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Jean-Baptiste Coursaud (Traducteur)
EAN : 9782072846977
336 pages
Gallimard (04/11/2021)
4.15/5   13 notes
Résumé :
Dans une forêt aux alentours de Stockholm, la narratrice, surnommée Inni par son petit frère, est violée, étranglée, dépecée et jetée aux quatre coins d'un terrain. Les arbres, la lumière, le bruit de l'eau, du sang qui s'écoule, la peur, la douleur forment la constellation des sensations d'Inni. Cette scène terrifiante, lancinante, nous est martelée pour être diffractée à l'infini, revécue jusqu'à épuisement.
Avant de sombrer dans l'oubli, Inni visite ou rev... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Partons en cette fin d'année en Suède pour découvrir une histoire d'amour et de ténèbres nimbée d'un froid polaire.

Kristina, surnommée Inni!, a été violée, assassinée et démembrée dans une forêt.

Prostituée et droguée , elle a suivi volontairement son meurtrier. Au fil des courts chapitres qui, comme un kaléidoscope, composent le récit, elle revisite après sa mort, les événements marquants de son existence.

Nous revivons avec elle son amour fou et destructeur qui la forcera à abandonner ses enfants, nous verrons la misère sociale de ses parents et les divers drames qui ont émaillé sa tragique existence.

Existe-t-on encore un peu dans l'au-delà ? C'est ce que tend à nous démonter ce roman aussi mystique que crépusculaire.

Un récit évidemment sombre , un peu glauque, mais la langue poétique Sara Strisberg, étrangèrement apaisée, nous fait entrevoir une possibilité d'apaisement et de réconciliation avec soi et le monde après le trépas ...
Existe-t-on encore un peu dans l'au-delà ?

Kristina, surnommée Inni!, a été violée, assassinée et démembrée dans une forêt.

Prostituée et droguée , elle a suivi volontairement son meurtrier. Au fil des courts chapitres qui, comme un kaléidoscope, composent le récit, elle revisite après sa mort, les événements marquants de son existence.

Nous revivons avec elle son amour fou et destructeur qui la forcera à abandonner ses enfants, nous verrons la misère sociale de ses parents et les divers drames qui ont émaillé sa tragique existence.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« Que deviennent les morts lorsqu'on ne prononce plus leur nom ? ».
Une jeune femme a été violée, assassinée et découpée en sept morceaux dans une forêt.
L'histoire est glaçante mais terriblement belle, avec une écriture poétique étrangement apaisante.

La narratrice est inhabituelle. Déjà morte, elle emploie la première personne et devient une voix et un regard omniscient, un fantôme intemporel qui s'introduit dans le passé et le présent de ceux qui lui furent chers.
Depuis sa mort, Inni se remémore un passé douloureux: la mort de son petit frère et le couple impossible de ses parents. Elle raconte sa plongée dans la drogue et comment elle s'est noyée, n'émergeant que le temps d'une grossesse, puis d'une seconde.
Elle raconte son amour pour ses enfants, ce fils qu'on lui a enlevé, cette fille qu'elle a choisi d'abandonner à la naissance. Elle assiste en silence à leur avenir, s'immisce dans leurs rêves et observe leur évolution.
Elle réfléchit à l'échec de son histoire d'amour engluée dans l'addiction à l'héroïne et comprend comment elle a pu se résigner à suivre son bourreau dans la forêt, alors même qu'elle savait sa mort programmée. Car elle était déjà morte à l'intérieur d'elle même, errant entre la culpabilité et le remords, se prostituant pour obtenir sa dose.
Elle évoque encore son amour pour une mère incapable de donner en retour, brisée par l'échec de son couple et le deuil de son fils.

Les temporalités sont bousculées sans que jamais le lecteur ne se perde et l'acte barbare sert de fil conducteur.
Encore et encore la scène de crime revient comme un leitmotiv. Avec à chaque fois un regard différent, celui de la résignation, celui de la vulnérabilité puis celui de la peur.
Et toujours la nature au plus près des sentiments de la victime. Magnifiquement décrits , la forêt pluvieuse et le lac profond entrent en résonance et accompagnent la mort en douceur, comme pour en atténuer la violence.
Un très grand talent !
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Inni meurt. Dès le début du récit on se trouve face à la mort, la mort inéluctable, la mort qu'on regarde venir, et qu'on accepte alors même qu'on avait la vie devant soi. La mort dans une forêt, près de Stockholm, au bord d'un lac. On est envouté par la poésie qui se dégage de ce texte. Et il nous faut effectivement une bonne dose de poésie pour supporter l'insupportable. Une prostituée - Inni , un homme - son client, et la nature. La nature qui semble s'être mise au diapason de l'horreur à venir. « Le sol était une seule et même viscosité singulière ou j'avais la sensation d'être attrapée par des mains invisibles depuis les tréfonds tandis que des gouttes de salive froide tombaient de sa bouche et atterrissaient sur mon visage ». Et Inni revoit sa mort, chacun des instants qui ont précédé sa mort. Elle revoit toute sa vie avec ceux qui ont compté pour elles. Son mari Shane, ses enfants Valle et Solveig qui ont été placés dans des familles, son amie Nanna, sa mère Raksha qui l'a élevée seule, son père Ivan « qui s'est carapaté » et son petit frère Eskil qui s'est noyé jeune. Elle voit aussi comment ses parents la cherchent après sa mort et comment ses enfants grandissent loin d'elle, avec des fortunes diverses.


Et puis il y a la drogue, les sensations qu'elle procure, l'évasion qu'elle offre, le combat incessant pour essayer de l'arrêter… et les rechutes. C'est Inni qui avoue: « En fait je n'ai jamais voulu arrêter l'héroïne ». Est ce que la drogue offre la liberté qu'on espère? Est ce que la drogue ouvre les portes du paradis? « Ça me fait faire un état du tonnerre, la petite flamme bleue et le liquide foncé qui se répand dans mon sang, les pulsations de mon coeur qui m'emporte dans un autre univers ». Mais qu'est ce que la liberté? Est-on plus libre sous l'emprise de la drogue ou plus libre mort que vivant? Qu'est ce que la mort? Inni affirme: « Je me suis dit que la mort n'est rien d'autre que ça : se trouver en dehors du temps, se trouver en dehors d'un corps humain dans lequel le temps peut être mesuré ». « Je crois que la mort signifie la fin, je l'espère, j'espère que tout s'arrête vraiment ici. »


Tout au long du récit, on est submergé par l'émotion. On est emporté dans une longue réflexion sur la vie et sur la mort. On s'interroge aussi sur la destinée. « J'avais l'impression de m'être toujours dirigée vers cet instant » dit Inni évoquant le moment qui précède sa mort. Etait-ce écrit qu'Inni devait mourir étranglée et dépecée par un client déséquilibré? Est-ce que « des forces supérieures en voulaient à Eskil »? Inni conclut: « On doit essayer d'aimer sa destinée ou en tout cas de l'accepter, quelqu'en soit le prix, quelqu'en soit l'enfer. » Bref, c'est un beau roman qu'on prend plaisir à lire et à relire et qui fait réfléchir.
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Un mélange de sang, de boue et de vase encombre sa gorge : et les cimes noires de la forêt se referment comme un cercueil au dessus d'elle. Kristina est tuée là, dans le secret de la forêt, entre un lac brumeux et la voiture d'où on l'a extirpée par les cheveux.
Le récit est une tragédie : quoiqu'il arrive, l'héroïne, Kristina, meurt. Dès les premiers chapitres, elle narre comment son corps a été dépecé, puis emballé dans des sacs de sport jetés tout au le long de l'autoroute. Comment est-ce arrivé?
A l'opposé d'un roman détective, où un inspecteur de police se lancerait à la recherche de preuve et d'indices, c'est Kristina qui se lance dans la narration de sa vie avant cet incident. Comment en est-elle arrivée là? La réponse, trouble, inintelligible, se trouve dans la vie elle-même, dans la consommation excessive d'héroïne, dans l'addiction à l'alcool, dans le sentiment de solitude qui lui donne l'envie de se jeter sous le métro de Stockholm avec son bébé dans les bras. Comment en est-elle arrivée là? Difficile à comprendre précisément.
Le style de Stridsberg (splendide, magique) ressemble à une prose, à un poème boueux et cru et sanguinolant, où tout est sombre, où la lumière est tamisée par les ramures des arbres, par les marécages de soufre. Et pourtant, il y a un éclat chaud et doux, celui de l'espoir qui subsiste à la fin du livre.
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Quand la beauté de l'écriture et de la langue côtoient le récit macabre. Un texte d'une noirceur intense mais d'une grâce absolue…
Inni meurt. On le sait. On le sait par la quatrième de couverture, on le sait dès le début du récit. On le sait parce qu'on revit les instants fatidiques qui on mené à sa mort brutale, violente. La narratrice est son âme. Inni morte, elle nous raconte sa vie, ses choix, ce qui l'ont amenée là. Dans une acceptation totale, elle défragmente tous les instants, précédant sa mort, et suivant sa disparition. le temps n'est plus important. Ce qui fait loi, ce sont ses sentiments, les sentiments et appréhensions de chacun. Les ressentis. Les besoins. Les désirs.

Dans un Stockholm lugubre, au plus proche des héroïnomanes et des prostituées, on va tenter de chercher la réponse. de comprendre. de sentir. D'entendre.

L'écriture est d'une très grande sensualité, tout est sensation, lumière. La mort est violente, la peur qui précède, l'acceptation qui s'impose, la suite, désastreuse. Et pourtant…

L'éditeur, en quatrième de couverture, écrit: « Cette scène terrifiante, lancinante, nous est martelée pour être diffractée à l'infini, revécue jusqu'à épuisement […] Dans les interstices de l'horreur se révèlent des moments de grâce et de lumière purs ». Je n'avais pas relu la quatrième avant de commencer cette revue. J'avais la grâce, parce que c'est vraiment le mot qui nous vient à l'esprit quand on le lit. Je n'avais pas la pureté et pourtant, c'est le cas.

L'écriture si poétique pour parler de choses si cruelles me fait penser à une autrice francophone que j'admire beaucoup: Nathacha Appanah.

C'est un roman qui m'a beaucoup marquée, parce qu'il est toujours troublant, perturbant, d'éprouver tant de beauté et parfois même de douceur et d'apaisement, dans le récit d'une vie et d'une mort aussi violentes. Et c'est pourtant le tour de force qu'a réussit ici Sara Stridsberg, dans un roman à mon avis trop peu reconnu.


Lien : https://cafelecturesetdecouv..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
09 janvier 2022
Aussi poétique et déchirant que noir, le destin tragique d’une femme prise au piège d’une malédiction familiale.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand tout est déjà trop tard et trop insensé pour tenter de se défendre, la crainte et le désespoir se transforment en un doux fluide anesthésiant qui fuse dans les veines comme une brume. Ça avait été pareil avec les drogues, au début. Dès que le liquide brunâtre et bouillonnant se déversait dans mes veines, quelque chose se produisait, quelque chose qui ressemblait à ce tout dernier instant crucial sous mes mains, lorsque le silence s’est soudain installé et que j’ai cessé de résister. Avec le fluide magique circulant en moi, mon sentiment d’infériorité et d’insignifiance disparaissait et avec lui ma sensation de n’être rien de plus qu’un nuisible tout juste bon à exterminer. Car, quand il n’y a plus aucun espoir dans ce monde, on anesthésie son corps et la peur disparait alors, elle semble même n’avoir jamais été, cette peur qui vous pourchasse jour et nuit, puis on flotte comme un morceau de ciel juste avant la mort.
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Il est si facile de confondre liberté et extériorisation du désir, liberté et intensité, solitude, mort. Mieux vaut vous habituer tout de suite à l’idée que la vie ne sera pas telle que vous la désirez, que vous aussi vous en viendrez un jour à vendre une part de vous-même. Peut-être pas votre chatte, d’accord, mais votre âme à la parfumerie de tel grand magasin sans nul doute; ou bien vous le ferez en tant que patron de telle chaîne de télé ou en tant que président de telle organisation pour la jeunesse. […] Mais bon, encore une fois, qui voit ses désirs entièrement exaucés?
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Le petit cortège vêtu de noir lutte contre le vent avec un cercueil dont l’éclat blanc tranche dans cette grisaille. C’est un monde froid qui nous entoure, un hiver terrible des années soixante-dix qui tue toute vie. Eskil est sous terre près de l’église et c’est là qu’il sera dorénavant, dit Ivan. […] Tout le monde pleure sauf moi, même si quelque chose en moi s’est figé. Ce ne sont pas uniquement les larmes, c’est autre chose. Une déception si profonde, si pénétrante, c’est le point de congélation du sang, c’est l’Antarctique le plus extrême de l’amour.
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Je regarde la rivière où se trouvait notre maison autrefois, elle s’écoule avec son eau émeraude, les nymphéas noirs s’étirent vers la surface tout comme je m’étirais autrefois pour atteindre Raksha. […] Le même Jésus est accroché dans la petite chapelle au bord de la rivière que lorsque j’étais enfant. J’observais ses yeux gentils, c’était le seul regard que je n’avais pas peur d’affronter; lui aussi avait tout raté et son père était en colère contre lui vu qu’il l’avait laissé suspendu là, sanguinolent et misérable.
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