Un livre lu paradoxalement lors d'un aller-retour en métro parisien.
Voyage étrange dans une France que je ne connais pas puisqu'il n'en évoque pas la garrigue et passe aux dessus des Cévennes dont j'aurai pu reconnaître les paysages de traverse. J'ai eu le goût des mures et les mains teintes et griffées de leurs jus, et à la lecture l'acidulée des pommes encore un peu trop verte et déjà véreuses pourtant dans ma bouche masquée. le plaisir jouissif du glanage.
Fenêtre de silence dans le fracas des transports urbains, j'ai respirer de le lire un peu mieux.
Et mes pieds me démangent à nouveau, me disent leurs besoins de marcher.
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J'aime les récits de ces personnes qui décident à moment de partir marcher à la recherche d'un je-ne-sais-quoi, en quête d'eux-mêmes ou par défi. Ainsi en fut-il pour "Wild", pour "Via Francigena" ou encore "Le pèlerin de Compostelle" ... Mais ici c'est encore autre chose. Foin de spiritualité dans ce défi de traverser la France du Sud-Est au Nord-Ouest en évitant le plus possible les routes, les villes et mêmes les chemins balisés ! La France rurale oubliée. La diagonale du vide.
Sylvain Tesson est connu pour ces aventures russes. Là, le récit nous est plus familier par les lieux traversés : Mercantour, Provence, Ventoux, Cévénnes, Aubrac, Val de Loire, Normandie. Mais au-delà de l'aventure physique c'est le regard de l'auteur qui enchante.
Le regard que porte Tesson sur le pays est très intéressant, il se pose en géographe, mêlant au détour des réflexions le physique et l'humain. Les paysages et les hommes, la nature et la société. Et au fil des pas, et des pages, on rencontre Giono, Péguy ou bien encore Cioran, et alors fatigue et monotonie sont vite évacuées.
Le voyage dura plusieurs mois mais la lecture est courte, ce qui ne permet pas de partager la souffrance de l'auteur, ses états intérieurs, ses doutes, ses incertitudes. Mais ce n'était probablement pas le but. Alors chacun prend son chemin et trouve ce qu'il cherche.
Un très bon moment à travers un pays, une société, pleins de contrastes et dont l'une des facettes invisible au plus grand nombre se trouve au creux des chemins noirs.
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Une fois de plus je me suis laissée happer par ce vagabondage. J'aime la marche et les randonnées, cette traversée de notre pays m'a séduite. J'ai sourit à l'évocation des ces campagnes perdues du centre de la France que je connais, j'ai grincé des dents à celle, sinistre des ronds-points qui enlaidissent. J'ai rêvé à la vue du Mont Ventout et à celle du Mont Saint-Michel. C'est vrai que l'on se retourne sans cesse pour le regarder, dès que l'on s'en éloigne (je l'ai fait). Au delà de la traversée il y le style Tesson, élégant, érudit. On salue également le courage de l'homme, pour se relever, pour recommencer à vivre….il fat marcher, s'écouter regarder et reprendre sa vie.
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