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EAN : 3663322113727
164 pages
Tempura (27/03/2021)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Au sommaire de ce numéro de printemps :
Vous plongerez dans le monde des mannequins grande taille et
des injonctions sociales à la minceur avec Yuta Yagishita.
Karyn Nishimura et Johann Fleuri vous emmènent à la rencontre des femmes qui se battent pour le droit à disposer de leur corps dans la première clinique d’accouchement sous X du Japon.
Régis Arnaud analyse la situation du handicap au Japon, notamment à... >Voir plus
Que lire après Tempura, n°5 : Le Japon à corps perduVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un bon numéro 5 de Tempura, le magazine qui vous parle du Japon. du Japon sociétal, du Japon de la vie quotidienne, du Japon des gens mais aussi du Japon qui en met plein la vue. Et ce trimestre-ci (oui, printemps 2021, j'ai un peu de retard, les amis), Tempura nous emmène au contact des corps japonais : des corps contraints, des corps au coeur de la société, des corps hautement politisés.

On commence ce volume 5 par une drôle et effrayante chronique de Jake Adelstein, sur les différentes manières de cacher un corps. Un poil glauque mais dans la bonne veine de l'auteur.

Pour la spéciale "corps", on retrouve :
- un article sur la grossophobie, consacrées au culte du corps frêle et au traitement des personnes obèses ou grosses,
- un article sur Mishima et l'influence de l'Occident sur la vision du corps japonais. Autrefois, bien plus ouverte sur le sexe et la nudité, le pays devient pudibonde au contact des occidentaux et de l'accès du pays aux étrangers.

Là, où avant l'ère Meiji, on évoquait librement dans la littérature et dans la peinture du sexe (organe), de l'orientation sexuelle, de prostituée, l'influence des étrangers rend ces sujets tabous. Dans le contexte raciste et/ou racialiste du temps, les Japonais sont différenciés des autres peuples d'Asie et donc vont s'auto-imposer des règles de bienséance, en détruisant des estampes érotiques, en arrêtant de marcher pieds nus (Zaz n'aurait jamais pu donner de concert là-bas) ou d'aller au bain mixte. C'est un changement culturel mais ces transformations ont aussi un impact sur le place de la femme dans la société (par exemple, l'adultère devient punie pour les femmes). de manière générale, les guerres ont à chaque fois eu une influence sur le corps de la femme japonaise, qui, in fine, devient un corps social, plus qu'un corps individuel.

- un article sur le combat de Kazuko Fukuda pour faciliter l'accès à la pilule contraceptive au Japon et qui m'a beaucoup intéressé. J'ai été impressionné par le combat mené par ces militantes alors que la contraception est un acquis menacé au Japon (mais pas que). Pour la pilule normale, c'est déjà compliqué, alors on n'en parle même pas de pilule du lendemain, tellement c'est culpabilisant d'en prendre une (les Japonaises doivent par exemple avaler la pilule devant le pharmacie, oui, oui, oui...).

- et des articles sur les acquis des personnes handicapées dans le Japon Moderne, sur le porno à poil (et encore, heureusement qu'on est sur un site consacré à la littérature, sinon les jeux de mots de beauf, ça irait encore plus loin).

Hors de ce fascicule spéciale sur le corps, nous retrouvons aussi un article sur la Chapelle en ruban de Nakamura à Onomichi, un bâtiment qui donne bien envie de se marier, seul ou accompagné. J'aime bien les articles "Architecture" du Tempura, c'est toujours une bonne surprise, on découvre des techniques, des inspirations, des créations intelligentes mêlant l'histoire du lieu à une réussite technique. Il y a aussi une interview avec l'architecte Tsuyoshi Tane et son approche "archéologie du futur", approche sociologique et ethnologique de l'architecture. Bon, après, est-ce que construire un village touristique en plein milieu du Bhoutan, même en respectant la culture du pays, est une démarche durable et raisonnée ? Ça, mes petits pères et petites mères, c'est une autre question.

Jake Adelstein revient pour un aparté sur l'univers du Pachinko à la fois fun et intéressant : on y découvre le côté sombre de la chose qu'on ne connait pas, ni l'importance du secteur, quand on est en mode touristos. Scarlett Johansson et Bill Murray n'ont clairement pas eu affaire aux Yakuzas en 2003.

Tiens, j'ai bien aimé aussi l'article Shinkanzenpunk, une sorte d'obsession pour le train à la japonaise. Pour moi, le fan de train, un nori-tetsu, c'est fascinant pour sûr. On en parle du train aux couleurs de Pikachu ?

Bon, après, quelques articles étaient moins intéressants comme les séquences photos ou certaines interviews de fin de magazine. Mais la qualité globale du volume est solide.
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J'ai découvert il y a quelques mois le magazine Tempura, auquel je me suis rapidement abonnée. Tempura, dont la couverture ne manque jamais d'attirer le regard, constitue une porte d'entrée extraordinaire pour qui souhaite découvrir un pays dont la réalité s'efface trop souvent derrière les clichés. Sous-titrée « Un magazine sur le Japon », la revue explore la pluralité des cultures japonaises et fait découvrir le pays sous des angles multiples (société, littérature, beaux-arts, arts du spectacle, histoire, gastronomie, voyage…), souvent inédits et toujours originaux. Un numéro après l'autre, il me semble que ma vision du Japon gagne doucement en relief comme en subtilité.


Le magazine a été lancé au printemps 2020, avec les difficultés que l'on imagine. Long de 164 pages, le trimestriel, dense, bénéficie d'une maquette agréable et moderne. Les articles et rubriques sont nombreux et variés, les sujets traités en profondeur, les plumes diverses et de très bon niveau. J'aime beaucoup les choix d'illustrations, en particulier le fait qu'une partie des articles sont illustrés par des séries de photographies : ça permet à la fois une uniformité de style plaisante à l'oeil et la découverte de photographes japonais talentueux.


Chaque numéro comprend un dossier thématique d'une soixantaine de pages. L'objectif n'étant pas de prétendre à l'exhaustivité, ces dossiers sont constitués d'une constellation d'articles abordant chacun une facette du sujet, ce qui permet de maintenir l'intérêt du lecteur beaucoup mieux que ne pourrait le faire une synthèse qui risquerait en plus de n'être qu'un survol grossier et probablement indigeste.


Le dernier numéro paru, le cinquième, est consacré au corps et je pense que c'est pour le moment celui que j'ai préféré, même si tous mettaient la barre très haute. Il aborde notamment la passion du bodybuilding de l'écrivain Yukio Mishima expliquée par l'histoire du pays, ainsi que la difficile acceptation du handicap par la société et la question, douloureuse, des stérilisations auquel a poussé durant de trop longues années un idéal eugéniste. Il traite également de minceur imposée et de pudeur, de contraception et de maternité, et à travers ces thèmes à la fois de l'emprise malsaine exercée par la société sur le corps des femmes et de celles qui parviennent avec succès à s'en émanciper. Sont évoqués également la jeunesse non-binaire ainsi que les spécificités de la pornographie japonaise. le dossier est complété par un portfolio de photographies aussi surprenantes que rafraîchissantes de Ryudai Takano issues de sa série de nus With Me, dans lesquelles le photographe pose dans le plus simple appareil auprès de ses modèles, ainsi que de portraits du danseur de butō de 77 ans Akaji Maro et de la championne d'apnée Hanako Hirose.


Tempura est un magazine que je lis de bout en bout et qui a le mérite de parvenir à m'intéresser à des sujets sur lesquels je n'aurais pas même songé à me pencher (architecture contemporaine, design, particularités langagières, etc.). À l'exception peut-être des chroniques d'Arthur Dreyfus dans les premiers numéros, amusantes mais d'un intérêt assez limité, la construction de la revue et le choix des rubriques comme des sujets abordés est un sans faute. Les nouvelles inédites qui y sont publiées, ainsi que la bibliographie du dossier et les notes ponctuant les articles me permettent de découvrir quantité d'auteurs et d'ouvrages… ce qui ne m'aide guère à avoir le dessus sur une pile à lire que les années rendent de plus en plus incontrôlable. J'apprécie beaucoup la partie du magazine intitulée Hors cadre, qui explore le Japon des marges et propose des portraits de travailleurs hors norme dans sa rubrique No Salaryman. J'attends avec impatience le prochain numéro qui aura pour thème le Japon populaire.


S'il prenait l'envie aux créateurs de la revue de lancer un magazine équivalent sur la Corée (Kimchi magazine ?), il est clair que j'en suivrais la parution avec tout autant d'intérêt. Je serais également amusée de découvrir qu'un éditeur Japonais publie une revue de même type consacrée à la France et intitulée – pourquoi pas – Poule-au-pot, ou, à la japonaise, Puropo.
Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Aujourd'hui, certains voudraient occidentaliser notre style, par exemple en faisant tourner des étrangers glabres. C'est dommage, on perd un peu de notre identité alors qu'on peut être fiers d'avoir un porno unique au monde". Le conservatisme observé pendant une si longue période pourrait vaciller malgré la réaffirmation d'une singularité insulaire. Après des années de résistance, les poils seraient-ils finalement sur le fil du rasoir ?
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[L]’imaginaire autour du corps japonais fait vendre. Des geishas soumises (mais envoûtantes) aux corps hors norme des sumos, les poncifs sont toujours extrêmes. Les représentations du corps au Japon ne sont en tout cas jamais neutres et semblent se construire, depuis l’ouverture du pays au monde il y a 150 ans, en regard d’un prétendu "corps occidental", conquérant et sûr de lui.

Emil Pacha Valencia, Le Japon en corps ?, édito
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Un corps n’est pas une entité isolée, il ne peut être compris qu’à travers la société qui le façonne : corps acceptable, corps enviable, corps tabou. Et les premières victimes de ces représentations hégémoniques sont les femmes.

Emil Pacha Valencia, Le Japon en corps ?, édito
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