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EAN : 9782070302604
560 pages
Gallimard (15/09/2003)
3.12/5   13 notes
Résumé :

De décembre 1964 à juin 1965, du Pérou aux Cyclades en passant par Tahiti et la Californie, j'ai vécu une aventure dont je rapporte ici les péripéties intérieures. Valet du roman, je suis un Sganarelle aux gages du chef-d'œuvre, gages que je ne toucherai probablement jamais. Mon souci dominant ayant été la poursuite d'un personnage et d'un roman, je ne pouvais me dispenser de m'empoigner avec quelques " th... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une introduction à un roman, voilà ce que cet essai, puisqu'il s'agit bien ici d'un essai, est. Un roman qui aspire à être un roman total, de ceux qui s'opposent à la soi-disante finitude du Roman que certains Sganarelles affirment. Un roman avec un vrai personnage, qui ne se limite pas à un aspect, un caractère, de la réalité, ou un personnage qui serait absent, "réifictionné"...
Gary veut qu'on se lâche dans son élan vital à créer sa réalité personnelle, à travers un personnage qui toucherait à tous les aspects possibles et impossibles de la vie, de la réalité, qui est comme un Océan. Il veut donc faire, créer un Frère Océan.
Il tacle Sartre sans arrêt dans le livre, Sartre et ses dévots, Sartre et quelques autres... Gary rejette leur manque d'espoir, leur manque de lumière, il critique ce côté néant, néantisation, nauséeux, angoissé, celui de Kafka. du génie mais au service d'une limitation sur un seul aspect de la réalité... Aspect qui plus est revendiqué comme étant le seul et unique. Et comme étant la vérité. Quoi de plus irritant. Non, il y a autre chose, plein, plein et plein. Encore faut-il l'audace, le courage, le génie de créer un roman et un personnage qui ose tout.
Le roman et le personnage ne sont pas morts, on peut continuer malgré Dickens, malgré Cervantès, malgré Balzac, malgré... le lecteur peut toujours vivre à travers ceux-ci et y croire. Pas besoin d'une idéologie et la culture ne crée pas l'idéologie, le roman ni le personnage ne créent l'idéologie et ne sont les "responsables" de "révolution" (sauf que le chef-d'oeuvre est en lui-même une révolution), c'est cette dernière qui s'en sert. Il ne faut pas se tromper. Gary revendique que l'art finalement a peu d'influence sur l'histoire (mettre ou pas des majuscules). Ne serait-ce que parce que beaucoup ne lisent pas ou n'y ont pas accès....
Par contre certes, le talent et le génie des artistes peut toucher, mais suscite seulement un élan, un amour, une énergie sans objet autre que l'oeuvre elle-même, et ça n'en fait pas nécessairement d'un lecteur, un actant un militant pour une cause. N'en déplaise aux Sganarelles qui rêvent à influencer et marquer leurs temps...
Gary fustige Freud, et sa psychanalyse érigée en vérité (totalitaire) alors qu'elle n'est qu'une brillantissime fiction, de celle vitale à son auteur et qui la revendique universelle...... pareil combat de Gary contre le marxisme ou plutôt ce qu'on a fait du marxisme ou plutôt ce que certains ont fait du marxisme... (Tiens, ça ressemble presque à du Sartre ou du Heidegger, faire avec ce qu'on a fait de nous...) Ou comment faire pour ne pas considérer ses propres limites, ses propres névroses comme définissant l'humanité entière... (Quelle gageure...)

Gary veut qu'on ait l'audace de célébrer la vie, l'énergie claire, le jouir, par l'Art, par le roman et par le personnage, qui jamais ne s'éteindront, selon lui.

Bref, il y a plein d'idées très intéressantes là-dedans, j'ai bien envie de continuer ce Frère Océan qui semble prometteur...
On peut ou non être d'accord avec ce que dit Gary (pour ma part, j'adhère pas mal), il n'en reste pas moins que cet essai est bien écrit (évidemment), assez passionnant par moments, un rien redondant certes (mais la complexité des idées le nécessite sans doute), il fera grincer des dents (même si l'auteur regrette le manque de dureté et d'acidité de son texte) ou sourire de contentement, ou les deux. Ou pas, ou il vous tombera des mains, ou il vous donnera à vous aussi l'envie, l'audace, le besoin vital de prendre la plume et d'écrire je sais pas moi, (sur) un oiseau.
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POUR SGANARELLE de ROMAIN GARY
Gary durant un périple de 6 mois entre le Pérou les Cyclades, Tahiti et la Californie va également faire un voyage intérieur à la recherche d'un héros de roman. On est en 1965 et Gary est frappé par le côté totalitaire de la fiction en Occident depuis KAFKA. de ce point de départ il va analyser les grandes oeuvres littéraires, leur influence sur la politique, sur la société et de façon plus large, l'impact de la culture en général sur nos vies. Il va passer en revue les romans russes de Gogol à Dostoïevski, revisiter De Stendhal à Malraux en passant par Balzac. C'est une revue de détail qui englobe l'éternelle question de savoir s'il faut différencier l'oeuvre de l'auteur au sens large et s'il dit adorer l'univers de Proust il ne passerait pas cinq minutes dans les salons qu'il fréquente. Il dénonce toutes les impostures et escroqueries intellectuelles de son époque.
C'est plus un essai, souvent érudit, qu'un roman, Gary le présentera plus tard comme une préface au Roman qui sera Frere Océan, avec La Danse de Gengis Cohn et La Tête Coupable.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Reconnaissons enfin que toute forme d'expression artistique, depuis la première peinture sur la paroi d'une grotte, naît toujours et continuera à naître, d'une frustration, d'un besoin, qui n'est pas, à l'origine, un besoin d'art, et que ni l'art ni la fiction ne sauraient assouvir. Tromper la faim, peut-être est-ce tout ce dont il s'agit ; tromper la faim, c'est-à-dire tromper la fin. [...]
Cette faim absolument dévorante qui ne me quitte pas une seconde, sauf pendant l'amour, ni le roman, ni la beauté des chefs-d'oeuvre accomplis, ni aucun épanouissement de la culture ne peuvent finalement l'assouvir : ils ne peuvent, au contraire, qu'aviver, entretenir, par chaque manifestation, cette plaie, ce manque, ce vide, ce besoin d'autre chose que l'art, que le roman, creuser davantage cette impérieuse obsession du progrès vers ce qui n'est pas. Des bornes, des bornes et toujours des bornes. Si par quelque miracle de science, de civilisation ou d'intervention surnaturelle cette plaie d'absence pouvait être refermée, si ce "néant au fond de l'homme" pouvait être comblé, les musées et les littératures ne nous parleraient plus de rien, si ce n'est d'un lointain balbutiement de l'enfance de l'espèce, un murmure de barbarie.
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Freud a été plus un créateur de culture et donc de l'homme qu'un prospecteur. Seule une absence de profondeur peut expliquer la stagnation dans l'inconscient : toute "chute" y est arrêtée, devient "refoulement" : en fait, c'est une "profondeur" sans chute possible, sans abîme. Freud crée sa réalité, comme l'art abstrait crée la sienne : il demande non la compréhension, mais l'initiation. Pas étonnant que l'art et la psychanalyse tendent aujourd'hui à s'unir dans une intimité d'école entre initiés. Je dis bien "initiation" et non "compréhension" : le rapport entre la cause et l'effet n'est jamais prouvé ; su on peut passer de l'un à l'autre, la preuve est considérée comme faite. C'est le triomphe de l'interprétation sur la démonstration, typique des initiations magiques.
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Pour faire la soudure entre la fiction et la réalité, il faudrait pouvoir extraire l'imagination mêlée à chaque atome de réalité, et même aller plus loin : pratiquer l'ablation de cette partie du cerveau qui transforme les perceptions en conscience. C'est alors seulement que l'on pourrait restituer au regard cette virginité, cette innocence adamiques dont rêve aujourd'hui le roman des primates chassés de l'arbre par la culture. C'est la peur, le désarroi qui agissent ici : le roman qui refuse d'embrasser, de pénétrer, d'affronter, est une victime expiatoire de la réalité.
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C'est parce que l'homme n'est pas aliéné que la psychose ou la névrose sont des états d'aliénation. Parlez-nous donc seulement de littérature.
On en est venu à oublier que le rêve d'éternité n'est pas un rêve de survie ailleurs, d'une vie autre : c'est de l'amour de cette vie, de ce bien, de cette condition que naissent les rêveries d'éternelle durée. La seule aliénation non pathologique, c'est évidemment la mort, pour ceux qui n'aiment pas assez la vie pour sentir qu'il ne peut rien leur arriver.
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La psychanalyse elle-même invente et crée des psychismes nouveaux : si c'est d'un psychisme originel et fondamental quelle se réclame, elle est un messianisme du paradis perdu, un adamisme de l'enfance absolue de l'homme. "Guérison", en psychanalyse, est un conditionnement culturel, peut-être faudrait-il dire plutôt conditionnement artistique : c'est une adhésion à un monde culturel, obtenue par une initiation une éducation ou une rééducation. [...]
Ce qui est d'autant plus satisfaisant que le sujet, ne pouvant se libérer lui-même, se trouve artistiquement "exprimé" et transformé,en quelque sorte, en une oeuvre artistique à laquelle il collabore avec le "créateur" psychanalyste, à partir d'un magma premier de son psychisme irrationnel : il trouve enfin sa forme.
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"Un monument ! Une biographie indispensable pour (re) découvrir Romain Gary, cet auteur incroyable ! " - Gérard Collard.
Dans le Jongleur, Agata Tuszyska peint un portrait unique de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur; et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/le-jongleur.html
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