Dans ce roman d'inspiration autobiographique, écrit en 2002 à 85 ans, considéré comme son chef-d'oeuvre dans sa Hongrie natale, Magda Szabo, Dodi, raconte son enfance et son adolescence ( 1917-1935).
Fille unique ( en faites pas vraiment, ayant une soeur adoptive , Cili, qui sera l'un des quatre piliers de sa vie et même « son autre moitié » ) d'un juriste et d'une pianiste, elle bénéficie d'une éducation très libre, qui donne libre cours à son talent littéraire, dont la précocité se remarque à peine; les deux familles paternelle et maternelle regorgeant d'écrivains et d'intellectuels de toute catégorie. Père et mère contribuent à parfaire et mûrir ce talent. La mère avec ses extraordinaires histoires imaginaires qu'elle lui raconte dés sa petite enfance et qui formeront le terreau d'où fleuriront ses idées pour ses livres futurs, "....tout ce que je sais et ai réalisé dans ma vie, je l'ai hérité de son talent, et c'est elle qui aurait dû recevoir ce que la vie m'a donnée, à moi.” Quand à son père, il lui inculque très jeune une culture littéraire éclectique , basée sur les classiques inspirés de la mythologie grecque, le latin, des passages de l'Ancien Testament....Dodi, l'enfant rebelle, dont les uniques jouets sont les livres, qui parle latin avec son père dés l'âge de trois ans, qui grandi entre fables et mythologie dont elle tire sa vision de la réalité, est vite rattrapée par la vie et ses vraies réalités. C'est sa soeur Cili qui viendra à son secours.
Son histoire se coule dans celle de la Hongrie, dont l'arrivée de sa soeur adoptive en est la conséquence directe ( le traité de paix du Trianon que les vainqueurs de la Grande Guerre signe avec la Hongrie le 4 juin 1920 et qui consacre la fin de l'Autriche-Hongrie au sein de laquelle la Hongrie jouissait d'une quasi-indépendance). Une soeur adoptive, orpheline de guerre, amenée à la maison par le père, alors qu'elles n'ont respectivement que quatre ans. Cili, la muette, se révélera une belle surprise, dans le microcosme assez spécial des Szabo.
Dans la Hongrie où la religion est à la base de l'éducation, Magda, enfant et adolescente, rencontre de multiples difficultés avec son intelligence et sa lucidité à accepter les dogmes préconçus, et les discriminations confessionnelles. Alors que sa soeur adoptive Cili y jette son dévolu sans aucun questionnement, elle reste ferme sur ses convictions, même si elle se résout de temps en temps à se taire. Ce portrait d'une petite Magda présomptueuse et égocentrique qui vit dans un monde imaginaire est assez étonnante, pour qui connaît à travers son oeuvre sa grande sensibilité et finesse à l'encontre des sentiments humains et de l'Histoire de son pays.
Un récit profond, dense, une prose superbe ( excellente traduction), bien que pas toujours facile à lire dû au manque d'ordre chronologique. Szabo nous entraîne à travers l'amour inconditionnel entre deux soeurs et un amour impossible entre deux orphelins de guerre, dans les tréfonds d'une Hongrie appauvrie suite à la première guerre mondiale, où la religion est maître de céans et le conformisme dominant oblige toute personne qui sort du moule à nager à contre courant.
Un livre clé, pour une approche plus approfondie à son oeuvre, dont plusieurs des personnages apparaîtront dans sa fiction. Quand au titre Beethovenien.......
C'est son dernier roman, auquel elle voulait donner une suite, mais elle n'en aura pas eu le temps,. Malheureusement non encore traduite en français et je me demande d'ailleurs pourquoi, vu l'importance du livre dans la bibliographie de Szabo.
“Dove vai tu,Lela ? Nel prato......Che cosa porti tu, Lela ? Un canto...
Fammi sentir quel canto ! Non posso, non si può .”
( Où vas-tu, Lela ? Sur le gazon....Que porte-tu, Lela ? Une chanson...
Fais-moi écouter cette chanson ! Je ne peux pas, ça ne se peut pas.)
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..non mi sentivo colpevole per - a l’epoca non conoscevo neanche questa espressione- la miope concezione della vita di altri.
p.100
...je ne me sentais pas coupable vis à vis des autres-à l’époque je ne connaissais même pas l’expression- pour leur conception myope de la vie .
( Magda Szabo parle de son enfance, ici les autres étant des religieuses)
...se ha buttato giù l’asticella, deve rimetterla a posto e riprovare il salto; in caso di sconfitta una persona deve fare come se avesse vinto.
p.233
....si tu as fait tomber la barre, tu dois le remettre à sa place et retenter le saut ; en cas de défaite une personne doit agir comme s’il eut réussi.
....il destino non é un cameriere, non accetta ordinazioni per tua vita.
p.359
( ...le destin n'est pas un valet de pied, il n'accepte pas d'exécuter tes ordres concernant ta vie)