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EAN : 9782851810021
579 pages
L'Arche (13/06/1997)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Le Voyage de Pierre l’Heureux
Traduit du suédois par Tore Dahlström et André Ortais
La Femme de sire Bengt
Traduit du suédois par Alfred Jolivet
Camarades
Traduit du suédois par Maurice Gravier et Georges Rollin
Père
Adapté du suédois par Arthur Adamov
Mademoiselle Julie
Adapté du suédois par Boris Vian
Créanciers
Traduit du suédois par Alfred Jolivet
Les Gens de Hemsö
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les créanciers

Ecrite en 1888 en suédois, la pièce est créée en 1889 en danois à Copenhague. En 1891, Strinberg va accuser Ibsen d'avoir plagié sa pièce dans Hedda Gabler, mais les relations entre les deux dramaturges scandinaves étaient pour le moins complexes.

Nous sommes dans une stations balnéaire. Deux hommes parlent, leur entretien est centré sur une absente, la femme d'Adolf, un peintre. Gustav, son interlocuteur, le fait douter de ce qu'il croit savoir sur son épouse et sur leur relation. Il l'a décidé à abandonner la peinture au profit de la sculpture. Gustav s'éclipse avant l'arrivée de Tekla, l'épouse. Mais il reste présent, se dissimule, épie la conversation du couple, et se manifeste même à Gustav, qui sait qu'il est là. La conversation du couple vire rapidement à la confrontation, Adolf fait part à Tekla d'une nouvelle vision de leur relation, son épouse ne comprend pas le changement intervenu chez son mari, qui semble possédé par l'esprit d'un autre. Adolf, se retire, mais écoute et observe. Gustav à son tour vient parler à Tekla, qui le connaît fort bien, parce qu'il est son premier mari, qu'elle a quitté avant de refaire sa vie avec Adolf, elle a même écrit un livre qui a fait quelque bruit sur sa vie avec Gustav. Un jeu entre ressentiment et séduction s'engage, qui finit par achever Adolf, qui vient perdre connaissance dans le salon.

Redoutablement efficace, brillante et terrifiante à la fois, la pièce est un véritable morceau de bravoure. Gustav est un manipulateur redoutable, qui prend littéralement possession d'Adolf, qui profite de ses fragilités, de sa sensibilité, de son attachement même à Tekla, pour le faire douter de tout, lui faire voir par ses yeux, lui communiquer son ressentiment et son aigreur. le dialogue entre les époux tourne à un dialogue de sourds, puisque Tekla s'adresse à Adolf tel qu'elle l'a connu, et qu'elle a en face d'elle quelqu'un d'autre, changé, presque possédé, par l'esprit de Gustav. Enfin dans la troisième partie, la relation entre Tekla et Gustav paraît bien plus complexe que ce que l'on aurait pu imaginer, ce qui éclaire aussi d'une autre manière la personnalité de Tekla.

Il y a aussi l'étonnant dispositif, dans lequel les deux protagonistes masculins, même lorsqu'ils ne sont plus sur la scène, assistent à ce qui se passe, et ont une influence sur l'échange, puisque l'homme qui discute avec Tekla sait que leur dialogue est suivi par un troisième personnage, à qui le discours est destiné autant qu'à la femme. Tekla est la seule qui ne s'adresse qu'à une seule personne à la fois, ce qui la met en porte-à-faux et rend son discours inefficace. Elle est complètement dépassée, niée, par l'alliance des deux hommes. Au-delà de la manipulation (Adolf ignore qui est Gustav), leur connivence paraît instinctive, et plus forte que l'amour d'Adolf pour Tekla.

Une pièce remarquable.
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Père : Cette pièce, écrite en 1887, alors que Strindberg vivait à Berlin avec sa femme Siri von Essen depuis dix ans et que leur couple traversait des crises épouvantables, se nourrit de la vie de l'auteur. Une lecture fascinante et troublante.

Un prétexte parfaitement anodin va déclencher un véritable drame : le père (dit le Capitaine) et la mère (Laura) ne sont pas d'accord sur l'éducation à donner à leur fille Bertha. le premier, érudit, athée, opte pour une éducation laïque dans une bonne école. La seconde, pénétrée de religion, exige une place en institution chrétienne. Lui veut en faire une institutrice, elle, l'encourager à s'adonner aux travaux de « jeune fille » en l'occurrence, la peinture.
Ce qui aurait pu n'être qu'une scène du quotidien prend progressivement le caractère d'un affrontement sur l'essentiel et s'achemine vers un drame : le Capitaine, passablement incité à cela par son épouse, en arrive à se demander si Bertha est bien sa fille, ce qui ébranle totalement sa raison et le pousse à des comportements de plus en plus destructeurs. le drame se noue entre les personnages, de façon intime et sans aucun temps de mise à distance par l'arrivée d'un élément extérieur. le déferlement d'émotions entraîne le lecteur/spectateur vers une sorte de rêve effroyable dont ne sait qui sortira indemne.
La tension du drame est soutenue par l'écriture et, dans la mise en scène de Desplechin, homme de cinéma qui s'exerce au théâtre, par l'expression de la haine, de la violence, de l'amour, la honte, la folie, la mort, le tout sur des registres extrêmes.
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La Plus Forte
Cette très brève pièce, une scénette plutôt, met face à face une femme mariée volubile et versatile et une femme célibataire expressive mais muette. Ce deuxième rôle (pour ne pas dire ce second rôle) est d'ailleurs très particulier puisqu'il se compose d'attitudes et d'expressions mais d'aucun dialogue. Ces compositions sont tout de même très importantes car ils rythment les changements d'avis de l'autre personnage qui pendant les quelques minutes de l'entretien va considérer son interlocutrice silencieuse comme une amie, puis une rivale professionnelle, puis une séductrice avide de son propre époux, puis une pauvre célibataire à prendre en pitié, avant de se fâcher pour de bon.
C'est le rythme croissant et l'enchaînement des points de vue chez la même personne qui font l'intérêt de ce court moment de théâtre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tekla (lui donne tendrement une petite tape sur la joue) – Veut-il se taire, ou je vais l’embrasser !
Adolphe, se défendant. – Allons, allons ! – Quelqu’un pourrait venir !
Tekla. – Qu’est-ce que ça peut me faire ! Je n’ai pas le droit d’embrasser mon mari, peut-être ? C’est mon droit le plus légitime.
Adolphe. – Oui, mais est-ce que tu te rends compte ? Nous nous embrassons tant qu’ici, à l’hôtel, ils ne croient pas que nous sommes mariés. Et nos disputes n’y changent rien ! Tous les amoureux en font autant, paraît-il !
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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