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Surement l'ouvrage le plus bouleversant qu'il m'ait été donné de lire.
Ivan Ilitch, conseiller à la cour d'appel se cogne un jour à un meuble mais la douleur persiste, se transformant jusqu'à le mener à la mort.

Tolstoï va nous exposer avec une sincérité crue et dure, le cheminement mental de cet homme dans sa compréhension de ce qui lui arrive.

Bien avant les études d'Elisabeth Kübler-Ross sur les réactions des enfants à la mort imminente, le très fin psychologue de l'âme qu'était le grand Tolstoï nous dresse ainsi les cinq étapes des réflexions et réactions de son malheureux héros :
Déni, colère, Marchandage, Dépression, Acceptation.

Un livre sans concessions, nu et vrai qui vous marque profondément surtout si vous avez dû accompagner un proche vers sa fin.
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De Tolstoï, j'avais le souvenir déjà lointain de longues heures dans un univers passionné et envoutant. Quelque chose où le tragique était haut en couleurs, où les sentiments ne pouvaient être qu'exacerbés, exotiques, destructeurs. Sans doute que je n'avais pas su faire la part entre Anna Karénine et son auteur un peu comme si j'avais pensé à Flaubert comme à quelqu'un de charmant mais superficiel, résolument décidé à tomber amoureux et à vivre la vie débridée qu'il aura fait rêver à Emma. Avec pour circonstances atténuantes le concernant son « Madame Bovary c'est moi » qui, s'il n'autorise absolument pas ce genre de raccourci, invite au moins à faire un parallèle entre le personnage et son créateur. Alors que, soyons clairs, jamais Tolstoï n'a dit qu'il était Anna.
Toujours est-il qu'avec cette attente en tête, je me suis inscrite de gaieté de coeur à ce projet à l'initiative de HundredDreams, que je remercie ici, d'une lecture commune autour de la Mort d'Ivan Illitch. Vous me direz que le titre, à lui seul, promettait bien peu de fleurs bleues ou d'étreinte torride, si ce n'est avec la Camarde. Certes, mais nul n'est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Voilà pourquoi, par un pluvieux samedi de janvier, alors que le faible halo de quelques lampes tentait de vaincre la pénombre, j'ai entrepris d'entendre la Mort d'Ivan Illitch. Oui, entendre car je nourrissais également depuis quelques jours le projet de ceindre mon cou d'une gigantesque écharpe que je me serais tricotée. Elle serait de cette couleur improbable qu'ont les framboises avant que d'être parfaitement mures. La pastèque qu'on aurait réduite en granité. Quelque chose d'incroyablement frais et mousseux à la fois. J'étais emballée. Ayant commandé et reçu la laine, je me suis vite aperçue que sa finesse condamnait mon projet à ne voir le jour qu'après des dizaines et des dizaines de laborieuses heures. Et que si je voulais espérer ressentir la caresse de sa chaleur avant le printemps prochain il n'y avait pas un instant à perdre. Aussi, placée devant le dilemme de commencer ma lecture pour rejoindre les amis Babelio qui l'avaient déjà entamée ou tricoter quelques centimètres afin de me rapprocher un peu du moment où mon ouvrage serait terminé, j'ai entrepris de concilier les deux et de tricoter en écoutant.
Le merveilleux Berni m'avait bien facilité la tâche puisqu'il avait laissé sur notre fil de discussion un lien vers le podcast de la nouvelle. Il s'agissait de la lecture de René Depasse sur la traduction de J.-W. Bienstock, avocat, écrivain, traducteur franco-russe de la fin du 19e siècle.
Aussi, fin prête, une tasse de thé fumant près de moi, confortablement assise dans mon petit salon, alors que le chat dormait en rond dans son panier et que la pluie fouettait les carreaux, j'ai entendu s'élever la voix grave de René Depasse. Quels transports ! de la salle attenante à celle du tribunal aux intérieurs toujours un peu plus cossus de la famille d'Ivan Illitch puis du cabinet où ce dernier a fini par se tenir, les pieds en l'air pour moins de désagrément, j'ai voyagé dans un monde que rien ne rattachait au mien.
Rien ? Sauf peut-être le point que nous avions en commun, Ivan et moi, d'attacher de l'importance à choisir des rideaux et un ameublement qui nous rendent notre environnement plaisant…. Mon douillet intérieur devint tout à coup presque inquiétant comme si sa chaleur était une invite paradoxale pour la faucheuse. Des rafales de vent projetaient des bourrasques de pluie sur les vitres. Mon chat se retourna et se rendormit. L'atmosphère semblait changée, chargée d'une lourdeur qu'elle ne contenait pas auparavant. Et René Depasse engloutissait les chapitres de sa voix de théâtre au phrasé grandiloquent. Malgré la tendresse des mailles que je dressais contre cette histoire, elles faisaient un bien piètre rempart pour arrêter la voix du comédien et à travers elle la médiocrité de cette existence dont le terme, l'interminable agonie, se déversait dans mon salon. Ainsi, alors que se dévidait lentement, tellement lentement, l'écheveau de ma laine rose, rien n'a pu se mettre entre la mort et ce pauvre Ivan Illitch.
Passée l'indignation qui m'a prise de voir ainsi mon après-midi kidnappé par une agonie alors que je pensais benoitement cultiver mon esprit en écoutant un grand texte, j'ai bien dû me résoudre à convenir que, même s'il ne contenait aucune liaison torride et que, sous couvert de patrimoine russe, il avait installé la mort chez moi, il s'agissait néanmoins d'un morceau de littérature.
Le projet en lui-même est impressionnant. Ne raconter que la médiocrité d'une existence et l'interminable, insensée, agonie d'un homme quelconque. N'y laisser l'espoir d'aucune explication, d'aucune transcendance. Dans un style précis et tellement vivant, enterrer son personnage sous la médiocrité de ses humeurs, de ses ambitions et de son entourage. Tout est laid et vulgaire dans la Mort d'Ivan Illitch. le brave homme n'a fait carrière dans la justice que pour échapper au caractère acariâtre de son épouse et amasser des revenus suffisants à leur train de vie. Sa passion pour le whist, qui l'éloigne un peu plus de son foyer, ne lui vaut aucun ami authentique. Ses enfants ne semblent lui montrer qu'une piété filiale très mesurée et vite émoussée par l'horreur de sa lente déchéance physique. Mêmes les sentiments de tristesse que laissent supposer les cernes noirs sous les yeux de son fils cadet sont moins dus à la perte dont l'enfant imaginerait ne pas se remettre qu'à l'effort qui consiste à supporter un malade aussi difficile. Ivan Illitch n'a rien construit de solide et rien ne viendra donc le soutenir dans sa quête de sens. C'est la solitude d'un homme livré à un corps défaillant sans cause explicable. La peine infinie de celui qui n'est que poussière et ne sait l'accepter. Il n'est peut-être que Guérassime, un moujik aussi jeune que naïf qui semble s'accommoder de la situation et trouver une attitude de compassion qui porte un peu d'espoir. Car même le sourire que j'ai pu esquisser, çà et là, surtout au début, l'humour présent entre les lignes ne visent qu'à moquer les petits travers des personnages, jamais à communier dans la grâce divine d'une existence bénie.
Sans doute cette nouvelle a-t-elle sa place propre dans l'oeuvre de Tolstoï et peut-être alors son sens se trouve-t-il éclairé davantage encore par le contre point d'autres écrits où jaillit une foi porteuse d'élan. Reste que prise pour elle seule, elle est un condensé de prosaïsme brillamment affligeant et se trouve ainsi avoir plus d'accointances avec Madame Bovary que son sujet initial n'aurait pu le laisser penser.
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Un livre court et saisissant où un homme va vivre une angoissante et solitaire agonie. Celui-ci a eu une vie confortable mais voit arriver de douloureux problèmes de santé le rendant vulnérable face à son destin : la mort. Entre cet homme, l'hypocrisie de ses proches et un récit rythmé, Tolstoï souligne la fragilité et l'importance de la vie, si précieuse.
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Après une vie où tout semble lui avoir réussi - il a fait une brillante carrière, épousé une jeune femme digne de lui, eu plusieurs beaux enfants - Ivan Ilitch agonise. Il va mourir d'un mal inconnu. Plusieurs mois auparavant, il est tombé en montrant au tapissier comment accroché les nouveaux et superbes rideaux et s'est cogné le flan. Depuis, une douleur sourde le fait souffrir, l'obsède, le ronge... le mal est-il réel? Est-il au contraire le fruit de l'angoisse du personnage? Un peu des deux? Mystère car l'important n'est pas là.
L'important, dans La mort d'Ivan Ilitch, c'est comment, à l'approche de la fin, notre magistrat repense à sa vie, qu'il croyait si réussi et qui, au fond, n'était remplie que de choses superficielles. le service ne lui plaisait pas tant que ça, son épouse et lui ne se sont jamais vraiment entendus, etc. Il plonge dans le désespoir le plus profond, avec la mort comme seul répit.

Ce très court roman est un impressionnant concentré d'émotions. La plume de Tolstoï y est tour à tour tragique, légère, terrible, comique. Il parvient à nous faire ressentir toute l'angoisse, le désespoir d'Ivan Ilitch face au bilan de sa vie. Quelle a été cette vie? Dans la clairvoyance des derniers instants, le personnage accepte enfin l'idée que ce n'a "pas été ça", qu'elle n'a pas été un si franc succès qu'il le croyait.
En bref, ce roman se lit vite et est d'une richesse incroyable !
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De nos jours, cette nouvelle de Tolstoï résonne sinistrement avec le thème de la fin de vie, si régulièrement abordé mais jamais vraiment traité par nos politiques.

J'ai été frappée par le réalisme des scènes de souffrance et de terreur de son héros Ivan Ilitch et par le questionnement malheureusement toujours d'actualité qu'il engendre sur la mort.

Dans la nouvelle, la solitude du malade est terrible : pourtant entouré de sa famille, Ivan Ilitch se sent profondément seul et incompris. Bien sûr, sa femme tente de se montrer compatissante sans y arriver vraiment, sa fille, avec l'égoïsme propre à la jeunesse et à un coeur amoureux, préfère aller au théâtre avec son fiancé... Quant au médecin, on devine que cet incompétent s'en fiche totalement. Autour d'Ivan Ilitch, la vie domestique continue, implacable, sans égards pour cet homme souffrant qui aimerait tant revenir aux jours heureux et insouciants de son enfance, qui est terrifié, qui voudrait comprendre pourquoi il va mourir et pourquoi les autres font comme s'il n'allait pas mourir...

Cette apparente normalité de la vie de famille est très perturbante et nous questionne : pourquoi continuer à vivre comme avant, faut-il mentir à celui qui se meurt, faut-il lui dire la vérité s'il a toute sa lucidité ? Faut-il discuter de ses peurs et de sa mort prochaine ? Cela l'apaiserait-il ? Faut-il aussi hâter par des drogues ou des médicaments la fin d'une vie qui n'est plus que souffrances et terreur ?

Une lecture difficile et bouleversante mais qui a le mérite de nous interpeller sur l'accompagnement que ceux qui restent doivent aux malades condamnés. Bien sûr, elle ne nous livre aucune réponse.

Merci beaucoup à Sandrine pour avoir initié cette lecture commune et à tous les participants pour leurs avis si riches et variés.

Challenge XIXème siècle 2023
Challenge multi-défis 2023
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Voici un récit court dans lequel Léon Tolstoï met en scène un homme, fonctionnaire menant une vie correcte et décente, gravissant petit à petit les échelons, se mariant sans vraiment d'amour, engendrant cinq enfants dont trois décèdent. Sa vie lui paraît tout à fait satisfaisante, jusqu'à ce qu'il tombe malade. Là il s'interroge pourquoi lui, pourquoi doit-il souffrir puis mourir ? C'est une longue interrogation au bout de laquelle il revoit sa vie et se dit qu'il n'a pas vécu la vie qu'il devait, que ce qui paraissait une ascension n'était qu'une lente descente aux enfers, sans véritable joie sauf celles de son enfance.
Cette peur de la mort semble avoir été celle de Léon Tolstoï lui-même.




Challenge ABC 2019-2020

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Un roman assez court et dont le sujet est pourtant pour chacun de nous un sujet majeur : celui de la mort.

En quelques pages Tolstoi nous décrit, avec une plume limpide et exceptionnelle de clarté, ce cheminement qui fait d'un homme "normal" un homme qui va mourir.

Insidieusement la maladie s'installe et inéluctablement la mort sera au bout du chemin, avec au passage le cortège de questions et de doutes, les regards sur le passé et les espoirs sur un futur possible.

Toute la petitesse et la misère de nos humaines attitudes face à la mort sont décrites avec précision et réalisme.
Le texte est sublime, court, percutant et revêt un aspect universel, car nous serons tous, (et on le sait bien) , confrontés à ces moments de réalité et d'introspection face à nos vies qui s'achèvent et devant la grande faucheuse, bien obligés de la suivre...

Un livre exceptionnel que je recommande vivement.


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La mort : toujours ce thème revient chez Tolstoï, et je n'ai jamais lu d'autre auteur qui l'aborde si frontalement, si longuement, si profondément que lui.
J'avais été extrêmement frappée par la longue scène de la mort du prince André dans Guerre et Paix, puis par celle du frère de Levine dans Anna Karenine; mais ces deux moments intenses de lecture se démarquent dans mon souvenir de la mort d'Ivan Illitch par le fait que seule cette dernière, au-delà du fait que c'est le thème central du livre, a provoqué en moi un sentiment aussi ambivalent, fait à a fois d'effroi glacial, de sensation d'oppression à contempler le néant terrifiant dans lequel Ivan Illitch tombe, et en même temps de sérénité et de paix à mesure que la mort approche.
Je relirai certainement ce texte indispensable, ne serait-ce que pour sa beauté.
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Un homme s'apprête à mourir comme on entre en scène, le ventre secoué d'angoisses, le corps pétri de douleurs. le public - sa famille, ses amis - perd patience devant l'interminable agonie. En comédien tragique, Ivan Ilitch soumet son être et son âme au questionnement de tous les hommes qui sentent la fin trop proche : ma vie fut-elle digne d'être vécue ?

A travers le regard pathétique d'un bourgeois ordinaire, Tolstoï se joue des malades et des docteurs, des fonctionnaires intéressés, des familles indifférentes et des apparences matérielles stériles. Il met à nu un homme richement vêtu, nous l'offre comme un miroir et touche ainsi à l'universel. Court et magnifique !
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Dans ce court roman Léon Tolstoï nous montre qu'au 19ème siècle le thème de la fin de vie était déjà une préoccupation, du moins en littérature. "La mort d'Ivan Ilitch" commence par le décès d'un homme sans que ses proches semblent vraiment bouleversés.
On remonte dans le temps pour apprendre ce qui s'est passé pour Ivan Ilitch, juge d'instruction puis substitut du procureur, qui fut l'un des premiers à mettre en pratique le code de 1864. Peu importe ce que c'est car tous les détails professionnels et familiaux indiquent que le juge cherche à mener une existence correcte et telle que l'approuvait la société. Un conformiste bourgeois en quelques sortes qui va pourtant sombrer après s'être blessé. On ne sait pas vraiment ce qu'il a, quel est son mal. Il va prendre conscience de son état de mortel et c'est ce qui est intéressant dans ce roman. D'ailleurs, Ivan Ilitch ne parle pas de sa maladie mais de ce qu'il ressent face à la mort qui approche.
Si l'attitude de sa femme et de son médecin est navrante, le malade ne désire lui que la vérité sur son état car l'épouvante de la mort vient du fait qu'il se retrouve seul dans une vie qui se termine. Il n'y aura que son domestique pour le comprendre et l'accompagner à supporter ses derniers jours de souffrance.
Si ce roman est excellent, je ne suis pas entièrement d'accord avec l'interprétation du sens qu'Ivan Ilitch donne à sa vie au moment de mourir. Pourquoi se serait-il menti ? Pourquoi se serait-il trompé ? Ne peut-on pas se satisfaire d'une vie banale ?
Ce qui est certain, c'est que Tolstoï nous incite à profiter de la vie en toute lucidité.


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