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EAN : 9782080647788
212 pages
Flammarion (08/01/1992)
3.82/5   59 notes
Résumé :
Ce nouveau roman d’Henri Troyat se situe à Paris, en 1968, et raconte le drame poignant d’une solitude : celle d’un vieil émigré russe qui continue à vivre par la force acquise dans un monde qui n’est plus le sien. Autour de lui, ses fils s’agitent , des projets s’élaborent, des liaisons se nouent, des événements politiques éclatent, tandis que son champs d’activité se rétrécit de jour en jour. Assisté par une gouvernante avec qui il forme un couple navrant et cocas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Igor Dimitrievich a, à présent, tout le temps nécessaire pour écouter son coeur. Il se fait vieux son coeur, comme lui, il fait des incartades son coeur, lui ne peut plus . il va bientôt fêter ses quatre-vingt treize ans et il est fatigué, très fatigué, et la solitude lui semble de plus en plus lourde à supporter. Hélène, son épouse, les a quitté il y a déjà longtemps, ses fils mènent leur vie . Seule maitresse à bord, Zénaïde Antonovna prend soin de lui et s'occupe de la maison....
Alors Igor Dimitrievich remonte le fil du temps et se souvient du temps d'avant , du temps de la Russie quand il était un homme entreprenant, jeune, riche , du temps d'avant la Révolution, du temps d'avant l'exil et l'arrivée en France...
Un constat doux-amer sur la vieillesse, sur l'exil , sur la solitude qui envahit l'espace peu à peu inexorablement . Un constat teinté de tendresse, de douce ironie aussi, le constat d'un écrivain qui n'est plus tout jeune non plus ... mais un écrivain qui manie la plume avec une élégance rare . Que du plaisir....

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Un roman en partie autobiographique, car le héros est inspiré par la vie du père de l'auteur. Dans ce livre tout en finesse, Henri Troyat se montre une nouvelle fois grand psychologue. Là, il sonde l'âme d'un vieil émigré russe, en fin de vie, exilé à Paris, qui ne comprend plus grand chose à l'agitation du monde et qui vit tourné vers le passé avec les souvenirs de la vie heureuse et luxueuse qu'il menait en Russie avant de fuir au moment de la révolution de 1917. Il ne comprend pas plus ses deux fils, presque sexagénaires, bien intégrés à la vie française et ayant oublié leurs racines. Un roman merveilleusement écrit - Henri Troyat était un écrivain rigoureux et talentueux - teinté à la fois de nostalgie et d'un humour assez féroce, montrant le héros du livre aux prises avec sa dame de compagnie, russe et orthodoxe comme lui, qui l'agace mais dont il ne pourrait se passer. Un livre vrai, authentique.
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Ce livre retrace les derniers mois d'un vieil exilé russe à Paris, en 1968.
L'auteur s'est librement inspiré de la fin de vie de son père.
Dans la tête d'igor Lebedev, passé et présent se confondent et il se retrouve fréquemment dans Moscou enneigé, au début du XXème siècle.
Rien ne le rattache aux agitations de l'époque, il a perdu une grande partie de ceux qu'il aimait et il se complait dans un égoïsme sénile, en s'apitoyant sur son sort.
C'est une très belle peinture de la vieillesse et de l'exil que nous présente ici Henri Troyat (né Lev Aslanovitch Tarassov à Moscou en 1911) et, même si ce roman est difficile à lire (émotivement parlant et parce que le personnage principal est tout sauf sympathique), il vaut la peine de s'y intéresser.
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La phrase de Charles de Gaulle,"la vieillesse est un naufrage" pourrait en partie résumer ce livre. Henri Troyat nous raconte en effet le lent naufrage d'Igor Lebedev, vieil immigré russe parisien. Une gouvernante, elle-même émigrée russe et qui l'agace au plus haut point, prend soin de lui. Ses deux fils, très occupés, viennent le voir de temps en temps, mais beaucoup moins qu'il le souhaiterait. Plongé dans ses souvenirs d'une Russie désormais disparue, il s'éloigne chaque jour un peu plus de ce monde qu'il comprend de moins en moins. Un sursaut de vie le saisit lorsque l'un de ses fils lui présente sa nouvelle épouse, à qui il trouve toutes les qualités. Ce passage n'est pas sans rappeler un épisode de "La lumière des Justes". Ce roman pourrait paraître sinistre: sans être pour autant primesautier, l'immense talent de cet auteur, qu'il ne faudrait pas oublier, en fait un livre poignant, drôle et juste. Je n'avais pas lu de Troyat depuis des années, mais je suis heureuse de le retrouver, émerveillée de découvrir que je n'ai pas tout lu.
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Très touchée par ce livre, mais je pense qu'il faut avoir de la maturité pour l'apprécier puisqu'il parle d'une fin de vie, du père russe, 93 ans qui va mourir. Ce père est choyé par une femme russe qui vit avec lui depuis 30 ans, femme de ménage, aide, qui vient du passé d'Igor, du temps où il vivait royalement dans la Russie tzarine, dans l'opulence. Mais ayant du fuir en France au moment de la révolution, ayant fait de mauvais placement, il se retrouve dans un appartement, à la merci de la pension que lui accorde ses 2 fils Nicolas et Boris. Mêlé de souvenirs et des quelques émotions de sa vie actuelle, Igor vivote, bougonne. Et c'est tellement juste ! Vraiment impressionnée de se sentir à la place de ce vieil homme et même ses réactions au drame final, sont, pour avoir vu de près aussi la même chose, tellement crédibles. Donc bouleversant, jamais triste mais touchant , il faut savoir pourtant ce qu'est la vieillesse pour pouvoir apprécier.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Soyez la bienvenue chez nous, Martine, reprit Igor Dimitrievitch en levant son verre.
Et soudain il s'avisa qu'il la vouvoyait encore, alors qu'il avait toujours tutoyé ses belles-filles.
- A présent que vous êtes tout à fait entrée dans la famille, reprit-il, je vais vous dire tu.
Elle eut ce demi-sourire velouté qu'il aimait tant et répondit :
- Je vous en remercie, père.
Il enchaîna avec une rude bonhomie :
- Un bon conseil : tâche de grossir un peu! Tu es si mince! Un souffle te casserait en deux!
Tout le monde rit. On trinqua encore. La gorgée de champagne qu'Igor Dimitrievitch avait bue lui piquait agréablement la langue. Bien sûr, il s'agissait là d'un mariage au rabais, d'un mariage à la sauvette. Sans prêtre, sans chants liturgiques, sans robe blanche. Homme d'un autre temps, Igor Dimitrievitch eût préféré les fastes d'or et d'encens de l'église de la rue Daru. Mais deux divorcés ne pouvaient prétendre à la splendeur de ce rituel. Tant pis, il fallait, à l'occasion, savoir se montrer moderne. Les yeux d'Igor Dimitrievitch parcoururent l'assistance et se posèrent sur Eric. L'enfant avait un air penaud et un peu triste parmi tous ces étrangers surexcités. "A quoi peut penser un fils de douze ans dont la mère se remarie?" se demanda Igor Dimitrievitch. Il eut pitié du gamin. Et aussi de lui-même. Tous deux étaient de trop dans cette fête des adultes.
- Viens ici, toi! lui dit-il.
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La patience préférée d'Igor Dimitrievitch était la "Kossynka" (le fichu), dont sa femme lui avait appris toutes les subtilités. Ce soir, la disposition des cartes, rangées devant lui en triangle pour figurer une fanchon, était particulièrement diabolique. L'esprit à la torture, il cherchait en vain une échappatoire. Il allait s'avouer vaincu, lorsqu'on sonna à la porte.
Igor Dimitrievitch tressaillit. Il avait gardé un souvenir si tragique des perquisitions de nuit, en Russie, à l'époque de la révolution, que, même en France, passé huit heures du soir, toute visite imprévue lui paraissait suspecte. Il regarda Zénaïde Antonovna comme pour lui demander qui pouvait bien venir ainsi, après le dîner, sans s'être annoncé par téléphone. Elle semblait aussi surprise que lui.
- N'ouvrez-pas! chuchota-t-il.
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Il ne restait plus que quatre petits sablés. Igor Dimitrievitch allongea la main pour en prendre un.
- C'est trop pour vous, lui dit Zénaïde Antonovna en mettant le plat hors de sa portée. Vous en avez déjà mangé cinq.
- Non, trois, dit-il.
- Cinq. J'ai compté.
Elle le clouait du regard. Devant ses enfants. C'était un comble. Il voulut crier, taper du poing sur la table, mais tout son corps se dénouait. Il n'était plus qu'une gélatine d'os et de nerfs, qui tremblait dans un costume trop large. Une envie de pleurer lui obstruait la gorge.
- C'est mauvais pour lui de manger tant, expliquait Zénaïde Antonovna à Huguette. Je suis obligée d'être sévère pour la nourriture. Le docteur Philippov me l'a recommandé.
- Pour une fois! dit Huguette, d'un ton enjoué.
Devant cette supplication déférente, Zénaïde Antonovna céda. A présent qu'on l'autorisait à prendre encore un sablé, il n'en voulait plus. Il punissait les autres en se punissant.
- Je n'ai pas faim, dit-il.
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En rouvrant les yeux, Igor Dimitrievitch Lébédev eut l'impression que son corps, soudain rajeuni, flottait à la surface d'une eau tiède. incontestablement, il allait mieux que la veille. Sa légère douleur dans la poitrine avait disparu. Il respirait presque sans effort.
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À force de ne plus voir au-delà du lendemain il avait perdu le goût de l'avenir
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