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EAN : 9782070143412
192 pages
Gallimard (30/01/2014)
3.89/5   18 notes
Résumé :
Pourquoi, dans toutes les cultures, les femmes ont-elles été exclues de la chasse ? Pourquoi n’ont-elles pu ni monter à bord des navires ni être soldat ? Pourquoi leur a-t-on plutôt assigné les tâches de cueillir, de filer, de tisser, de tanner ? Qu’est-ce qui expliquerait qu’il existe des façons masculines et des façons féminines de couper, de creuser et de travailler la terre ? Dans cet essai qui conjugue audace intellectuelle et rigueur scientifique, Alain Testar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Deux contre-vérités à infirmer et un immense corpus anthropologique : 1. que les femmes n'auraient, de tout temps et partout, que minoritairement investi l'espace extra-domestique ou limitrophe pour le travail, et 2. que la répartition sexuée de celui-ci répondrait à des explications « naturalistes » donc rationnelles (par ex. les entraves de la gestation ou de l'allaitement, ou une moindre force physique relative) ; le corpus : l'enquête du chercheur américain G. P. Murdock (1973) sur la répartition des tâches entre hommes et femmes dans cent quatre-vingt-cinq sociétés traditionnelles-préindustrielles, qui s'avère coïncider presque exactement avec la répartition des métiers masculins et féminins en France, mesurée en 1982 et en 2002...
Ce court essai surprend d'abord pour les constantes de ces répartitions, qui apparaissent très vite comme le résultat de processus d'exclusion des femmes – exclusions relatives ou absolues selon les circonstances ; l'explication de celles-ci est pluri-factorielle et comprend à la fois des éléments issus du matérialisme historique (l'appropriation des instruments de production dès lors que la tâche se « technicise », ou bien l'émergence d'une classe sociale, comme l'artisanat, et sa prise de pouvoir éventuelle) et d'autres éléments issus de l'anthropologie classique : croyances, mythes, superstitions qui encodent des injonctions symbolisées et se rattachent à des structures sociales de vaste envergure, comme, principalement, l'exogamie.
Aussi, un premier groupe de tâches dont les femmes sont exclues, mais aussi la classe sacerdotale là où un sacrifice sanglant est mis en jeu – y compris le prêtre catholique en relation avec l'Eucharistie – regroupe celles qui concernent le surgissement du sang : la chasse du gros gibier, l'abattage du bétail, les métiers de la guerre. Il est question ici du tabou de la menstruation à cause de l'interdit du mélange des sangs. L'auteur, en examinant des cas très universels ainsi que ce qui semblerait constituer des exceptions, parvient à un système assez complexe qui concerne : le sang du sacrifice (ou du Christ), le sang de la guerre, le sang menstruel, et celui du gibier, mais seulement au moment de leur surgissement : la femme ne tuera pas le cochon mais fera donc du boudin, ou s'occupera d'équarrissage, de tannage, tiendra la caisse du boucher son mari, etc. À noter un chapitre sui generis qui rattache ce même interdit aux « façons féminines, façons masculines de mettre fin à ses jours » (ch. 7). Trois contre-exemples sont examinés : la divinité féminine de la chasse gréco-romaine Artémis-Diane, mais elle était notoirement « vierge, défendant farouchement sa virginité » ; les Amazones, guerrières sans seins ; Jeanne d'Arc, dont les minutes du procès nous informent qu'elle était non seulement « Pucelle », mais atteinte d'aménorrhée ! Dans le monde entier, de toute manière les restrictions relatives aux femmes ne s'appliquent jamais aux pré-pubères ni aux ménopausées.
Par analogie avec le sang, certaines superstitions demeurent concernant l'interdiction de certaines tâches de la viticulture (non la vendange mais par ex. la taille des vignobles et la vinification!), de la salaison, et même de certaines cuissons et préparations avec les oeufs (dont le jaune est nommé rouge dans plusieurs langues), par les femmes à certains moments, y compris la mayonnaise !
Par analogie avec d'autres fonctions ou caractères attribués à la femme, indépendants du cycle menstruel, lui ont été très universellement proscrits les métiers de la mer (navigation, pèche, sous-marins cf. cit. infra, etc.) et ceux de la métallurgie-sidérurgie dès lors que le fourneau est anthropomorphisé en femme qui accouche.
Suivent trois chapitres nommés par des verbes à l'infinitif qui définissent des activités masculines ou féminines : « creuser », « couper » masculines ; « moudre, pilonner, écraser » féminines. Ici, l'explication est fondée sur les outils concernés : tranchants ou lancés réservés aux hommes – hache, herminette, javelot, flèche, poignard – ; écrasants ou posés réservés aux femmes – pilon, battoir, molette de meule à grains, broyeur, presse, bâton à fouir, râpe, aiguille à coudre, poinçon, grattoir, racloir, couteau. La mouture fait l'objet d'une métamorphose d'attribution genrée en relation avec la technologie.
Par conséquent, selon cette logique parfois assez absconse, seront réparties les tâches agricoles : le laboureur sera homme, la semeuse femme, le moissonnage à la faux – outil de percussion linéaire lancée – appartiendra à l'homme, à la faucille – outil de percussion linéaire posée – à la femme, le battage sera masculin (sauf battage à fléau), le vannage et la fenaison féminins. de même, le ciseau du menuisier ou du sculpteur est réservé aux hommes (percussion lancée), alors que les ciseaux (de couture, coiffure et surtout de tonte) sont principalement féminins.
Enfin, deux cas complexes sont représentés par la poterie, où « le potier supplanta la potière » avec l'apparition du tour – invention proche de la roue, apparue dans la ville d'Uruk, en Mésopotamie, aux environs du IVe millénaire av. J.-Ch. mais absente en Afrique noire, Océanie, Amérique) ; et celui du tissage, contrairement à la filature, où les évolutions techniques et socio-économiques semblent avoir été déterminantes dans une première masculinisation en Europe entre XIe-XIIe s., puis à une nouvelle féminisation à l'époque industrielle ; cependant la diversité de la répartition sexuée du tissage hors Occident – Proche-Orient jusqu'en Iran (féminin), Inde (masculin), Extrême-Orient (féminin), Amériques (féminin), Afrique pré-coloniale (variable selon la forme d'État), est aussi expliquée par des raisons matérialistes-historiques liées au pouvoir.
La conclusion insiste sans la nommer sur la notion de domination. Mais il ne s'agit pas de domination de l'homme sur la femme – qui est une donnée implicite et pré-existante, Alain Testart étant l'un des scientifiques qui a infirmé le mythe de la société matriarcale originaire – mais de domination de l'homme sur l'homme, avec relégation de la femme hors de ses attributions de pouvoir, dans la mesure de ses possibilités (toutes relatives et toujours réversibles) de se passer du labeur de celle-ci.
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Dans cet essai, Mr Alain Testart explique sa théorie (très capillotractée de mon point de vue) sur l'évitement constant des femmes de certaines activités. Cela n'est du ni à la force, ni au courage, ou autres qualités qui pourrait manquer dans l'ADN féminin…mais cela est une conséquence du principe de l « évitement de la conjonction du semblable au semblable ».
Ainsi, les femmes auraient été évincées de toutes activités où leur nature se trouvait en résonnance avec ladite activité. « […] pas plus qu'elle ne peut se mettre en contact avec des éléments fortement perturbés ou qui risque de l'être […] » Qu'elle ne puisse perturber la matière de façon brusque ». Cette nature interne changeante, c'est le sang. le sang pendant ses menstruations, son dépucelage ou pendant l'accouchement.
Voyant une similitude entre cet état récurent chez la femme et non chez l'homme, la femme se serait vue (sic) écartées des activités pouvant causer les mêmes conséquences (dans certaines interprétations s'entend …) A savoir :
- La chasse dite sanglante, c'est à dire la chasse où des armes punectiformes sont utilisés. Armes à percussions, tranchantes où le sang jaillit. A l'opposé des femmes, qui elles pratiqueraient une chasse systématiquement non sanglante (assommoir, collets, …)
- La mer et toute autre activité y ayant trait. Car la mer présente les mêmes similitudes qu'une femme d'instabilité et de changements internes violents
- La vinification. le sang, le vin, le sang de la terre, le sang du christ
- La salaison (toujours pas compris pourquoi …)
- Tout objet tranchant dans sa fabrication ou son utilisation
C'est un fait, que beaucoup de sociétés ont mis des interdits, des tabous sur le sang des femmes et par ricochet sur les femmes. Mais est ce aussi systématiques et systémique que Mr Testard veut bien le dire ?
Forcément, son développement arrive à une conclusion positive à cette question. Mais certaines incohérences peuvent être relevées :
- Des déesses de la chasse féminines pour les plus grandes civilisations connues de l'antiquité : Artémis pour les grecs et Diane pour les romains. Situation tout à fait valide dans l'argumentation de Mr Testar car ces 2 personnages ne seraient pas vraiment femmes (sic .. repetita) car Vierge …
(la femme n'est femme, et elle n'existe qu'en tant que femme, entre la perte de sa virginité et sa ménopause)
- Des analyses statistiques faussées ou incomplète:
o l'analyse comparative chiffrée des 185 sociétés traditionnelles ne cite aucune périodes, époque, région ni référence des travaux ou on pourrait trouver ces informations
o l'appel en argument de poids sur la liste des 100 métiers érigés en corporation … en 1691. Soit bien après (40 ans) la fondation du collège de France et ses amis phallocrates dont l'une des missions était de masculiniser la langue française (c'est grâce à eux qu'on doit notre chère règle grammaticale « le masculin l'emporte sur le féminin »)
- Un flou complet sur l'agriculture puisque dans ce domaine la théorie vacille franchement. Les analogies avec la femme sont nombreuses, on devrait être dans le schéma de l'«évitement du semblable au semblable ». Mais non. Il eut été difficile de prétendre le contraire au vu des nombreuses tapisseries paysannes.
- Des oublis ? ou des méconnaissances ? Les accoucheuses, les prêtresses effectuant des sacrifices (Amérique du sud), les guerrières celtes, etc …

Pour conclure sur la forme, le biais permanent de l'androcentrisme m'a fortement gêné : Une structure grammaticale où la femme est dépossédée de l'action, elle est passive « la femme s'est vue écartée », sans d'autre choix que de subir. Ce qui traduit une position de dominée. Déjà.
Pourtant, il faut reconnaitre le volontarisme de Mr Testart sur la cause féministe : il n'a de cesse de démontrer que la femme n'est ni faible, ou peureuse ou paresseuse. Cela aurait été d'autant plus crédible qu'il ne demande pas aux femmes de prouver qu'elles étaient tout autant capable que les hommes « Et la dénonciation ne sera effective que lorsque les femmes, promues aux plus hauts niveaux, auront montrés que, dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes, elles étaient capable de faire aussi bien qu'eux. »
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Alors je ne suis pas à ma première lecture de feu Alain Testart. J'ai lu de nombreux essais anthropologiques et plusieurs articles. Je connais donc bien sa méthode.
Ce livre, L'amazone et la cuisinière nous proposes de réfléchir sur la division sexuelle du travail, et pourquoi certains travaux sont plus masculin que féminin.
L'auteur se sert d'une source documentaire exceptionnelle faites par un anthropologue américain répertoriant plus de 150 peuples non-industrielle selon différents critères. Il ne s'agit pas d'un classement (aucune société n'est au-dessus d'une autre) mais plutôt de montrer les différentes solutions sociales, religieuses, économiques... utilisés par différents peuples.
Alain Testart se sert donc de cette base de données pour questionner le rapport de la femme dans divers secteurs économiques : la poterie, la métallurgie ; mais aussi sur différents faits comme le suicide.
Il en arrive à la conclusion que certains métiers sont prohibés pour les femmes dans certaines cultures à cause du sang (là on peut aussi rapproché certains travaux de Marcel Mauss sur la magie, ou de Lévi-strauss par exemple). Dans de nombreuses sociétés toutes actions où la femme doit couper et faire sortir le sang (boucherie, chasse...) sont prohibé car cela rappelle l'évènement mensuel. La coexistence de ses deux sang n'est pas possible. Il y a le même interdit pour l'homme qui aurait tuer un autre homme. Il ne peut aller chasser. Pour ce qui est de la métallurgie, les différentes sociétés fabriquent des fours de réductions qui sont désignés par anthropomorphisme. Ainsi lorsque le fer sort, le ventre du four accouche. Cela rappelle la femme.
Bref beaucoup de métiers sont prohibés à cause de différentes croyances autour de la femme, et on lui interdit certains gestes nécessaires à certaines activités. Les percussions lancés ne sont pas autorisés pour elle par exemple.
L'histoire montre d'ailleurs que certains métiers féminins sont devenues masculins par complexification des outils (poteries, métier à tisser...), puis de nouveau en majorité féminin après la révolution industrielle.
Ainsi le monde actuel où nous vivons montre un arrêt des prohibitions contre les femmes dans certains métiers. Peut-être qu'à l'avenir l'équilibre entre hommes et femmes se fera dans chaque travail, mais en attendant de nombreux travaux sont fait que ou presque par un sexe.
Ce livre est très bien pour comprendre les interdits sous-jacents à la division sexuelle du travail, que l'on peut retrouver par exemple dans la religion. Mais si comme moi vous connaissez des contre-exemple à ce que Testart veut comme universel, vous nuancerez vous aussi ses propos.
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D'où vient en effet cette division du travail entre les sexes ? Pourquoi en effet les métiers de la mer ou du fer peinent encore à s'ouvrir aux femmes; sans parler de la chasse ? Testard essaie de remonter le fil des symboles et notamment celui du sang. Est-ce le sang en lui-même ou ce qu'il représente qui est banni de certaines professions ou tâches dans les sociétés primitives ? Et pourquoi la mer ? Et certaines matières comme le fer ?
C'est en nous prenant par la main et au fil de ces/ses interrogations qu'il essaye de comprendre ces différences. Cela donne un essai court et bien documenté, accessible à tous et qui pose les jalons de cette questions cruciale (avec une bibliographie vraiment intéressante). Les effets des séparations datant d'avant l'ère industrielle (rappel : les femmes ont TOUJOURS travaillé) se font encore sentir sur les orientations des jeunes gens notamment, mais aussi sur les représentations que nous avons des métiers et de leurs tâches. Et surtout sur la place des femmes, toujours subordonnées.
Eh oui, tout cela remonte à loin et si comme il le dit, cela ne fut pas créé pour dominer les femmes, avec l'introduction du pouvoir et du commerce, c'est bien ce qu'il s'est passé. Et il serait peut-être temps de revenir sur le tabou du sang des femmes (souvent inconscient) pour permettre à tous les sexes de faire ce dont ils ont envie.
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Ce petit livre confirme de manière aussi simple que documentée la thèse de Françoise Héritier en insistant en premier lieu sur la prégnance de la symbolique sur notre inconscient collectif, et ce depuis des millénaires. Cela dit il n'est pas toujours facile de suivre le raisonnement (parfois un peu tiré par les cheveux) de l'auteur dans la relation entre le symbole et la mise à l'écart des femmes dans certains travaux ou métiers.
Le style est facile à suivre et l'expression est concise, mais ça tourne vite à l'énumération.
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critiques presse (2)
LActualite
01 juillet 2014
Alain Testart éclaire de façon inattendue un débat nécessaire, rappelant que sans la volonté des femmes, la répartition injuste du travail resterait soumise à des idées d’un autre âge.
Lire la critique sur le site : LActualite
NonFiction
04 février 2014
Le dernier livre d'Alain Testart, publié à titre posthume, nous permet de repenser la division sexuelle du travail en fonction d'un critère déterminant: le rôle symbolique du sang.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La structure symbolique de toutes ces croyances est la même : le versement de vin, de sang ou de sel, se rachète par un versement de vin, de sang ou de sel.L'équivalence entre les trois substances est encore attestée par cette coutume, beaucoup plus rare que les autres, que l'on peut conjurer le malheur du sel du sel renversé sur une table en versant dessus un peu de vin. Si, donc,. les femmes ne pouvaient descendre au saloir sans susciter la grogne de leur père ou mari, c'est parce que le sel évoquait le sang. C'est parce que le saloir (appelé à l'occasion "mère") est comme une femme - on ne peut cumuler les deux. L'analogie est clairement inscrite dans le parler populaire, puisqu'une femme de la Bourgogne d'autrefois dit : "Que ça tourne [le saloir], c'est rapport à la salaison de la femme." On ne pouvait dire plus explicitement menstruation = salaison, soit encore sang = sel.
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« […] partout où l'émergence d'un pouvoir économique, même limité, d'une classe d'artisans est envisageable, les outils et le travail ont été accaparés par les hommes ; partout où l'émergence d'un tel pouvoir est impensable, outils et travaux ont été laissés aux mains des femmes. On voit combien on est loin de la thèse du sous-équipement féminin car ce n'est pas de technique qu'il s'agit, mais bien de pouvoir. Même pas du pouvoir des hommes sur les femmes, car il n'y a guère de traces démontrant que les hommes auraient eu du mal à s'approprier les travaux des femmes. Dans des mondes où c'est l'homme qui est vu comme le chef de famille, c'est lui qui décide. Et si les hommes ont dépouillé leurs femmes de leur savoir-faire traditionnel, ce n'est pas pour avoir plus de pouvoir contre elles, c'est pour en avoir plus contre d'autres hommes. » (pp. 130-131)
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Beaucoup pensent, enfin,  que la modernité - l'industrialisation, la généralisation du travail salarié, la séparation du domicile et du lieu de travail - à bouleversé de fond en comble la vieille division du travail entre les sexes. La modernité à sans doute, un peu, modifié l'antique répartition des tâches entre les hommes et les femmes au sein de l'univers domestique. Car il est de bon ton aujourd'hui que les hommes gardent les enfants et fassent la vaisselle, et il arrive qu'ils le fassent. Mais sortons de la sphère domestique pour considérer les métiers et les emplois,  et voyons ce qui a changé entre hier et aujourd'hui.
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De tous ces chiffres, ce n'est pas tant leur permanence qui nous étonne. La force sociale de l'inertie, le poids des préjugés suffisent à l'expliquer. Ce n'est pas non plus que nous pensions que tout cela ne puisse changer. A moyen terme, ce changement est plus que probable, je le crois même certain, ne serait-ce qu'en raison de la volonté actuelle des femmes de montrer, de démontrer, leur capacité à faire autant, aussi bien, sinon mieux que les hommes. Même si cette répartition traditionnelle des activités sera bientôt une chose du passé, elle ne laisse pas d'étonner par sa constance, sa quasi-universalité jusque dans les temps présents. Pourquoi, partout, les femmes ont-elles été exclues de la chasse ? Pourquoi n'ont-elles pas pu monter à bord des navires ? Pourquoi leurs travaux se sont-ils attachés à filer et à tisser la laine ou la soie, à modeler l'argile ou à tanner les peaux ?
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« Par l'arrêté du 12 décembre 2002, il n'y a plus de restriction à l'entrée des femmes dans la marine militaire, sauf dans les sous-marins. Pourquoi les sous-marins sont-ils les derniers à résister à la vague actuelle d'égalitarisme devant l'emploi ? [… Est-ce parce] qu'en la femme, il serait question de son ventre, elle ne pourrait aller dans le ventre de la mer. Cette survivance a un étonnant parallèle dans l'interdiction faite aux femmes de descendre dans les mines, qui n'a toujours pas été levée. » )(pp. 71-72)
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