Les ténèbres diurnes

Tour dressée jusqu'au ciel
tour bibliothèque
Aux escaliers s'enroulant comme du lierre,
in-folios à plusieurs étages
Ficelés de vignes d'ivresse
fermés de serrures rouillées
Et ceints de chaînes sumériennes,
Ici fleurit tout un savoir occulte
la secrète sagesse d'Adam,
Quelqu'un va s'en saisir, s'en imprégner
et alors le temps s'arrêtera
Un ange jettera bas les cieux.

Dans la nuit, à l’hôtel Nabokoff
l’écolière, creuse et molle Lola
Est entraînée sur l’oiseau-lit
par monsieur le dragon,
Un dragon à sept têtes :
la première dévore des insectes
La deuxième délire en Gongora
La troisième baise le nombril,
les seins enfantins de Lolita,
Une bête à sept têtes
La septième a clos ses paupières
pour prier Dieu dans le noir

Dieu

Mais Dieu n’est pas un spectre d’or
Ni fauve ni fièvre étoilée,
Rien qu’une sphère creuse encore
Nue et asexuée,
Suspendu dans ma chambre
Prunelle invisible il contemple
Ce qu’il a changé en prison :
Ma table, mon papier, mon encre,
Tout cela lui est dû
Je peux bien le lui rendre
Même si je dois rester nu