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sur 1041 notes
Voici un livre avec lequel il faut prendre son temps. Car on ne peut pas s'intéresser aux choses de la nature ou à l'âme humaine autrement, sans faire un effort d'abstraction. C'est l'expérience dans laquelle s'est immergé Henry David Thoreau en s'isolant sur les rives de l'étang Walden, en marge de la société, recherchant la frugalité et la communion avec la nature. Je ne résiste pas à la tentation de rappeler cette citation de Thoreau, rendue célèbre grâce au professeur Keating dans le Cercle des poètes disparus : « Je m'en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Vivre, intensément, et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie pour ne pas découvrir, à l'heure de ma mort que je n'avais pas vécu. »

Certes, Thoreau fuit la ville et ses semblables. Pour autant, il n'est pas misanthrope, bien au contraire. Ce qu'il fustige, c'est l'abêtissement et l'asservissement de l'Homme par l'état et la société moderne. Ce qu'il dénonce, c'est la perte de l'essence même de la vie dans nos existences effrénées tout entières happées par la recherche des bénéfices pécuniers et du progrès. Sur les rives de Walden, il faut aimer prendre son temps, s'émerveiller des miracles quotidiens de la vie qui pullule et des cycles naturels qui impriment leur rythme à toute chose, accepter les digressions de l'auteur lorsqu'il détaille les menus frais et profits de son installation et de ses récoltes, lorsqu'il décrit avec maints et fascinants détails les occupations de la faune habitant les bois limitrophes, ou qu'il se fait arpenteur-mesureur de l'étang comme s'il s'agissait du coeur battant de l'univers dont il faut prendre le pouls. La rhétorique de Thoreau est parfois provocatrice, mais le fond de sa pensée finit toujours par devenir limpide comme les eaux cristallines du miroir qu'il ne se fatigue jamais de contempler. Car Thoreau est un contemplatif, adepte du transcendantalisme qui prolonge la pensée de Rousseau (« L'Homme naît bon, c'est la société qui le corrompt »). Il cite les philosophes antiques comme les poètes américains, les sages indiens comme les penseurs chinois. Il démontre l'éveil d'une conscience en avance sur son temps, comme dans le chapitre « Des lois plus hautes », tout en revenant toujours à la beauté parfaite de la nature qui l'entoure.

Une lecture enivrante, révélatrice de ce qui sommeille en nous et peut y dormir pour toujours si nous ne faisons pas l'effort de le débusquer.
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Walden ou La vie dans les bois est une expérience ou une initiative assez courageuse dont les fruits purement philosophiques nous permet aujourd'hui de lancer un regard sur notre mode de vie actuelle. Une vie basée uniquement sur l'intelligence de l'homme, alors l'homme est faillible, inconstant déséquilibré par moment dans ses sentiments...
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Livre polymorphe que Walden où le personnage principal, qui donne son titre au livre... est un étang !

Thoreau est un précurseur. A l'époque où ses contemporains célèbrent le progrès, la modernité, les industries naissantes, lui parle déjà de retour à la nature. Il lance un mouvement qui est toujours bien vivace aujourd'hui et n'a pu que se renforcer face aux abus de la société actuelle contre la Nature. Adepte de la décroissance avant même que la croissance ne soit considéré comme un problème, Thoreau nous livre à la fois un livre de philosophie, un partage d'expériences scientifiques et une ode poétique à la Nature.

Les différentes composantes sont inégalement réussies. La philosophie est intéressante dans sa remise en cause des évidences de l'époque (le chemin de fer, le développement des premiers médias avec les journaux)... mais s'appuie parfois trop ouvertement sur la sacro-sainte religion pour justifier le retour aux sources. Cela donne un petit goût d'intégrisme à la pensée développée, mais les précurseurs flirtent souvent avec les extrémismes. Ce qui est plus gênant c'est qu'on a parfois du mal à bien cadrer le positionnement de l'auteur : il critique les ragots dans un chapitre puis justifie ses retours vers la ville en qualifiant ces mêmes ragots d' "aussi rafraîchissants, à leur façon, que le bruissement des feuilles et le pépiement des grenouilles."

Son rapport à la nature est plus clair et plus intéressant. Il évoque avec talents les différentes saisons, les habitats qu'il côtoie, les paysages changeants. Il relate ses essais pour étudier les différentes sortes de glace, pour trouver un moyen universel de trouver le point le plus profond d'un plan d'eau. Il tente de rationaliser dépenses et recettes pour vivre le plus simplement possible. On sent chez lui une réelle passion pour ce qui, à l'époque, commençait à désintéresser complètement ses contemporains : la Nature dans sa plus simple expression, les plantes qui poussent sans que l'homme les ait plantés, les animaux qui finissent par se rapprocher quand ils n'éprouvent pas l'homme comme une menace mais comme un colocataire de l'environnement.

Dernier bémol enfin, les coquilles de cette édition. Je ne signale pas quand elles sont anecdotiques, mais ce n'est pas le cas ici. Non seulement nombreuses mais également gênantes pour la lecture dans un livre où le vocabulaire du XIXè et son orthographe changeante font parfois hésiter entre coquille et réelle différence d'écriture des mots. On attend plus dé sérieux d'un grand éditeur comme Gallimard... même pour un ouvrage libre de droits...
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Je commence l'été et la saison au ralenti avec un tas d'un peu plus d'une vingtaine de livres et un choix d'ouverture difficile. Ce sera donc un petit Rick Bass pas encore lu... mais attendez-donc un peu ! Deux page et déjà plusieurs références à Thoreau et Walden. du coup ce sera Walden avant The Wild Marsh... autant s'instruire en se divertissant!

Le monsieur étant contemporain et poteau d'Emerson, je craignais rencontrer quelques passages obscurs pour mon neurone. Et bien non ! Thoreau, c'est clair, c'est limpide, comme l'eau de Walden Pond.
Enfin, je m'entend. Vers la fin, je me demandais parfois où certains chapitres avaient l'intention de mener le lecteur. Mais tout s'éclairait à un moment ou un autre.

En plus, c'est bourré d'humour (sérieusement, faut en avoir pour parler d'expérience de la nature sauvage à moins de 2 miles de Concord!), de références littéraires classiques (grecques, latines, chinoises, indiennes...), anglaises également avec de la poésie, ou plus contemporaines de Thoreau, mais aussi, et là, c'est vraiment intéressant il me semble, un tas de mentions scientifiques de l'époque notamment de Darwin! Bref, c'est très, très riche.

Ensuite, si on monte d'un niveau, ça se complique. J'ai beaucoup apprécié le soin du détail dans la description de Walden Pond à travers les saisons, de la géologie à la vie animale en passant par la végétation et bien sûr, quelques visiteurs et réguliers de la région. Parce qu'au delà de la réflexion sur la société (je vais y venir), Thoreau est surtout un observateur attentif et un naturaliste, un poète dans un environnement qu'il dépeint avec génie et amour.

Et enfin, la réflexion sur la société humaine.
Je ne suis pas très sûre de la manière de formuler l'effet de Walden sur moi.
J'étais particulièrement intéressée par les références aux avancées technologiques du XIXº et encore plus par l'avis de Thoreau, notamment sur le progrès pour le progrès, la course à la modernité et l'acceptation des routes toutes tracées par sociétés et gouvernement sans questionnement quand à la pertinence et l'utilité de ces routes et mouvements de masse.
Pour résumer, j'ai été surprise par la modernité des observations et propositions de Thoreau quand au superflu qu'il soit matériel, oral ou occupationnel, à la modération comme solution à bien des choses (pas d'ascétisme, merci), mais surtout, cette annonce de réaction à la politique de conquête du gouvernement américain (et européen), c'est l'époque de la guerre contre le Mexique pour obtenir ses territoires du nord (Colorado, Nouveau Mexique, Nevada, Californie...), son outrage face à l'esclavage que le gouvernement favorise encore à l'époque de manière détournée (Fugitive Slave Act de 1850 qui implique que tout esclave en fuite dans les états du nord non-esclavagistes doivent être renvoyés à leur "maître" dans le sud), tous ces sujets qui seront à la base de Civil Disobedience. Que je lirai également sous peu.

La seule difficulté que j'ai rencontrée est son histoire d'élévation spirituelle. Je n'avais pas été particulièrement marquée par ce côté-là chez Emerson, mais peut-être devrais-je relire Nature... En réalité, je m'attendais à une avant-garde évidente, inspiration pour les Nature Writers du nord ouest américain dans leur vision d'une nature où tout est lié, tout a sa place, ni plus élevée, ni moins, qu'il soit question d'insecte, animal, végétal ou d'humain. Là, l'impression est que Thoreau exclut l'homme de cette logique hormis dans sa destruction insensée et sa soif de domination. J'ai presque l'impression d'une contradiction dans son discours, entre une nature de laquelle on doit se rapprocher dans sa logique et son apparente simplicité, et un exceptionnalisme humain subtilement tissé, mais que l'on ressent dans les passages sur le spirituel. Mais peut-être est-ce seulement mon impression faussée par une incompréhension.
En dehors de ce petit détail, oui, je comprend les références si fréquentes à Thoreau et son Walden, à la minutie de son étude et au détail de son observation des rouages de la Nature, au plaisir de profiter au quotidien d'un environnement sublime, sans (trop) d'interférences humaines, au besoin de préserver cet environnement sans concession à la civilisation.

Très, très instructif, vraiment très agréable et surtout absolument abordable !
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Walden, la vie dans les bois d'un excentrique qui manie le paradoxe et la provocation avec férocité.
Ceux qui le présentent comme un baba-cool avant l'heure ne l'ont pas bien lu. Certes, il y a des passages un peu lyriques, des flâneries qui font penser aux Rêveries du Promeneur solitaire, des méditations poétiques.
Mais d'autres où il se moque de ses contemporains, financiers, propriétaires terriens ou simples fermiers qui ne cherchent qu'à faire fructifier des dollars.
"Le lac de Flint! Que notre nomenclature est pauvre....De quel droit le fermier malpropre et imbécile dont la ferme touchait cette eau du ciel, et qui a impitoyablement dévasté ses rives, lui a-t-il donné son nom? Un grippe-sou qui préférait la surface miroitante d'un dollar ou d'un sou rutilant, où il pouvait voir sa propre face d'effronté; qui considérait comme des intrus jusqu'aux canards sauvage qui s'y posaient; ses doigts transformés en serres calleuses et crochues à force d'agripper, telles des harpies- non, ce n'est pas moi qui lui ai donné son nom."

Thoreau ne se prive pas de critiquer vigoureusement le système économique, qui instaure une exploitation industrielle de la terre, qui détruit les beautés naturelles des paysages: "comment s'attendre à ce que les oiseaux chantent quand leurs bosquets ont été ravagés?"
Sa retraite au fond des bois lui permet de sortir du système pour mieux en faire le procès. Il souligne que l'homme qui travaille est un solitaire, et que les relations sociales sont généralement d'un piètre intérêt: "Nous nous retrouvons trois fois par jour pour les repas, où chacun offre à l'autre une ènième dégustation de ce vieux fromage moisi que nous sommes. Afin de rendre supportable cette fréquentation effrénée, et de ne pas aboutir à une guerre déclarée, il nous a fallu accepter un certain nombre de règles, appelées étiquette ou politesse."

Walden fait l'apologie de la solitude, mais pas n'importe où.
Pas n'importe comment. Dans sa modeste cabane, Thoreau réfléchit, il lit, il écrit, observe, médite; il jouit de la vue du lac et des saisons, il pense aux anciens habitants de ces forêts, bref, il philosophe sans en avoir l'air.

Le ton est souvent enjoué, il lui arrive de ricaner tout seul dans sa cabane, si une pensée incongrue le traverse. Il use souvent d'ironie et de sarcasme, à la manière d'un Diderot ou d'un Montesquieu: "Si j'étais sûr et certain qu'un homme venait me voir avec la ferme intention de me faire du bien, je prendrais mes jambes à mon cou, comme si je fuyais ce vent sec et brûlant des déserts africains qu'on appelle le simoun." Il fait ensuite allusion aux Jésuites, venus "faire du bien" aux Indiens en les torturant pour qu'ils se convertissent.
Il décrit avec humour une bataille rangée entre deux colonies de fourmis, se moque de lui-même dans sa posture d'ermite, de poète ou d'agriculteur primitif. Cette auto dérision place le lecteur de son côté, car si Thoreau manie la critique, il ne tombe pas dans un discours moralisateur.

Il reste assez humble pour que chacun puisse se dire: "et si moi aussi, j'allais vivre dans une cabane, payé de haricots et vêtu comme un vagabond, nourri de pain et de chants d'oiseaux?"
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Ce genre de livres dont on entend parler depuis le berceau, qui est cité en référence à longueur d'articles... il fallait bien parvenir à le lire un jour et cette nouvelle traduction proposée par Gallmeister tombait à pic. C'est une lecture qui rejoint mon état d'esprit en de nombreux points et fait écho à nombre de mes questionnements sur la façon d'être au monde. Je me demande ce que Thoreau penserait s'il débarquait parmi nous, près de 170 ans après la publication de son récit sur deux années passées en quasi autarcie au bord du lac de Walden, en voyant à quel point nous avons persévéré dans l'éloignement voire la destruction du vivant autre que nos petites personnes. Ses observations faites à l'aube des spectaculaires "progrès" de notre "civilisation" seraient donc restées lettre morte malgré la notoriété de ce texte. Mais j'ai l'impression qu'il le savait déjà en l'écrivant. D'ailleurs, il ne cherchait qu'à témoigner de son expérience et à prôner la liberté de vivre autrement, hors des injonctions de la société, sans forcément entraîner tout le monde après lui. A offrir également un autre point de vue. C'est à mon sens la richesse de ce livre. Donner à réfléchir sur nos modes de vie, pas uniquement d'un point de vue de l'écologie mais autour de la notion de liberté. Tenter de montrer à quel point ce que nous pensons libérateur peut au contraire s'avérer un facteur d'enfermement. La vitesse, l'immédiateté, l'automatisme, l'accumulation de biens sont vus comme des signes de progrès, Thoreau s'attache à démontrer la façon dont tout ceci piège et aliène l'être humain en l'attachant à un système capitaliste et en le réduisant à l'état de travailleur souvent pauvre. C'est pourquoi je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer la tête du monsieur s'il revenait constater par lui-même où nous en sommes. Dans Walden il y a aussi de magnifiques pages d'observation des petits riens de la nature sauvage, des transformations au fil des saisons, de la vie dans tous ses frémissements. Une observation respectueuse, et bien au-delà qui essaye de capter l'essence même de la vie et fait le lien entre tous les êtres vivants à travers leurs similitudes de comportements. C'est un texte qui mêle observations scientifiques et vision poétique, que l'on peut relire plusieurs fois pour en explorer toutes les facettes, politiques, économiques, naturalistes, écologiques voire mystiques. Il existe de nombreuses et passionnantes analyses de Walden, mais chaque lecteur y trouvera un écho particulier en fonction de son propre cheminement, de l'état de ses réflexions sur le sens de la vie et de son degré de dépendance à la société de consommation. Et une incitation à s'extraire du monde pour mieux se trouver soi-même, même si s'échapper est devenu bien plus difficile au 21ème siècle.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Il y a très longtemps que j'avais Walden dans mon programme de lecture. Nature, Environnement, Solitude tout cela me parle. Souvent cité comme une référence de la nature writing, initiateur de ce type de littérature paraît-il, H.D. Thoreau part au printemps 1845 pour deux ans deux mois et deux jours au bord du Lac Walden pour vivre une expérience d'isolement, d'observations et d'expériences personnelles.

L'auteur relate dans le détail la préparation de son habitat, de ses cultures, de l'organisation pour être au maximum auto-suffisant, la comptabilité qu'il tient de chaque dépense s'y rapportant, réduisant ses besoins au strict minimum, puis il observe, il écoute, il pense et nous livre ses réflexions : sur la différence entre acheter, posséder et faire de ses mains, sur l'importance de vivre l'instant, de profiter de chaque moment, de se lever tôt et d'observer ce qui nous entoure, du plaisir qu'on en retire, de vivre simplement….. Cela ne fait-il pas écho en vous : la décroissance dont on parle tant de nos jours, lui l'évoque déjà. Il explique également où va le monde, la vitesse à laquelle il accélère et les répercussions de cette course effrénée.

Il aborde également l'importance de la lecture dans sa vie et en particulier celle des classiques, privilégier les lectures qui importent, qui éduquent plutôt que les lectures faciles , rendre la culture accessible à tous voire à la privilégier par rapport à d'autres dépenses…..

"Un mot écrit est la plus choisie des reliques. C'est quelque chose de tout de suite plus intime avec nous et plus universel que toute autre oeuvre d'art. (p142)"

Bien sûr la nature et ses occupants, le rythme des saisons, son quotidien tiennent une grande place mais il y est également question de ses voisins, des gens de passage et ce fut pour moi une surprise de constater qu'il était loin d'être totalement seul sur les bords du lac. En effet, il se rendait régulièrement au village voisin, appréciait de croiser chasseurs, pêcheurs et autres promeneurs mais utilisait également des techniques pour éloigner les importuns.

Je l'ai lu par petites touches car l'écriture est exigeante, un peu déroutante au début dans son style assez ampoulé et les sujets abordés sont à la fois philosophiques et descriptifs. Il se fait d'ailleurs assez professoral dans le ton, un peu trop parfois même s'il ne s'empêche pas quelques traits d'humour :

"Pour les Pyramides, ce quelles offrent surtout d'étonnant, c'est qu'on ait pu trouver tant d'hommes assez avilis pour passer leur vie à la construction d'une tombe destinée à quelque imbécile ambitieux, qu'il eût été plus sage et plus mâle de noyer dans le Nil pour ensuite livrer son corps aux chiens. (..) Quand à la religion et l'amour de l'art des bâtisseurs, ce sont à peu près les mêmes par tout l'univers, que l'édifice soit un temple égyptien ou la Banque des Etats-Unis. Cela coût plus que cela ne vaut. (p88)"

Il m'a fallu un petit temps d'adaptation et prendre le temps de « digérer » ce qu'il écrit, d'y penser et le transposer dans la vie actuelle. Pour moi qui suis depuis longtemps convaincue des bienfaits de l'isolement, de l'écoute de la nature, du non gaspillage, du fait maison, de la non-consommation à outrance, je savais qu'il allait confirmer mon propre ressenti, donc pas de réelle découverte sur le fond. La réelle surprise vient du fait que cet ouvrage a été publié au milieu du 19ème siècle…. Il avait déjà pressenti vers quel monde nous allions et ses dangers à long terme sur les hommes, la nature et les animaux.

Je dois avouer que, même si je suis contente de l'avoir lu et comprends la référence qu'il représente pour tous les amoureux de la nature et des immersions solitaires, j'ai été un peu déçue, peut-être, parce que j'en attendais encore plus, parce que le style m'a parfois gênée, peu habituée que je suis à lire une telle écriture, que j'ai trouvé certains passages un peu longs et tournant parfois un peu en rond.

Découpé en 17 chapitres comme Visiteurs, le champ de haricots, bruits, lecture, économie, voisins inférieurs, pendaison de crémaillères (la construction d'une cheminée par ses soins est savoureuse par le plaisir qu'il en tire), l'étang l'hiver etc….. + la conclusion, on peut aisément revenir s'y plonger à l'occasion d'un questionnement sur un domaine particulier.

On comprend qu'il s'agit là de l'oeuvre d'une vie, tellement elle est précise, faisant appel à de nombreuses références littéraires, poétiques, qu'il a peaufiné pour trouver le mot juste (on retrouve là votre sens de la précision), retrouver tous ses souvenirs et sensations afin de nous faire partager son expérience. Il ne s'est pas contenté, comme beaucoup, de donner des préceptes, il les a appliqués. Il m'a conforté dans mes orientations, même si je n'ai pas eu de réelle révélation.

Dans notre société hyper connectée, d'hyper consommation et de rapidité, un tel ouvrage porte à réfléchir sur le sens que l'on veut donner à son existence. le lire peut permettre à certains de se poser les bonnes questions, à d'autres de les conforter dans leur choix.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Le hasard fait bien les choses, ce livre a été d'un grand réconfort. Au chevet de ma défunte mère, un long mois dans un hôpital tunisien où mon manque de maîtrise de ma langue maternelle m'a isolé de la population locale. Ce livre a été une bulle d'air et gardera à mes yeux, une place à part.
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Si un auteur a vraiment compris quelque chose à l'écologie c'est Thoreau . Son opus est l'un des plus puissant hommage à la nature que l'on puisse avoir . C'est ample , vivant , réaliste , beau , c'est incontournable en somme . Un livre hommage sublime à la nature , qui nous donne envie de suivre la démarche de Walden . Ce n'est jamais niais , ce n'est pas tf1 , c'est une ode à la liberté et à la nature . A lire absolument pour réaliser combien l'on a besoin de la nature .
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Le jour de l'Indépendance 1845, un jeune Américain idéaliste (Thoreau n'avait que 28 ans) tourna le dos à ce qu'il considérait comme le matérialisme déprimant de son pays, et se lança dans une vie de solitude dans une cabane près de Walden Pond, près de Concord, Massachusetts. Dans son célèbre récit Thoreau écrivit plus tard :"Je suis allé dans les bois parce que je voulais vivre, n'affronter que les faits essentiels de la vie, et voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu'elle avait à enseigner, et non, en mourant, découvrir que je n'avais pas vécu . Je n'ai pas voulu vivre ce qui n'était pas la vie, vivre est si cher ; je ne voulais pas non plus pratiquer la résignation, à moins que ce ne fût tout à fait nécessaire. Je voulais vivre profondément et aspirer la moelle de la vie, vivre si solidement et à la manière d'un Spartiate qu'il mettrait en déroute tout ce qui n'était pas la vie, couperait une large bande et se raserait de près, enfoncerait la vie dans un coin et réduirait il à ses termes les plus bas, et, s'il s'est avéré être mesquin, pourquoi alors en saisir toute la véritable et véritable mesquinerie, et publier sa mesquinerie au monde ; ou s'il était sublime, de le connaître par expérience, et de pouvoir en rendre compte fidèlement dans ma prochaine excursion.”

Thoreau partageait avec ses collègues transcendantalistes une profonde préoccupation pour le déclin de «l'intégrité» dans la société américaine. Pour ces chercheurs de vérité, « les bois » sont devenus, le lieu où un individu pouvait vraiment savourer les mystères de la vie, libéré des conformités restrictives de l'Église et de l'État. Là où la plupart de ses voisins américains s'efforçaient d'acquérir des choses, Thoreau voulait les déposséder : « Je vois des jeunes hommes, mes concitoyens, dont le malheur est d'avoir hérité de fermes, de maisons, de granges, de bétail et d'outils agricoles ; car ceux-ci sont plus faciles à acquérir qu'à éliminer.”

Dans la culture du soi sans entraves, Thoreau croyait qu'il se rapprochait du coeur de l'existence et qu'il le faisait, à l'américaine, selon ses propres conditions. Rarement un écrivain a été moins enchérissant. "Si j'étais certain, écrit-il dans Walden, qu'un homme venait chez moi avec le dessein conscient de me faire du bien, je courrais pour sauver ma vie." Thoreau tient à insister pour que chaque lecteur de son livre « soit très attentif à se renseigner et à poursuivre sa propre voie ».

Après avoir laissé derrière lui un monde dans lequel il avait vu tant d'hommes et de femmes mener « une vie de désespoir tranquille », Thoreau était déterminé à vivre « délibérément » pour lui-même. En plus d'enregistrer sa vie intérieure, Thoreau est un fervent observateur du paysage.

"Peu de phénomènes m'ont donné plus de plaisir que d'observer les formes que prennent le sable et l'argile qui fondent en s'écoulant sur les côtés d'une tranchée profonde sur le chemin de fer par lequel je suis passé en me rendant au village, phénomène peu commun sur une si grande étendue.”

Cependant, le message transcendantal sans concession de ces premiers chapitres s'estompe plutôt au milieu du livre. Par exemple, dans Visiteurs, force est de constater que Thoreau dans les bois est devenu un objet de grande curiosité. Sa cabine solitaire ne comptait que trois chaises, mais il écrit : "J'ai eu 25 ou 30 âmes, avec leurs corps, sous mon toit, et pourtant nous nous sommes séparés sans nous rendre compte que nous nous étions rapprochés les uns des autres."

Face à de telles distractions, Thoreau a mis au point un moyen efficace pour détourner badauds et amateurs de sensations fortes de sa cabine :

"Beaucoup de voyageurs sont sortis de leur chemin pour me voir ainsi que l'intérieur de ma maison, et, comme excuse, ils ont demandé un verre d'eau. Je leur ai dit que j'avais bu à l'étang, et je leur ai montré du doigt, offrant de leur prêter une louche.”

A la fin de ce chapitre, en un paragraphe énigmatique soulevant autant de questions que de réponses, il décrit ses visiteurs les plus enthousiastes : « Des enfants s'épanouissent, des cheminots se promènent le dimanche matin en chemises propres, des pêcheurs et des chasseurs, des poètes et des philosophes, bref, tous d'honnêtes pèlerins, qui sont sortis dans les bois pour la liberté et ont vraiment quitté le village,”

Walden cache également un intermède dramatique, sur lequel Thoreau choisit de ne pas s'étendre : son arrestation pour non-paiement de la capitation, épisode auquel il est fait allusion dans le chapitre intitulé le Village. À la suite de cela, il a composé une conférence intitulée La relation de l'individu à l'État, qui est finalement devenue son essai de la désobéissance civile. C'est un candidat sérieux pour l'essai le plus célèbre de la prose américaine, d'autant plus que Gandhi l'a utilisé pour soutenir la résistance non violente en Inde et en Afrique et que Martin Luther King a cité ses arguments lors du mouvement des droits civiques des années 1960.

Cet étrange résultat de l'auto-séquestration de Thoreau dans les bois de Concord n'est qu'une des nombreuses conséquences involontaires dérivées de la grande tradition de la littérature anglo-américaine consacrée aux questions de liberté et d'individualité.
Hélas Walden est devenu prisonnier de sa réputation de classique:
le livre est aussi vénéré et non lu que la Bible,
à moins que...

Lien : http://holophernes.over-blog..
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