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EAN : 9782253146087
153 pages
Le Livre de Poche (01/03/1999)
3.41/5   27 notes
Résumé :
Le jeune Léon Tarassov a dû fuir avec sa famille la Russie déchirée par la révolution bolchévique. Dans le Paris des années vingt, pris entre un univers familial que hante encore le passé russe et un univers français où tout est à découvrir, le jeune émigré doit s'inventer une vie nouvelle.

Les parents s'échinent à gagner quatre sous; le frère devient un scientifique, la sœur une danseuse. Avec son ami Nikita, Léon tente d'écrire un roman d'aventures... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Dans un style classique mais plein d'énergie Henri Troyat nous offre un roman âpre, superbement bien construit où les nobles sentiments comme l'amitié et la mémoire ont un véritable sens.

Le Fils du satrape est une méditation sur la puissance de la littérature pour nommer ce qui fut et demeurera.

Les mots couchés sur du papier ont ce pouvoir magique de survivre à toutes les peines, à toutes les tragédies, à tous les changements. L'auteur cherche à démontrer comment la création panse des cicatrices, émancipe et permet une forme de sororité.

Le thème de l'exil et de la perte de l'innocence est abordé avec recul, intelligence et sans atermoiements. La technique narrative est magistrale car souvenirs et réalité se mélangent, nostalgie/fidélité à ses origines et l'envie d'intégration se disputent une place.
Avec toute la fougue et l'innocence de la jeunesse le petit Léon Tarassoff qui a fuit la Russie natale sera vite obligé de s'adapter, de « devenir » français. le prix à payer pour exister en tant qu'auteur va jusqu'à devoir changer son propre nom.

Ce roman est à lire pour sa sincérité, qui nous réconcilie avec ce terme galvaudé et parce qu'il est porté par un sens réel de la narration.

Le parfum un tantinet désuet qui s'en dégage est enivrant.

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Le jeune Léon n'avait que sept ans quand il a dû fuir Moscou - aux mains des Bolcheviks -, avec sa famille. Un voyage épique où le père est séparé de sa femme et de ses trois enfants, pour rejoindre Constantinople puis Venise où la famille se retrouve, et enfin atteindre la destination tant espérée, la France et Paris. le jeune garçon, inscrit au Lycée Pasteur de Neuilly sur Seine, retrouve trois ans plus tard, Nikita Voïevodoff, avec qui il avait sympathisé sur le bateau les amenant à Venise. Autant la famille de Léon, des Russes blancs éduqués, espèrent le retour dans la mère patrie, délaissant leurs moyens de subsistance, pensant leur situation transitoire, autant la famille de Nikita affiche une réussite sociale insolente...Avec un peu de sentiment d'infériorité, Léon s'accroche néanmoins à cette amitié et cette famille fantasque, Nikita lance même l'idée d'écrire un roman à quatre mains, un roman d'aventures, qui leur promet un succès assuré, dont il trouve le titre, le fils du satrape...

Avec ce récit, Henri Troyat revient sur son enfance et sur sa famille, du temps où il s'appelait encore Léon Tarassoff. Au fil de l'amitié avec Nikita et de la recherche des péripéties qu'ils veulent coucher sur le papier, les souvenirs refont surface, le départ précipité - laissant l'écurie en feu, les papiers (titres de propriété, relevés bancaires) entassés dans les valises, les bijoux cousus dans la doublure des vestes, le trajet chaotique et difficile dans un wagon à bestiaux, puis dans la cale mal aérée du navire...Des souvenirs difficiles mais qui sont transcendés et érigés en véritables aventures, dans les yeux du jeune garçon, stimulé par l'enthousiasme de son ami qui lui, a connu des conditions de transport bien meilleures.
Le fils du satrape est une évocation idéalisée au travers des yeux d'un enfant, d'une amitié enfantine et surtout d'une époque difficile pour la famille, le père se démenant pour conserver un minimum pour survivre, se battant comme un beau diable pour survivre dans le petit appartement, occupant tous les petits boulots et gardant toujours au coeur le retour dans la Russie, un projet qui s'éloigne de plus en plus.
Le fils du satrape est un roman de souvenirs émouvant et un roman d'apprentissage instructif sur la trajectoire d'Henri Troyat.
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Allons, vite, vite, allez donc découvrir ce fils du satrape et ses horrifiques aventures mouvementées .... ce qui a peut-être permis au jeune Lev Aslanovitch Tarassov, débarqué à Paris en 1920 pour cause de révolution russe de devenir quelques années plus tard le très célèbre Henri Troyat, gagnant du prix Goncourt en 1938 pour son 4ème roman : l'Araigne !

Heu, rassurez-vous, ce ne sera pas très long ! car "le fils du satrape" n'est que le fruit très court et très vert des élucubrations de 2 jeunes garçons, Lev et Nikita qui ont décidé de pondre un chef d'oeuvre à 4 mains. Rien que ça ! mais ils vont vite réaliser qu'au terme de plusieurs assassinats, incendies, trahisons, folles étreintes amoureuses leur verve créatrice va s'essouffler radicalement ! et la vie suivra son cours sur des chemins très différents pour chacun des 2 jeunes garçons, mais ce délire pseudo littéraire aura permis au futur académicien Troyat de réaliser qu'il voulait devenir écrivain et rien d'autre !

Ce court roman se déguste comme un bonbon acidulé, très acidulé même car Henri Troyat va redonner vie au tout jeune garçon, le petit Lev, fuyant la Russie avec toute sa parentèle, parents, fratrie, gouvernante, et grand-mère totalement perdue dans un monde qui n'existe plus.
Il évoque avec une tendresse distanciée, une émotion non dénuée d'humour les tribulations familiales pour fuir les bolcheviks, le début d'incendie d'un train dans lequel ils sont enfermés, le rafiot immobilisé sur la Volga pour cause de grève de l'équipage, alors que l'armée rouge est dangereusement proche, le bateau de la liberté - sur lequel le jeune Lev de 9 ans va rencontrer Nikita, son aîné de 2 ans - qui emmène la famille Tarassov de la mer Noire jusqu'à Venise.... où elle ne restera qu'une seule nuit avant de rejoindre, en gondole sur le grand canal, émerveillée et heureuse, le train pour Paris, la destination finale.

Il conte avec pudeur et amour l'existence très chiche de ses parents dans la capitale, qui, comme beaucoup d'immigrés ont pratiquement tout perdu, n'emmenant de Russie qu'une poignée de bijoux, ce qui ne permet guère de survivre très longtemps, leur courage devant l'adversité et leur espoir de retourner chez eux qui va s'amenuisant avec le temps.
Eux sont des russes en exil ; quant à lui, son avenir c'est la France !

Le lecteur de ces souvenirs de jeunesse retrouve avec bonheur dans l'évocation douce-amère que Troyat, d'une plume légère et attendrie, fait de la famille Tarassov, des traits de caractère que l'auteur a attribués à certains des personnages de son épopée "Tant que la terre durera" inspirée de ses souvenirs de Russie.
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J'ai beaucoup aimé cette autobiographie d'Henri Troyat, d'autant plus qu'ils ‘agit d'un auteur que je connais mal. L'occasion de combler un trou dans sa culture est toujours intéressante, vous ne trouvez pas ?

Première surprise : apprendre qu'Henri Troyat n'est en fait qu'un pseudonyme pour un jeune homme né en Russie. Si je ne l'avais pas lu de la main de Troyat / Tarassov lui-même, je n'y aurais pas cru, tant Henri Troyat semble lié à la culture et à la langue française.
Les détails des difficultés de la famille m'ont également secouée. le dénuement et la misère de cette famille qui, chez eux, vivaient dans l'opulence, montre à quel point la vie d'immigré était dure à cette époque. Des gens qui, en Russie, faisaient partie de ceux que l'on respecte, se trouvaient réduits, une fois en France, à mendier un emploi à gauche ou à droite afin de permettre à leur famille de manger.

Le jeune Léon a, heureusement, trouvé un moyen de s'évader, pour quelques heures par semaine, de cette ambiance morose : l'écriture. le jeune garçon a déjà une jolie plume, il est doué pour les études et, avec l'un de ses anciens camarades, il se lance dans l'écriture d'un roman, intitulé « le Fils du satrape ». le scénario en est alambiqué, parfois trop pour Léon qui montre déjà un réel talent pour deviner ce qui plaira ou non aux lecteurs.

Il est en quelque sorte très ironique de constater que c'est ce roman d'enfance, resté pour toujours inachevé, qui va mener Léon vers la carrière d'écrivain. Qui aurait cru que ce récit commencé à quatre mains, mais abandonné après quelque temps, par manque d'enthousiasme de la part de Nikita (l'ami de Léon), donnerait naissance à l'un des plus célèbres écrivains français ?

Un beau moment d'émotion passé en compagnie d'un grand monsieur !
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Autobiographie d'Henri Troyat. Lettre T de mon Challenge ABC critiques Babelio.

La famille Tarassof a fui la Russie bolchévique. Les parents, le jeune Léon, ses aînés Alexandre et Olga, la grand-mère et la gouvernante française arrivent en France. "Nous arrivions, à bout de souffle et d'argent, de la lointaine Russie, après un exode périlleux qui nous avait promenés en zigzag à travers le pays déchiré par la révolution bolchévique. [...] Il fallait fuir, passer à l'étranger, perdre sa patrie pour sauver sa peau." (pp. 7 et 8) À Paris, la famille Tarassof vit chichement, bien loin du faste de sa vie bourgeoise en Russie. "Maman avait raison: il fallait se restreindre sur tout quand on avait choisi de vivre à la française." (p. 37) Il retrouve le jeune Nikita Voïevodoff, rencontré sur le bateau qui les emmenaient tous loin de la Russie. Les jeunes garçons décident d'écrire un roman d'aventure, intitulé le fils du satrape, d'après des principes idéalistes: "Si tu veux intéresser, il faut mentir." (p. 45) ou "Tant qu'une histoire est rêvée, pensais-je, on a le droit de la prendre pour un chef-d'oeuvre. C'est en l'écrivant qu'on risque de la gâcher." (p. 59) L'écriture de ce roman fait ressurgir des souvenirs de la fuite, certains nourrissent la jeune histoire des deux amis. Léon grandit et devient plus qu'un émigré russe, il devient français, jusqu'à sa demande de naturalisation, jusqu'à la reconnaissance de son talent d'écrivain et son changement de nom. Léon Tarassof devient Henri Troyat quand Plon accepte de publier son premier roman Faux-jour. "Le titre était de moi, le texte était de moi, mais l'auteur était certainement quelqu'un d'autre. Son nom - Henri Troyat - ne me disait rien. En me faisant naturaliser, j'avais fait naturaliser mon livre. Sous cette identité d'emprunt, il ne m'appartenait plus. Il était l'oeuvre de n'importe qui." (p. 136) Henri Troyat relate avec tendresse et nostalgie sa vie d'exilé, d'enfant et ses débuts d'écrivain.

Le fils du satrape, c'est un roman d'adolescent à jamais inachevé, parce qu'entrepris avec trop légèreté et parce que la vie a pris soin de séparer les amis en dépit de leur pacte d'écriture. le satrape, c'est un "dignitaire qui, dans l'ancienne Perse, exerçait une autorité despotique sur une province." (p. 46) le fils du satrape, c'est surtout Henri Troyat, malmené par L Histoire, chassé de Russie et accueilli par la France, mais ni vraiment russe ni jamais complètement français.

Henri Troyat parle de son père avec beaucoup de tendresse. Il se rappelle les illusions de celui-ci et ses rêves de retour en Russie, ses ambitions bafouées d'homme valeureux. Il mesure aussi la fracture qui s'opère entre eux. Alors qu'il prend son envol vers une autre réalité et une autre patrie, son père s'accroche à ses souvenirs et à ses regrets. "Pendant qu'il relisait ces papiers qui n'étaient plus que des trompe-l'oeil, il se donnait l'illusion de prendre, pour quelques heures, une juste revanche. C'était sa façon à lui de jouer au Fils du satrape. Je le trouvais ridicule dans son entêtement à remuer ce tas de feuilles mortes et, en même temps, j'avais envie de l'embrasser pour lui demander pardon d'être jeune et de ne pas souffrir autant que lui d'avoir perdu ma patrie. Entre maman qui tirait l'aiguille [...], et papa qui additionnait infatigablement des roubles de fumée et des certificats factices, je me sentais doublement en exil. Séparé de mon pays d'origine, je l'étais aussi de la réalité. Je flottais entre deux univers." (p. 67)

Dans cette courte autobiographie, on découvre la naissance de la passion d'écrire qui a animé très tôt le jeune Léon. La découverte des auteurs français et la lecture des grands génies de la littérature russe font bouillonner en lui le besoin d'écrire. Son changement de nom, pour des raisons commerciales, est vécu comme un affront faits aux écrivains russes qui ne percent pas en France. Tout en pudeur, il exprime ses aspirations d'écrivain et ses débuts timorés.

Henri Troyat est connu pour être un biographe prolixe. En lisant son autobiographie, je craignais qu'il n'use des mêmes ficelles que celles employées dans ses récits biographiques. Mais il évite l'écueil et j'ai retrouvé ici la fine plume de l'auteur qui m'a conquise avec son recueil le geste d'Eve et son roman L'araigne.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Au bout d'un moment, maman dit, comme se parlant à elle-même :
- Il faudra que nous revenions à Venise
- Je te le promets, Lydia ! répliqua mon père en baissant la tête.
Tout à coup, il ressemblait moins à un chef de famille raisonnable qu'à un élève pris en faute. J'admirai ce renversement de situation entre les deux puissances tutélaires qui veillaient sur mes jours, l'une par la douceur et le primesaut, l'autre par l'autorité et l'expérience.
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Peut-être l’enthousiasme créateur avait-il été interdit une fois pour toutes, aux adultes? Quand on avait une idée en tête, il fallait profiter de son manque d’expérience pour la mettre en pratique. Sin on réfléchissait trop, si on pesait le pour et le contre, on perdait le bénéfice de la fraîcheur.
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"Pendant qu'il relisait ces papiers qui n'étaient plus que des trompe-l'oeil, il se donnait l'illusion de prendre, pour quelques heures, une juste revanche. C'était sa façon à lui de jouer au Fils du satrape. Je le trouvais ridicule dans son entêtement à remuer ce tas de feuilles mortes et, en même temps, j'avais envie de l'embrasser pour lui demander pardon d'être jeune et de ne pas souffrir autant que lui d'avoir perdu ma patrie. Entre maman qui tirait l'aiguille [...], et papa qui additionnait infatigablement des roubles de fumée et des certificats factices, je me sentais doublement en exil. Séparé de mon pays d'origine, je l'étais aussi de la réalité. Je flottais entre deux univers." (p. 67)

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Le propre d'un écrivain n'était-il pas de savoir célébrer toutes les passions sans en avoir éprouvé aucune ?
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"Le titre était de moi, le texte était de moi, mais l'auteur était certainement quelqu'un d'autre. Son nom - Henri Troyat - ne me disait rien. En me faisant naturaliser, j'avais fait naturaliser mon livre. Sous cette identité d'emprunt, il ne m'appartenait plus. Il était l'oeuvre de n'importe qui." (p. 136)
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