L'évolution des espèces, sujet sensible... Dans la grande majorité des cas, lorsque l'on aborde un débat sur l'évolution, on se retrouve face à une guerre des tranchées entre 2 camps aussi extrémistes l'un que l'autre : à ma droite les créationnistes religieux ; à ma gauche les darwiniens athées. Et bien-sûr, au travers de ce débat chacun défend en réalité son bout de steak (athéisme vs religion)... raison pour laquelle l'évolution est un sujet sensible...
Une fois le sujet dépouillé de ses oripeaux idéologiques, on constate une première chose : évolutionnisme n'est pas synonyme de darwinisme. L'évolutionnisme est l'affirmation que toutes les espèces vivantes ont une filiation commune, qu'elles ont un ancêtre commun. le darwinisme est une tentative d'explication de l'évolution, un mécanisme évolutif. Ne pas être darwinien n'empêche donc pas d'être évolutionniste.
Deuxième constat : si le darwinisme est un des moteurs de l'évolution (au travers du couple mutation/sélection), il y en a d'autres, potentiellement plus décisifs pour expliquer comment les formes de vie actuelles se sont formées.
En général les darwiniens admettent l'existence de ces autres mécanismes, mais ils les cantonnent dans un rôle secondaire. Sauf que le darwinisme seul, ou considéré comme principal moteur de l'évolution, manque cruellement de pouvoir explicatif pour décrire comment s'est formée l'extraordinaire complexité des organismes vivants. En poussant plus loin on peut même accuser le darwinisme d'être tautologique : qui survit ? le plus adapté. Qui est le plus adapté ? Celui qui survit...
C'est là qu'il y a du grain à moudre, là qu'est le coeur du (vrai) débat, que
Jean Staune vulgarise à merveille dans ce livre. Sans revenir sur la quantité d'arguments exposés dans cet ouvrage (renforcés par une impressionnante bibliographie), on peut synthétiser en se rappelant qu'après avoir été en crise, la physique a connu une des plus grandes révolutions de son histoire il y a un siècle avec l'avènement de la théorie quantique et de la théorie de la relativité. Aujourd'hui, les sciences de la vie sont en crise, et nul doute qu'une révolution de la même ampleur se dessine.
Jean Staune en esquisse ici les grandes lignes avec une pédagogie consommée, magnifiée par un art de conteur qui rend son livre aussi agréable à lire qu'un roman d'
Ellroy.
Son seul tort ? Avoir raison trop tôt...