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sur 935 notes
Hé bien... par quoi commencer ?
Hier c'était jour de plage, et dans le sac, se trouvait ce livre que ma fille avait mis parmi d'autres... et c'est celui-ci que j'ai choisi.
Depuis hier, je n'arrive pas à m'enlever de la tête cette histoire sordide, ce destin d'une femme, mal venue dans sa famille et qui tout au long de sa vie aura tendance à faire les mauvais choix et à en payer les lourdes conséquences !
La plume de monsieur Teulé s'exprime ici avec tout son art, on reçoit les phrases avec violence comme autant de coups reçoit son héroïne... c'est violent et ça me laisse une impression de mal être ; à savoir que certains humains (si je puis m'exprimer ainsi) puissent être aussi cruels et sans pitié.
Une chose est sure, cet ouvrage ne fera pas partie de mes favoris, bien que j'aime beaucoup son auteur, c'est une lecture qui m'aura marquée.
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La belle plume pour du langage cru.
De la poésie pour décrire l'horreur. Oh Darling !, pourrions-nous chanter à la manière du titre des Beatles sorti sur Abbey Road. Sauf que cette darling-là aurait sûrement préféré se faire larguer par McCartney, plutôt que de vivre sa vie pleine de souffrance, de questions, de désirs, de choix ma foi... inopinés ! Ça fait pleurer, ça fait sourire, ça fait crier, ça fait se révolter. On a envie de lui dire à Darling : Mais arrête tes conneries, sauve-toi. Ouf, ce n'est qu'un roman, me voilà rassurée. Ah, en fait non... Des femmes comme cela, il y en a en vrai, qui triment, qui rament, confrontées à des choix de vie, enfin, des choix... Entre la peste et le choléra. Elles subissent Ebola. C'est ça qui rend la lecture de ce grand, très très grand Teulé, plus difficile. Allez les Darling, battez-vous, sauvez-vous, VIVEZ...
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Ce billet est rédigé dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.Massecritiquecom.
Merci à eux !

Darling de Jean Teulé est un petit roman ( 242 p., pocket). D'habitude les petits romans je les lis vite. Mais là je me suis dit qu'il fallait que je m'applique, alors j'ai un peu traîné. J'ai commencé mercredi soir de la semaine dernière, je me suis arrêtée au premier tiers alors que normalement j'aurais enchaîné et bouclé ma lecture dans la soirée. le jeudi j'ai regardé Envoyé Spécial sur France 2 (ça a son importance pour la suite). J'ai repris vendredi dans le TGV pour Nantes, et le TER pour Pontchateau, un second tiers. Et dimanche matin pour finir.

Si j'avais lu Darling d'une traite, je n'aurais sans doute pas relevé les petites choses qui m'ont gênées dans le style (j'y reviendrai) et je serais restée sur l'impression de grande originalité et de force de ce petit sujet.

Lorsque le film Darling de Christine Carrière – que je n'ai pas vu – est sorti, j'avais entraperçu une interview télé de Jean Teulé qui expliquait que Catherine-Tartine-Darling s'était un jour présentée à lui en chair et en os à la sortie d'un tournage de l'émission littéraire de Bernard Rapp. Catherine est une cousine éloignée de Jean, et quand elle lui raconte les premiers épisodes d'une incroyable histoire familiale qu'il ignorait jusque là, Jean Teulé n'en croit pas ses oreilles. Pas d'hésitation, Darling est un formidable personnage de roman, de roman noir, misérabiliste, allant jusqu'au gore.

On est en 1970 en basse Normandie, mais on se croirait dans le décor d'un roman d'Erskine Caldwell. La ferme isolée perchée en haut d'une côte sur une route nationale même pas bordée d'arbres, juste les pylônes et poteaux électriques, les champs à perte de vue, la boue, la porcherie, les vaches. L'idée formidable au centre du roman c'est la CiBi (vous vous souvenez c'était avant les chats sur internet). Est-ce une invention du romancier, ou bien la vraie bouée de sauvetage mais aussi de perdition de la malheureuse Darling ? Peu importe, car l'utilisation qu'elle en fait, comment elle le fait, et ce qui s'en suit sont au coeur du roman et que c'est formidablement raconté.

Quelques descriptions d'ambiance ou de personnages m'ont paru inutilement trop travaillées. Par deux fois c'est « le rire de fourmi » de la mère, plus souvent c'est le "rire d'allumette" du père au point qu'aujourd'hui encore, il parait que la vraie Darling repense à lui chaque fois que l'on craque une allumette près d'elle ! Les métaphores hardies, ou on marche et on adore, ou ça coince.

Pour ce qui est de la description des scènes de tortures variées que subit Darling à tous les âges, et à toutes les pages, l'écoeurement n'est pas loin, mais heureusement l'ahurissement du lecteur devant tant de brutalités et de bêtise touche à l'hypnose et à la fascination. le sommet est atteint avec la narration du jour des noces de l'héroïne, depuis la campagne de dénigrement organisée par les parents de la mariée auprès des invités qui ne tardent pas à déguerpir, jusqu'à la dissolution des pierres de la bague de mariage sous l'eau du robinet des toilettes (c'était du sucre coloré), en passant par les coussins péteurs et verres baveurs du banquet dans la salle polyvalente, rien ne nous est ne lui est épargné. Ce jour là il y a peu de sang versé, juste du vin sur la robe blanche, mais elle ne perd rien pour attendre, la pauvre Darling.

Je vous l'ai dit au début, le roman est basé sur des faits et comportements véridiques, des personnages de chair et de sang. Y croire ou pas ce n'est pas le problème, Jean Teulé y a cru et la compassion pour son héroïne qui soustend tout le roman est palpable, et se transforme petit a petit en admiration dicible. Moi aussi en refermant le petit livre, j'aime et j'admire Darling. Mais j'ai regretté les coupures (texte en italiques) qui interrompent la narration par des dialogues entre l'auteur et la vraie Darling qui lui raconte sa vie. Est-ce que c'est pour faire plus vrai ? Jean Teulé avait-il peur que l'on y croit pas ? Est-ce qu'il faut croire l'histoire vraie pour supporter le récit littéraire ? Pour moi, c'est non. Je n'aurais pas su que Darling existait vraiment, je crois que j'aurais autant apprécié sinon mieux le ton orignial de ce portrait d'une enfant martyre, devenue une femme battue puis une mère déchue de ses droits.

Jeudi à Envoyé Spécial, je regardais le reportage sur les jeunes sans abri. Ils ont 20 ans mais peut-on dire qu'ils sont jeunes ? Cela fait déjà plusieurs années qu'il sont à la rue abandonnés par leurs parents ou ceux qui leur en tenaient lieu. Certains avaient choisi la fugue et se sont enfoncés très vite dans la marginalité. Il suffit de savoir que cela existe pour croire en la vie de Darling, ses efforts éperdus, répétés mais toujours anéantis pour être un petit peu comme les autres, normale. Il aura fallu quarante ans à Darling pour faire entendre sa voix par la plume de Jean Teulé, sa voix que j'imagine gouailleuse, un peu cassée et tendre.



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Tout commence mal pour Catherine Nicolle. Enfant à naître dans le ventre de sa mère, elle est accusée de la débandade des boeufs lors d'une foire aux bestiaux normande en 1965. Et quand sa mère accouche, c'est le nez dans la chiasse que Catherine voit le jour. Ainsi sera sa vie, une suite d'emmerdements. Ses parents, Georges et Suzanne Nicolle, ne seront jamais tendres avec elle. Très vite, Catherine qui se sait laide et qui grossit à vue d'oeil, veut échapper à ce foyer qui ne sera jamais le sien. Apprentie dans une boulangerie, Catherine n'est attirée que par la nationale 13 qui passe sous ses fenêtres. Alors qu'un brave gars du coin, Vincent Blandamour désespère de lui plaire, Catherine ne rêve que de camions et de beaux routiers. Dans le mystère de sa chambre, celle qui ne plaît pas branche sa C.B. et devient Darling. « Catherine, Darling, en plus ça ressemble, tu ne trouves pas, Jean ? » (p. 113)
De sa belle voix, Darling guide les routiers et un soir, elle entend l'appel de Roméo. Folle d'amour, elle monte dans son camion et en route pour l'horreur. le Roméo s'appelle Joël Épine et il va griffer Darling au plus profond d'elle-même. Les coups et les viols ne sont qu'une parcelle du martyre de la jeune femme. Trois enfants naissent de cette violence – Kévin, Tom et Océane – et ils ne sont pas plus épargnés que leur mère.
Catherine/Darling raconte son histoire à Jean que l'on ne peut que reconnaître comme Jean Teulé. Les dialogues sont simples, un peu vachards, sans langue de bois. La vie de Darling est un drame incroyable, fait de violence et de brutalité inouïe. On ne peut que s'attacher à cette pauvre fille, pas jolie, pas riche, pas futée. « le premier roman que tu vas lire, c'est celui-ci qui raconte ta vie ? / Oui. / Tu vas voir, c'est l'histoire d'une fille. Elle en chie drôlement… / Puisque c'est un roman, est-ce que tu pourrais me faire belle ? » (p. 186) Cette simple requête crève la page : Darling est coquette ! Aussi grossière et blessée soit-elle, elle garde une puissance féminine inépuisable.
Des extraits de journaux révèlent les torts de Darling et sont des taches indélébiles. Si ces faits divers sont lus par tous les lecteurs de Ouest France, alors Darling ne peut pas se cacher. Mais le veut-elle ? Même pas. Avec franchise, elle conte tout au narrateur. Et nous, petit lecteur, on se demande qui est cette femme, si elle existe et où l'auteur l'a rencontrée. Parce qu'enfin, ce n'est pas possible qu'une telle histoire sorte de l'imagination. Quand c'est si violent et si laid, c'est que c'est réel, non ? En fermant le livre, si j'avais pu, j'aurais pris dans mes bras l'auteur pour le remercier. de toute la mocheté de la vie de Catherine/Darling, il a fait un roman et un bon ! Un qui prend au coeur, qui fait frémir les paupières et qui fait tourner les pages avec brusquerie. Darling n'a pas besoin d'être plus secouée, mais on le sent, si cette histoire se raconte sous nos yeux, c'est que Darling s'en est sortie et on veut savoir comment.
Finalement, rien de plus émouvant que l'aveu de faiblesse du narrateur/auteur et son admiration non dissimulée au terme du texte : « Cette fille me file le tournis… Elle remonte les pentes à des vitesses fantastiques et moi je ne comprends pas où elle puise cette énergie-là. Où va-t-elle chercher cette rage d'être encore verticale ? Y aurait-il donc des gens dont la force de vie serait sans limite ? Moi, juste écrivant un roman à bord de cette jeune femme – chenille humaine pour montagne russe de fête foraine –, j'ai vécu de sacrés loopings et des doubles. Par moments, c'est moi qui étais effondré et elle qui me remontait. » (p. 241)
Darling ne se lit pas, il se contemple. C'est un tableau de Brueghel traversé par la nationale 13, une gabegie au son de Rock Voisine, une tragédie d'où les dieux ont foutu le camp. Darling, vous l'aimerez ou vous la plaindrez, mais finalement, je pense qu'elle n'a pas besoin de nous. Jean Teulé lui a tout donné avec ce roman-entretien. Petite chérie dans mon souvenir littéraire, elle restera longtemps à la belle place que lui a taillée l'auteur, sur un trône colossal pour une femme hors norme.
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Catherine, alias "Darling" est née dans la merde et y restera toute sa vie...
Un récit poignant, souvent révoltant, surprenant et rempli de rebondissements.
Comment peut on vivre tout ce qu'a vécu Darling sans jamais flancher? Bien sûr, elle est né dans un monde typiquement agricole des années 60 qui ne laisse pas la place à l'affection des parents, ni à leur soutiens et encore moins à leur compréhension. Quand elle se marie avec un routier, son rêve de petite fille, elle va vite découvrir que sa vie ne va pas être mieux qu'à la ferme.

C'est une histoire addictive, qui me laisse sans voix....
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Attention destin épouvantable !
Ne vous fiez pas au titre ; point de mots doux dans cette vie-là.
Très beau livre, celui du destin d'une femme, qui lui jouera des tours toute sa vie.
Dès l'enfance, c'est la catastrophe, on se doute bien.
A lire, le passage au début du livre où il est question d'un short rouge. Je n'en dirai pas plus...
Elle épouse évidemment un gros salaud (mais vraiment gros gros !), qui la martyrise, la torture avec sa maîtresse, enfin j'en passe et des meilleurs.
Quasiment toute une vie comme ça, elle a des enfants mais violés par le père, donc totalement détruits. Il me semble même qu'ils lui sont retirés...
Alors oui, ça fait bizarre quand on sait que c'est Jean Teulé qui l'a écrit. Moi qui lu tous ses livres, celui-ci est gratiné. J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour lire certains passages.
Mais toujours, chez Teulé, la fin s'égaie un peu.
Darling finira bien finalement.
Avec toute une vie sur le dos et les épaules.
On a bien le droit de l'aider un peu à porter ses bagages.
Ce qu'a fait Jean Teulé en l'écoutant, et surtout à mettre par écrit tout ce qui s'est passé.
Ah les mots ! Toujours les mots !
Les mots salvateurs....
A lire donc, c'est un petit livre qui se lit vite...mais qu'on n'oublie pas.
J'espère juste qu'à présent elle touche le ciel, elle le mérite bien.
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Ce livre est vraiment une claque !!
Jean Teulé nous entraine dans la biographie d'une jeune femme, de son enfance à sa vie d'adulte. Malheureusement rien dans la vie de cette femme n'est beau, rose ou gai.

Rejeté de sa famille de paysans, Darling, enfant n'a qu'un rêve en tête : partir avec un routier. Car nombreux sont les camions qui passent devant chez elle et elle imagine que monter dans un d'entre eux sera sont seul échappatoire. Alors elle leur cours après, mouler dans son shirt rouge (quitte à provoquer son premier orgasme).

Darling grandit et elle rencontre un couple de boulanger qui sont géniaux avec elle. Cela pourrait être son salut, mais non, la belle vie ce n'est pas pour elle.

Elle décide un jour de monter (enfin!) dans le camion d'un homme, qu'elle finira par épouser. S'enchaîne alors une vie de femme bien pire que celle qu'elle connaissait étant enfant: coups, violences sexuelles, abus... elle aura des enfants, dont elle perdra la garde.

Ce roman est bouleversant à tout point de vue, dérangeant à certains moments (Teulé sait retranscrire ce sentiment à fond), révoltant ! Il prend aux tripes. Ne pas lire si vous être déprimés.
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Comme dans un interview fictif, Jean Teulé nous raconte un épisode la vie de Catherine Nicolle. La gamine a toujours été attirée par les camionneurs, elle voulait en épouser un, ce qui arriva étant adulte. Mais quelle vie alors : rien que de la misère, beaucoup de propos malsains, beaucoup de brutalité, de vulgarité aussi. Mais c'est la vie que beaucoup de femmes subissent chaque jour ; des femmes violées par leur mari, trompée, battues, amoindries jusqu'à l'extrême. Un court roman, mais quel concentré d'émotions, de tristesse, d'espoir, de déception, de misère. J'ai aimé, mais ne le conseillerai pas aux âmes sensibles ni aux lectrices vite choquées.
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Mon 3eme Teulé .....et là miracle j'ai bien aimé
Cette histoire m'a blessé et m'a donné envie de cogner .....
Quelle folie...quelle noirceur.....
J'ai ressenti de la pitié pour cette femme et son parcours chaotique...atroce
De la haine pour ces gens de son entourage qui l'ont traité comme un chien....
Comment peut on être aussi pourri , infect , inhumain
Je viens de perdre mon père et je m'interroge beaucoup sur les rapports parents/enfants
Une belle histoire très touchante ....qui ne laisse pas indifférent....
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Darling, un des meilleurs Teulé avec Je, François Villon. Quelle triste, triste, révoltante et impensable biographie !
Jean, regretté Jean Teulé, n'avait pas l'habitude d'épargner ses personnages historiques mais la, cette Catherine contemporaine, si vivante, si maltraitée, parce que femme, parce qu'enrobée, parce que victime désignée cette Catherine là nous émeut tant qu'on voudrait la sauver... avec ses rêves d'évasion et pouvoir l'extraire de son surnom abject qui lui colle aux basques "grosse futaille". Oui on voudrait claquer ses imbéciles de parents, son tortionnaire de mari et le hasard quel connard.
Mais au delà de l'étreinte émotive qui nous serre la gorge il s'agit du déterminisme affolant qui reproduit la misère de génération en chaque nouvelle vie de Normandie rurale jusqu'à qu'une Catherine veuille bien en briser le cercle racontant à son cousin écrivain l'impensable de sa vie. Pour ses enfants mais surtout pour sa fille, Catherine en herbe, Océane noyée d'avance.
Grâce à Jean et son incroyable style, mi terrible-mi poétique, voici Catherine réhabilitée en dignité et tout cet entourage infect dénoncé...enfin...
Regretté Jean Teulé, comme tu vas nous manquer.
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