L'année du soleil calme

Il y a des jours où, ayant achevé un livre, vous ne savez pas trop quel remplaçant lui choisir parmi ceuxx qui vous attendent.
C'était mon cas hier. Et je suis passé par hasard devant le rayon de ma bibliothèque où sont ranges mes exemplaires de la merveilleuse collection Ailleurs et demain, dans leur première mouture, avec leur couverture métallisée. Dans les années soixante dix, ces livre furent la providence des lecteurs de SF lorsqu'ils sortirent de la longue disette des années soixante.
En les regardant de plus près, je suis tombé sur L'année du soleil calme; je l'avais lu lors de sa parution originale en 1973, et j'en gardais un bon souvenir, mais assez vague, me rappelant seulement que c'était une histoire de voyage dans le temps et qu'il y était question de manuscrits araméens.
Quelque chose d'intéressant en somme.
Alors pourquoi ne pas le relire?
C'est ce que j'ai fait, et mes sentiments sont mitigés. Disons d'abord que l'ouvrage a vieilli, comme il arrive souvent aux anticipations à court terme; l'intrigue du libre, écrit en 1970, se situe en effet en 1978, "présent" où est inventée la machine et dans les années qui suivent, que vous découvrons à travers la relation des différents voyages temporels. Ce "futur" se déroule donc entre 1970 et 2020 environ.
Et c'est là que les choses se gâtent. Si Brian Chaney, principal protagoniste du livre, est futurologue (et accessoirement archéologue spécialiste de l'araméen (mélange improbable) et traducteur d'un manuscrit trouvé à Qumran consistant en une version de l'Apocalypse attribuée à jean, mais bien antérieure à l'ère chrétienne ( d'ou scandale pour ceux qui, en bons Américains, s'en tiennent à une approche littérale de la Bible)- le voilà, mon manuscrit araméen, qui, contrairement à mon souvenir, ne joue qu'un rôle mineur dans l'intrigue) ) (si donc Brian Chaney est futurologue, Wilson Tucker n'a pas ses talents de prévisionniste, assez mince d'ailleurs d'après les exemples qu'on nous en donne(*)
L'action débute donc en 1978 alors que la Guerre du Vietnam se poursuit, avec la participation ouverte de la Chine; quelques bombes nucléaires ont été échangées, sans pour autant déboucher sur une apocalypse (tiens nous y revenons!) généralisée.
Et les choses vont de plus en plus mal, ainsi que nous le voyons avec les voyages qui s'échelonnent dans le futur du livre; mais nous n'y croyons pas, parce que ce futur est notre passé, dont nous savons bien qu'il a été différent (et bien meilleur, comme quoi le pire n'est pas toujours certain)
Bon, je laisse quand même un peu de suspense...
Juste une chose, pour le plaisir. Un président des Etats Unis élu en 1976, à la fin du second mandat de Nixon (eh non, pas de Watergate, mais il n'a pas fait la paix au Vietnam) joue un rôle particulièrement néfaste dans l'évolution des choses; il est réélu en 1980, et à cette occasion, on trouve le dialogue suivant
"— Que pensez-vous de 1980, M'sieur ?
— Pas grand bien, et ce sera encore pire lorsque j'y vivrai. Cette poule mouillée a été réélue, et le pays va à sa ruine. Il l'a emporté dans quarante-huit États, c'est un vrai raz de marée. Vous avez vu les résultats ?
— Je les ai vus, et à l'heure qu'il est William a annoncé la nouvelle à Seabrooke, qui téléphone au Président. Il va fêter ça ce soir. Mais moi, je ne vais pas voter pour lui, M'sieur… Je sais que je n'ai pas voté pour lui. Et si je suis aux États-Unis à cette époque – maintenant – je choisirai un des trois États qui ont voté pour l'autre type, le vieux Machin-chouette, l'acteur"
Une pensée émue pour le Vieux Machin Chouette, qui, clin d'oeil de l'histoire, a été élu dans notre 1980; Ronnie, tu n'étais pas si mauvais!
A part cela, l'intrigue est un peu mollassonne et les personnages moyennement attachants, malgré une histoire d'amour qui finit mal avec un petit paradoxe temporel à la clef, et aussi un peu énervants, car, malgré les catastrophes dont ils ont été les témoins, aucun d'entre eux, revenu dans son présent, ne fait le moindre effort pour modifier son futur; mention spéciale à Chaney qui flingue en plus sa vie amoureuse par procrastination
Alors? A lire ou pas? Bof...
C'est amusant pour les raisons que j'ai dites; mais l'histoire ne décolle pas. A vous de voir.
J'ai quand même mis trois étoiles pour la nostalgie, ce livre me rappelant de bons souvenirs personnels


(*) Chaney travaille d'ailleurs pour un organisme qui, selon la quatrième de couverture d'époque, mais utilisée dans les éditions plus récentes, fait penser au Hudson Institute; ceux d'entre nous qui sont assez âgés se rappelleront Qu'Herman Kahn, directeur de cet organisme, publia au début des années soixante dix un ouvrage intitulé "L'an 2000". ce fut un best-seller, dont toutes les prédictions, malheureusement pour l'auteur et pour ceux qui y ont cru étaient fausses; dommage, d'ailleurs, car certaines étaient assez sympathiques; mais pensez-y la prochaine fois qu'un journaliste ou essayiste vous expliquera ce qui va se passer dan les prochaines années

PS; J'ai parlé plus haut de l'écueil auquel se heurtent les anticipations à court terme; il est cependant un livre écrit en 1972 dont l'intrigue commence en 1977, qui l'évite presque totalement, sans doute parce qu'il débouche ensuite dans une temporalité toute autre, il s'agit de l'excellent Malevil de Robert Merle.

Lecture décevante. Je me suis procuré le livre car il a des thèmes passionnants; je suis très attiré par le voyage dans le temps, mais souvent, les lectures sont, aux mieux, moyennes, ou aux pires décevantes. Ce roman fait parti de la deuxième catégorie. L'intrigue prend du temps, mais VRAIMENT BEAUCOUP de temps, à se mettre en place. Au bout d'un moment (plus ou moins un quart [1/4]) j'ai même commencé à sauté des pages (et des chapitres entiers), ce qui est très mauvais signe.

L'auteur aurait pu faire une bonne intrigue (voyage dans le temps, guerre raciale dans le futur), mais il préfère nous décrire les cuisses de [j'ai oublié son nom]. J'ai mis fin à la torture (c. à. d. cette lecture) au bout de trois-quarts [3/4] du livre. Je suis allé aussi loin, car j'avais toujours de l'espoir, je pensé que l'intrigue, la vraie, allée ENFIN commencée. Mais j'avais tort. Lecture très décevante.

Ce livre va au-delà de la science fiction. D'ailleurs, pour beaucoup d'auteurs, la science fiction n'est qu'un prétexte... Il faudrait que je le relise , mais ce qui me reste en mémoire, c'est avant tout le destin qui sépare les humains au fil du temps et le devenir d'une société qui court vers l'atome. Cette histoire a été écrite dans une période sombre des Etats-Unis, avant que le pays ne bascule dans l'ultra libéralisme. La politique prenait alors plus de place que l'argent. Si vous aimez cette ambiance sombre des années 70, n'hésiter pas ! Lisez l'année du soleil calme !

allez je vais dire je me laisse porter par l'histoire. J'adore l'écriture fluide, rapide et Ellana m'inspire alors je dévore. A peine fini, j'ai attaqué le 3eme tome!!! bonne lecture