partir dans la psychose et les hallucinations de toutes sortes. Une histoire d'adolescent androgyne vient un peu s'intercaler et brouiller un peu les pistes sans que le lien avec le fil directeur me soit clairement apparu.
Le roman va crescendo virer dans la paranoia et la folie de Peredonov jusqu'à un final meurtrier (un peu décevant, peut-être le seul bémol de mon point de vue) précédé d'une scène de bal/concours de costumes très réussie.
Si le contexte est très situé, le rapport à l'avancement social, aux mariages d'intérêt et aux dérèglements mentaux qui en résultent sont totalement d'actualité - comme le dit Bobby_The_Rasta_Lama dans sa longue analyse, « cela pourrait se passer n'importe où et n'importe quand »
Et c'est ce qui en fait un roman résolument moderne.
492 pages qui se lisent sans effort, style fluide, une découverte très réussie et dont je vous conseille fortement la lecture 😉
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Peredonov est un misérable professeur. Tous ses élèves ont peur de lui, il est arriviste et extrêmement imbu de sa personne. Il se voit déjà à la tête du collège, il se voit même inspecteur, persuadé d'avoir la princesse dans la poche qui lui apporterait son soutien. Il s'aime, sa confiance en lui est infaillible. Toutes les femmes sont amoureuses de lui et cherche à l'épouser : comme il le dit, bientôt il sera riche ! Mais souvent, ces femmes qu'on cherche à marier le choisisse par dépit, et contrairement à ce qu'il pense, ne l'aime guère.

Je suis allée jusqu'au bout de ce roman, même si j'ai fini par une lecture en avance rapide. J'étais curieuse de savoir ce qu'il allait advenir de ce bonhomme : si le karma allait faire son boulot !

Mais voilà, le roman n'est pas malsain, ce n'est pas dérangeant de suivre les aventures de Peredonov, les personnages sont hauts en couleur. Certains sont d'ailleurs tout aussi méchants que lui. On sent que Sologoub se moque en réalité des grands drames plein de sentiments du XIXème siècle, ces drames amoureux où les gens sont riches, ou le deviennent, où les gens tombent en pamoison, où Saint-Pétersbourg est magnifique et l'herbe autour de la Datcha toujours verte. Ici, il n'y a que de bas instincts, les rumeurs sont vulgaires et se répandent comme une trainée de poudre, elles sont exagérées et ont des conséquences. Les personnages sont débraillés ou trop parfumer, ce hurlent dessus et s'embrasse sans ambages.

Le vrai problème ? C'est l'écriture chiante à mourir. Désolée pour ce terme, mais c'est soporifique à souhait. Si bien que ça glisse et qu'on n'arrive pas vraiment à s'intéresser au sort de ces personnages, le livre tombe des mains car on se met tout bonnement à ronfler. Même la vilénie, l'absurdité et la malice ne font pas de vagues ! Alors que tout le sel est là ! Sans doute est-ce pour montrer l'humanité vraie, l'humanité démoniaque, et donc, pas besoin d'en faire des tonnes... Certes ! Mais qu'est ce qu'on s'ennuie !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Auparavant, Peredonov avait tenu à exposer ses livres comme pour témoigner de ses idées libérales. En fait, il n'avait ni idées ni même envie de réfléchir. Il gardait ces livres pour la façade, mais ne les lisait jamais. D'ailleurs, il y avait longtemps qu'il n'avait lu le moindre livre; il prétendait n'avoir pas le temps; il n'était abonné à aucun journal et ne se tenait au courant des événements que par les conversations. Il n'avait pas grand-chose à apprendre, car rien ne l'intéressait dans la vie, à part sa propre personne. Il allait même jusqu'à se moquer des abonnés aux journaux, leur reprochant de gaspiller leur argent et leur temps. Il faut croire que son temps lui paraissait éminemment précieux.
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- Toutes les Polonaises sont de bonnes maîtresses de maison, répliqua Martha.
- C'est à voir ! S'exclama Peredonov. Tout est propre à l'extérieur, mais les jupons sont sales. Je dois avouer, à votre avantage, que vous avez eu Mickiewicz. Il est au-dessus de notre Pouchkine. Son portrait est sur mon mur. Auparavant, c'était Pouchkine qui y figurait; je l'ai remisé dans les cabinets; en fait, ce n'était qu'un larbin.
- Vous êtes Russe, dit Vladia, alors que vous importe notre Mickiewicz ? Pouchkine est bon, et Mickiewicz est également bon !
- Il est au-dessus de Pouchkine, répéta Peredonov. Les Russes sont des crétins. Ils n'ont inventé que le samovar; rien d'autre.
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Dans la rue, tout parut hostile et menaçant à Peredonov. Un mouton se tenait au carrefour et le fixait avec obstination. Ce mouton ressemblait à Volodine; cette ressemblance épouvanta Peredonov. Il se dit que peut-être Volodine avait pris l'apparence d'un mouton pour mieux l'épier. "Que savons-nous ? C'est peut-être possible, pensa t-il. La science n'en est pas encore arrivée là, mais qui sait s'il n'existe pas des gens qui ont ce pouvoir ? Prenons les Français; ce sont des gens cultivés; or, chez eux, à Paris, on signale des mages et des faiseurs de miracles !"
Il eut peur.
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les romans et les nouvelles ne contiennent que des sottises. (...) J'ai déjà lu tous les bons livres, affirma Peredonov. Je ne vais tout de même pas me mettre à lire tout ce qu'on invente actuellement.
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Après la messe dominicale, les fidèles se dispersaient, chacun rentrant chez soi. Certains s'attardaient dans l'enceinte de l'église; derrière les murs de pierre blanche, à l'ombre des vieux tilleuls et érables du jardin, ils bavardaient paisiblement. Vêtus de leurs habits du dimanche, ils se dévisageaient amicalement; à les voir ainsi, on aurait pu croire que les citoyens de la petite ville vivaient dans la concorde et l'affection, voire dans la félicité. or, ce n'était qu'une apparence.
Le professeur du collège, Peredonov, se tenait au milieu d'un groupe d'amis; de ses yeux petits, mornes, profondément enfoncés, dissimulés derrière des lunettes à monture d'or, il les examinait furtivement, tout en discourant.
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