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3,82

sur 1071 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que voilà un excellent témoignage !
L'auteure sait nous maintenir en haleine avec son histoire personnelle qui la mènera de Saïgon au Québec en tant que réfugiée "boat-people". Les description des exactions des communistes vietcong sont toujours contrebalancées par une poésie de l'écriture. le récit, découpé en courts chapitres, ne sombre jamais dans le tragique et se lit comme autant de scénettes à méditer. On la suit, enfant, du Vietnam aux premiers jours de son arrivée au Canada en passant par un camp de regroupement en Malaisie. Toutes les horreurs vécues par cette enfant semblent laisser la place au meilleur que peut nous offrir la vie ! En ce sens, c'est une grande leçon de vie qui nous ai donnée par ce livre. A travers le tragique de son histoire et de celle des siens, Kim Thùy nous rappelle à chaque instant l'importance inhérente au moindre petit moment de vie. le récit n'est pas linéaire, et une partie de sa richesse vient des nombreuses allées et venues, au grès de ses souvenirs d'enfance entre son passé et sa vie actuelle.
Un livre d'une grande sagesse que je recommande vivement. .
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« En français, ru signifie « petit ruisseau » et, au figuré, « écoulement (de larmes, de sang, d'argent) » (Le Robert historique). En vietnamien, ru signifie « berceuse », « bercer ». »

Dans Ru, Kim Thúy nous raconte son étonnant destin de jeune réfugiée, boat people obligée de fuir son Vietnam natal pour le Canada. Elle tisse un émouvant patchwork de souvenirs, les fragments d'une vie vraiment pas ordinaire.

Portée par une écriture fine, sensible, pleine de tendresse et de poésie, Kim Thúy nous livre une histoire riche en émotions qui va droit au coeur. Souvenirs tantôt légers et drôles, tantôt graves et douloureux, sensations provoquées par la profusion d'images, de couleurs, de parfums, d'odeurs ou de saveurs qui surgissent à la lecture comme au fil de l'eau.

Une histoire qui ne peut pas laisser indifférent. Je ne trouve pas vraiment les mots comme je le voudrais mais si j'ai un conseil à vous donner, c'est de vous laisser bercer par la douce mélodie des mots de Kim Thúy

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Encore une harraga, une exilée, une déracinée, une brûleuse de route. Mais Kim est vietnamienne, et sa harraga à elle est celle des boat peoples obligés de fuir devant les bouleversements politiques, petite enfant qui ne comprenait pas grand chose à ce qui lui arrivait, petite fille de la famille d'un riche préfet d'origine chinoise qui fuit Saigon devenu communiste. "Mon père avait prévu, si notre famille était prise par des communistes ou des pirates, de nous endormir pour toujours, comme la Belle au bois dormant, avec des pilules de cyanure. Pendant longtemps, j'ai voulu lui demander pourquoi il n'avait pas pensé à nous donner le choix, pourquoi il nous aurait enlevé la possibilité de survivre." le ton est donné, style net, froid et pourtant empreint d'une infinie tendresse, une émouvante retenue qui donne à ces menus chapitres, des paragraphes, plutôt, une charge affective considérable. Les paragraphes se suivent dans le désordre, évoquant l'horreur des bateaux de tous les dangers, les camps de Malaisie, l'arrivée misérable dans un Canada gelé, l'intégration d'enfants qui ne parlaient du français que le peu qu'ils avaient cru apprendre de leurs institutrices. Pas une plainte pour ces vies qui se reconstruisent dans le plus grand dénuement, les boat peoples n'ont rien, n'emportent rien et, si d'aventure ils parviennent à cacher de minuscules diamants dans un bracelet en plastique dentaire, ils se le font voler. Les parents abandonnent leurs enfants à des inconnus en espérant qu'ils sauvent ainsi leur vie…

La vision de Kim Thùy est toujours morcelée, comme les souvenirs qu'elle garde des hommes qu'elle a aimés : un battement de cil de l'un, une mèche rebelle de l'autre, des leçons de certains, des silences de plusieurs. Par petites touches pointilliste, mosaïque de détails, se met en place la vie du Vietnam d'autrefois, ces grandes familles de dix-huit enfants, régies par une grand-mère étroitement corsetée experte en diamants, avec "l'oncle Deux" séducteur et irresponsable ou l'émouvante "tante Sept", simple d'esprit et fugueuse, qui ne sait pas pourquoi son ventre a gonflé, pourquoi elle a été endormie dans une clinique, ni que ce petit neveu est en fait son fils ; ou encore avec les impossibles et touchantes amours ancillaires d'une pauvre journalière et du jardinier.

Vietnam ravagé par la guerre et les bouleversements politiques, avec ces fillettes prostituées pour survivre, aperçues derrière une porte, ou comme ses petits cousins :" Ils m'ont décrit en ricanant comment ils avaient masturbés des hommes en échange d'un bol de soupe à deux mille dông. Ils ont dépeint sans retenue ni réserve ces gestes sexuels avec le naturel et la pureté de ceux qui considèrent que la prostitution est uniquement une affaire d'adultes et d'argent, qu'elle n'implique pas des enfants de six à sept ans comme eux, qui s'y adonnaient pour un repas à quinze cents. "Vietnam où vainqueur et vaincus connaissent la même misère, comme ces miliciens communistes qui stockent leurs poissons dans la cuvette des toilettes, objet incongru pour eux, qui ne peut donc servir que de garde manger.

Camps de réfugiés de Malaisie, cloaque puants et couverts de mouches, où des femmes tombent et se noient comme dans des sables mouvants.

Vietnam d'aujourd'hui enfin, avec ses odeurs, ses saveurs et ses formes retrouvées.

J'aimerai tout citer, parce que ce livre est une petite merveille, un premier roman (est-ce vraiment un roman) dépaysant, poignant, et poétique qu'il faut que je vous laisse découvrir, pour y puiser une magnifique leçon de courage et de dignité.

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Comme un ruisseau qui s'écoule lentement ou comme une douce berceuse enfantine (le sens du terme Ru en vietnamien), l'autrice nous conte ses souvenirs d'enfance au Vietnam, puis dans un camp insalubre en Malaisie où elle est arrivée avec sa famille sur un boat people de sinistre mémoire (mais l'histoire continue héla aujourd'hui avec d'autres peuples et sous d'autres cieux) et au Canada où ils tentent de s'adapter, avec des épisodes d'incompréhension quelque peu cocasses.
Elle ne se sent ni d'ici ni d'ailleurs, comme beaucoup de personnes dans sa situation, ses amours sont multiples.
J'ai trouvé ce petit livre particulièrement émouvant, plein de poésie, de senteurs et de couleurs à l'évocation du pays perdu puis retrouvé sans l'être vraiment lorsqu'elle a l'occasion d'y retourner.
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Kim Thuy est née à Saïgon. A dix ans, elle traverse le golfe du Siam à bord d'un sinistre bateau, elle sera une boat people comme des milliers d'autres vietnamiens fuyant les exactions communistes.
Ru (berceuse) raconte avec poésie, avec nostalgie, avec franchise et courage cette oscillation entre Vietnam et Canada, le pays d'accueil. Une scansion pour dire les souvenirs d'enfance pas toujours heureux d'ailleurs, et ceux de l'exil pas forcément malheureux.
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Tout en douceur, par petites touches très subtiles, Kim Thuy raconte ses souvenirs, son enfance heureuse et riche, à Saigon, l'arrivée du communisme, la survie, la fuite, l'exil, l'adaptation des siens dans un nouveau monde qu'est le Québec, l'aide reçu des uns et des autres, l'intégration, les allers et retours au Vietnam. Tout cela ponctué par des réflexions intelligentes sur la vie.
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Elle est née à Saïgon, dans une famille aisée pendant l'offensive du Tet, puis les soldats communistes ont occupé sa maison. Sa famille a dut comme beaucoup, s'enfuir sur un bateau de fortune….* "Mon père avait prévu, si notre famille était capturée par des communistes ou des pirates, de nKim Thuyous endormir pour toujours, comme la Belle au bois dormant, avec des pilules de cyanure"*
Quand on a un certain âge on se souvient de ces boat-people, de cette période, de cette guerre….
Ru permet à Kim Thuy, de nous faire partager ses souvenirs, depuis sa vie à Saigon, jusqu'à sa vie aujourd'hui, en passant par la Malaisie, le Canada, le Vietnam d'aujourd'hui. Certains seront peut être déroutés par la construction de ce livre : les souvenirs de Kim Thuy ne sont pas ordonnés, on passe d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre, elle nous parle de personnes qu'elle ne nous pas ou peu présenté….
Pour ma part cette construction m'a plu : quand chacun de nous revoit sa vie, c'est exceptionnel que notre cerveau ordonne chronologiquement nos souvenirs…Il en est de même de Ru : des souvenirs courts d'une demi-page alternent avec des souvenir décrits sur plusieurs pages, on passe de la gravité à l'humour, on revient en arrière sur un souvenir….
Chaque page nous apporte sa surprise, voyage dans le bateau, souvenir d'un parfum de lessive, arrivée au Canada, camps de rééducation, découverte des vêtements d'hiver et des vêtements d'été, WC occidentaux mouches et fosses d'aisance, camps de réfugiés, scènes de la vie d'enfant, soldats du Nord Vietnam découvrant la vie du sud, la famille…
Une très forte envie de survivre, de s'en sortir…A lire
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Ce roman m'a été offert par mon amie québécoise. C'est une histoire qui l'a émue, touchée et qu'elle voulait partager avec moi. L'histoire d'une femme voyageant à travers ses souvenirs, dans un désordre organisé. A petites touches sobres, elle nous conte son enfance à Saigon dans un milieu aisé et intellectuel, auprès d'une mère aimante mais distante et autoritaire. Puis viendra l'ère communiste dans le Sud-Vietnam, la peur, les humiliations, la fuite en boat people jusqu'à l'arrivée en Malaisie et enfin la vie au Québec et le choc des cultures.

En vietnamien, « ru » signifie berceuse. le récit de Kim Thûy nous berce effectivement par sa plume musicale et poétique. Ses très courts chapitres s'égrènent comme les couplets d'une mélopée qu'une mère chantonnerait pour rassurer ses enfants. Elle nous y retrace sa vie et celle de son pays au fil d'anecdotes, de rencontres, de souvenirs où tous nos sens sont sollicités. On a le coeur qui se soulève à l'évocation des conditions d'hygiène dans le bateau, on entend les pleurs étouffés, le bois qui craque ; on perçoit les senteurs des marchés ou de la cuisine ; les couleurs de la flore, d'un coin de ciel ou du sol boueux du camp de réfugiés ; on frisonne aux premiers flocons d'hiver…

L'auteure rend hommage à sa famille, à ses ancêtres, à sa première institutrice. A ceux qui ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui. Chaque rencontre révèle des joies ou des craintes, des blessures ou une infinie tendresse.

C'est un superbe roman sur l'exil, sur la vie et sa fragilité mais aussi sur la force. Un roman qui parle de mémoire, de racines et d'avenir. Un récit d'une grande délicatesse et d'une réelle beauté.
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Publié en 2009, "Ru" est le premier roman de l'écrivaine québecoise d'origine vietnamienne Kim Thuy.

A l'âge de 10 ans, l'auteure s'est vue contrainte de quitter son pays, le Vietnam, avec une partie de sa famille et quelques 2000 autres "boat people". Avant de rejoindre le Québec, ces hommes et ces femmes échouent en Malaisie, dans un camp de réfugiés à l'espace limité et aux conditions sanitaires plus que douteuses.
Kim Thuy évoque la misère et l'arrivée des communistes sur sa terre natale, la débrouillardise de chacun mais aussi la solidarité pour pouvoir survivre.
Peu importe la dureté de son climat, l'auteure salue la générosité de sa terre d'accueil et de son peuple qui lui ont offert à elle et ses proches un nouveau départ et une indépendance auxquels ils ne pensaient plus pouvoir prétendre.

"Ru" apparaît comme une histoire de départ, de sacrifices et de rencontres.
Kim Thuy raconte les difficultés et la peur de l'exil vers une terre promise qui demeure inconnue et le sentiment de déracinement du au manque de repères face à une culture diamétralement opposée.
Le rapport à la famille et à la maternité est également très présent dans ces lignes. Si l'auteure affiche un certain détachement pour les choses matérielles et l'amour d'un seul homme, elle laisse entrevoir un lien très fort avec ses parents, ses oncles, ses tantes et ses deux fils dont elle prépare l'avenir en leur inculquant les notions de vie simple et de partage.

Au récit de sa propre histoire, l'auteure mêle des témoignages d'autres Vietnamiens qui comme elle ont connu l'horreur de la guerre et en ont gardé des séquelles ou qui au contraire se sont sacrifiés pour que d'autres puissent aspirer au "rêve américain".

Le schéma narratif de ce roman est particulièrement intéressant. Dépourvu de chapitrage et ménageant de larges espaces entre chaque bloc de phrases, il évoque cette mémoire qui vous prend par surprise, par flash-backs, le dépaysement, la difficulté de composer avec des réalités présentes et passées, de passer d'une culture à une autre tout en gardant son identité.
Chaque histoire semble se clore sur elle-même avant de se prolonger quelques pages plus loin.
Aussi, bien que le roman parte un peu dans tous les sens, je ne me suis pas sentie perdue pour autant.
Pour ne rien gâcher, l'écriture sensible et pudique de ce roman est magnifique ! J'étais d'autant plus impressionnée quand j'ai appris que Kim Thuy avait écrit ce premier roman en français.
Malgré la dureté des histoires rencontrées, le ton ne se veut en rien misérabiliste. Ici la douleur se devine plus qu'elle ne s'expose et il se dégage finalement de ce roman un puissant hymne à la liberté.
Un coup de coeur pour 2012 et pas des moindres, youhou !
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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�oup de coeur💖
Mon premier coup de coeur de l'année. Une histoire de l'exil et de la migration de ceux qu'on a un peu oublié désormais, les "boat people" des années 70.
Ce livre est composé de très courts chapitres, une ou deux pages, chacun correspondant à un souvenir de l'auteure. Et chacun de ces souvenirs qui advient dans un désordre chronologique forme une pièce d'un puzzle qui s'assemble progressivement.
Du Vietnam qu'il faut fuir pour survivre aux camps de réfugiés de Malaisie où seule la force des liens familiaux permet de ne pas mourir, Kim Thuy nous raconte son enfance.
C'est un livre où l'émotion ne déborde jamais, où la finesse du récit devient comme un poème en prose qui conte l'horreur, la souffrance mais aussi la résilience dans une nouvelle terre d'accueil, le Québec.
Les vietnamiens qui fuyaient le régime communiste furent accueillis dans de nombreux pays.
Aujourd'hui la migration et l'exil sont toujours là, dans les mêmes embarcations de fortune, avec leur lot de souffrance, de peur et d'horreur. Mais nous préférons regarder ailleurs.

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