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EAN : 9782742785933
312 pages
Jacqueline Chambon (14/09/2009)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Depuis la publication, il y a cent cinquante ans, de L’Origine des espèces, on considère que les êtres vivants sont issus d’un processus de sélection naturelle et de lutte pour la vie. Or, des résultats de recherche provenant de diverses disciplines – paléontologie, génétique, biochimie – montrent que la structure des êtres vivants ne provient pas d’une série d’adaptations mais est inscrite dans les lois mêmes de la nature. Les organismes vivants ne sont pas des mac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'évolution des espèces, sujet sensible... Dans la grande majorité des cas, lorsque l'on aborde un débat sur l'évolution, on se retrouve face à une guerre des tranchées entre 2 camps aussi extrémistes l'un que l'autre : à ma droite les créationnistes religieux ; à ma gauche les darwiniens athées. Et bien-sûr, au travers de ce débat chacun défend en réalité son bout de steak (athéisme vs religion)... raison pour laquelle l'évolution est un sujet sensible...

Une fois le sujet dépouillé de ses oripeaux idéologiques, on constate une première chose : évolutionnisme n'est pas synonyme de darwinisme. L'évolutionnisme est l'affirmation que toutes les espèces vivantes ont une filiation commune, qu'elles ont un ancêtre commun. le darwinisme est une tentative d'explication de l'évolution, un mécanisme évolutif. Ne pas être darwinien n'empêche donc pas d'être évolutionniste.

Deuxième constat : si le darwinisme est un des moteurs de l'évolution (au travers du couple mutation/sélection), il y en a d'autres, potentiellement plus décisifs pour expliquer comment les formes de vie actuelles se sont formées.

En général les darwiniens admettent l'existence de ces autres mécanismes, mais ils les cantonnent dans un rôle secondaire. Sauf que le darwinisme seul, ou considéré comme principal moteur de l'évolution, manque cruellement de pouvoir explicatif pour décrire comment s'est formée l'extraordinaire complexité des organismes vivants. En poussant plus loin on peut même accuser le darwinisme d'être tautologique : qui survit ? le plus adapté. Qui est le plus adapté ? Celui qui survit...

C'est là qu'il y a du grain à moudre, là qu'est le coeur du (vrai) débat, que Jean Staune vulgarise à merveille dans ce livre. Sans revenir sur la quantité d'arguments exposés dans cet ouvrage (renforcés par une impressionnante bibliographie), on peut synthétiser en se rappelant qu'après avoir été en crise, la physique a connu une des plus grandes révolutions de son histoire il y a un siècle avec l'avènement de la théorie quantique et de la théorie de la relativité. Aujourd'hui, les sciences de la vie sont en crise, et nul doute qu'une révolution de la même ampleur se dessine. Jean Staune en esquisse ici les grandes lignes avec une pédagogie consommée, magnifiée par un art de conteur qui rend son livre aussi agréable à lire qu'un roman d'Ellroy.

Son seul tort ? Avoir raison trop tôt...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La science-fiction est-elle un complot antidarwinien?

Comme beaucoup de gens de ma génération, j'ai grandi avec les univers de Star Trek et de Star Wars. Dans ces films de science-fiction, les héros rencontrent des dizaines voire des centaines d’espèces d'extraterrestres intelligents. Si certains peuvent prendre la forme exotique de nuages conscients ou d’êtres tentaculaires, 90 % au moins d'entre eux sont de bons vieux humanoïdes avec quelques appendices plus ou moins importants greffes par les spécialistes du maquillage.
Cela veut dire que pour les auteurs de ces scénarios, l'évolution, sur de nombreuses planètes, a donne naissance a des êtres intelligents bâtis exactement sur le même schéma fondamental que nous. Pour les raisons que nous venons de commencer a expliquer et que nous allons détailler par la suite, c'est sans doute un des plus grands blasphèmes que l'on puisse faire contre le darwinisme. C 'est pour cela que je m’étonne que Richard Dawkins et d' autres darwiniens "fanatiques" comme lui, ne se soient pas élevés contre cette "abominable" endoctrinement des enfants avec des idées non darwiniennes et n'aient pas fait moult pétitions pour dénoncer de telles productions.
Car l'idée que sur de nombreuses planètes l’évolution donnerait des résultats analogues (qui plus est en ce qui concerne l'espèce la plus intelligente de la planète) est bien plus dangereuse a enseigner aux enfants que les idées créationnistes. En effet, les idées créationnistes tombent d'elles-mêmes a partir du moment on l'on étudie un peu sérieusement les faits existants dans le domaine de la biologie de l'évolution, alors que, justement, si l'évolution de la vie peut donner des résultats identiques sur des planètes différentes, c'est qu'il y a des lois qui organisent cette évolution.
Des lois qui ne sont pas encore connues, mais qui font partie des lois de l'Univers comme celles de la physique ou de la chimie. Et si cela est vrai, les mécanismes darwiniens de hasard et de sélection naturelle ne jouent plus qu'un rôle tout a fait secondaire dans l'évolution, de la même faon que les mutations aléatoires de la météo ne jouent qu'un rôle tout a fait secondaire en ce qui concerne la détermination de la température moyenne en France au cours d'une année, qui dépend elle de l'existence des saisons (cf. la métaphore de l'introduction).
Voila pourquoi les films de science-fiction sont bien plus dangereux que les créationnistes pour l'imaginaire darwinien. Tout Le problème, c'est que nous n'avons pas eu, malgré tous les efforts déployés depuis plus de quarante ans par des projets comme le SETI, le moindre signal en provenance d'une civilisation extraterrestre. Un tel signal peut certes arriver demain mais aussi dans deux cents ans, dans deux mille ans ou jamais.
Faut-il attendre un hypothétique signal de ce genre pour pouvoir trancher entre les deux grandes alternatives que constituent l'évolution darwinienne livrée a la sélection naturelle et une évolution répétable dépendante de lois naturelles ?
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Conclusion

Plus encore que nos conceptions de l'Univers, nos conceptions concernant la nature de la vie et des êtres vivants comme de I'histoire qui a mené jusqu'à nous, jouent un rôle social, politique, économique, culture!, psychologique, philosophique et même anthropologique absolument fondamental. C'est notre raison même d'être au monde, Ie statut de notre condition humaine qui est en jeu.
Or, depuis cent cinquante ans, c'est sous l'angle de la contingence et de la toute-puissance de la sélection naturelle que nous avons regardé Ie vivant en général et l'humain en particulier. Même si l'humanité est loin d'avoir attendu Darwin pour avoir développé l'égoïsme, l'exploitation d'autrui, la violence, l'oppression et la misogynie, il ne faut pas négliger à quel point l'idée que toute la complexité et l'efficacité de la nature proviennent d'un mécanisme de lutte pour la vie, on ceux qui avaient réussi avaient été sélectionnés parce qu'ils étaient les plus adaptes, a pu développer et renforcer certaines tendances néfastes qui étaient déjà présentes en nous.

Les animaux et l'homme sont vus comme des espèces de Lego, des assemblages hétéroclites de pièces qui se sont agrégées par hasard les unes aux autres au cours de l'évolution. Des "bricolages" comme Ie disait lui-même avec force François Jacob. Dans ce cas, qu'est ce qui nous empêche de modifier l'homme et les animaux? J'ai entendu un grand généticien américain dire: "Le g"nome de l'homme n'est que Ie résultat d'une suite d'évènements aléatoires, en quoi serait-il sacre et au nom de quoi devrions-nous nous interdire de Ie modifier ?"

Comme je I'ai montré dans mon précédent ouvrage, les révolutions qui ont déjà eu lieu au cours du XXème siècle en physique, en astrophysique et en mathématiques, sont porteuses de sens. Elles nous amènent a un "réenchantement du monde": selon I'expression d'llya Prigogine. La grande majorité des scientifiques qui participent de près ou de loin à ce mouvement ou science et spiritualité, connaissance de pointe et anciennes intuitions des traditions, peuvent se retrouver, appartiennent aux sciences de la matière plus souvent qu'aux sciences de la vie. Ainsi, les sciences de la vie seraient Ie lieu du désenchantement du monde alors que celles de la matière pourraient contribuer a ce réenchantement. Une dangereuse séparation existerait donc à l’intérieur de nos connaissances, comme C. P. Snow l'avait développé dans un autre contexte en parlant du fosse entre les deux cultures (la culture humaniste d'un cote, la culture scientifique de I'autre) qui existe dans notre civilisation.

Mais c'est au plan sociétal que les conséquences ont été les plus dévastatrices. Le capitalisme classique est base sur la prédation : BNP avale Paribas, BNP- Paribas aurait voulu avaler la Société Générale, et BNP-Paribas-Société Générale, si elle avait existé, aurait certainement repris à son tour Ie Credit Lyonnais. On nous explique que les raiders, qui achètent les entreprises pour les dépecer et les revendre en morceaux, ont une influence positive sur l'économie. Avec Ie risque d'une OPA pesant sur ses épaules, Ie chef d'entreprise va etre plus performant pour éviter que ses actionnaires ne vendent leurs actions. En d'autres termes, Ie raider serait comme Ie lion qui oblige la gazelle à courir de plus en plus vite sous peine d'être mangée. Depuis un siècle et tout particulièrement dans ces dernières décennies ou l'on a vu se dérouler toute une série de mega-fusions, la sélection naturelle et la loi du plus fort ont été les inspiratrices d'un système qui prétend faire reposer sa légitimité sur Ie progrès et l'efficacité pouvant résulter de ce type de mécanisme.

Pire encore, l'eugénisme heureusement aujourd'hui rejeté (au moins en apparence) par toutes les civilisations après les terribles événements du XXème siècle, s'est nourri de cette vision.
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Vidéo de Jean Staune
Un ouvrage unique, à la fois fiable et novateur, qui se lit comme un roman ! Pour l'essayiste Jean Staune, « Matrix et la physique quantique nous aident à comprendre qui est vraiment Jésus ».
“Jésus, l'enquête” est une enquête qui ramène le lecteur 2000 ans en arrière, basée sur des sources réelles indiscutables, mais souvent peu connues, même pour les plus passionnés. Un ouvrage enrichi d'une preface de l'historien Jean-Christian Petitfils, auteur du best-seller Jesus et d'une postface de monseigneur Jean-Charles Thomas, eveque emerite d'Ajaccio et de Versailles.
Découvrir le livre : https://bit.ly/3Fjbny4
+ Lire la suite
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