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Paula Salnot (Traducteur)Inô Riou (Traducteur)
EAN : 9782922868319
175 pages
Les Allusifs (28/01/2005)
3.96/5   12 notes
Résumé :

Sous la férule d'une centenaire hystérique, les Carvalhais vivent du travail et du sang des pauvres du Nordeste brésilien. Pétris de fourberie et de fatalisme superstitieux, tous rampent devant la redoutable Menina, y compris l'archevêque et le gouverneur, tous sauf deux petits-enfants, Marina aux poumons malades et João le rebelle qui croupit dans un cachot avec une mygale.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans les années 1970, pendant la dictature militaire au Brésil, la vaste demeure familiale des Carvalhais Medeiros renferme des générations de femmes écrasées par le carcan de la religion et de la tradition. Parmi elles, la jeune Marina tente de sortir de prison son cousin João, un résistant à la dictature.
[...]
Heloneida Studart est un monument de la littérature brésilienne. Injustement inconnue en France, puisqu'elle n'a même pas de fiche sur Wikipédia (même celle en portugais est ridicule). Et pourtant.

Chez Heloneida Studart, les destins des femmes sont brisés par le carcan de la religion et de la tradition ; l'inculture, la contrition, l'asservissement à l'homme et au patrimoine familial sont justifiés par la foi chrétienne. Les jeunes filles pleines du désir de vivre et de s'ouvrir au monde deviennent des vieilles aigries et recluses, violées dans leur coeur et dans leur corps par le diktat familial et du qu'en-dira-t-on. Elles aiment, enfantent ou avortent dans le secret et la crainte d'être reniées par celle qui leur a donné naissance, leur mère. Salies, déshéritées, traitées de putes, leur destin semble encore pire que si elles s'étaient soumises à la loi familiale.

Le racisme est également un des thèmes porteurs de l'oeuvre de Heloneida Studart. Au Brésil, les pauvres, majoritairement les Noirs et les métisses, travaillent à la solde des riches Blancs, le plus souvent sans salaire ni reconnaissance. Et paradoxalement, le christianisme des Blancs est historiquement entremêlé aux croyances que portent les Brésiliens noirs, anciens esclaves d'Afrique. Ainsi, même dans les familles riches, les principes chrétiens et les superstitions catimbó cohabitent étrangement.

Heloneida Studart, féministe, militante, a elle-même été emprisonnée pour ses activités littéraires, journalistiques et syndicales. Parce que politique rime avec poésie, ses textes racontent l'engagement de ceux qui luttent pour un monde meilleur.

Roman cruel et superbe à la fois, le Cantique de Meméia est une galerie extraordinaire de femmes pétries de jalousie et de pouvoir, d'amour et de haine, de peur et de destins inéluctables. Chez Heloneida Studart, on entre directement dans l'enchevêtrement d'histoires personnelles et passionnelles, sans descriptions de lieux ou de paysages. En deux phrases seulement, elle a l'art de cerner toute la dimension du malheur et l'étroitesse du destin de ses personnages, et le résultat est juste fascinant.

Un dernier mot, s'il faut encore vous convaincre : l'éditeur canadien Les Allusifs (dont on peut souligner la qualité des livres, du papier et de la mise en page, et déplorer la faillite en 2012) la compare à Simone de Beauvoir.

L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/le-cantique-de-memeia-heloneida-studart-a112951476
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Une écriture engagée.
Une écriture d'une très grande poésie, teintée de nostalgie, elle rend un hommage passionné à son pays : le Nordeste brésilien, à ses légendes.
Elle nous montre une extraordinaire galerie de portraits de grands propriétaires où dominent une terrible aïeule.
Tous rampent devant elle, excepté deux petits enfants liés par un amour troublant.
Ils résistent chacun à leur manière, sous un régime autoritaire qui est symbolisé par l'horrible mygale qui hante la prison où est enfermé Joao et que Marina visite en cachette régulièrement.
Depuis l'enfance leur amour grandit en même temps que la peur collective, symbolisée elle-même par une malédiction qui frappe chacune des femmes de la famille au fil des générations.
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Heloneida Studart est une brésilienne que je considère comme une très grande femme de lettres et qu'on ne connaîtrait pas. Ce bref roman de 176 pages, publié au Brésil en 1975, est une pure merveille.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tu ne sais sûrement pas ce qui arrive aux femmes de cette famille quand elles perdent leur virginité. Parce que ici, se donner à un homme, c’est déjà être une pute. La punition est inéluctable. Il y a toujours une place pour une Carvalhais Medeiros dans le couvent du Bon Pasteur. Sais-tu ce que c’est ? Non, tu ne sais pas. Un asile. Une prison. les jeunes filles y vont pour retrouver leur pureté perdue et payent leur dû en faisant pénitence. Elles en sortent les cheveux blancs, édentées, décervelées. Qu’as-tu fait à tante Nini ?
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On la traîna jusqu'à l'oratoire où elle dut reconnaître, en présence de toutes les statues baroques de l'église, qu'elle s'était donnée à un amant, nuit après nuit, durant six mois…
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poursuivi par des sorcières [qui] avaient des seins et des visages de vieilles femmes, des pieds et des becs d'oiseau
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