Difficile d'y croire, mais je l'ai lu… comme tout le monde, sans aller jusqu'au bout bien entendu ! Il faut dire que ce livre a une certaine valeur, en tant que modèle d'un genre : le livre de nègre de riches (pour les pauvres). Il est donc intéressant, pour nous autres pauvres, en ce qu'il révèle ce qui caractérise ce genre particulier qui remplit les librairies et les dépôts-ventes.
J'aime autant prévenir, ne rêvez pas : même si vous assimilez tout cela encore bien mieux que moi, vous ne vous enrichirez pas en tant que nègre de riches. Comme le décrit bien Barbu Delavrancea, s'ils sont riches, c'est bien parce qu'il ne vous rendront pas riches !
En premier lieu donc, dans le livre de nègre de riches pour les pauvres, le riche doit être particulièrement sérieux, ronflant et ennuyeux. À l'occasion, Tapie sait se montrer amusant : ici, pas question ! Je vous recommande le passage sur le Japon, même pour vous endormir je vous certifie la prose trop ennuyeuse.
Ce qui nous amène au second point : toujours parler de l'étranger, où le riche est toujours connu et apprécie (plus qu'en France), d'où des leçons à tirer. En fait, comme en France, on se soucie de lui comme de sa première chemise : sérieusement, vous dormez avec «
Gagner » sous votre oreiller et vous vous réveillez en criant « Marc Ladreit de Lacharrière ! » ? Eh bien, les Chinois non plus.
Troisième point : auto-complaisance maximale, selon le principe d'Antoine Doisnel : « plus c'est gros, plus ça passe ». On va quand même pas faire des contrats, si, grâce à moi, on ne licencie pas ! Vous voyez bien qu'on ferait mieux de me confier la législation sur le travail, puisque j'ai fait l'économie à moi tout seul, et sans licenciements.
Quatre : pas le moindre soupçon d'originalité. On sait jamais, si on se présente vraiment aux élections, il faut que le lecteur se dise : « c'est bien ce dont on parlait avec Momo chez la Tondue, d'ailleurs j'irais bien me boire un canon (après avoir voté et lu la fin de la critique, SVP). » de toute façon, c'est pas comme si quelqu'un avait des idées…
Maintenant, à vous de jouer : trouver des principes qui réduisent les miens en miettes. Je vous conseille peu de les mettre en application, ou, pire, de vous enrichir, ou alors évitez de lire vos propres livres.