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sur 935 notes
Que dire de ce roman, sinon que c'est un voyage au bout de la misère humaine, au bout de la souffrance ? Catherine naît dans une famille de paysans normands rustres. Enfant non désirée, elle subit les maltraitances quotidiennes de ses parents et de ses frères. Son seul rêve est de partir et surtout, de ne pas devenir « paysante ». Son avenir elle le voit avec un routier, elle le sait, elle l'attend. Aussi. lorsqu'on lui offre une cibi, celle que tout le monde appelle « Tartine » (parce qu'elle travaille en boulangerie) choisit de devenir « Darling ». Ainsi rencontre-t-elle « Roméo » avec qui elle partira et qu'elle épousera, pour son plus grand malheur.

Elle pensait avoir connu l'enfer, mais ce n'était rien à côté de ce que lui fera subir son mari. Coup, viols collectifs, actes de tortures et de barbarie, il ne lui épargne rien et agit devant ses enfants. Et lorsque enfin elle fuit pour sauver sa vie, c'est contre eux qu'il déchaînera sa violence et sa perversion, enchaînant ses fils dans la niche du chien et violant sa fille de cinq ans. Les trois enfants seront placés, chacun dans un centre différent. Elle s'abrutit de travail dans l'espoir de récupérer ses enfants, puis s'enfonce dans l'alcool en n'y parvenant pas… Puis fait une nouvelle rencontre, celle d'un homme bien cette fois. Là où d'autres qu'elle seraient mortes, elle trouve en elle une force surhumaine pour rebondir et continuer sa route

Si ce livre est écrit comme un roman, ce n'est pourtant pas une fiction. Jean Teulé raconte l'histoire vraie de Catherine dite « Darling », sa lointaine cousine venue à sa rencontre parce qu'on lui a dit qu'il recherchait des histoires de vie hors norme pour écrire un roman. « Puisque c'est un roman, fais-moi belle Jean », lui demande-t-elle. le récit est entrecoupé de passage en italique, qui retranscrivent les échanges entre l'auteur et Darling, et qui viennent nous rappeler à tout moment que non, cet enfer n'est pas une fiction… Malheureusement. Dans le récit de ce long calvaire, parfois une phrase décalée empreinte d'un humour noir et brut nous arrache malgré tout un sourire. Un exemple : lorsque Darling compare son frère, mort transpercé par un tuyau, à un joueur de baby-foot sur sa barre… Et cet humour a son importance car finalement, c'est ce décalage entre la réalité et les mots que Darling utilise pour la décrire qui l'a protégée.
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Catherine. Darling. Ça se ressemble un peu. C'est la même personne, avec deux vies différentes. Enfin pas vraiment. L'une est merdique, l'autre est catastrophique. Dans l'une elle se fait insulter par ses parents, subit des mauvais traitements. Dans l'autre elle se fait traiter de tous les noms, se fait prendre n'importe comment. La seule chose qui change, c'est que c'est juste avec la voix. Mais pas pour longtemps.



Ç'aurait pu être une histoire typiquement dramatique, le père violent, la mère aveugle ou feignant de l'être. Et les deux frères toujours absents, qui n'auraient même pas soupçonné l'horreur qui se jouait au sein du foyer. Mais non. Tout le monde savait, surtout Catherine. Il ne faut jamais oublier la date anniversaire de son père. Et il ne faut jamais louper l'abattage de la truie du premier coup. Au risque de trébucher dans ses intestins. Et puis l'un des frères devint fou, enfin, définitivement. Et l'autre, encore épargné par la génétique, eut un accident.

Il faut dire, Catherine, sur le point de naître, d'un malheureux coup de pied dans le ventre de sa mère provoqua une émeute bestiale, un vrai vaudeville laitier, qui brisa quelques côtes, et fit quelques dégâts, au village. Un curé est mort, quelques années plus tard, alors qu'elle entrait dans une église. La destinée sans doute. Si jeune et déjà responsable de tant de dégâts. Evidemment elle est affreuse. Il n'aurait plus manqué que ça, qu'elle soit jolie. C'eût été vraiment trop de gâchis. Elle avait un rêve, cela dit. Se faire embarquer par un routier, un des nombreux qui passaient sur la route, devant la Barberie. Et c'est parce qu'elle est moche, qu'elle fait appel à sa voix. Elle apprendra enfin à compter, pour aller travailler en boulangerie, loin de chez elle, toute la semaine. Elle pourra s'acheter une C.B., et devenir Darling, une voix de standing pour des 33 tonnes éméchés, et/ou en rut.

Et puis arriva Roméo, dans son camion doré. C'est son pseudo, bien sûr. Mais elle, c'est pas Juliette. Elle ne mourra pas pour lui, non. Même si ç'aurait mieux valu, peut-être. Non elle a préféré cumuler les galères, Darling. Elle les cumulait tellement que sa vie pathétique en devint presque grotesque, et, pire, risible. Roméo l'emmena, loin de chez ses parents, mais pas loin des emmerdes. Encore un peu plus près qu'avant. Oui, c'était possible, tout était possible avec Cath/Darling. Il la culbutera avant même d'arriver à destination. Livraison de bétail. Comme sa mère. Engrossée un jour de saillie. le destin, j'vous dis. Alors ça ira de mal en pis, évidemment. Pendant qu'un fils de bonne famille s'échouera, lentement, sur le tas de fumier, devant chez ses parents, à elle, pendant que ses organes s'échoueront aussi, un à un. Les lois de la gravité. Elle ne voulait pas devenir paysante, Darling. Elle le paiera cher.

Et c'est à Jean, qu'elle raconte tout ça. Pauvre Jean. Choqué. Puis consterné. Finissant par ne plus être étonné des épreuves qui échelonneront la vie de cette « pauvre » Darling. Comme si elle le faisait exprès, comme si elle cherchait après. Mais il l'écoute, il note. Il note cette vie si pitoyable, si vulgaire, qu'il finit par en émaner une certaine mélodie. Un brin de poésie. Oui, c'est un peu ça. Quelques grammes de poésie dans cette tragi-comédie bétaillère. Enfin, quelques grammes. Une petite centaine de milliers de grammes. Car, au fond, Catherine, c'est tout un poème. Que Jean nous récite.
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Je suis une grande fan de cet auteur, vraiment. Mais là.... je dis non! Fait rarissime chez moi, je n'ai pas terminé ce livre. Je l'ai jeté, dégoûtée. Cher Jean Teulé, si vous m'entendez, quand on n'a rien de digne à dire, on se tait.
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Je ne vais pas le raconter, ça se vie ! de toute façon c'est inimaginable la profondeur de l'abomination de ce livre, mais il est horrible et BEAU. Teulé est brut de décoffrage !
Je l'ai dévoré.
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Résumé : Catherine Nicolle est née dans la merde. C'est le cas de le dire. Fille cadette de paysans qui ne l'ont jamais aimés, Catherine grandit par elle-même. Vivant au bord de la route nationale, elle s'éprend des camions qui passent et de leur chauffeur. Elle apprend à lire grâce aux inscriptions des remorques, elle apprend à compter grâce à leurs plaques minéralogiques. A l'aide d'une C.B, elle arpente la bande sonore à la recherche de l'homme de ses rêves, un routier bien évidemment. Ce bout de femme enchaîne les galères à un rythme insoutenable...
Mon avis : ++++
Encore un Jean Teulé qui me donne un bon coup de poing au ventre... Ce roman n'en est pas un puisqu'il s'agit d'une histoire vraie. En filigrane, des extraits de dialogue entre Darling et Jean Teulé rendent le récit encore plus proche de nous. On ne peut que lire cette histoire navrante, ce combat perdu, ce désespoir. Et encore, Darling semble très froide vis-à-vis des drames qu'elle a vécu lorsqu'on lit ses "interwiew".
On est choqué, on est blessé, on se demande comment cette femme tient encore debout. Jean Teulé n'est jamais compatissant, n'emploie pas un ton mielleux pour faire basculer le lecteur dans le pathos. Il utilise son style percutant, sans concession, narrant une histoire "vraie". Je ne regrette absolument pas ce moment de lecture. Même si le contenu est dur, comme la vie.
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Pour moi, deuxième roman de Jean Teulé (publié en 1998), lu après le Magasin des Suicides, sur recommandation de lecteurs passionnés qui connaissaient son oeuvre littéraire, ce qui n'était pas mon cas.

Que dire ?
Avant de faire ce retour, j'ai voulu vérifier si l'annonce faite au sujet de ce "roman" était vraie, à savoir qu'à travers ce personnage de Darling, il s'agissait de la narration-interview de la vraie vie d'une cousine éloignée de l'auteur. Ce point attesté, on en est encore plus saisi d'effroi. On aurait, en effet, pu penser qu'il y avait, de la part de l'auteur, une volonté romanesque de caricaturer son personnage principal ou encore les moeurs paysannes de la France profonde. Eh bien, non, l'auteur n'a fait que recueillir une parole douloureuse de la part de sa cousine et il l'a dramatiquement bien retranscrite sous des formes plurielles (la narration d'un narrateur omniscient, l'auteur / l'interview lorsque l'auteur demande à Darling des éclaircissements / la narration/introspection de Darling enrichie de nombreux dialogues) qui confèrent à l'ensemble des accents de véracité.

J'ai été absolument bouleversée par cette enfant mal-aimée, maltraitée, isolée, prisonnière d'une famille absolument dysfonctionnelle et violente, et qui grandira à la va-comme-je-te-pousse dans un environnement particulièrement sclérosé et névrosé.

Durant toute son enfance et son adolescence, elle vivra dans la merde, au propre comme au figuré (ses parents étant éleveurs de bovins en Basse-Normandie). Bien que peu instruite et limitée socialement, elle tentera à plusieurs reprises de s'en extirper (en fantasmant jusqu'à plus soif sur les routiers et leurs beaux camions qui passent devant sa chambre ; en travaillant en ville à la boulangerie locale et en bénéficiant de l'accompagnement bienveillant de ses patrons ; en tombant amoureuse du premier beau gosse venu (un routier of course, car il était hors de question pour elle de vivre avec un paysan) et en quittant, enfin, la ferme familiale.

En partant avec celui qui deviendra son mari, elle croyait qu'elle avait tiré le gros lot, qu'elle allait voyager avec lui et vivre ENFIN l'aventure à laquelle elle rêvait. La triste et dure réalité de la vie l'a vite rattrapée. Celui-ci est accro au jeu et à l'alcool. Insultes, mépris, violence verbale et physique, viols répétés (par lui et par d'autres), et même obligation de faire "ménage à trois" deviendront son lot quotidien (sauf quand, par bonheur, il est sur les routes)... Elle ne devra son salut qu'à la fuite... en laissant, le coeur déchiré, ses trois enfants. Darling est passée quasiment sans transition de souffre-douleur de ses parents à souffre-douleur dans sa propre famille ! Un état de faits que l'on retrouve d'ailleurs souvent... dès lors qu'un travail sur soi n'a pas été mené, à un moment donné.

La description des contextes, les mots prononcés, les actes perpétrés (tant par les parents, le frère aîné, le mari et ses potes de beuverie) sont particulièrement glauques et dérangeants. Comment est-il possible d'haïr ainsi un enfant ? Comment est-il possible de mépriser ainsi sa femme et la mère de ses enfants ? On se demande si ce n'est pas un peu exagéré, et l'on constate, hélas, que non. Tel est le lot, en France, au XXe siècle, de certaines femmes : bafouées, battues, violées et rendues à un rôle de serpillère sur laquelle les uns et les autres s'essuient.

A la lecture de tels faits, on a envie d'hurler. de dire, mais bouge-toi, bon Dieu ! Mais le lecteur extérieur ne peut pas imaginer combien les insultes, le mépris et les coups répétés à longueur de temps peuvent détruire toute estime de soi jusqu'à amener les enfants ou les femmes concernés à penser qu'ils méritent ce qui leur arrive.

Et puis, c'est sans compter avec une autre forme de violence : celle de l'institution. Bien que victime, c'est Darling qui se retrouvera en prison pour non paiement de pension alimentaire. On croit rêver ! Lorsqu'elle se sentira un tant soit peu reconstruite, elle cherchera à récupérer ses enfants... c'est elle qui sera alors mise sur la sellette et "devra faire ses preuves" pendant trois ans pour y parvenir.

Bref, vous l'aurez compris, une histoire de vie fort triste. D'autant plus triste, qu'à celle de Darling s'ajoutent celle de ses deux frères (également touchés par la dinguerie familiale), mais aussi celle de son amoureux transi dont elle ne veut pas car pas suffisamment exotique pour elle.
Un récit édifiant qui témoigne d'une certaine réalité, dans notre pays, car n'en déplaise à certains, malgré l'école pour tous, malgré la télé, malgré les magazines, malgré le tissu associatif, il reste encore ici ou là des familles particulièrement maltraitantes et des maris violents qui n'hésitent pas à tout détruire autour d'eux, parfois jusqu'au meurtre. Les statistiques nationales, au XXIe siècle, le montrent hélas.

Que dire donc ?
Une histoire de vie particulièrement bien écrite et rendue par l'auteur, mais qui traite néanmoins d'une douloureuse réalité : la violence faite aux enfants et aux femmes. Je suis ressortie de cette lecture totalement abasourdie et désespérée de la nature humaine. Donc, si vous n'avez pas le moral en ce moment, à éviter absolument !

A noter : ce roman a fait l'objet d'une adaptation au théâtre et d'un film en 2007 (réalisé par Christine Carrière), avec Marina Foïs dans le rôle principal.





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Très bon livre . J'ai beaucoup aimé ce livre car il m'a directement intéressé et ému . Je conseille vraiment ce livre . Ce livre parle de Darling , jean teulé raconte son histoire qui mérite d'être lu car elle est d'un courage incroyable...parce qu'elle a vécu...Qu'elle a été battue presque toute sa vie...et les drames qu'elle a vécus...
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Livre très particulier, Jean Teulé y raconte l'histoire de Catherine dit « Darling »
Petite dernière d'une famille de trois enfants, elle n'était pas désirée et va subir les violences de ses parents, psychologiques de la part de sa mère et physiques de la part de son père! Après les décès tragiques de ses deux frères, elle finira par quitter ce lieu maudit pour une vie qu'elle espère plus belle en compagnie d'un routier, son rêve !
Hors ce dernier après lui avoir fait trois enfants va lui faire vivre les pires sévices imaginables…

Elle arrivera malgré tout à relever la tête une nouvelle fois et essayer de se reconstruire …

Jean Teulé a réussit à retranscrire sous forme de roman les déclarations tragiques de Darling, avec humour malgré le surréalisme da sa vie …
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Quand la réalité dépasse la fiction !
Une histoire incroyable qui est pourtant authentique. Un auteur n'aurait pas imaginé une histoire aussi dramatique car il aurait pensé qu'elle ne serait pas crédible. La situation est déjà glauque au départ avec une petite fille sans amour de ses parents mais va finir dans le morbide par un mari qui va l'humilier et la violenter au plus haut point.Une histoire CHOC, âme sensible s'abstenir! L'écriture est simple et fluide ce qui permet d'être immergé avec Darling jusqu'au bout.
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Un conte moderne plein de fantaisie et d'humour, teinté d'un optimise à toute épreuve.
Et pourtant, le fond de l'histoire de Catherine, qui se fait appeler Darling, est cruel, désespérant et quasi inhumain lors de certaines scènes de violence.
Il s'agit d'une histoire vécue par la cousine de l'auteur, ce qui rend encore plus incroyable ce destin...

Un livre magnifique sur la résilience.
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