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sur 935 notes
Darling, c'est l'histoire d'une femme qui était déjà détestée par ses parents avant sa naissance, qui est née dans la merde — au sens propre comme au sens figuré —, qui a subi les humiliations de sa mère et les coups de son père et qui, depuis sa plus tendre enfance, n'avait qu'un seul rêve : celui de se marier avec un routier qui l'emmènerait loin de cette ferme de Basse-Normandie et loin de cette violence sans nom.

Et elle a réalisé son rêve. Roméo, qu'il se faisait appeler sur les ondes de la CB. Roméo et Darling… Ça démarrait comme un conte de fées. Sauf que…

Sauf que ce mariage a marqué le début de la fin, époque bien pire que tout ce qu'elle avait vécu jusqu'alors, ce qui n'est pas peu dire. Roméo, pauvre type violent et alcoolique, joueur de poker qui n'hésite pas à jouer sa femme quand il n'a plus d'argent, qui n'hésite pas à donner sa femme en pâture à ses ignobles camarades de jeu… Roméo qui frappe sur sa femme à coups de fer à repasser brûlant histoire de se détendre et de tenter de la faire avorter… Roméo qui prend une maîtresse qui vient habiter au domicile conjugal et qui se révèle être une tortionnaire à la hauteur de son compagnon de jeux sexuels… Une vie de merde toujours plus ignoble… Mais Darling est une normande, elle est rude et courageuse, elle se relève, toujours…

Alors, à la lecture de tout ça, on pourrait penser que c'est un énième roman sur une femme battue et violée… mais c'est sans compter sur la poésie et l'espoir de Darling, et sur le talent de narrateur de Jean Teulé. le texte est parsemé d'extraits de dialogues entre l'auteur et Darling, et on découvre une femme forte et fataliste qui n'arrive pas à pleurer sur son sort. On reste médusé devant une telle accumulation de malheurs, de violences et de traumatismes. Il parait tout simplement incroyable que la vie d'une seule personne puisse contenir tant d'horreurs. Si un auteur avait pondu une fiction contenant toutes ces atrocités, il aurait forcément reçu de vilaines critiques : son récit aurait été bien trop improbable.

Et le plus étrange dans tout ça, c'est que je me suis surprise à rire en lisant… parce que Darling est drôle dans sa façon de raconter ses horreurs. Elle est attendrissante, elle a une façon très singulière de relater sa vie et trouve toujours de belles images de comparaison qui atténuent son récit. Il arrive bien évidemment un moment où on ne peut plus rire et où on a envie de crier avec elle… C'est une lecture électrochoc, une lecture traumatisante, une lecture qui reste imprimée dans la chair, qui me hante. Jean Teulé a su rester en retrait de cette histoire tout en la rendant « lisible ». Il a redonné à cette femme un visage humain qu'elle n'arrive elle-même plus à voir. Il l'a rendue belle, et c'est tout ce qu'elle demandait.
Lien : http://www.petitchap.com/en-..
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Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais… Mais je ne sais pas trop à quoi j'aurais du m'attendre.
Péché dans une boîte à livres parce que j'avais lu et apprécié les livres historiques de Teulé (Charly 9 et le Montespan), j'imaginais tomber sur quelque chose de léger, impertinent et drôle.
Le début m'a semblé correspondre plus ou moins à ça, même si je ne voyais pas bien où l'auteur voulait en venir. Je ne sais pourquoi, j'ai assimilé cette histoire à « Meuh » de François Morel et j'attendais donc un tournant fantastique. le tournant a en effet été fantastique mais pas dans le sens où je l'attendais. Peu à peu, le récit sombre dans l'horreur, on descend aux enfers avec cette Darling dont Teulé retrace la triste existence. C'est dur, réel, terriblement actuel encore et toujours malheureusement. Loin du conte bovin que j'avais imaginé (à cause de la couverture sans doute), c'est de violence conjugale et familiale dont il est ici question. Et c'est sale. Et rude.
L'écriture légère de Teulé et les intermèdes où l'auteur converse avec Darling allègent un peu la sauce mais on reste quand même dans un récit terriblement plombant dans sa seconde partie.
Glaçant.
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Un très bon roman de Jean Teulé, que j'ai longtemps voulu lire étant un amateur de cet auteur. Et je suis ravi de l'avoir lus, même si je l'ai acheté la veille de son décès, je m'y suis plongé avec nostalgie, moi qui l'ai découvert jeune lors de mes premières lecture, avec "le magasin des suicides" et "Le Montespan", et tout ceux qui on suivi, et qui étaient un point de temporalité, tous les ans avec la sortie d'un nouveau roman loufoque, passionnant et joyeux malgré tout.
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Sacré roman! Que se soit romancé ou vraiment un témoignage, la vie de Darling est vraiment abominable mais le fait qu'elle arrive toujours à se relever et l'humour de Jean Teulé durant les appartés en italique, a fait de ce livre une belle leçon de vie et finalement ça s'arrange relativement pour elle.
Il y a vraiment eu des passages très dur qui auraient pu être moins détaillés, c'est ce qui empêche pour moi le coup de coeur. Car j'ai vraiment aimé le style de Teulé et j'aimerai beaucoup lire d'autres romans de lui, notamment O Verlaine.
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N° 1554 - Juin 2021
DarlingJean Teulé - Éditions Juillard.

Elle a bien dû naître sous une mauvaise étoile la petite Catherine Nicolle, comme on dit quand on affectionne les euphémismes. Elle est d'abord considérée seulement comme une « bouche à nourrir » par ses parents qui ainsi la rejettent et l'humilient, des paysans normands qui n'avaient d'yeux que pour leurs deux garçons. C'est vrai que dans une ferme, un garçon ça travaille puis plus tard, quand il se marie, il transmets le nom… Mais, dans le cas de cette famille, c'est une autre histoire. D'ailleurs, Catherine, ça lui est égal, elle n'aime pas la campagne et rêve d'épouser … un routier parce que la maison est au bord d'une route où passent des camions ! Elle n'aime pas non plus l'école alors oui, c'est vraiment mal parti pour elle qui déteste aussi son enfance et qui insiste pour travailler comme vendeuse parce que ainsi elle peut se donner l'illusion d'être grande. Et puis surtout elle peut partir de chez ses parents. Pour partir, elle est effectivement partie, et avec un routier rencontré grâce à la C.B. (Darling est son surnom de cibiste,), et elle l‘a même épousé, mais loin de l'histoire romantique que pourrait laisser à penser ce prénom, la pauvre Catherine qui croyait au bonheur a encore une fois été déçue, et bien déçue, un véritable chemin de croix que sa vie !
A travers cette bien triste histoire qu'on ne rencontre pas uniquement dans les romans puisque c'est celle, authentique, de la propre cousine de l'auteur, ça m'évoque les cohortes de ceux qui voient leurs rêves trahis, parce qu'ils ont cru, ou fait semblant de croire, que la vie leur faisait des promesses simplement parce qu'ils avaient pour eux de l'imagination qu'autrement on appelle illusions ou « rêves de gosse ». On peut y croire, s'entretenir dans cette chimère, mais les évènements prennent vite le dessus. On peut appeler cela le destin, la malchance, le hasard, le mauvais sort, on peut en accuser une divinité quelconque à laquelle on a voué sa confiance et sa foi, où y voir une épreuve qu'elle nous envoie, parfois en forme de rédemption d'une éventuelle faute ... le malheur leur colle à la peau, ils se disent, comme pour se rassurer ou s'excuser « qu'ils ne sont pas chanceux », que chacun sur terre a droit au bonheur, alors pourquoi pas eux ? Mais ils l'attendent toute leur vie et ne seront délivrés de cet état que par la mort. Dans le même temps ils voient les autres, pourtant à leurs yeux moins méritants, être comblés par la chance. Qui a jamais prétendu que la justice immanente existe ? Et puis, pour parler comme un ancien président de de République, « Les emmerdes ça vole toujours en escadrilles ». Pire peut-être mais bien réel quand même, à la question traditionnelle « Qu'est ce que tu veux faire quand tu seras grand ?» qu'on nous a tous posée, nous avons souvent énuméré une liste de métiers qui nous faisaient rêver à cette époque mais qui pourtant ont bien dû se passer de nous… Ce que nous ne disions pas, que nous gardions pour nous, était la liste de ce que nous ne voulions assurément pas faire, soit par principe, soit parce que nous en connaissions les inconvénients, en nous promettant bien de tout faire pour les éviter. Au final, il s'avère que, bien souvent, c'est vers eux que nous nous sommes orientés volontairement, en remerciant le ciel d'y trouver un emploi. Puis on se dit que cette poisse ne peut pas durer, on attend, on attend, en vain, et finalement avec l'âge on devient fataliste.
Ça commence souvent dès l'enfance, on patiente pendant l'adolescence souvent perturbée puis, pour oublier tout cela, on se marie, souvent jeune, en se disant que c'est un nouveau départ, qu'il faut tourner la page, que l'amour existe et qu'il peut tout, malheureusement c'est souvent pire, d'une manière parfois différente, mais pire. Là non plus tout ce qu'on avait imaginé ne tient pas la route et l'amour se révèle être un mirage, la famille se disloque, les projets s'envolent… et se sont les enfants qui, bien souvent, en font les frais.
A lire ce témoignage, on a un peu de mal à y croire bien que les feux de l'actualité braquent les projecteurs sur les femmes battues et les « féminicides », pourtant elle illustre ce dont l'espèce humaine est capable, le pire comme le meilleur, mais bien souvent le pire, et dans l'horreur. Jean Teulé, avec le talent qu'on lui connaît, entre empathie et réalisme, nous entraîne dans cette histoire sordide où , heureusement, l'instinct de vie est le plus fort.
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Teulé est un auteur que j'adore. Ce roman est le meilleur que j'ai lu jusque là. Impossible de le lâcher.

Teulé nous retranscrit la vie authentique de Darling, violente, glauque, misérable, pathétique, sordide, poignante, touchante. Une vie d'humiliations, rien ne lui aura été épargné.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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Je n'avais jamais entendu parler de ce livre ni vu le film avant de tomber dessus un peu par hasard à la médiathèque. C'est dire... de Jean Teulé, j'ai déjà lu "Fleur de tonnerre", plutôt une découverte intéressante.

Il m'a fallu un certain temps avant de comprendre que j'avais entre les mains un bouquin tiré d'une histoire vraie, celle de Catherine Nicolle, cousine éloignée de l'auteur.
L'histoire de cette Catherine dite Tartine est si sordide qu'il est difficile pour le lecteur de croire qu'il existe des personnes nées avec une telle mauvaise étoile. Une enfance constituée d'humiliation et un manque d'amour criant. Et une vie de femme à mille lieux des contes de fées avec un routier violent. La pauvre Tartine semble être faite pour le malheur.

L'écriture de Jean Teulé apporte une dimension supplémentaire à ce récit qui se veut parfois drôle tellement la situation semble dramatique. le rire du désespoir ?
La manière de raconter de l'auteur tangue vers la fatalité. Et Jean Teulé, avec son franc-parler n'a pas son pareil pour décrire le sordide. Toutefois, l'interview entre Teulé et sa cousine semble dédramatiser une vie misérable.

Ce livre ne peut pas nous laisser indifférent, surtout lorsque l'on sait le nombre de femmes qui sont battues chaque jour par leur mari. le récit est parfois difficile à lire car Teulé n'y va pas par quatre chemins. On se demande jusqu'où est-ce que l'horreur du quotidien peut s'arrêter.
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Femme battue, celle qui se fait appeler Darling témoigne et son parcours est terriblement dur et bouleversant.
Et parfois, l'humour est là pour supporter l'insoutenable.
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Ce n'est qu'un roman, mais ce pourrait être l'autobiographie d'une femme victime de violences conjugales… avec tout ce que tout cela implique comme drames, souffrances et noirceur.
Un contexte hélas toujours d'actualité…
Un livre très bien écrit, que l'atmosphère glauque et cruelle, pleine de désespoir et de résignation aussi, ne laisse pas lecteur indifférent.
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C'est une relecture. J'ai lu ce roman en 1998 et pourtant je n'en avais gardé aucun souvenir hormis celui d'avoir été épouvantée. Quelques années et quelques autres livres de Jean Teulé plus tard, ma lecture a été moins émue. Il n'en reste pas moins que la vie de "Darling" fut une horreur. Coups et insultes pendant son enfance, tortures par la suite, c'est incroyable ce que certaines femmes supportent. Malgré tout, Darling veut faire entendre sa voix, par la Cibi d'abord, par la plume de Jean Teulé ensuite. Un destin.
Hommage à Jean Teulé dont l'humour grinçant me manquera.
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