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3,75

sur 2958 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai apprécié le dernier livre de Sylvain Tesson, intitulé « Sur les chemins noirs ». Il constitue un joli hymne à la liberté et à l'humilité. C'est une invitation à l'indépendance par rapport aux autres, aux mots et aux choses matérielles. Il est agréable à lire et assez court : il vaut la peine de s'y arrêter quelques heures, par curiosité ou par envie d'évasion.

A la suite d'un grave accident (une chute d'un toit) qui l'a fortement handicapé, l'auteur-aventurier décide de traverser la France à pied, du Sud-Est jusqu'à la Manche, en privilégiant les régions d'hyper-ruralité. Cette quête, quasi-mystique, doit l'aider à retrouver possession de son corps et de son esprit.

Il arpente pour cela les petits sentiers non balisés et souvent abandonnés (les chemins noirs sur les cartes) pour découvrir les blessures d'une certaine France oubliée. Il remet au gout du jour les vestiges d'un paysage transformé par l'agriculture intensive, l'industrialisation et l'aménagement du territoire des trente glorieuses.

L'esprit du livre est résumé dans ce passage : « Certains hommes espèrent entrer dans l'Histoire. Nous sommes quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie.» C'est un voyage nostalgique, plutôt noir et désabusé par rapport au progrès illimité et à la société consumériste. C'est également un chemin de souffrance, de dépassement de soi et d'un retour à l'infiniment proche.

Il constitue pour le lecteur une bonne dose d'oxygène et une prise de distance au monde, au temps et à l'espace.
Lien : http://evanhirtum.wordpress...
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Il aura fallu une chute de huit mètre pour que l'auteur se briser les côtes, les vertèbres, le crâne. Corseté dans un lit étroit, il s'était dit à voix presque haute "Si je m'en sors, je traverse la France à pieds".Empruntant des sentiers qui ne sont pas, ou plus, fréquentés et qui permettent de voir la France comme une terre nouvelle et inconnue, l'auteur nous fait part de ses réflexions et de ses rencontres. Une belle expérience humaine et philosophique.
Sylvain Tesson a l'art de manier la langue française pour nous faire s'évader dans son monde.
Très enrichissant.
J'ai vu le film tiré de ce livre avec Jean Dujardin qui respecte assez bien l'ambiance du livre.
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Je "fréquente" Sylvain Tesson depuis quelques mois maintenant. Et j'ai toujours cette sensation d'inconfort. Sans doute parce qu'il me bouscule, moi, une femme des villes. La ruralité, je la côtoyais enfant, lorsque j'accompagnais ma tante à la ferme chercher le lait au pie de la vache.
Sur les chemins noirs est un récit de vie. Celui de Sylvain Tesson après sa chute d'un toit où il s'est sérieusement esquinté. Lui qui était toujours en vadrouille, cette immobilité forcée a été un coup de semonce. Pour conjurer le sort et reprendre en main son destin, il décide de traverser la France rurale, du Sud au Nord, de la Gare de Tende, près de la frontière italienne, en passant par le massif central, jusqu'à la pointe du Cotentin. Sur certaines sections, il est rejoint par des proches. Ainsi, sur les chemins noirs, il se décrasse l'esprit, le corps. J'ai pris plaisir à lire les pages consacrées à l'Aubrac, région que j'ai traversée en trois jours de pluie et de froid en septembre sur le GR 65. J'étais partie à l'aventure et sans préparation sur le Camino Frances. Me restera en mémoire, les vaches à la robe fauve qui vous suivent du regard, placidement, quand vous escaladez les barrières de vastes étendues à l'herbe rase. Là-bas, il y a très peu de panneaux de signalisation. Dépaysement garanti.
Dans ce récit, Sylvain Tesson est le témoin de la disparition d'un mode de vie et de culture. La modernisation de l'agriculture pour la rendre plus rentable et l'investissement des pouvoirs publics, dans l'aménagement du territoire, le transport ferroviaire, dans le numérique et la digitalisation des process. éloignent les populations de la terre. "Il y avait eu trop de tout, soudain. Trop de production, trop de mouvement, trop d'énergies."
Mais, une révolution est-elle encore possible ? Un revirement issu de la société civile ?
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Sylvain Tesson chute d'un toit, une dégringolade de 8 mètres. Il est esquinté et défiguré. Sur son lit d'hôpital, il promet s'il s'en sort de traverser la France à pieds. Il le fait en passant le plus possible par les "chemins noirs". Il traverse la France rurale. Globe-trotter, il découvre ce pays qu'il ne connait pas, le sien. le livre est le récit de cette aventure où l'écrivain découvre la beauté enfouie, oubliée ou parfois évanouie de la nature. Il guérit au fil des kilomètres. L'écriture est belle, le voyage inspirant.
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En refermant Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, je suis assez mitigée.
J'ai aimé cette longue promenade personnelle, loin des sentiers battus, à travers une France méconnue et à l'écart.
J'ai aimé l'écriture âpre et géographique donnant à voir de paysages.
J'ai aimé la solitude avec laquelle l'auteur a voyagé, en l'assumant, sans chercher à tout prix la conversation, qui de toute manière se fait rare.
J'ai aimé enfin les quelques bouts de chemins partagés avec des êtres chers. L'auteur dit juste ce qu'il faut de l'amour qu'il leur porte, tout en les laissant aller et venir au gré de ses étapes.

Mais voilà, j'ai trouvé aussi que le texte était assez froid. le début du livre est assez amer. J'ai même ressenti une certaine colère face à la méconnaissance de ceux qui écrivent des rapports de là haut, sans se rendre compte que l'isolement et l'éloignement d'une certaine modernité peuvent être une source de richesse inestimable.
Je crois que j'aurais apprécié un peu de poésie et de légèreté. Au lieu de cela, l'oeil aiguisé de l'auteur nous emmène dans une leçon de géographie certes instructive, mais qui enlève aussi cette part de naïveté et de spontanéité qui aurait pu rendre cette lecture plus fluide et attractive.
C'est un tout autre parti pris qui a été choisi. Un professeur de géographie, lors de mes études à la fac, avait dit un jour qu'un géographe n'était jamais vraiment en vacances. Au prisme de la géographie, tout est matière à intellectualiser les paysages et leurs descriptions, laissant de côté, le plaisir des yeux et les émotions.

Intéressant donc et toutefois, une écriture de grande qualité.
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Raconter une longue marche à travers la France, la plupart du temps seul, en décrivant finalement ce qui fait la vie de tous les jours avec les souvenirs évoqués et les espoirs futurs, n'est certainement pas aisé à rendre passionnant ; c'est pourtant ce que sait faire Sylvain Tesson, qui aime cet exercice du "récit de voyage" et de la description des paysages et ici plus particulièrement des chemins secrets de la ruralité.

C'est très bien écrit, cela ressemble à un journal : marcher sur des chemins perdus, chercher les interstices où la dissimulation est possible, suivre une carte des chemins de traverse...
Pour se réparer après un grave accident, l'auteur a choisi la marche : serment fait à lui-même sur un lit d'hopital pour reconquérir ses forces musculaires mais aussi ses forces intérieures. Être en quète de liberté, choisir une forme de lenteur, de nomadisme caché, de silence, pas seulement sur la route mais aussi dans son existence.

L'auteur s'en prend à la notion administrative d'hyper-ruralité, constatant les changements de paysage très importants depuis les cinquante dernières années (productivisme, industrialisation, les trente glorieuses...) ; féru de géographie et de géologie, Sylvain Tesson pense qu'un être humain est en partie déterminé par le sol sur lequel il vit et donc par la poésie de son paysage.

Sortir du "dispositif" qui nous étreint, regagner notre liberté en échappant aux technologies, langage uniformisé et souvent commercial et autres écrans ou entreprises de contrôle, créer une brêche et partir, un peu... Puis prolonger le chemin noir en soi..

Extrait p 19 : " Pendant que la vitesse chassait le paysage, je pensais aux gens que j'aimais, et j'y pensais bien mieux que je ne savais leur exprimer mon affection. En réalité je préférais penser à eux que les côtoyer. Ces proches voulaient toujours que "l'on se voie", comme s'il s'agissait d'un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité."
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Quel roman savoureux! Je ne connaissais pas l'auteur Sylvain Tesson, c'est une belle découverte. J'ai beaucoup aimé son humour décapant, plein d'auto-dérision, son regard sur la France qu'il traverse à pied du Sud-Est au Nord-Ouest.

Sylvain Tesson relate ici une expérience, un cheminement personnel, sur les chemins de France et sur les chemins de son existence.
Il est en convalescence, après une chute du toit d'une maison et un long séjour à l'hôpital, il redécouvre son corps et ses limites.

C'est drôle, savoureux, émouvant. Cela parle de l'homme et de ses contradictions, de la vie, de l'amitié, du désir de vivre. Ses étonnements font parfois sourire et souvent réfléchir.
Le récit est construit sous la forme d'un journal avec date et lieu pour mesurer le cheminement. Son histoire peut résonner en chacun de nous.
Chouette découverte.
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Je commence par deux commentaires sur la présentation du livre dans l'édition Folio :
- Bravo pour l'illustration de couverture qui mêle subtilement les courbes de niveau des cartes IGN au 1/25 000ème et les cernes concentriques qu'on voit sur les souches d'arbres.
- Mais pourquoi ce bandeau « commercial » signé Pierre Vavasseur, qui proclame : « Marche ou crève. » ? Pour moi cette phrase n'a rien à voir avec le contenu du livre.
Venons-en justement au contenu. Sylvain Tesson nous a habitués depuis quelques titres, comme « L'Axe du loup » ou « Berezina », à des paris foutraques. Sur un coup de tête, une idée subite, il part pour l'aventure que nous rêvons tous d'accomplir tout en trouvant toutes les excuses pour ne pas la tenter.
Là, il s'agit de traverser la France à pied, le plus loin possible de la civilisation, au sortir de quelques mois d'hôpital, la colonne vertébrale truffée de plaques et de boulons.
Mais ce livre n'est pas un récit de voyage ni un carnet de route, du moins pas seulement. Ce pourrait être une version moderne des « Rêveries d'un promeneur solitaire ». le sujet principal n'est pas le paysage traversé, mais plutôt les pensées qu'il fait naître : « La marche était une pêche à la ligne : les heures passaient et soudain une touche se faisait sentir, peut-être une prise ? Une pensée avait mordu ! ».
Les réflexions se mêlent aux impressions visuelles, et l'auteur aborde de nombreux sujets sur la vie contemporaine : l'isolement et la désertification des campagnes, l'urbanisme galopant, Internet … Bien sûr il y a assez souvent un aspect « misanthrope grincheux » dans les propos de Sylvain Tesson, mais même si parfois je ne suis pas d'accord avec lui, j'avoue que je me suis régalé de la finesse de pensée du bonhomme, et surtout de son habileté à user des mots, de les condenser dans la formule qui fait mouche.
D'ailleurs je me rends compte que les citations saisies par les lecteurs de Babelio sont extrêmement nombreuses, preuve que je ne suis sans doute pas le seul à apprécier le style de Sylvain Tesson, et aussi son érudition qui affleure perpétuellement sans jamais devenir envahissante.
Voilà encore un livre à conserver à portée de main pour venir y picorer de temps en temps.
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J'aspire à une vie plus sereine, loin de tout, du fatras des villes, des multiples sollicitations internet, télévisuelles, publicitaires. J'ai envie de vivre vrai et j'ai trouvé dans ce livre beaucoup de choses qui s'y rapporte. Prendre le temps de regarder les choses, sans les juger et profiter du temps qui passe.
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C'est suite à une chute de plusieurs étages, que Sylvain Tesson, écrivain et aventurier, décide de parcourir ce qu'il nomme « les chemins noirs » pour se prouver qu'il est encore capable de retrouver son goût pour la marche et sa totale motricité. Il parcourt ainsi la France, du Mercantour jusqu'au Cotentin. Il nous livre ses contemplations d'un paysage rural de plus en plus urbanisé avec un franc-parler bien à lui.
Globalement, j'ai beaucoup aimé cette oeuvre de Sylvain Tesson, qui aborde avec un vocabulaire riche (malgré quelques répétitions), une grande culture littéraire et historique (de jolies références à saisir), et une analyse pertinente sur les transformations géographiques son étonnant parcours. le récit manque peut être un peu de dynamisme mais c'est une jolie parenthèse de vie au milieu d'un cadre naturel agréable !
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Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

Dans quelles circonstances Sylvain Tesson est-il tombé du toit ?

Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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