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René de Cérenville (Traducteur)
EAN : 9782841007523
316 pages
Bartillat (04/05/2023)
4.07/5   15 notes
Résumé :
À travers Fille de samouraï, Etsu Sugimoto raconte son enfance au sein d’un Japon traditionnel dans lequel elle doit s’affranchir des pesanteurs sociales et culturelles imposées aux femmes de cette époque. De Nagaoka dans la province d’Echigo (qui signifie « derrière les montagnes ») à Cincinnati aux États-Unis où elle épouse un marchand japonais expatrié, elle revient sur son parcours singulier où elle a dû conquérir sa liberté. Experte en culture japonaise, Amélie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sitôt vu le mot "samourai", une petite ampoule s'est allumée au dessus de ma tête. M'intimant de ne pas repartir sans ce livre que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Bien m'en a pris car pour qui s'intéresse au Japon et à sa culture, ce livre peut s'avérer être une jolie découverte. Il s'agit de l'autobiographie d'Etsu Sugimoto, née sous l'ère Meiji et décédée en 1950. A ma connaissance peu connue en France, il est difficile de trouver des informations sur elle. de ce que j'ai pu lire en faisant quelques recherches, elle a été romancière et a enseigné la langue japonaise, la culture et l'histoire de son pays aux Etats-Unis.

Elle retrace pour nous son enfance provinciale à Nagaoka dans une famille de la caste des samouraïs. A mon grand plaisir, elle ne lésine pas sur les détails, souvenirs et anecdotes ayant trait aux traditions, superstitions et rituels, à la vie quotidienne dans sa maisonnée et sa ville et surtout à son éducation. Destinée à la prêtrise - parce que née avec le cordon ombilical enroulé autour du cou – elle reçoit des enseignements habituellement réservés aux garçons en plus de ceux liés aux travaux domestiques pour les filles. Dans sa famille, elle n'est d'ailleurs pas appelée Etsu-ko mais Estu-bo, « - bo » étant le suffixe attribué aux garçons. Elle n'en est pas moins élevée dans l'idée que la femme est inférieure à l'homme, qu'elle se doit de vivre dans le devoir envers son mari et non pour elle-même, qu'elle se doit d'être modeste en tout dans son attitude. Qu'une fille de samouraï qui plus est ne doit jamais se laisser aller à ses émotions. Comme si elle avait tenu à nous faire ressentir la soumission de la petite-fille d'alors, l'adulte qu'elle est devenue s'efface et ne cherche nullement à contester les règles de vie et préceptes qui lui ont été inculqués, tacites ou non. Elle se contente de raconter c'est tout. A l'adolescence, elle est finalement fiancée à un ami de son frère - un japonais expatrié au Etats-Unis. Avant de le rejoindre, elle est envoyée dans une école de missionnaires à Tokyo. Ce pan de vie s'avère assez fondamental dans son évolution personnelle. Car au contact des autres élèves - de petites citadines contrairement à Etsu - elle se retrouve confrontée aux moeurs tokyoites – moins formalistes qu'en province – ainsi qu'à ses professeures occidentales, aux manières bien différentes des siennes. Les remises en question sont alors nombreuses que ce soit sur les plans culturels, sociaux et religieux. Etsu s'enhardit et s'épanouit, se délestant peu à peu des pensées et attitudes corsetées qu'elle avait intériorisées, relativisant également beaucoup de choses qu'elle avait soit prises pour argent comptant soit gardées pour elle, conformément à son éducation. C'est forte de cette prise de recul qu'elle aborde son séjour aux Etats-Unis, nous offrant comme a son habitude de savoureuses analyses sur les différences de mentalité et de culture entre les deux pays. C'est une Etsu-bo mêlée, discrète et respectueuse des traditions, mais aussi en proie à des idées "modernes" et à contre-courant sur de nombreux points qui revient au Japon. Ses filles, élevées à l'américaine détonnent dans la famille ce qui donne un aperçu des incompréhensions qui ont pu se créer d'une génération à l'autre.

J'ai vraiment adoré cette lecture. Elle est une mine d'or sur la culture et la mentalité japonaise de cette époque. le sentiment d'un monde en déclin et d'une culture traditionnelle qui s'effrite lentement au contact des occidentaux transparaît à plusieurs reprises. L'auto-analyse dont fait preuve Etsu - souvent avec humour - ainsi que son ouverture d'esprit lui permettent de nous offrir plusieurs éléments de réflexion. Mais même après ces nouvelles expériences, une certaine distance reste de mise. La retenue étant gravée en elle, les moments intimes – les plus douloureux j'ai remarqué – sont mentionnés avec une totale impassibilité. Souvent tout juste formulés par quelques phrases élégantes avant d'être éclipsés, s'ils ne sont pas tout simplement sujets à ellipses. En résulte à ces moments-là une impression trompeuse de grande froideur.

Les éditions Bartillat ont donc eu une riche idée en éditant cette autobiographie. Je suis juste un peu sceptique sur les arguments marketing utilisés pour inviter le lecteur à acheter cet ouvrage. le résumé de la quatrième de couverture ne rend pas justice à la richesse de ce témoignage d'un temps révolu; et n'est à mon sens pas tout à fait fidèle à l'esprit du livre... Il s'appuie également beaucoup trop sur la très courte préface d'Amélie Nothomb (dame que j'apprécie au demeurant), comme s'il s'agissait là d'une garantie, comme si enfin il ne leur était pas possible de trouver leurs propres mots pour mettre en valeur ce texte.
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Impossible de ne pas ressentir le poids des traditions en lisant l'autobiographie d'Etsu Sugimoto. Elle y raconte les splendeurs et lourdeurs d'être fille de samouraï dans un Japon en pleine transition. de l'époque féodale à la restauration de Meiji, elle vécut une éducation extrêmement stricte sans bénéficier des avantages que son statut social apportait normalement aux garçons. Sans pathos ni nostalgie, elle présente ses souvenirs comme nombre de petits tableaux et scènes du quotidien. Au coeur de la campagne japonaise ou du tumulte des jours de fête, on s'introduit chez cette famille qui tente de concilier leurs coutumes ancestrales avec la vie moderne. Etsu a dû quitter son pays pour les États-Unis avant de livrer ce brillant témoignage, d'une étonnante justesse, sur la condition des femmes de son milieu.
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Etsuko, dite Etsu Inagaki Sugimoto, fut la fille de l'un des derniers samouraïs.
Actrice et spectatrice des mutations de son temps, qui laisse peu à peu derrière lui les lois féodales et accueille les bouleversements du monde extérieur, elle se retrouve un pied dans chaque culture, Japon d'une part, Etats-Unis de l'autre.
De l'ère Meiji à l'ère Showa, les pérégrinations rapportées d'une femme de lettres…
杉本 鉞子.武士
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critiques presse (2)
LeMonde
26 juin 2023
Son récit est aussi celui de l’émancipation d’une femme qui s’affranchit des carcans de son éducation, s’accoutumant aux mœurs de son pays d’accueil.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
09 juin 2023
Née et élevée au sein d’une famille qui se croit encore dans le monde immuable de l’ère Edo, Etsu Sugimoto (1874-1950) vit tous les bouleversements d’un Japon entrant de force dans la modernité. Elle le raconte dans « Fille de samouraï » (Bartillat).
Lire la critique sur le site : Marianne_

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