Quand la beauté de l'écriture et de la langue côtoient le récit macabre. Un texte d'une noirceur intense mais d'une grâce absolue…
Inni meurt. On le sait. On le sait par la quatrième de couverture, on le sait dès le début du récit. On le sait parce qu'on revit les instants fatidiques qui on mené à sa mort brutale, violente. La narratrice est son âme. Inni morte, elle nous raconte sa vie, ses choix, ce qui l'ont amenée là. Dans une acceptation totale, elle défragmente tous les instants, précédant sa mort, et suivant sa disparition. le temps n'est plus important. Ce qui fait loi, ce sont ses sentiments, les sentiments et appréhensions de chacun. Les ressentis. Les besoins. Les désirs.
Dans un Stockholm lugubre, au plus proche des héroïnomanes et des prostituées, on va tenter de chercher la réponse. de comprendre. de sentir. D'entendre.
L'écriture est d'une très grande sensualité, tout est sensation, lumière. La mort est violente, la peur qui précède, l'acceptation qui s'impose, la suite, désastreuse. Et pourtant…
L'éditeur, en quatrième de couverture, écrit: « Cette scène terrifiante, lancinante, nous est martelée pour être diffractée à l'infini, revécue jusqu'à épuisement […] Dans les interstices de l'horreur se révèlent des moments de grâce et de lumière purs ». Je n'avais pas relu la quatrième avant de commencer cette revue. J'avais la grâce, parce que c'est vraiment le mot qui nous vient à l'esprit quand on le lit. Je n'avais pas la pureté et pourtant, c'est le cas.
L'écriture si poétique pour parler de choses si cruelles me fait penser à une autrice francophone que j'admire beaucoup:
Nathacha Appanah.
C'est un roman qui m'a beaucoup marquée, parce qu'il est toujours troublant, perturbant, d'éprouver tant de beauté et parfois même de douceur et d'apaisement, dans le récit d'une vie et d'une mort aussi violentes. Et c'est pourtant le tour de force qu'a réussit ici
Sara Stridsberg, dans un roman à mon avis trop peu reconnu.
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