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3,84

sur 1526 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La lecture du premier chapitre de Karoo, oeuvre encensée par tous les critiques via tous les média, de droite comme de gauche, a été très décevante. J'ai trouvé le cynisme du protagoniste prévisible, ses traits d'esprit attendus.

J'ai décidé de laisser à Tesich une seconde chance. le premier chapitre était bien court, et je refusais de croire que tout le monde s'était laissé séduire par ce qui brillait, pour moi, comme les paillettes d'un mauvais Woody Allen.

L'histoire de Karoo, que d'autres ont résumée, tient en peu de phrases, mais c'est pour son héros, dépressif céleste, connard attendrissant, grand bourgeois blasé, qu'il faut lire Tesich. le héros, la cinquantaine « pétée de thunes », calibre les scénarios pour l'industrie hollywoodienne, atténuant ici un éclat de génie, supprimant là les clichés trop criants. Traînant un divorce apaisé, il fuit l'amour de son fils, jeune étudiant brillant et recherche désespérément l'ivresse à laquelle il n'a plus accès. Pour le reste, lisez-le.

Derrière ce que j'avais pris pour un révolté sans consistance se cachait une sensibilité rare, un auteur capable de faire naître une ironie subtile au détour de sarcasmes presque faciles. le style de Karoo est d'une apparente limpidité mais ce qui en fait son intérêt est l'ironie systématisée qui camoufle avec peine une douloureuse lucidité.

En dernière analyse, ce n'est pas la description du milieu dans lequel évolue Karoo qui importe mais la dimension universelle de son questionnement sur ce qu'est une vie humaine.

Ecrit dans le cadre de l'opération MASSE-CRITIQUE sur Babélio. Merci vivement à la collection Points du Seuil pour ce livre inoubliable.

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Saul Karoo est l'anti-héros dans toute sa splendeur ! On adore le détester, mais en même temps on aime suivre ses frasques !

Karoo est scénariste pour Hollywood, son surnom dans le métier : Doc. En effet c'est lui qui "répare" les scenarii, n'ayant pas reçu l'aval des grands producteurs. Bref c'est à lui qu'on doit tous ces films qui semblent être produit à la chaîne. Steve Tesich de son vivant était lui aussi scénariste pour le cinéma américain donc il est légitime de penser que ce qu'il décrit ici est malheureusement vrai : les auteurs, réalisateurs privés de leurs oeuvres, les acteurs que l'on fait espérer ... Un milieu plein de strass au premier abord mais qui s'avère plus glauque lorsqu'on regarde de près (rien qu'à penser au personnage du producteur Cromwell on a pas envie d'approcher ce monde).
Je ne veux pas trop développer l'intrigue ayant moi-même été spoilée lors d'une lecture d'un article (merci aux journalistes de révéler un point clé de l'intrigue !).

Karoo est un personnage qu'on a littéralement envie de secouer par moment ! Il est détestable dans ses rapports avec ses proches. Mais au fur et à mesure on est parfois attendri surtout dans la dernière partie du roman. Et c'est là qu'on voit le génie de Steve Tesich qui n'a malheureusement écrit que 2 romans, celui-ci étant publié à titre posthume. On est plein de sentiments contradictoires durant la lecture.

Merci aux éditions "Monsieur Toussaint Louverture" de faire traduire (brillamment qui plus est) des petites pépites comme cela, qui ont été un peu oubliées.
C'est une lecture que je recommande vivement à tous ceux qui (comme moi) aime la littérature américaine !

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Voilà un roman américain dont l'auteur ne connaîtra pas le succès retentissant malheureusement, mais il ne tient qu'à nous de le faire durer à travers les années. A l'image de la Conjuration des imbéciles, Karoo dépeint le portrait d'une personne peu recommandable, pas forcément attachante mais dont l'histoire, le style de l'auteur donnent une toute autre envergure pour laisser libre cours à un grand classique !

Saul Karoo est l'un des premiers héros que j'ai vraiment détesté (tout du moins au début) : méprisable, égoïste, un minable toute catégorie tant sur le point personnel que professionnel. Karoo est capable de remanier les scénarios de grands classiques pour en faire des immondices hollywoodiens, en somme tout faire pour que cela se vende et que cela sonne juste. Mais tel n'est pas le cas dans sa vie personnelle. Menteur, tricheur, ridicule et cynique : tous les qualificatifs négatifs y passent pour forger le personnage le plus pathétique de la littérature américaine. Et pourtant...

En effet ce livre n'est pas là pour nous décrire l'être le plus ignoble de la planète, c'est un roman sur la rédemption ou comment peut-on tenter de remettre en ordre sa vie : comme une sorte de jeu de miroir s'il y arrive dans son métier, peut-il y arriver dans son intimité ? Si son ex-femme le méprise, s'il est incapable d'éprouver ou de démontrer une once d'amour envers son enfant, si sa santé est au bord du gouffre : va t-il relever le défi et le gagner ? Telle est la question que l'on se pose tout le long du roman, car en effet, si Karoo y arrive, n'est-ce pas une manière de nous dire que nous aussi nous pourrions y arriver ?

Steve Tesich dépeint une satire sociale, une tragédie grecque avec force de panache et d'humour. Tout cela avec une plume originale, unique, qui manquera à tous !

En définitive, qu'attendez-vous pour découvrir le classique de demain ?
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Saul Karoo alias « Doc Karoo », le narrateur principal de ce roman, est spécialiste dans l'art de retoucher les scénarios qu'on lui soumet afin que ceux-ci correspondent au moule hollywoodien. Grâce à cela, il s'est enrichi dans le monde du cinéma mais il s'avère incapable d'être un véritable écrivain. Et ce n'est pas là son plus gros problème. Car en plus de ses nombreux défauts (il est imbu de sa personne, cynique, égoïste, lâche), notre homme est atteint de névroses et de maladies étranges telles que l'impossibilité d'être ivre malgré des quantités énormes d'alcool ingurgitées ou encore son incapacité à être seul dans une pièce avec son fils, sa femme, sa mère ou encore son unique ami. Il a tout pour être un anti héros américain, détestable à souhait. Et pourtant, le lecteur passera par bien des sentiments à son égard tout au long du roman. Car ce personnage devient émouvant lorsqu'il se trouve enfermé dans un rôle social (celui d'un alcoolique alors qu'il reste désespérément sobre) ou bien lorsqu'il entreprend finalement de racheter ses mauvaises actions. de plus, Karoo est doté d'une lucidité incroyable sur les autres et sur lui-même qui lui permet souvent de prévoir les événements à venir. Cela ne l'empêche pas de laisser faire quand bien même il sait qu'il devrait agir. Par son côté autodestructeur, Karoo se révèle profondément humain et attachant.
A travers le récit de la vie de Karoo, un cynique en quête de rédemption, l'auteur nous offre une farce féroce bourrée de scènes d'une incroyable drôlerie telles les joutes de Karoo avec son ex-femme dans lesquelles ceux-ci rejouent régulièrement leur divorce dans le même restaurant, la fuite de sa visite médicale dont les résultats ne lui donnaient pas satisfaction (il ne pouvait admettre qu'il avait rapetissé et grossi). Grâce au style de Steve Tesich, des moments banals (une conversation téléphonique par exemple) deviennent réjouissants.
Progressivement, le ton se durcit et le roman prend finalement le chemin de la tragédie. Car l'auteur entend critiquer le monde du show business, incapable de défendre des vrais chefs d'oeuvre pour leur préférer des projets formatés aux prétendus goûts du consommateur. Plus largement, son livre est une critique sans concession de l'Amérique consumériste des années qui suivirent l'effondrement de l'URSS dans laquelle notre personnage est tellement riche qu'il peut se payer le luxe de ne pas avoir d'assurance médicale.
Ce roman, d'une grande noirceur, est un pur bijou ! Merci à l'opération Masse Critique et aux éditions Monsieur Toussaint Louverture de m'avoir permis de le découvrir.
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Me voici plongée dans une histoire bien étrange sur laquelle je n'ai pas réussi à me mettre d'accord avec moi même quant à mes ressentis de lecture.

Saul Karoo travaille dans le domaine du cinéma. Persuadé qu'il n'a aucun talent lui même, il réécrit des scénarios, réarrange des films, bref il repasse sur le travail des autres et est grassement payé pour le faire.

Il est en cours de divorce mais son couple n'a jamais été aussi heureux que dans cette configuration. Il est le père adoptif d'un jeune homme allant à Harvard. Il est surtout imbuvable, grotesque et pathétique !

Menteur invétéré, il est incapable d'être honnête avec qui que ce soit, parfois pour des raisons honorables (mais y a t il de bonnes raisons au mensonge ?) comme épargner la douleur à autrui mais la plupart du temps uniquement par jeu ou pour se conformer à une certaine idée que les gens ont de lui.

Il passe son temps à se faire des films dans sa tête, autant qu'il en arrange dans la réalité de son métier. Mais cela va le conduire à l'aveuglement.

J'ai passé la plupart de mon temps de lecture à exécrer ce personnage. Néanmoins, sa façon de se mouler à l'image que l'on a de lui est attachante et souvent pleine de bonnes intentions. D'un autre côté, cette même attitude fait pitié, comme s'il était dans l'incapacité totale d'avoir une volonté propre à l'extérieur de sa tête. En fait c'est cela, Saul m'a fait pitié. Mon jugement a été dur et s'est quelque peu adoucit sur la fin, les événements m'obligeant à une plus grande compassion.

Il y a une importante réflexion sur le sens de la vie et l'intensité que l'on met à la vivre avec un rappel de la vivre à fond plutôt que de regretter ! C'est malheureusement quand on a tout perdu que les remords affluent et que l'on souhaite reconstruire son parcours à coups de « et si… ».

Une lecture mitigée donc, un style agréable, une histoire inédite et parfois drôle, mais un personnage qui m'a tellement irritée que mon plaisir de lecture s'en est ressenti, même si c'est cette personnalité qui en fait toute l'originalité. Haaa les contradictions !
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire mais cela dit j'ai été ensuite transportée dans un univers particulier que j'ai beaucoup aimé. Saul, homme seul est divorcé, qui réécrit des scénarios pour Hollywood, retrouve la mère biologique du fils qu'il a adopté.
Je ne peux pas en dire plus afin de ne pas spoiler l'histoire mais il vaut la peine d'être lu !
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Je vois de belles descriptions faites par les lecteurs de Babelio sur le personnage de Saul Karoo, et je ne me sens pas en mesure d'en faire autant car je ne peux y trouver les mots appropriés définissant au mieux la psychologie de cet anti-héros.
Par contre, j'ose penser que ce génie du tarabiscotage de films n'est autre qu'un grand adolescent qui refuse de se confronter à la vie adulte, à la complexité de l'âme des hommes.
S'il est doué dans le monde cinématographique, il est, d'un autre côté, un minable, capable de lâcher ses idéaux, juste pour appâter Leïla et lui donner de la gloire, du rêve.
Saul Karoo, je me l'imagine 20 ou 30 ans plus tôt (il a la cinquantaine dans le livre) comme un type nonchalant, à la démarche lourde, noyé dans son jean, les cheveux frisotant lui tombant sur les yeux et un visage offrant une franche bonhommie. Bon...j'arrête ma description à 2 balles.
Juste pour finir, ce livre de Tesich est bien. Il est mené à l'exacte cadence du personnage qu'est Saul Karoo. On croit connaitre la suite de chaque évènement survenant à notre pitoyable personnage et Tesich nous prend à chaque fois à contrepied.
Comme l'a dit l'un des lecteurs de Babelio, il faut lire Karoo jusqu'à la dernière page. Les derniers moments sont puissants.
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Saul Karoo, principal personnage du livre et narrateur, est un "script doctor" d'une cinquantaine d'années, menteur, névrosé, alcoolique, incapable d'éprouver un sentiment. Il reécrit les scénarios d'auteurs talentueux, pour les faire entrer dans les normes hollywoodiennes sans aucun état d'âme.
Il est en instance de divorce, et fuit Billy, son fils adoptif avec qui il n'a jamais eu de véritable conversation.
Il est un peu la marionnette d'un homme très mauvais, Jay Cromwell, producteur de films, qui le fait travailler, à démolir les films des autres. Cromwell change très souvent d'assistant (des Brad) comme de compagne ou compagnon. Comparé à lui, Karoo se sent "la grande force morale de notre époque".
Karoo est un homme conscient de ses névroses : il boit énormément sans jamais être ivre, fuit toute intimité, n'exprime jamais d'émotion ou de sentiment, n'a jamais de remords, procastine sans cesse (remet toujours au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose). C'est le type même de l'anti-héros, un homme vide...
Et puis, en visionnant un film il découvre et reconnait une jeune actrice sans talent, Leila, et va bouleverser sa vie et ses habitudes pour lui rendre la vie plus belle. Il se remet alors à fréquenter Billy et prépare pour eux un "Happy end".
Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille...
C'est bien écrit et très prenant, avec une fin très réussie.
Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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New York. Saul Karoo est un écrivain d'un genre particulier : il réécrit des scénarii de films d'auteurs pour en faire des "navets" grand public en les faisant rentrer dans le moule des canons hollywoodiens. Ecrivain raté, incapable d'autre chose que de mutiler le travail des autres, il traîne plusieurs tares physiques et émotionnelles : grand fumeur et grand buveur (mais incapable d'éprouver de l'ivresse), menteur pathologique, instable dans ses opinions, il ne peut s'empêcher de faire du mal aux gens qui l'aiment... notamment son fils adoptif qu'il esquive à chaque fois que celui-ci tente de se rapprocher de lui.

Lorsqu'il rencontre, au détour d'un scénario, la mère biologique de son fils adoptif, Saul Karoo se met en tête de se racheter... Mais son aura destructrice ne se dissipera pas si facilement.

C'est l'histoire d'une chute, d'une désintégration. C'est caustique, très fin psychologiquement. Magistral. Un roman culte.
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La cinquantaine, Saul Karoo est un "écrivaillon" comme il se définit lui-même, doué dans le style mais incapable d'invention. Son travail -lucratif- consiste à modifier pour l'industrie du cinéma des scenarii, et parfois de rectifier le montage de certains films afin qu'ils soient plus rentables ce qui lui vaut le surnom de "doc" (le docteur). Karoo, séparé de sa femme, incapable d'exprimer à son fils adoptif les sentiments qu'il éprouve, découvre qu'il est devenu insensible à l'alcool. Cette découverte le plonge dans un désarroi nouveau, il doit sans cesse "faire semblant" d'être ivre pour tenir son rôle, surtout devant son ennemi intime, le producteur Cromwell, qu'il rêve d'envoyer balader mais devant lequel il s'écrase finalement, acceptant même de réparer le dernier film d'un réalisateur qu'il admire plus que tout autre. La projection du film à "réparer" le plonge 20 ans dans son passé, lorsqu'il reconnaît dans un petit rôle de serveuse, le rire inégalable de la mère biologique de son fils. A cet instant, il s'octroie le rôle du démiurge qui va rectifier le destin d'une mère et d'un fils séparés par les aléas de la vie, le seul moyen qu'il entrevoit pour prouver à son fils combien il l'aime.
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J'ai emprunté ce livre à mon neveu et je dois dire que sans lui, je n'aurais pas su que ce roman existait. Je ne le regrette pas car voici un roman formidable, au sens strict du terme : terriblement bien ficelé et terriblement dramatique. Des histoires comme celle-ci il n'y a pas beaucoup d'écrivains capables d'en produire, à part peut-être Jim Harrison. Karoo comme l'indique la quatrième de couverture, raconte l'histoire d'une chute. On en dit trop et pas assez. Karoo qui rectifie les scripts va s'atteler à une tâche interdite : rectifier la vie, rien de moins. Remettre droit ce qui est parti de travers, donner de l'équilibre à une famille amputée. Et le lecteur assiste impuissant au trajet de l'aiguille, la lame, la plume, qui pique d'une couture invisible et presque cruelle, la figure d'une famille écartelée, sorte de Doppelgänger du manteau usé du défunt père de Karoo qui hante les rues de New York comme un épouvantail qui prend vie sur un paria. Très bon moment de lecture malgré les dernières pages qui m'ont parues moins convaincantes (presque bâclées) au niveau de l'inspiration (ou alors c'est moi qui n'ai pas compris ce qui est toujours possible car je manque de références mythologiques).

Un roman à découvrir dans ce très beau livre des éditions Monsieur Toussaint Louverture
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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