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3,84

sur 1526 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Assurément un grand animal ! Et quel animal… Saul Karoo, la cinquantaine bien tapée, le sale type : d'un égoïsme crasse, le mariage en ruines, paquet de clopes sur paquet de clopes, plus d'alcool que de sang dans les veines, à niquer sa santé comme les minettes qu'il arrive encore à mettre dans son lit. Qu'il est tentant de le détester ! Mais…

Mais Karoo, c'est cet homme brillant qui voit dans chaque scénario de film qu'il retape les mérites et les manques. Il transforme la boue en or, en dollars sonnants et trébuchants. Cet homme qui démystifie toute la complexité des rapports humains, il porte en lui ce truc quasi-extralucide. Il sait instinctivement le vrai, l'oeuvre, l'essence des hommes.

Mais Karoo, c'est cet homme prisonnier d'un rôle sur le plateau de cinéma de la vie. À simuler l'ivresse pour tenir son jeu d'alcoolique notoire, à rendre la réplique à sa femme dans leurs joutes verbales qui ne sont que des mises en scène publiques. Il tient vaillamment le personnage que les autres veulent qu'il soit, et il se regarde faire, spectateur de son propre jeu.

Mais Karoo, c'est cet homme qui voudrait être capable d'aimer, de se racheter auprès de son fils. de réécrire son histoire et celle toute cabossée de Leila dont le rire sur une pellicule fait tout basculer. Il veut changer leurs vies comme il répare les scénarios. Cet homme qui, en jouant les apprentis sorciers, oublie que la réalité n'a rien d'un happy-end à la sauce hollywoodienne et conduit ainsi son petit monde au drame.

Enfin Karoo, c'est cet homme qui vous touche terriblement, malgré ses travers, car ce n'est finalement rien qu'un humain. Capable de médiocrité comme de grandeur. Et sa chute est aussi spectaculaire que tragique.
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Roman passionnant qui dépasse le cadre de son histoire pour explorer des contrées métaphysiques, à la rencontre des mythologies passées et présentes. La lâcheté inouïe du personnage principal le rend particulièrement vulnérable au cynisme de son entourage. Dans de longues séquences, pénibles à la lecture tant notre empathie est mise à mal, Saul Karoo subit tour à tour les humiliations de son ex-femme, d'un producteur sans scrupule ou d'une assistante médicale, chacun à sa manière, sans qu'il n'esquisse la moindre défense. Alors qu'il ne peut éprouver la moindre compassion pour un tel ramassis de veulerie, le lecteur se retrouve piégé par la violence des relations humaines.
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Karoo, Karoo, Karooo … Sauuul Karoo !
Tout un personnage ce Saul Karoo. La première partie du roman est à mourir de rire, surtout la soirée où Karoo tente, en vain, de se saouler. Il n'y parvient plus. Ce n'est pas facile de «subir» ces soirées, maintenant qu'il est condamné à être sobre. Son grand mérite reste néanmoins de tenter coûte que coûte de faire comme si. Karoo s'aperçoit alors qu'il était le boute-en-train de service, que l'on se moquait de lui, à ses dépends : qu'il servait de caution pour les bonnes consciences. Il représentait l'excès que l'on ne doit pas franchir. Lors d'une soirée, ça amuse, ça donne un sujet de discussion, ça rassure ; pendant ce temps, on évite nos problèmes à soi. Ceux-ci sont tellement dérisoires par rapport à ceux que l'on prête, que l'on donne, que dis-je, que l'on attribue de force à Karoo.

C'est drôle parce que Karoo s'en moque et s'assoupit dans le mensonge qui se construit autour de sa personne. Il est malmené, mais en même temps il prend plaisir à assurer la marchandise. Il surjoue son personnage, il en fait des tonnes quitte à exagérer un peu, il n'a pas de demi-mesure possible pour répondre aux exigences du public qui en redemande encore et encore.

Il devient donc possible, les lecteurs de Tesich en conviendront, de chercher à assurer le rôle de Karoo lors d'une soirée un peu crispée. Ce n'est pas toujours facile, mais parfois ça coule de soi. Il suffit, après avoir enfilé quelques verres rapides, de lancer quelques blagues mal convenues, de parler un peu fort, de manger de la main gauche, et vlà, le reste se fait tout seul. En fait, ce sont les invités eux-mêmes qui prennent la relève. Ils vous appellent monsieur, disent «vous», même si vous êtes plus jeune qu'eux. Ils prennent soin de ce personnage apparu de nulle part et qui leur font dire que «eux» sont normaux, au moins.
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Un drôle de personnage que Saul Karoo (un peu flippant pour être honnête). le genre d'homme à double-tranchant : séparé de sa femme mais pas divorcé (ils se font d'ailleurs régulièrement des dîners de presque-divorcés), « réécrivain » de films (qu'il s'occupe de décortiquer pour remonter afin de correspondre aux standards attendus), père d'un fils adoptif, Billy.
Lors de l'un de ses visionnages, Karoo tombe sous le charme d'une jeune actrice au second rôle, Leila Millar (qui n'est pas franchement la prochaine Grace Kelly). Et à partir de là, tout dérape…
Malgré ses presque 600 pages, on ne sent pas le temps passer avec Steve Tesich. Une belle écriture, une histoire complètement tiré par les cheveux avec un anti-héros névrosé, menteur invétéré, mais attachant. On sent qu'on va droit à la catastrophe, que Karoo va se prendre les pieds dans le tapis, ce qui rend cet homme plus humain et moins détestable. Un joli exercice de style à découvrir !
Lien : http://therewillbebooks.word..
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Le personnage principal du roman Karoo a beau être égoïste, cynique, antipathique, je ne suis pas arrivée à le détester. Ai-je cru à la rédemption de ce scénariste sans morale, qui tente de noyer ses échecs personnels et professionnels dans l'alcool mais qui n'arrive même plus à être ivre ? Saul Karoo décide en effet, à la suite de la projection d'un chef d'oeuvre, de partir à la recherche d'une jeune actrice qu'il reconnait et qui a des liens avec son histoire personnelle et va, pour la première fois de sa vie, prendre soin d ‘elle. Sauf qu'on n'est pas dans un film hollywoodien avec les gentils qui triomphent et les méchants qui sont punis. Karoo est même aux antipodes : une critique féroce de la société du spectacle. J'ai ri jaune devant la lâcheté de cet homme pathétique mais j'ai ri. Je me suis un peu perdue dans ma lecture dans certains passages que j'ai jugés plus ardus, j'ai été prise au jeu des scénarios de l'auteur. Jusqu'à la dernière page, j'ai ressenti ce mélange d'agacement, de perplexité et d'attachement pour Saul Karoo.
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Nous sommes dans la fin des années 80 aux Etats-Unis. Saul Karoo, la cinquantaine bedonnante, est un scénariste spécialisé dans la réécriture de films pour les rendre plus "commerciaux".

Au début du roman, nous découvrons un homme souffrant d'un mal mystérieux : il n'arrive plus à atteindre l'ivresse bien qu'il soit un alcoolique notoire. Incapable d'affronter la réalité des choses, il feint d'être l'ivre, ne dérogeant pas à son habitude de manipuler autrui. Plus cynique et menteur que jamais, il semble toucher le fond. Bien que prétendant l'aimer, il se montre incapable de donner un peu de son temps à son fils adoptif, un adolescent. Peu fier de son métier, qui lui rapporte beaucoup d'argent mais ne lui donne aucune satisfaction par ailleurs, Saul s'est réfugié dans l'alcool, sabordant sa vie familiale.

Un évènement va faire basculer le cours de sa vie. En visionnant le énième film qu'il doit mettre à la sauce hollywood, Saul Karoo reconnaît, par son rire particulier, la mère biologique de son fils. Il l'a eue au téléphone il y a vingt ans. L'idée lui vient, complètement folle, d'utiliser le film à des fins personnelles, n'hésitant pas, au passage, à massacrer le chef-d'oeuvre qu'il a sous les yeux et pour lequel il a pourtant une grande admiration. Sur l'histoire, je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher l'effet de surprise. Personnellement, je n'ai rien vu venir, refusant sans doute, inconsciemment, tout comme Karoo d'imaginer l'inacceptable...

Ce roman est vraiment surprenant. Sorte de farce tragi-comique dans la première partie, l'histoire vire à la tragédie. Saul Karoo est un personnage atypique que je n'ai pas réussi à détester en dépit de ses horribles défauts. Pratiquant l'auto-dérision, parfaitement conscient de son cas, il semble incapable de maîtriser le cours de sa vie. La seule fois où il prend (enfin !) les choses en main, il fait n'importe quoi.

J'ai vraiment été captivée par le destin de Saul Karoo, déplorant toutefois quelques longueurs, (notamment quand Saul picole sans atteindre l'ivresse...). Autre bémol, le dernier chapitre, dont le n'ai pas aimé le lyrisme. En dépit de ces deux bémols, c'est un livre que je conseille, pour son originalité.

A noter que la voix du lecteur et ses intonations collent parfaitement au personnage.



Un roman étonnant, à tenter !

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Je l'ai terminé ce matin. Acheté sur les conseils avisés des auteurs de la dernière émission de la grande librairie, c'est un livre évènement qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire auparavant. J'ai beaucoup aimé le style, l'histoire en elle même et les références évoquées subtilement derrière Ulysse. Je ne dirais rien de plus, ayant été moi même trop informée pour préserver le plaisir de ceux qui découvriront cet auteur, simplement rajouter que l'édition est magnifique, la qualité du papier un vrai bonheur au toucher, la couverture soignée et son impression en relief, 22 € mais on sait pourquoi on paye, bravo à cet éditeur que je ne connaissais pas
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Un livre addictif, où on progresse dans sa lecture avec le pressentiment d'assister non pas à la rédemption d'un homme comme c'est annoncé dans le résumé mais à une tragédie grecque des temps modernes aux accents d'une comique sombre. J'ai vraiment beaucoup aimé suivre le personnage principal méprisable, pathétique mais qui par petites touches nous dévoile aussi un peu d'humanité derrière son égoïsme et sa lâcheté. On ne peu pas lui rester indifférent, et j'ai adoré le mépriser. Mais au final, c'est toute la galerie des protagonistes qui est aussi détestable que lui, nous donnant l'impression d'assister à la critique au vitriole de l'hypocrisie de la société, de l'amour et des liens familiaux. On en ressort sans la moindre note d'espoir.
Petit bémol pour ma part, j'ai été un peu moins emballée par la toute fin du roman qui tranche trop avec la première partie et rompt un peu l'équilibre du ton. J'ai eu plus de mal à progresser alors qu'il restait moins de vingt pages. Néanmoins, on passe un savoureux moment à assister à la chute de ce personnage, la plume de l'auteur est très agréable et l'objet livre est superbe comme toujours lorsqu'il s'agit d'une publication de cette excellente maison d'édition. A lire donc !
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Humour sarcastique, roman caustique, féroce.
L'histoire d'une déchéance, et une critique de la société américaine, drôlement menée.
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KAROO, Steve Tesich

Karoo, roman posthume paru aux Etats-Unis en 1998, deux ans après la mort de son auteur, vient seulement d'être traduit en France aux Editions Monsieur Toussaint Louverture.
On est en 1989, à New York. Saul Karoo est un homme riche, la cinquantaine bedonnante, dont le métier consiste à réécrire les scénarios pour les adapter aux normes hollywoodiennes les plus lucratives.
Saul se définit comme un homme malade atteint de diverses névroses, parmi lesquelles il en est deux qui le désolent particulièrement.
La première est une incapacité à être subjectif : tous les événements et individus sont en effet soumis à son objectivité, ce qui implique une mise à distance systématique l'empêchant de savoir finalement ce qu'il éprouve. La deuxième, très récente, le désespère : Karoo est immunisé contre l'alcool, il lui est désormais impossible d'être ivre. « Je n'y comprenais rien. Mais alors rien du tout. le sang, après tout, ça restait du sang, et si vous y mettiez un peu du vôtre et que vous vous assuriez que la proportion d'alcool dans votre sang excédait bien le cinquième, alors, suivant toutes les définitions de l'ébriété, vous étiez ivre. N'importe qui le serait. C'était une question de biologie. Et pas uniquement de biologie humaine, d'ailleurs. Les chiens aussi pouvaient être ivres. (...) Et les cochons. Et il y avait bien des rats alcoolos qui se pochetronnaient au gros rouge. Les éléphants, j'en étais sûr, pouvaient être ivres. Les rhinos. Les morses. Les requins-marteaux. Aucune créature, humaine ou non, n'était immunisée contre l'alcool. Sauf moi.”
Vous l'aurez compris, Karoo est un personnage original dans un roman qui l'est tout autant. Il se raconte à la première personne dans quatre chapitres sur cinq. On le suit, on le voit évoluer et l'on prend le temps de se familiariser avec lui. Il est l'anti-héros par excellence : un cynique désabusé, souvent odieux, ne cessant de mentir, incapable de supporter la moindre intimité avec ses proches, même avec son fils. On devrait le trouver antipathique et pourtant... L'acuité de Karoo, sa très grande lucidité sur la nature humaine et la société américaine, ce dégout de lui-même, le rendent souvent touchant et finalement humain.
Puis un jour, alors que Karoo visionne un film qu'il doit réécrire, un élément bouleverse sa vie. Dès lors, il va décider de s'engager sur la voie de la rédemption qui sera en réalité, comme on le comprend très vite, celle de sa chute. Si l'on rit énormément, ce livre demeure une tragédie (les cinq chapitres font évidemment penser aux cinq actes d'une pièce), mais aussi une véritable épopée : Karoo voudrait d'ailleurs réaliser un film sur Ulysse.

Selon la quatrième de couverture, « c'est à la fois Roth et Easton Ellis, Richard Russo et Saul Bellow » : on retrouve en effet des thématiques chères aux auteurs américains mais Tesich a su écrire une oeuvre profondément originale et singulière, entre humour noir, cynisme et désenchantement. Un grand livre !

Bénédicte Savelli 2012

Lien : http://www.musanostra.fr
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