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EAN : 9782266250764
1296 pages
Pocket (02/01/2015)
3.91/5   3223 notes
Résumé :
Theo Decker a 13 ans. Il vit les derniers instants de sa vie d'enfant. Survivant miraculeux d'une explosion gigantesque en plein New York, il se retrouve seul dans la ville, orphelin, et se réfugie chez les parents d'un ami pour échapper aux services sociaux. Tout ce qui lui reste de sa mère, c'est une toile de maître minuscule qui va l'entraîner dans les mondes souterrains et mystérieux de l'art.


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Critiques, Analyses et Avis (482) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 3223 notes
Accroche-toi un peu, le chardonneret, c'est quasiment huit-cent pages de petits caractères bien serrés, et pas une seule image à colorier.

Au-delà de cet affligeant constat bassement matériel, ce drôle d'oiseau est avant tout une oeuvre littéraire somptueuse, tout récemment (et fort judicieusement) auréolée du Pulitzer millésime 2014.

Il n'y a pas grand intérêt à détailler ici les aventures du jeune Théo Decker, intimement liées au destin de cet authentique et singulier petit tableau du XVIIème siècle qui offre son titre au roman. Je recommanderais simplement de s'abandonner à cette rencontre et à la narration envoûtante de la prima Donna. Sans jamais ennuyer, celle-ci prend son temps, pose l'ambiance, installe ses personnages, exprime leurs sensations comme personne, submerge son lecteur jusqu'au parfait engloutissement.

Entre New-York, Las Vegas et Amsterdam, tourmentés, tragiques ou flamboyants, les personnages de Miss Tartt expérimentent nombre des excès de l'occident contemporain et subissent les universelles réminiscences du passé dans une troublante fusion des frontières entre le bien et le mal. Il en résulte une fiction dense et ardente, presque hors du temps, à la fois sombre et intensément lumineuse.

« Un vraiment grand tableau est assez fluide pour se frayer un chemin dans l'esprit et le coeur sous toutes sortes d'angles différents, selon des modes uniques et particuliers...» Il en va de même pour ce vraiment grand roman. Donna Tartt possède cette ensorcelante puissance d'écriture qui, tout autant que l'histoire elle-même, s'empare de l'esprit et du coeur bien au-delà de la dernière page.

J'ai laissé la magie opérer... et j'ai profondément adoré.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Ce temps de confinement a été le déclic pour que je me lance dans la lecture de : le chardonneret de Donna Tartt. En effet ce livre de 1100 pages, en version Pocket, Prix Pulitzer de la fiction en 2014, aussi intéressant soit-il, demande un certain nombre d'heures de lecture, d'autant qu'il nécessite une certaine concentration. Mais lorsque la dernière page est tournée, on ne regrette pas son effort.
Le roman débute pendant la période de Noël, par une scène se passant dans une chambre d'hôtel à Amsterdam en 1943 où un jeune américain vit en reclus depuis une semaine, malade, et dans la crainte d'une possible arrestation. La fièvre lui causant quantité de rêves bizarres, une image va le paralyser de bonheur : sa mère "...lorsqu'elle est apparue tout à coup derrière moi, surgissant dans le reflet que me renvoyait un miroir." Et l'histoire commence : " Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. En fait, elle est morte quand j'étais enfant." C'est donc la vie de ce jeune adolescent Theo Decker, 13 ans, à partir du décès de sa mère qui nous est donnée à partager avec lui, ce dernier étant le narrateur.
Alors qu'il se rend au collège avec sa mère où ils ont été convoqués, sous le coup d'un renvoi, ils s'arrêtent au Metropolitan Museum de New York pour visiter une exposition. Un attentat a lieu et sa mère est tuée. Lui, va en réchapper, par miracle, en emportant ce célèbre tableau flamand qu'est le Chardonneret de Carel Fabritius, peint en 1634 qui lui a été confié par un homme mourant.
Son père alcoolique s'étant évanoui dans la nature, il sera dans un premier temps recueilli par la famille Barbour, fera la connaissance de Hobbie, un restaurateur de meubles anciens, sera ensuite récupéré par son père qui l'emmènera à Las Vegas où il deviendra ami avec Boris. Il y restera jusqu'à la mort de son père, dans un accident de voiture, et reviendra ensuite à New York.
Après cette explosion meurtrière où sa mère a perdu la vie, notre jeune garçon choqué et traumatisé éprouve beaucoup de mal à faire face aux questions que lui posent les adultes, et fuit les personnes du service social qui tentent de le faire parler. Il a pris soin d'empaqueter son tableau et de le cacher, aimerait le rendre mais ne sait à qui se confier.
Lorsqu'il va partir avec son père et rencontrer Boris, un jeune voyou ukrainien il va alors se laisser aller avec ce dernier à l'alcool et la drogue, cela leur permettant de fuir la réalité et d'oublier. Leurs nombreuses scènes de beuverie suivies de lendemains désenchantés et de crises de manque montrent bien ce que peut être une dérive à la suite d'un traumatisme.
C'est le récit d'une longue errance, d'une solitude terrible, d'un mal-être quasiment permanent et d'un amour indéfectible pour cette mère disparue cruellement et soudainement. Quelques moments de répit pour Theo avec notamment Hobbie, ce vieil antiquaire qui lui apporte sécurité chaleur et réconfort, avec Pippa cet amour jamais avoué, mais Boris, cet ami ambigu et fidèle, sera le seul à partager, sans qu'il l'ait su, son secret.
Theo Decker va traverser différents milieux et à chaque fois en apprendre les codes et s'y adapter et nous donner ainsi une belle analyse de la société américaine.
L'amour, l'amitié avec ses enthousiasmes et ses déceptions, la bienveillance, l'affection, l'amertume, l'abandon et le désarroi et aussi la souffrance, des sentiments que Donna Tartt sait magnifiquement explorer.
Si Theo pourrait apparaître comme le personnage central, il doit cependant partager cet honneur avec ce petit tableau le Chardonneret, qu'il n'a pas le droit de posséder mais qu'il conservera tout au long de ses pérégrinations et qui est le coeur de ce roman. Il m'a accompagné et a réconforté Theo par sa seule présence. Cet oiseau attaché par la patte à son perchoir est tout un symbole, Theo étant lui-même enchaîné à son passé. L'art, pour Theo est le summum de la vie, comme il l'était pour sa mère.
Le Chardonneret nous narre à la fois la déconstruction et la construction de ce jeune garçon, avec l'art en toile de fond.
C'est à la fois un roman d'apprentissage et un roman d'aventures, un roman sur l'amitié et la solitude où le suspense, suspense délicat, est maintenu jusqu'au bout : la beauté peut-elle triompher malgré tout ?
J'ai vraiment été conquise par cette histoire. J'ai beaucoup aimé le récit jusqu'à l'arrivée dans la banlieue de Las Vegas. Ensuite j'ai trouvé beaucoup de longueurs, Theo et Boris passant le plus clair de leur temps à se droguer et à vomir et j'ai eu envie, maintes fois de l'engueuler, de le secouer, de lui dire de se prendre en main, mais aussi de le rassurer, de le protéger. J'ai donc apprécié son retour à New York. Quant à la fin, elle est vraiment stupéfiante et les dernières pages sublimes !

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Ouf ! Suis-je tenté d'écrire… Je viens de terminer le Chardonneret et ses 1100 pages en version Pocket. La lecture fut longue, passionnante parfois, lassante quelquefois mais je salue la performance de Dona Tartt, autrice étasunienne que je lis pour la première fois et j'ajoute aussi un coup de chapeau à Edith Soonckindt qui a brillamment assuré la traduction en français.
Le narrateur, Theodore Decker vit à New York avec sa mère, mannequin pour un catalogue de vente par correspondance qui étudie l'histoire de l'art et lui transmet sa passion pour les musées. Dès le début, Theo dit qu'il se trouve dans une chambre d'hôtel à Amsterdam, en 1943, sa mère étant morte quatorze ans auparavant. Cette date me gêne beaucoup car, tout au long du livre, donc pour ce qui s'est passé avant 1943, on utilise téléphones portables, internet… ce qui était encore loin d'exister. D'ailleurs, je me demande pourquoi l'autrice donne cette date car son roman peut très bien se passer à la fin du XXe siècle, sans problème.
D'autres anachronismes m'interpellent comme l'absence totale de référence à ce qui bouleverse le monde, en 1943 : la seconde guerre mondiale. Theo, Boris, son meilleur ami, voyagent sans aucune difficulté d'Amérique en Europe, se déplacent aux Pays-Bas, pays pourtant occupé par le Wehrmacht depuis 1940. Anne Frank écrit son journal à Amsterdam de 1941 à 1944, avant d'être déportée vers les camps de la mort comme beaucoup d'autres juifs de ce pays. Aucune allusion dans le livre à cette terrible période, aucune restriction dans l'hôtel où se trouve Theo qui peut commander tout ce qu'il veut à la réception. Il y a même un déplacement déterminant à Hambourg… sans problème.
Ces anomalies étonnantes signalées, je reviens à l'histoire de ce garçon déjà traumatisé par un père alcoolique ayant déserté l'appartement familial, qui perd sa mère à cause d'un attentat, l'explosion d'une bombe dans un grand musée newyorkais qu'ils visitaient. Par miracle, Theo qui avait repéré une jeune fille rousse accompagnée d'un vieil homme, est vivant et Dona Tartt m'a scotché avec une scène terrible qui montre Welty, ce vieil homme, prenant Theo pour un autre, lui confiant sa bague, une adresse et, juste avant de mourir, lui ordonne de prendre un petit tableau : le Chardonneret, du peintre hollandais Carel Fabritius (1622-1654). Or, Fabritius est mort l'année où il a peint ce petit oiseau enchaîné à son perchoir, en 1654, à cause de l'explosion d'une poudrerie, à Delft, aux Pays-Bas.
Repartie voir La leçon d'anatomie de Rembrandt, sa mère n'était pas dans la même salle que Theo qui en réchappe donc et réussit à sortir des décombres par ses propres moyens. Il ne reverra jamais sa mère et sera profondément traumatisé.
Ainsi, Theo raconte en détails, la fin de son enfance, la famille Barbour qui le recueille parce qu'il est le meilleur ami d'un des fils, Andy. Il aurait pu grandir tranquillement si son père et sa nouvelle femme, Xandra, n'avaient débarqué de Las Vegas et l'avait emmené sur la côte ouest. Là-bas, il se lie d'une profonde amitié avec Boris, pour le meilleur et pour le pire car la drogue fait son entrée et rien ne nous est épargné jusqu'au bout. Bien sûr, Theo a toujours ce fameux tableau qu'il garde jalousement, cache soigneusement mais, impossible d'en dire plus sans divulgâcher.
Dans cette histoire, il ne faut pas oublier Hobie, l'associé de Welty, un restaurateur de meubles anciens, antiquaire, chez qui Theo retrouve Pippa, la jeune fille rousse qui accompagnait Welty dans le musée et qui a aussi miraculeusement échappé à la mort. Hobie est un homme extraordinaire, d'une profonde humanité et j'ai beaucoup apprécié les passages le concernant.
Dans un tel livre, foisonnant d'informations, de détails pas toujours utiles, de descriptions redondantes, j'ai surtout aimé les réflexions sur la vie, les passages consacrés à l'art, la peinture, l'amour d'un fils pour sa mère et les moments forts d'amitié hélas gâchés par un usage immodéré et impressionnant de stupéfiants.
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Je suis très reconnaissante envers François Busnel pour la découverte de Donna Tartt lors de son passage à la Grande Librairie. Certes il aurait été difficile de passer à côté dans les semaines suivantes, car elle trône sur tous les étals de libraire, mais sa prestation a été suffisamment convaincante pour me convaincre de réparer mon ignorance, n'ayant jamais entendu parler du Maître des illusions (un séjour sur une autre planète il y a 10 ans?)

Lire le Chardonneret est un morceau de bravoure (même si c'est une très belle expérience : c'est un gros pavé, à l'écriture dense, plus far breton que barbe-à-papa comme nourriture spirituelle). le critiquer est une autre paire de manche. le livre clos, on reste un peu abasourdi, et le silence après Donna Tartt est encore du Donna Tartt, un délai est nécessaire avant de se plonger dans un autre univers romanesque.

Theo Decker le narrateur, a treize ans lorsque débutent ses confidences. Il vit seul avec sa mère, depuis que le père les a laissés tomber. Pas très bien intégré au collège, de nature inquiète, cette période est pourtant celle de sa vie qu'il idéalisera comme un âge d'or, après qu'une explosion tue sa mère dans le musée qu'il visitait avec elle. C'est le big bang de cette histoire : le deuil irréparable s'associe à une rencontre , celle d'un vieil homme en train de mourir, qui lui remet une bague en lui donnant une adresse. Et, point d'ancrage fort, tant pour le lecteur que pour le jeune garçon, Theo sort du musé, sain et sauf, dans une ambiance de fin du monde, avec un tableau d'une valeur inestimable sous le bras : le chardonneret de Fabritius.

C'est le début d'un road movie, fait d'errance et de choix hasardeux, en compagnie de Boris, un autre paumé de la vie. le refuge dans des paradis artificiels délétères est inéluctable, avec suffisamment de maitrise pour donner le change socialement, tout en créant une dépendance irréversible.

Les thèmes abordés sont multiples, stress post-traumatique, amitié, amour, deuil, dépendance,, impermanence, qui constituent autant de jalons sur ce parcours initiatique. La construction du jeune homme est chaotique, la chute est imminente tout au long de ce chemin sur les berges d'un précipice, mais le chemin se fait.

L'ensemble se déroule dans un ambiance artistique, (outre le Chardonneret et son histoire propre, beaucoup de références à la peinture, mais aussi à la poésie). La restauration des meubles anciens, très bien documentée (l'auteur a t-elle fait un stage intensif?) est très intéressante.

C'est un roman fort, dense, inoubliable, pas loin de mériter une place dans la valise pour l'île déserte; le maître des Illusions, lui, est dans la pile.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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♫Ça f'sait longtemps que j'n'avais pas vu
Un petit oiseau dans ma rue
Je ne sais pas ce qui m'a pris
Il faisait beau je l'ai suivi [...]
Où tu m'emmènes dis ?
où tu m'entraînes dis ?
Va pas si vite dis attends-moi !
Comme t'es pressé dis !
t'as rendez-vous dis ?
Là où tu vas dis j'vais avec toi ♫
-Gilbert Becaud- 1966-
----♪---♫----🗽---🎨---🗽----♫---♪----
Psst, du fond de la ruelle
psittacidae ou simple passeriforme,
Un murmure m'interpelle
De la mare au diable, au pavé conforme...
Un oiseau jaune sur un fond simple et pâle enchaîné à un perchoir par sa cheville fine comme une brindille...
Sucette à la morphine....
distortion spatiale et temporelle
Pouvoir des signes
Battre des ailes
Et atterir au même endroit indigne !
Combien la vie peut être cruelle !
Comment taire
Seule ombre au tableau
Sa poupée c'est Pipa
Comme c'est pas pipeau
Mais que les dés sont pipés
Pipa n'a pas pipé mot...
Rêver d'elle en permanence
Mais en tant qu'absence
pas en tant que présence...
Tiens-toi à l'écart de celles que t'aimes trop
Sourcils en aile de chauve-souris
Eprouver chaque pulsation, chaque sursaut
Se soucier suffisamment d'une chose...elle prend vie.
J'ai regardé s'écouler les heures,
à peine éveillé, état de semi-rêverie,
lumière hivernale solennelle, vodka avec glaçons, basculant d'un bord à l'autre, parallélogrammes qui glissaient vers la moquette et se retrécissaient jusqu'à pâlir et disparaître, vibrations d'un diapason...
Ne pas se retourner pour regarder la Terre
Depuis ma banquise flottante ayant dérivé en mer
Surface de l'existence, Vers mère
C'est moins clair / obscur
Sablier qui s'écoule, Mystère du futur
Tout redevient illusion
1, rue Sésame, à la télévision
Amsterdam, le temps d'une récupération
Prendre la balle au Bond, mais bon
Tout s'écroule et tout se reconstruit,
Le chardonneret m'aura appris
voir l'humain dans l'oiseau, digne, vulnérable
Un prisonnier qui regarde ses semblables
Esthète, Beauté, genre ''human-Niké'' confidentiel
Des mots crassis, tout ce que l'art y fit ciel ...
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critiques presse (8)
Culturebox
05 mars 2014
Donna Tartt a écrit trois romans en 20 ans. "Le Chardonneret", le dernier, publié aux éditions Plon, raconte la vie mouvementée de Théo, brutalement bouleversée par une gigantesque explosion dans un musée de New York, qui tue sa mère.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LesEchos
05 février 2014
Donna Tartt multiplie les rebondissements, jusqu'au final, au faux air de polar nordique, à Amsterdam. Saturant sa narration d'effets visuels, de couleurs, de dérives hallucinées, l'écrivain mène son récit d'une main de maître, tout en semant de petits cailloux philosophiques.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
16 janvier 2014
Roman de la solitude et de l'amitié, des métamorphoses et des faux-semblants, hommage au roman d'apprentissage à la Dickens mais aussi à la noirceur dostoïevskienne, Le Chardonneret est une histoire qui envoûte et s'empare du lecteur avec une force irrésistible.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeDevoir
13 janvier 2014
Mesmérisés par l’écriture exceptionnelle de Donna Tartt — magnifiquement rendue ici par la traduction d’Édith Soonckindt —, Théo comme le lecteur se verront lancés à la poursuite de l’illusion et de l’essentiel. Préparez-vous à plonger…
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
13 janvier 2014
Roman-fleuve, à la fois initiatique et thriller, méticuleux de détails, mais nerveux en rythme, riche en personnages que l'on aime aimer ou détester [...]
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
08 janvier 2014
Comment survivre à ceux qu'on aime ? Donna Tartt effectue un retour magistral avec cet ample roman, où s'entrechoquent le bien et le mal.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeJournaldeQuebec
07 janvier 2014
Oiseau rare et adulé de la littérature américaine, Donna Tartt signe son grand retour avec Le Chardonneret, roman initiatique à la Dickens, méditation sur l'art, thriller haletant et radiographie des caprices du destin, des obsessions et vices de l'Amérique.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Chatelaine
31 décembre 2013
L’intrigue est superbe et le personnage principal est si brillamment décrit qu’il est difficile de le quitter…
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Citations et extraits (386) Voir plus Ajouter une citation
Mais dépression n'était pas le mot juste. Il s'agissait d'un plongeon dans le chagrin et le dégoût, ça allait bien au-delà de la sphère personnelle, une nausée écœurante en réaction à l'humanité et à toute entreprise humaine depuis la nuit des temps, et qui me lessivait. Les convulsions répugnantes de l'ordre biologique. La vieillesse, la maladie, la mort. Pas d'échappatoire. Pour personne. Même ceux qui étaient beaux étaient comme des fruits ramollis sur le point de pourrir. Et pourtant, tant bien que mal, les gens continuaient de baiser, de se reproduire et d'affourager la tombe, produisant de plus en plus de nouveaux êtres qui souffriront comme si c'était chose rédemptrice ou bonne, ou même, en un sens, moralement admirable : entraînant d'autres créatures innocentes dans le jeu perdant-perdant. Des bébés qui se tortillent et des mères qui avancent d'un pas lourd, suffisant, shootés aux hormones. Oh, comme il est mignon ! Ooooooh. Des gamins qui crient et qui glissent sur le terrain de jeux sans la moindre idée des futurs enfers qui les attendent : boulots ennuyeux et emprunts immobiliers ruineux, mauvais mariages, calvitie, prothèses de la hanche, tasses de café solitaires dans une maison vide et poche pour colostomie à l'hôpital. La plupart des gens semblaient satisfaits du mince vernis décoratif et de l'éclairage de scène artistique qui, parfois, rendaient l'atrocité basique de la condition humaine plus mystérieuse ou moins odieuse. Les gens s'adonnaient au jeu, au golf, travaillaient, priaient, plantaient des jardins, vendaient des actions, copulaient, achetaient de nouvelles voitures, pratiquaient le yoga, redécoraient leurs maisons, s'énervaient devant les infos, s'inquiétaient pour leurs enfants, cancanaient sur leurs voisins, dévoraient les critiques de restaurants, fondaient des organisations caritatives, soutenaient des candidats politiques, assistaient aux matches de tennis de l'US Open, dînaient, voyageaient et se distrayaient avec touts sortes de gadgets et de trucs, se noyant sans cesse dans l'information, les textos, la communication et la distraction tous azimuts pour tenter d'oublier : où nous étions et ce que nous étions. Mais sous une forte lumière il n'y avait rien de positif à voir. C'était pourri de A jusqu'à Z. Faire vos heures au bureau ; pondre consciencieusement vos 2,5 enfants ; sourire poliment au moment de votre départ à la retraite ; puis mâchouiller votre drap et vous étouffer sur vos pêches au sirop en maison du même nom. Mieux valait ne jamais être né – ne jamais avoir désiré quoi que ce soit, ne jamais avoir rien espéré.
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La plupart des gens semblaient satisfaits du mince vernis décoratif et de l'éclairage de scène artistique qui, parfois, rendaient l'atrocité basique de la condition humaine plus mystérieuse ou moins odieuse. Les gens s'adonnaient au jeu, au golf, travaillaient, priaient, plantaient des jardins, vendaient des actions, copulaient, achetaient de nouvelles voitures, pratiquaient le yoga, redécoraient leurs maisons, s'énervaient devant les infos, s'inquiétaient pour leurs enfants, cancanaient sur leurs voisins, dévoraient les critiques de restaurants, fondaient des organisations caritatives, soutenaient des candidats politiques, assistaient aux matches de tennis de l'US Open, dînaient, voyageaient et se distrayaient avec toutes sortes de gadgets et de trucs, se noyant sans cesse dans l'information, les textos, la communication et la distraction tous azimuts pour tenter d'oublier : où nous étions et ce que nous étions.
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Vitrine inondée de lumière. Lueur mortuaire émanant du compartiment réfrigéré. Au-delà du verre condensé de brouillard et dégoulinant d'eau, des branches ailées d'orchidées frémissaient sous l'effet du courant d'air du ventilo : blancheur fantômatique, lunaire, angélique. Sur le devant étaient disposées les fleurs les plus farfelues, dont certaines se vendaient à des milliers de dollars : chevelues et veinées, mouchetées, avec des crocs, tachées de sang et l'air diabolique, dans des couleurs qui allaient de la moisissure de cadavre au magenta des ecchymoses - il y avait même une superbe orchidée noire dont les racines grises ressortaient de son pot, couvertes de mousse tels des serpents.
Chap XIX p 603
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Le tableau était caché, intelligemment selon moi, dans une taie d'oreiller propre en coton scotchée avec de l'adhésif à l'arrière de ma tête de lit. Hobie m'avait appris comment il convenait de manipuler avec soin les vieilles choses (parfois il utilisait des gants en coton blanc pour les objets particulièrement délicats) et je ne l'ai jamais touché de mes mains nues, juste par les côtés. Je ne le sortais jamais, sauf quand mon père et Xandra n'étaient pas là et que je savais qu'ils ne rentreraient pas avant longtemps – quand je ne pouvais pas le voir, j’aimais le savoir là à cause de la profondeur et de la solidité qu'il donnait aux choses, du renfoncement de l'infrastructure, d'une précision invisible, de la justesse d'une assise qui me rassurait, tout comme il est rassurant de savoir que, au loin, les baleines nageaient sans crainte dans les eaux de la Baltique et que des moines de mystérieuses zones temporelles psalmodiaient sans discontinuer pour le salut de l'humanité.
Le sortir, le tenir, le regarder n'était pas une chose à prendre à la légère. Même dans l'acte de tendre la main pour l'attraper il y avait une sensation d'expansion, un souffle et une élévation ; et ce à un point si étrange que, lorsque je l'avais regardé assez longtemps, les yeux asséchés par l'air réfrigéré du désert, tout l'espace entre lui et moi semblait s'évanouir et, quand je levais les yeux, c'était le tableau qui était réel, et non moi.
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C'était sans espoir. Il n'était tout bonnement pas possible qu'elle puisse être moitié aussi importante aux yeux de M. Médiathécaire qu'aux miens. On était faits l'un pour l'autre; entre nous il y avait une justesse onirique et de la magie, c'était indiscutable; sa seule pensée inondait de lumière le moindre recoin de mon esprit et en déversait dans des greniers miraculeux dont j'ignorais l'existence, des images qui semblaient ne pas exister du tout si ce n'est en rapport avec elle. Je n'arrêtais pas d'écouter son Arvo Pärt préféré, une façon d'être avec elle; et il lui suffisait de mentionner un roman lu récemment pour que je m'en empare, affamé, afin de pénétrer dans ses pensées, une sorte de télépathie. Certains objets qui passaient par la boutique - un piano Pleyel; un drôle de de petit camée russe déniché - semblaient être des artefacts tangibles de la vie qu'elle et moi aurions dû vivre ensemble, c'était légitime. Je lui avais écrit des emails de trente pages que j'avais effacés sans les lui envoyer, optant à la place pour la formule mathématique que j'avais mise au point afin de ne pas trop me ridiculiser: toujours trois lignes de moins que l'email qu'elle m'avait envoyé, toujours un jour de plus que le temps qu'il m'avait fallu, moi, pour recevoir sa réponse. Parfois, dans mon lit, perdu dans mes rêveries opiacées érotiques emplies de soupirs, je menais avec elle de longues conversations à coeur ouvert: Nous sommes inséparables, nous imaginais-je déclamer à l'autre (c'est éculé), chacun avec une main sur la joue de l'autre, nous ne pourrons jamais être séparés. Tel un désaxé, j'amassais des bouts de cheveux couleur feuilles d'automne récupérés dans la poubelle après qu'elle se fut coupé la frange dans la salle de bain - et, même plus effrayant, un chemisier sale, enivrant parce que portant encore la trace de sa sueur végétarienne qui sentait le foin.
C'était sans espoir. Plus que sans espoir: humiliant.
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Le chardonneret. Bande d'annonce officielle.
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