AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072930065
336 pages
Gallimard (08/04/2021)
3.92/5   93 notes
Résumé :
Lorsqu'en février 1956 Romain Gary arrive à Los Angeles, le compagnon de la Libération n'a pas encore eu le Goncourt pour Les racines du ciel et n'a pas commencé à écrire La promesse de l'aube. Durant les quatre années où il exerce le poste de consul général de France dans la Cité des Anges se nouent tous les fils d'une histoire hollywoodienne qui va bouleverser à la fois l'homme et son œuvre. Monsieur Romain Gary est le récit de la transformation d'un homme qui, pa... >Voir plus
Que lire après Monsieur Romain GaryVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 93 notes
5
4 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Kerwin Spire nous livre un pan de la biographie de Romain Gary qui porte sur les quatre ans et demi qu'il aura passé comme consul général de la France  en Californie : février 1956/juillet 1960 sur les hauteurs de Los Angeles tout proche de Hollywood boulevard , 1919 Outpost drive.
Quelques années, décisives parmi celles qui vont compter le plus dans sa vie : A trente cinq ans, ce sera sa dernière mission diplomatique dans une période de grave instabilité politique, il recevra le Prix Goncourt (son premier pour Les Racines du ciel ) , fera connaissance de Jean Seberg qui deviendra sa seconde épouse et la mère de son unique enfant et terminera son roman autobiographique La Promesse de l'aube.

Spire, pour rendre plus authentique son récit , s'est rendu à L.A pour mettre ses pas dans ceux de Gary, retrouver des témoins de cette époque
( notamment son ancienne secrétaire Odette de Bénédétis qu'il courtisa mais celle-ci refusa de lui donner l'enfant qu'il sollicitait ) , les lieux où il vécut : il a également consulté les Archives diplomatiques. Il en résulte une narration réaliste, originale, attachante, empreinte d'humour qui met en scène un homme généreux, un fin diplomate, un homme simple, disponible, mais brillant et plein d'aisance, qui révèle aussi un peu plus les tourments de cet homme facétieux, mystificateur, polymorphe dans ses identités .

Romain Gary a été publié par Gallimard, c'est là qu'il rencontra Albert Camus que l'on croise au fil des pages, avec émotion et plaisir.
Commenter  J’apprécie          386
1956, Romain Gary prend le poste de Consul général de France à Los Angeles.
Sa prise de poste est une réussite. On le suit en tant que représentant de la France, lui qui garde toujours un oeil sur ce qui se passe dans son pays.

Dans ce récit dense et complet Kerwin Spire concentre son étude sur les quatre années passées par Romain Gary à Los Angeles (1956 à 1960) en qualité de consul de France, ce vieux pays des Lumières que l'Amérique admire sans le comprendre alors que le Parti Communiste vient de pulvériser ses records aux élections nationales.

En explorant une période demeurée opaque dans la vie de Romain Gary, comme effacée de la narration officielle, Kerwin Spire se saisit d'une matière précieuse émouvante et éclatante.
On y découvre un homme attachant dans ses contrastes et ses paradoxes –dans toutes ses facettes : le diplomate, l'écrivain, l'Histoire française, Hollywood..
Commenter  J’apprécie          250
Employée à tort et à travers, la formule "Sa vie est un roman" est pourtant la première qui vient à l'esprit lorsqu'on se penche sur l'existence du caméléon Romain Gary. Pour n'en retenir que 5 ans de 1956 à 1960, Kerwin Spire n'en apporte pas moins la preuve éclatante. Durant cette période, on découvre un multicartes de génie à la fois diplomate (consul général de France à Los Angelès), écrivain (auteur à succès de "Les Racines du ciel", prix Goncourt 56), conférencier, dandy et homme à femmes...
Une période riche en événements qui voit le consul se multiplier pour promouvoir l'image de la France et expliquer sa politique : pas simple du fait de l'instabilité ministérielle de la IVe République agonisante et du drame algérien. Ce qui ne l'empêche nullement d'enrichir son oeuvre littéraire car, outre "Les Racines du ciel", bientôt porté à l'écran par John Huston, il publie en anglais "Lady L.", mais surtout il peaufine "La Promesse de l'aube", sa grand'oeuvre qui lui permet de dévoiler enfin son ascendance slave et sa judéité, autant d'informations qu'il avait cachées en arrivant à L.A. se présentant à la presse californienne comme français de souche, catholique né à Nice.
C'est l'occasion de "se délivrer de ce passé qui le hantait pour pouvoir se réinventer.", explique avec justesse Spire.
En 1958, survient l'occasion de se faire le porte-parole du Général de Gaulle auprès des Américains en digne compagnon de la Libération et membre de la France Libre. Mais sans jamais vouloir s'impliquer politiquement, même quand son ami et maître André Malraux lui proposa de rejoindre le mouvement.
Kerwin Spire réussit à rendre très vivant ce quinquennat californien de l'écrivain-diplomate, n'hésitant pas à révéler ses failles et ses doutes. A partir d'une documentation fouillée, il trace le portrait d'un personnage hors-norme aux prises avec des ambitions parfois antagonistes au sein d'une période agitée. Il permet aussi de mieux appréhender l'état d'esprit de cette Amérique de l'Ouest conservatrice et par ailleurs bouillonnante à l'image d'Hollywood.
Rendez-vous est pris pour la suite dans "Monsieur Romain Gary, écrivain-réalisateur", que propose Spire (années 60) où apparaît la lumineuse Jean Seberg.
Commenter  J’apprécie          162
Naissance et transformation d'un grand écrivain, c'est ainsi que l'on pourrait résumer ce récit qui relate quatre années dans la vie de Romain Gary. L'ancien Compagnon de la Libération qui au sortir de la Seconde guerre a choisi la carrière diplomatique a déjà occupé plusieurs postes à Sofia, Berne ou New-York. Nommé dans les prestigieuses fonctions de consul général de France Los Angeles, il se trouve, en cette année 1956, propulsé au coeur d'une Amérique elle aussi en pleine mutation. Dans la ville des Anges, les studios hollywoodiens donnent à voir sur grand écran un American way of life triomphant. Alors que les gazettes annoncent son arrivée, le trentenaire se demande quel accueil va lui être réservé. La notice biographique communiquée à la presse américaine indique que le nouveau consul général est né en France en 1914. Information erronée mais les chasseurs de sorcières du Maccarthyme ne sont pas loin et il ne fait pas bon être né de l'autre côté du rideau de fer... pas plus que d'être Juif. L'Amérique a ses contradictions. Durant quatre année et demi de 1956 à 1960, le diplomate-écrivain incarne le visage de la France. Dans le contexte troublé de Guerre froide, Gary se fait le représentant et le défenseur de la France ainsi que l'exégète de ses positions de politique intérieure et extérieure : crise de Suez, mouvements de décolonisation en Afrique, tensions à l'est, les sujets de manquent pas. Bientôt, la IV° République va disparaître, emportée par les évènements d'Algérie. Nous sommes ainsi embarqués dans le quotidien de Monsieur le Consul général, de ses bureaux d'Outpost Drive aux réceptions dans les hôtels de luxe dans lesquels se presse la colonie française. Avec sa secrétaire, confidente et maîtresse, Odette de Bénédétis, Gary roule à toute vitesse sur les immenses autoroutes du Sud Californie. Sa quête va peu à peu se préciser. Ce qui obsède Gary, ce n'est déjà plus sa carrière de diplomate mais son oeuvre, l'empreinte qu'il va laisser dans le monde des lettres. Il vient d'achever Les racines du ciel pour lequel il se voit récompensé du prix Goncourt. Bientôt son roman va être adapté à Hollywood. C'est également durant son séjour californien qu'il commence à rédiger La Promesse de l'aube. Au fil des mois, Gary se détourne toujours plus de ses missions. Il multiplie les allers-retours en France, laissant à son épouse Lesley le soin de le remplacer pour accueillir les visites officielles. Lui est déjà ailleurs, parti loin, au fond de lui-même. Il est, comme il le dit, beaucoup trop ambitieux pour avoir une ambition politique. Ce qu'il souhaite c'est laisser une trace… pour l'éternité.
Commenter  J’apprécie          40
Dans ce récit, nous suivons Romain Gary dans sa vie de diplomate de 1956 à 1960. Il exerce la fonction de Consul Général de France à Los Angeles où il excelle dans les relations publiques, soutient de façon énergique et inspirée la politique de la France et continue à satisfaire sa soif d'écriture. C'est la période de parution des « racines du ciel » qui lui vaudra le prix Goncourt et une célébrité littéraire qui renforcera sa fonction diplomatique qu'il exerce de façon volontaire, bien que peu appréciée par l'ambassadeur de France aux Etats-Unis Maurice Couve de Murville avec lequel il entretiendra des relations un peu tendues. Cet ouvrage contribue à mieux cerner la personnalité du diplomate et de l'écrivain, le même auteur nous racontant une tranche de vie suivante de 1960 à 1970 dans un autre livre.
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
... Carmen Tessier qui tient "Les potins de la commère dans France-Soir : "Les puristes de la N.R.F. sont très agités, écrit-elle dans sa chronique. On prête à Albert Camus et à Jacques Lemarchand l'intention d'épousseter Les Racines du ciel pour les éditions à venir". Rue Sébastien-Bottin, les intéressés démentent cette information "totalement dénuée de fondement et également blessante pour tous ceux qu'elle met en cause". Mais à Paris le bruit court déjà.
"Il est de bon ton de dire que ce Goncourt-ci est vraiment très mal écrit...", glisse Pierre Dumayet, le 19 décembre sur le plateau de Lectures pour tous. Romain Gary est donc là pour se justifier. Le langage du personnage n'est pas celui de l'auteur, soutient-il. "Je considère que, à tout ouvrage correspond un style et lorsque vous lâchez un troupeau d'éléphants comme moi à travers l'Afrique, que vous évoquez la sueur, la brousse, la forêt vierge, les aventuriers, les évènements incessants, les avatars, les aventures à répercussions constantes, vous ne pouvez pas le faire dans le langage de La Princesse de Clèves et de la duchesse de Guermantes.
Commenter  J’apprécie          110
[Gary] a adressé à son éditeur les épreuves corrigées de "La Promesse de l'aube" (...) Tandis que le texte circule déjà rue Sébastien-Bottin, il a été contrarié d'apprendre que "certaines personnes le commentent en ville et en citent les meilleurs morceaux", écrit-il à Claude Gallimard. (...) "Je ne veux pas que les mondains, les gandins et les dandins s'en servent comme caracolade entre la poire et le fromage."
Commenter  J’apprécie          60
Tandis qu’il vient de reprendre son rasoir avec lequel il dessine sa fine ligne de moustache, la radio grésille, la lame dérape et effleure la peau qui saigne déjà. De stupéfaction, Romain tourne le modulateur pour augmenter le volume. Il a bien entendu. Il vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Saisi par l’émotion, il parcourt le consulat à grandes enjambées, pour prévenir Lesley qui dort encore, après avoir écrit toute la nuit ; Sortie de son sommeil par le bruit de la porte ouverte sans ménagement, elle voit arriver Romain, la joue ensanglantée, et les yeux rougis qui lui annonce : « Albert a eu le Nobel » Pour Gary, Camus est un frère.
Commenter  J’apprécie          20
Rue Sébastien-Bottin, ses lecteurs sont enthousiastes. Michel Gallimard lui écrit : "Lemarchand vient de terminer Education africaine. Il est très emballé, et trouve que c'est "un grand livre", qu'il a lu d'un bout à l'autre avec beaucoup de plaisir et d'intérêt." Lemarchand, qui a pris l'avis de Camus - "est très emballé" lui aussi -, le lui écrit à son tour quelques jours plus tard...
Commenter  J’apprécie          20
De fait, et en dépit des avis dithyrambiques de Camus et Lemarchand, ce n'est pas auprès de Lesley que Romain cherche à être rassuré, au cours de cet été 1956, à l'approche de la parution des Racines du ciel. C'est auprès de Malraux.
Commenter  J’apprécie          40

Video de Kerwin Spire (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kerwin Spire
Monsieur Romain Gary
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (222) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1719 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}