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3,85

sur 1045 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre magnifique, traduction de G. Landré-Augier très correcte mais remplie de coquilles typographiques
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Sur le fond :
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Retour à la nature et à ses spectacles innocents, à la symbiose d'avec notre environnement, intégration du cosmos dans le quotidien (voir Nature, d'Emerson, ami de Thoreau), simplicité volontaire, recherche de la vertu, de la pureté et de la vérité, combat contre la bien-pensance et le conformisme, aspiration à l'idéal, lutte contre la banalité qui nous enferme, exhortation des forces créatrices, croyance dans le progrès des valeurs et des possibilités humaines : en ce XIXe siècle américain de révolution industrielle, d'exploitation de la nature, de matérialisme débutant et de guerre, Henry David Thoreau apparait comme une fulgurance, étoile filante d'une société et d'une époque déjà vieille, pétrie de certitudes et de confiance en elle-même.

Magnifique auteur qu'est Thoreau. Sous une plume simple mais vive, précise, poétique, il renoue d'une certaine façon avec les vrais philosophes. Thoreau dit qu' "il y a de nos jours des professeurs de philosophie, mais pas de philosophes." Sous cet angle, bien qu'il n'ait pas à proprement parler développer de système philosophique (ou dirait aujourd'hui de lui qu'il est un "essayiste"), Thoreau est l'un des rares philosophes à avoir transformer ses convictions en projet concret. C'est notre Diogène de Sinope le plus contemporain, notre Socrate, bref, celui qui agit en lieu et place de discours vains.

Depuis Pierre Hadot et ses exercices spirituels, ou encore Alexandre Jollien et son concept de "philosophe nu", nous sommes sensibilisés à la "praxis", à l'"action" philosophique, avec ses difficultés inhérentes à la transformation d'une simple idée en réalité. La nécessité de vivre une vie en accord avec ses conviction, dans le monde bien réel, d'aucuns diraient maladroitement, leur "philosophie de la vie". Thoreau nous incite à penser par nous-même, à ne pas nous laisser influencer, à revenir à un mode de vie simple, sans chichi, qui nous permette de pleinement vivre l'existence dans toute sa saveur, de "sucer toute la moelle de la vie", et non de vivre une vie de "tranquille désespoir". Il a aussi la sagesse de ne pas dicter tout cela, concluant par exemple le livre d'une manière ouverte, appelant presque à une révolution de l'humanité (une sorte de sur-homme nietzschéen), sous la forme d'aphorismes. Sous l'énigmatique phrase "Le soleil n'est que l'étoile du matin", Thoreau, comme Pindare, ouvre les champs du possible, arguant que l'humanité n'en est qu'à sa jeunesse, et que les heures de la journée livreront leur lots de surprises à l'homme, que le siècle des Lumières n'est peut-être pas derrière nous mais devant nous.

Sur la forme :
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La première traduction date de 1922 et est unanimement décriée pour être aujourd'hui vieillotte et dépassée, sans même parler des quelques contre-sens et approximations. La traduction proposée ici par Germaine Landré-Anugier est plus que correcte, se montrant souvent inventive et poétique, là où les propos de Thoreau sont parfois flous ou dignes d'être classés comme des aphorismes.

Gros point négatif à cette édition, un nombre conséquent de coquilles typographiques. Selon mon décompte, il y en aurait approximativement entre 40 et 50 (faute d'orthographe, lettre manquante/erronée/ajoutée, mots collés, accent absent, virgule/espace/tiret incorrect, note absente, etc.). Pire, j'ai même relevé un morceau de phrase non traduite, page 196 ([...] I did not wish to live what was not life, living is so dear [...]). le texte anglais n'est pas non plus exempt de reproche : j'ai relevé des erreurs typographiques ("f1lled au lieu de filled), cependant très anecdotiques.

Je vais me procurer la nouvelle traduction de Brice Matthieussent, qui semble faire l'unanimité de par ses qualités. Je mettrais à jour ce commentaire plus tard donc.

En attendant, et en conclusion, je vous recommande au plus haut point la lecture de ce petit bijou qu'est Walden. Les américains ne s'y sont pas trompés, qui célèbrent ce monument de leur patrimoine littéraire avec zèle, comme nous célébrons nos Montaigne, Descartes, Pascal, Rousseau et autres penseurs éternels.
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Attention chef d'oeuvre!
Je me souviens la première fois que j'ai entendu parlé de cet auteur. J'avais 16 ans et je regardais "le cercle des poètes disparus".
Vient cette citation "Je gagnai les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n'affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu'elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n'avais pas vécu."
J'ai mis 30 ans pour m'intéresser à la lecture de walden ou la vie dans les bois. Lecture savoureuse
J'ai surligné beaucoup de passages tant je peux m'identifier à l'expérience de Henry David Thoreau.

Tempérament solitaire, fuyant la société pour se refugier dans la Nature, célébrant le vivant, s'emerveillant face à la beauté de ce qui l"entoure et adoptant un mode de vie sobre.

Il assume aussi son ambivalence.

Il se définit solitaire mais apprécie la venue de visiteurs et la vie en société.
Témoin de la révolution industrielle et de la "mécanisation des tâches et de l'homme-outil" il écrit qu'il est certainement mieux d'accepter le progrès.
Il blâme la consommation de la chair animale tout en justifiant la chasse et la pêche.
Souhaitant "habiter la Terre" (donc déraciné) tout en construisant sa maison à côté d'un lac pour y être sédentaire.

Ce livre peut avoir plusieurs grilles de lecture et certains passages sont d'un modernisme hallucinant.
Ouvrage qui a certainement encouragé beaucoup de vocations de se refugier dans les bois dont celle de S.Tesson dans les forêts de Sibérie.
Livre intemporel !
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Walden fait partie des livres que j'ai déjà lus, que je relis, et que je garde pour relire encore. Je ne peux pas m'en lasser, tellement il est riche.

C'est le livre par excellence pour les gens qui aiment la Nature, la solitude, et rêvent d'une vie la plus simple possible. le lecteur ou la lectrice n'ira sans doute pas jusqu'à construire de ses mains une maison en rondins, et cultiver juste de quoi manger (Thoreau expose ses comptes en transparence, et il est vrai qu'il a très peu acheté), en agrémentant un peu son ordinaire avec la pêche et très peu de chasse. Ce sont donc deux années de vie solitaire, retirée dans les bois, près des rives du lac de Walden, que nous relate l'auteur, deux années à beaucoup marcher, à travailler sur son terrain (ses plants de haricots), à lire et à observer la faune et la flore, quand il ne méditait pas dans sa barque au milieu du lac. Mais il recevait aussi quelques visites, et sait nous parler des habitants des alentours (Irlandais, esclaves...).

Grand observateur et très connaisseur de son environnement (Thoreau était originaire de cette région), l'auteur nous parle aussi bien de construction que de culture (au sens agricole), et beaucoup de philosophie. Il évoque les saisons, la vie du lac, l'hiver et la glace, les animaux, le printemps, les sons... C'est parfois assez descriptif, les longueurs sont assumées, mais c'est toujours enrichissant, dans une langue poétique et belle, parfois même virulente ; n'oublions pas que Thoreau est appelé communément "le père de la désobéissance civile". Je l'ai mieux compris et appréhendé en le relisant, c'est tout de même un livre qui prend du temps, mais alors quelle lecture ! J'aurais presque une phrase à recopier par page...

Un grand livre donc, qui pousse à regarder davantage autour de soi, à aimer (aussi) la compagnie non humaine qui s'offre généreusement à nous, à goûter avec plus d'attention, de présence au monde, les choses gratuites et simples, et surtout, à saisir le temps pour faire ce que nous aimons et qui est nécessaire à notre esprit, à notre âme. C'est maintenant que nous vivons, avec ce qui est là, rien n'est plus important. Je le trouve en cela plus efficace et bienfaisant que bien des livres de développement personnel.
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Une référence dans son domaine que tout amoureux du genre doit lire au moins une fois dans sa vie.
Les premiers chapitres agissent vraiment comme une révélation, au point qu'on finit par regarder autour de soi pour voir, démoralisé, l'accumulation de bien que nous a vendu la société de consommation.

"S'il me faut absolument traîner mon piège derrière moi, je prendrai soin de m'assurer qu'il soit léger et ne me pince en aucun point vital de ma personne. Mais il est fort possible que le plus sage serait de ne jamais commencer à rien accumuler".

Et puis... et puis... et puis ça devient long. L'étourdissement causé par les premiers chapitres disparaît. On essaie de suivre Thoreau dans ses occupations et ses rencontres avec des visiteurs, tantôt baptisés "philosophe", tantôt "poète", on se perd, on ne sait plus vraiment qui est qui, on perd le fil... D'ailleurs je n'ai pas réussi à le terminer.

Oui, vraiment, un livre à lire pour les amoureux du genre, mais je lui ai largement préféré Into the wild et Indian Creek.
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On devrait tous s'inspirer un peu plus de ce livre criant de vérité. Dans la pratique c'est plus compliqué vu la société qu'on a... il y a déjà quelques années que j'ai décidé de réduire mes déchets pour vivre avec moins...

Et puis j'ai eu des enfants et certaines choses sont restees dans mes habitudes et d'autres ce sont perdus.

J'aimerais vivre en autonomie sans avoir besoin d'acheter grand chose mais ce n'est pas possible car je n'ai pas le temps de cultiver mon jardin pour produire tous ce que je mangerais car je dois travailler pour payer ma maison...

L'économie circulaire que ce livre évoque est belle et laisse pensive. J'ai vraiment envie de me recentrer sur une économie moins gourmande en empreinte carbone donc je fais ce que je peux avec le temps que j'ai et l'énergie dont je dispose.

Je suis un colibri.
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Au début du XIXe siècle, Thoreau décide de s'installer dans les bois, au bord de l'étang de Walden, et d'y vivre sans ressources autres que celles offertes par la nature. Il passe en revue les raisons qui l'y ont conduit puis les sommes dépensées pour son installation (28$12 1/2). Ensuite, il évoque la vie de l'étang, au fil des saisons.

CULTE ! Les réflexions sur la vie en société restent terriblement actuelles ("Les nations sont possédées de la démente ambition de perpétuer leur mémoire par l'amas de pierre travaillée qu'elles laissent. Que serait-ce si d'égales peines étaient prises pour adoucir et polir leurs moeurs ?"). Les descriptions de la nature américaine sont d'une rare poésie ("Bien que maintenant la nuit soit close, le vent souffle encore et mugit dans le bois, les vagues encore brisent, et quelques créatures invitent de leurs notes au sommeil.").
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à lire, tout simplement. C'est poétique, intelligent, foisonnant. La plupart des chapitres de ce bouquin donne l'occasion de méditer. encore quelques lignes et on arrive aux 250 caractères obligatoires, même si perso je trouve cette contrainte ridicule.
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Quelle était-elle la quête d'Henry D. Thoreau ? le silence? Une vie intérieure ? Bien avant Sylvain Tesson et sa cabane sibérienne, Thoreau – philosophe américain du dix-neuvième siècle, revint à son Concord natal pour vivre deux ans près du lac Walden qui donne son nom à l'ouvrage. Loin des caricatures souvent entendues, il ne prône pas un retour à une vie de va-nu-pied même s'il cultive son champ de haricots les pieds nus dans la rosée du matin ; Thoreau estime que ce léger retrait du monde permet de mieux le saisir et de mieux se saisir. Il n'est point de solitude pour un être humain qui agit et qui pense. Ce précieux livre délivre un message opposé à celui de Pascal : sortez de votre chambre, agissez en harmonie avec la nature et ne cessez jamais de penser ! A mettre entre toutes les mains.
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Oh le grand bol d'air bien frais!
Lorsqu'il se retire du monde en 1845, pendant deux ans près de l'étang Walden, Henri David Thoreau, construit sa cabane, observe et écrit sur la beauté naturelle des éléments et des animaux qui l'entourent.
Son témoignage est une prise de conscience très tôt de la matérialité et de la vitesse de la vie moderne qui nous oblige toujours plus à travailler (...pour nos ses dettes) alors que la vie simple et heureuse est à portée de main.
Les grands parcs américains lui doivent beaucoup, et c'est avec l'un des plus grands philosophes américains que je termine cette année 2020 rocambolesque!
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Walden fait partie de ces livres dont on ne peut dire qu'on les a lus. On les lit, on ne peut cesser de les lire, on n'en a jamais fini avec eux. La lecture, dans ce cas, abonde la lecture. C'est le signe des très grands livres de s'accroître à mesure qu'on les lit.
Il faudrait pour ce site ajouter à "Lu", "En cours de lecture", "À lire", ajouter un autre statut "lecture permanente" ou "lecture de chevet" ou…
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