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sur 1076 notes
Elle est née à Saïgon, dans une famille aisée pendant l'offensive du Tet, puis les soldats communistes ont occupé sa maison. Sa famille a dut comme beaucoup, s'enfuir sur un bateau de fortune….* "Mon père avait prévu, si notre famille était capturée par des communistes ou des pirates, de nKim Thuyous endormir pour toujours, comme la Belle au bois dormant, avec des pilules de cyanure"*
Quand on a un certain âge on se souvient de ces boat-people, de cette période, de cette guerre….
Ru permet à Kim Thuy, de nous faire partager ses souvenirs, depuis sa vie à Saigon, jusqu'à sa vie aujourd'hui, en passant par la Malaisie, le Canada, le Vietnam d'aujourd'hui. Certains seront peut être déroutés par la construction de ce livre : les souvenirs de Kim Thuy ne sont pas ordonnés, on passe d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre, elle nous parle de personnes qu'elle ne nous pas ou peu présenté….
Pour ma part cette construction m'a plu : quand chacun de nous revoit sa vie, c'est exceptionnel que notre cerveau ordonne chronologiquement nos souvenirs…Il en est de même de Ru : des souvenirs courts d'une demi-page alternent avec des souvenir décrits sur plusieurs pages, on passe de la gravité à l'humour, on revient en arrière sur un souvenir….
Chaque page nous apporte sa surprise, voyage dans le bateau, souvenir d'un parfum de lessive, arrivée au Canada, camps de rééducation, découverte des vêtements d'hiver et des vêtements d'été, WC occidentaux mouches et fosses d'aisance, camps de réfugiés, scènes de la vie d'enfant, soldats du Nord Vietnam découvrant la vie du sud, la famille…
Une très forte envie de survivre, de s'en sortir…A lire
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De bonnes raisons pour m'intéresser au Vietnam et à son histoire... J'ai bien aimé ce court livre, fait de chapitres très brefs mais qui ressemblent à des petites vidéos, percutantes, et à mon goût plus parlantes que de longues descriptions. Ces souvenirs féminins m'ont beaucoup appris. Très belle écriture, à la fois réaliste et poétique.
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"Ru" signifie "berceuse" en vietnamien, la langue maternelle de la narratrice qui vit maintenant au Québec mais n'a jamais oublié son pays natal, le Vietnam, que sa famille a dû quitter précipitamment au moment de la guerre et de l'arrivée des communistes au Sud du pays. Elle se souvient de la fuite, des boat people, de leur arrivée au Québec. Mais elle se souvient aussi de son pays, de ses paysages, des gens qu'elle a croisés, heureux ou malheureux, qui ont subi durement la guerre, qui ont été arrachés à ce qu'ils connaissaient : mille vies qui ont sombré dans l'oubli.

En quelques mots, en quelques chapitres, elle esquisse le portrait d'un pays magnifique mais terrible. le portrait d'un peuple qui a vu ses traditions exploser au nom d'une idéologie venue de l'Occident. Par petites touches, en quelques mots bien choisis, qui célèbrent la langue française, Kim Thuy nous propulse dans son enfance pour ne pas oublier, et pour que nous comprenions.

"Je me souviens d'élèves à l'école secondaire qui se plaignaient de leur cours d'histoire obligatoire. Jeunes comme nous l'étions, nous ne savions pas que ce cours était un privilège que seuls les pays en paix peuvent s'offrir. Ailleurs, les gens sont trop préoccupés par leur survie quotidienne pour prendre le temps d'écrire leur histoire collective."

C'est effectivement le thème central : écrire pour se souvenir, pour dire cette histoire qui est tue, pour qu'elle ait sa place dans les manuels scolaires, pour comprendre la chance que l'on a de vivre dans un pays où l'Histoire n'est pas manipulée, où les livres sont accessibles, où la musique est reine.

Le va-et-vient entre présent et passé, du Vietnam au Québec, peut sembler un peu perturbant si on ne connait pas l'histoire de ce pays. Mais au final, son écriture trace un sillon, un ruisseau (un Ru, en français) et Kim Thuy nous offre un très beau premier roman sur l'exil, le déracinement, la mémoire. Un roman qui s'affirme comme une hymne à la liberté, et au bonheur.

« La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite », et où il s'agit d'être heureux « pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. »
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L'autrice raconte au fil des déambulations de sa mémoire sa vie au Viet Nam, sa vie de réfugié en Malaisie (elle a fait partie enfant des “boat people”) puis d'immigré au Canada et enfin de femme adulte, en tant que mère ou qu'expatriée au Viet Nam.
Le récit est organisé en courts chapitres qui excèdent rarement une page. Il n'est pas chronologique mais suit les pensées et associations d'idées de la narratrice. Ce procédé est particulièrement bien adapté au récit car il permet de ne pas s'appesantir sur les passages difficiles et de raconter les différentes épreuves traversées avec beaucoup de légèreté. En effet, malgré des passages qui pourraient autrement être sordides ou glauques, la distance imposée par l'écriture poétique donne au récit une tournure apaisée.
Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce récit assez court, qui ressemble plus à des fragments de pensées et d'anecdotes, qu'à un récit documentaire. Plusieurs m'ont marquée : les anecdotes retraçant la vie au Viet Nam de la famille de l'autrice avant le régime communiste (famille presque aristocratique, abondance et vie protégée), le changement imposé par l'arrivée du régime communiste (l'immense maison abritera une caserne de pompiers et une unique chambre sera dévolue à la famille), la générosité et la disponibilité avecs lesquels sont accueillis les Vietnamiens à leur arrivée au Canada. Il n'y a pas de jugement dans le récit de l'autrice, aucun appel à la haine, pas de règlement de compte avec le passé, ce qui est assez admirable vu les difficultés racontées. On n'a pas du tout non plus l'impression d'assister à une psychanalyse (ce qui peut être le travers des ce type d'écrits), ce qui est très appréciable et montre bien le travail remarquable de mise à distance de l'autrice, qui débouche sur une prose poétique.
En conclusion, un récit magnétisant même si déroutant par sa forme. J'ai beaucoup aimé accompagner l'autrice dans ses déambulations et m'interroger à mon tour sur mon rapport au monde.
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Ce livre est bouleversant, j'ai beaucoup aimé. Roman écrit à la première personne, c'est l'histoire de l'auteur, Nguyen An Tinh dans le récit. Elle nous raconte sa vie, vie de vietnamienne qui a fui avec sa famille le régime communiste lorsqu'elle avait 10 ans. Sans ordre chronologique elle passe de son enfance joyeuse à Saïgon, au camp de réfugiés, au Québec où ils se sont expatriés, à ses quelques années en tant qu'adulte à Saïgon. Pas de structure, que de petits paragraphes écrits au gré de ses souvenirs, comme pressée de tout transposer pour ne rien oublier et laissé en l'état, bien que cela fasse 20 ans qu'elle voulait l'écrire. Ce n'est pourtant pas brouillon, je n'ai pas eu cette sensation là. Cela au contraire donne de la véracité à tous ces évènements et de l'importance à ce qui a construit sa vie. D'anecdotes aux sentiments profonds, d'horreurs de la guerre aux plaisirs et bonheurs qui se sont inscrits au cours de sa vie.

Elle y parle de sa famille, de sa mère à ses oncles, de son père à ses cousines, mais aussi de gens qu'elle a rencontrés et qui ont marqué et fait sa vie, en toute conscience ou non, passager ou non, d'une manière heureuse ou non. Elle navigue du présent au passé, du passé au présent, parfois d'une manière descriptive, sans apparente émotion car tout y est dit avec pudeur, même si la réalité des évènements peuvent nous bouleverser. Et d'autres fois on ressent à travers ses mots l'enfant meurti, la femme blessée, l'être tout entier à jamais marqué par les horreurs rencontrées. Elle nous raconte la solidarité, la famille, le rêve, l'espoir… La chance d'avoir été entourée.

C'est aussi un témoignage pour toutes ces personnes dont on ne parle pas, les femmes vietnamiennes arquées par le poids de la guerre « le poids inaudible du Vietnam » (p72), les jeunes filles prostituées, l'humiliation, les enfants orphelins des GI nés pendant la guerre, la reconstruction des réfugiés, des exilés… Que sont-ils tous devenus ?

Elle évoque ses souvenirs émotionnels, sentimentaux, comme par exemple une odeur d'assouplissant à jamais inscrit dans sa mémoire. Et aussi comment elle a su ce que le mot aimer voulait dire, même si elle peut sous certains aspects le regretter… Elle nous raconte ses enfants et comment son passé a eu une grande influence sur la relation qu'elle a avec eux et le sentiment qu'elle éprouve envers eux, le sens qu'ils ont donné à sa vie. Mais je ne veux pas en dire plus car je trouve qu'il faut le découvrir. Je donne mon avis, ce que j'ai ressenti, ce qu'elle a provoqué en moi. A savoir une certaine admiration pour cette femme qui écrit avec une sensibilité cachée, une carapace faite de ses souvenirs, une sorte de détachement ou plutôt une fatalité acceptée et un manque total de rancoeur. Elle raconte, sans fioriture, elle fait un constat, pas de questionnements incessants et nombreux, avec une belle poésie. Mais on sent derrière ce mur érigé pour se protéger, les failles, les émotions qu'elle ne peut réfréner. Elle dit d'ailleurs : « Je n'ai jamais eu d'autres questions que celle du moment où je pourrais mourir. J'aurais dû choisir ce moment avant l'arrivée de mes enfants, car j'ai perdu l'option de mourir. L'odeur surette de leurs cheveux cuits sous le soleil, l'odeurs de la sueur dans leur dos la nuit au réveil d'un cauchemar, l'odeur poussiéreuse de leurs mains à la sortie des classes m'ont obligée et m'obligent à vivre, à être éblouie par l'ombre de leurs cils, à être émue par un flocon de neige,à être renversée par une larme sur leur joue. Mes enfants m'ont donné le pouvoir exclusif de souffler sur une plaie pour faire disparaître la douleur, de comprendre des mots non prononcés, de détenir la vérité universelle, d'être une fée. Une fée éprise de leurs odeurs. »

Une écriture intense, forte, d'une grande humilité et une grande pudeur dans les sentiments, ainsi qu'une véracité émouvante. Je ne peux que vous conseiller ce roman, témoignage important qui nous dévoile toutes les atrocités et les répercussions d'une guerre.
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Ce roman m'a été offert par mon amie québécoise. C'est une histoire qui l'a émue, touchée et qu'elle voulait partager avec moi. L'histoire d'une femme voyageant à travers ses souvenirs, dans un désordre organisé. A petites touches sobres, elle nous conte son enfance à Saigon dans un milieu aisé et intellectuel, auprès d'une mère aimante mais distante et autoritaire. Puis viendra l'ère communiste dans le Sud-Vietnam, la peur, les humiliations, la fuite en boat people jusqu'à l'arrivée en Malaisie et enfin la vie au Québec et le choc des cultures.

En vietnamien, « ru » signifie berceuse. le récit de Kim Thûy nous berce effectivement par sa plume musicale et poétique. Ses très courts chapitres s'égrènent comme les couplets d'une mélopée qu'une mère chantonnerait pour rassurer ses enfants. Elle nous y retrace sa vie et celle de son pays au fil d'anecdotes, de rencontres, de souvenirs où tous nos sens sont sollicités. On a le coeur qui se soulève à l'évocation des conditions d'hygiène dans le bateau, on entend les pleurs étouffés, le bois qui craque ; on perçoit les senteurs des marchés ou de la cuisine ; les couleurs de la flore, d'un coin de ciel ou du sol boueux du camp de réfugiés ; on frisonne aux premiers flocons d'hiver…

L'auteure rend hommage à sa famille, à ses ancêtres, à sa première institutrice. A ceux qui ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Chaque rencontre révèle des joies ou des craintes, des blessures ou une infinie tendresse.

C'est un superbe roman sur l'exil, sur la vie et sa fragilité mais aussi sur la force. Un roman qui parle de mémoire, de racines et d'avenir. Un récit d'une grande délicatesse et d'une réelle beauté.
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Ce roman témoignage d'une immigrée Vietnamienne est un feu d'artifices, un coup de poignard, une force sauvage sans maîtres, sans limites ni retenue.

" Je suis venue au monde pendant l'offensive du Têt, aux premiers jours de la nouvelle année du Singe, lorsque les longues chaînes de pétards accrochées devant les maisons explosaient en polyphonie avec le son des mitraillettes.
J'ai vu le jour à Saigon, là où les débris des pétards éclatés en mille miettes coloraient le sol de rouge comme des pétales de cerisier, ou comme le sang des deux millions de soldats déployés, éparpillés dans les villes et les villages d'un Vietnam déchiré en deux."

Brut, sauvage, mais aussi sensible. Là où l'horreur côtoie la beauté et l'émerveillement. Là où la souffrance est omniprésente et telle qu'on ne la dissocie plus, on ne la remarque plus.

Témoignage bouleversant, qui vaut le coup d'être lu, entendu pour la grandeur d'âme et le courage de cette auteur qui a vécu l'impossible, l'indicible, l'innommable.

On arrive toujours à découvrir, ou redécouvrir l'histoire et des pans de l'humanité à travers ces livres témoignage autour du monde. Des livres chocs, brûlant de vérité, brûlant du désir d'être lus, compris.
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Allers retours incessants, irréguliers entre le passé vietnamien de l'auteur et sa vie canadienne après son exil à la fin des années 70.

J'ai eu du mal à m'y repérer : pléthore de personnages et d'anecdotes sur son enfance et sa vie d'adulte. Enchaînements sans logique apparente, à l'image de nos souvenirs et de nos pensées, certes. Ce style de narration fastidieux m'a rebutée ici. Je n'avais pas envie de faire l'effort de compréhension nécessaire, malgré l'intérêt que je porte aux sujets évoqués : guerre du Vietnam, emprise communiste sur la population après le retrait des troupes américaines, Boat-people, exil et problèmes identitaires lorsqu'on est partagé entre deux cultures, deux pays.

L'écriture de certains auteurs d'origine asiatique me semble tantôt subtile, poétique et belle, tantôt empreinte d'une préciosité pénible. le ton m'a paru artificiel, affecté ici, ce qui explique aussi mon impression globale très réservée - un peu comme après la lecture de 'Quand l'empereur était un dieu' de Julie Otsuka.
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�oup de coeur💖
Mon premier coup de coeur de l'année. Une histoire de l'exil et de la migration de ceux qu'on a un peu oublié désormais, les "boat people" des années 70.
Ce livre est composé de très courts chapitres, une ou deux pages, chacun correspondant à un souvenir de l'auteure. Et chacun de ces souvenirs qui advient dans un désordre chronologique forme une pièce d'un puzzle qui s'assemble progressivement.
Du Vietnam qu'il faut fuir pour survivre aux camps de réfugiés de Malaisie où seule la force des liens familiaux permet de ne pas mourir, Kim Thuy nous raconte son enfance.
C'est un livre où l'émotion ne déborde jamais, où la finesse du récit devient comme un poème en prose qui conte l'horreur, la souffrance mais aussi la résilience dans une nouvelle terre d'accueil, le Québec.
Les vietnamiens qui fuyaient le régime communiste furent accueillis dans de nombreux pays.
Aujourd'hui la migration et l'exil sont toujours là, dans les mêmes embarcations de fortune, avec leur lot de souffrance, de peur et d'horreur. Mais nous préférons regarder ailleurs.

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Un récit court, ou plutôt beaucoup de petits récits de quelques lignes à deux pages tout au plus, mais d'une force incroyable.
"Ru" nous fait vivre et revivre le drame du Vietnam, entre beauté et brutalité, entre douce mélancolie et souvenirs noirs.
L'auteure a vécu une petite enfance heureuse au Vietnam dans une famille aisée malgré le bruit et la fureur de la guerre.
Guerre qui a rattrapé sa famille qui a fini par partir sur l'un de ces boat people qui au hasard des vagues sombrait avec tous ses occupants ou finissait par accoster dans un pays voisin incapable de gérer cet afflux de malheureux qui devaient survivre dans des camps de réfugiés dans la plus terrible des misères.
Puis l'arrivée au Québec, découverte pour cette fillette de 10 ans et de siens d'autres paysages, découverte de la neige pour eux qui avaient quitté la chaleur de Saigon, découverte d'un autre mode de vie, découverte d'une vie à réinventer.
Un livre puissant mais tout en pudeur.
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