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Les Chroniques de Durdane tome 1 sur 4

Bruno Martin (Autre)Alain Garsault (Autre)Arlette Rosenblum (Autre)
EAN : 9782266009331
221 pages
Pocket (30/11/-1)
3.83/5   55 notes
Résumé :
Les hommes ont oublié la planète Durdane. Pour eux, elle n'est plus qu'un mythe. Seuls les membres de l'Institut d'Histoire la visitent encore. Dans le pays de Shant, tous les adultes ont le cou pris dans un "torc" qui peut exploser au signal de l'Homme sans visage. Nul ne l'a vu, nul ne sait qui il est, et pourtant chacun sait qu'il existe. Il rend la "justice", assez rarement d'ailleurs, et son nom seul sème l'épouvante.
Tout jeune, Gastel Etzwane a choisi ... >Voir plus
Que lire après Les Chroniques de Durdane, tome 1 : L'Homme sans visageVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il y a une vraie filiation entre "La Planète géante" (1957), "Tschaï" (1968) et "Les Chroniques de Durdane" (1973)… Sauf que les époques changent, et que l'auteur passé ainsi des aventure pulpienne au planet opera en bonnes et dues formes avant de s'attaquer ici à la new wave politico-sociale.


On retrouve donc une exoplanète depuis longtemps colonisée par des expatriés terriens, revenus à un niveau technologie protoindustrielle (et bloqués à ce stade en raison de la rareté des ressources en métaux), un communautarisme et un libertarisme extrême puisque chaque groupe fait comme bon lui semble et ce qui est anodin dans un patelin peut être tabou et relever de la peine capitale dans le patelin d'à côté…
On notera que la liberté tant vantée se résume trop souvent au renard libre dans le poulailler libre, alias la loi du plus fort si chère aux plus forts, car elle fait la part belle aux gourous intégristes, aux caciques féodaux, aux oligarques capitalistes et aux marchands esclavagistes… Car avec cette dystopie libertarienne Jack Vance continue de se moquer de son pays les Etats-Unis. ^^
Chaque canton se caractérise par ses les coutumes et ses lois très distinctives. Ils sont unis par une langue commune et par la soumission à l'Anome, tyran anonyme qui fait office de cour d'appel pour tous les pétitionnaires du pays qui peuvent s'adresser à lui par écrit moyennant finance. Sauf que ses lois se cantonnent à appliquer les règles locales édictées par les tyrans locaux, et qu'il n'y qu'une seule peine : la mort. Car à sa puberté, chaque individu se fait poser un torque explosif autour du cou et à la moindre incartade BOUM !
Un concept fascinant, qui aurait dû nous amener sur la pente glissante du totalitarisme… Oui mais, non, le concept clé est complètement sous-exploité car ce qui intéresse Vance c'est moins la révolte de Gastel Etzwane contre l'ordre établi que son l'odyssée à travers le continent de Shant et ses cultures exotiques et bariolées…


Nous suivons dans un premier temps le jeune Mur, destiné à devenir Famane Bougozonie selon son père-par-l'âme le Grand Mâle Osso, mais qui veut devenir Gastel Etzwane en hommage à Dystar son père biologique. Il est né dans un canton dirigé par la secte religieuse des Chilites qui pratique la Dichotomie Absolue entre les sexes avec des hommes destinées aux taches spirituelles et des femmes reléguées à l'intégralités des tâches matérielles. Impossible de m'enlever de la tête l'épisode de l'anime "Ulysse 31" intitulé « Les Révoltées de Lemnos ».
Cette partie là est particulièrement bien écrite donc bien traduit par Patrick Dusoulier. L'écriture est à la fois très intimiste et très sensorielle, et on vibre et on tremble avec cet enfant qui résiste puis s'oppose à l'endoctrinement avant de devenir acteur de son destin en prenant ses cliques et ses claques.

Dans un deuxième temps nous découvrons le continent de Shant à travers les yeux de Gastel Etzwane qui veut échapper à la malédiction du torque tout en trouvant le moyen de délivrer sa mère Eathre de son contrat d'indenture qui se résume à un CDI d'esclave. Mais une fois la somme rassemblée pour la libérer, il s'aperçoit qu'il est trop tard car elle fait partie des victimes de l'invasion des barbares Rogushkoïs contre laquelle l'Anome n'oppose absolument aucune résistance…
Cette partie là est aussi bien écrite donc bien traduite par Patrick Dusoulier. J'ai trouvé que les pérégrinations avec les gabiers des lignes aériennes d'abord (qui m'ont fait penser aux marins du Mississippi), avec les ménestrels des Verts foncé – Azur – Noir – Rose ensuite, ressemblaient à celles de Tom Sawyer et d'Huckleberry Fin. Et effectivement, il y a quelque chose de Mark Twain chez Jack Vance (tous les deux grands voyageurs devant l'Eternel) !

Dans un troisième temps nous suivons la révolte de Gastel Etzwane contre le système qui lui a pris sa famille, Mais comment vaincre un tyran sans visage dont chaque individu rencontré peut être le serviteur caché ? C'est une partie espionnage pour débusquer l'Anome et ses Bénévolences, entre les jeux "Qui est-ce ?" et "Intrigues à Venise" de Leo Colovini. Et on retourne contre lui les armes d'un régime d'inspiration totalitaire… pour découvrir que la dictature se résume à la soumission des individus audit régime d'inspiration totalitaire. Ne jamais sous-estimer le pouvoir de la peur et la séduction de la résignation…


Le projet est séduisant et durant pas mal de temps j'ai été séduit. Las, chassez le naturel et il revient au galop donc Vance retombe dans ses défauts.

On connait le sexisme de l'auteur, on s'en passerait bien volontiers, mais ici il persiste et signe plus que jamais avec un tiers de ce court roman dédié à une dystopie sexiste avec des hommes s'adonnant au mysticisme religieux pour échapper au péché originel du passage par le portail génital appelé « souillure femelle », et des femmes corvéables à merci et prostituées de force… Et on apprend par un observateur extérieur comment fonctionne vraiment cette communauté qui a fait du sexisme une religion à la fin du tome 1 (un comble car à ce moment là, ben on n'en a plus rien à carrer des Chilites qui ont définitivement disparu du cycle) : elle se résume à une secte d'illuminés camés qui vivent du proxénétisme et du trafic de drogues… J'aurais aimé croire qu'on était dans le deuxième degré et qu'on caricaturait le christianisme (vous savez, cette religion qui a accordée une âme aux femmes à une voix près…), mais on connaît Jack Vance et ses opinions sur la question qui de son premier à son dernier livre n'a pas manqué une occasion de railler le sexe faible qui devait le rester pour le bien de l'humanité et qui ici s'en donne à coeur joie en brocardant des suffragettes se suicidant avec des tampons empoisonnés… (Soupir)
Le héros est motivé par l'affranchissement de sa mère puis de sa vengeance, mais c'est traité artificiellement puisqu'au même aux moments clé il ne manifeste guère d'attachement à cette dernière. L'auteur essaie de rattraper le coup avec quelques séquences émotions, mais c'est tellement maladroit que c'est plus pire en fait. Et je ne parle même pas de sa soeur qui elle est passée carrément à la trappe... Et que pense le héros quand il croise sa première bombasse ? « Je la veux ! Elle sera à moi !!! » (Soupir)
Et je n'oublie pas le grand discours révolutionnaire qui tourne à l'eau de boudin quand on s'attarde en détails salaces sur le mode de reproduction des barbares Rogushkoïs… (Soupir)

Au-delà des mauvaises ellipses qui font vieillir le héros de plusieurs mois ou plusieurs en une lige au beau milieu de tel ou tel passage, les personnages entrent et sortent du récit un peu n'importe comment. OK on est dans un récit picaresque, mais autant de personnages qui ne sont pas présentés qui apparaissent et disparaissent au cours d'une péripétie ou d'un dialogue passé un cap c'est saoulant. A un moment le héros s'attarde sur un épisode de son passé que si l'auteur l'a raconté, doit se résumer à quelques lignes (j'ai parcouru le tome en long en large et en travers, mais je l'ai pas retrouvé tel qu'il avait été repris…). le pire c'est quand même Ifness, frère caché de l'Anacho du "Cycle de Tschaï" annonçant quelque part "Les Chroniques de Cadwall", qui dans les 3 tomes du cycle est un deus ex machina ambulant qui arrive, part et revient à chaque fois qu'il faut relancer l'intrigue, parfois en dépit du bon sens ! (surtout quand il passe son temps à faire le contraire de ce qu'il dit…)


Mais ce qui m'a le plus énervé, c'est le concept clé du torque explosif. Non seulement Il est trop peu exploité, mais en plus est l'objet d'une méga incohérence scénaristique. le héros passe son temps à vouloir échapper à la pose du torque, et précise qu'il doit en avoir un faux pour échapper aux négriers divers et variés et le passage où on lui enlève est très bien fichu… mais je n'ai jamais trouvé le passage où on lui en avait posait un ! Là on est l'erreur d'écriture qui aujourd'hui ne passerait pas le stade de corrections, roman picaresque ou pas… Or il ne s'agit pas de textes remaniés par les éditeurs, mais bien de la "Vance Integral Edition" revue et corrigée par l'auteur lui-même !


En bref, un univers fascinant et des thématiques intéressantes, mais des personnages trop légers et une intrigue assez perfectible sur le fond comme sur la forme. L'imagination de l'auteur est au service du voyage, toujours éminemment dépaysant, mais pas de l'histoire qui manque d'approfondissement et qui une fois de plus se termine plus ou moins en queue de poisson… (mais ne partez pas, je vais dire plein de choses bien sur le tome 2 ! blink)
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L'homme sans visage , c'est l'homme qui gouverne ce pays imaginaire situé sur un autre monde .
Un puissant dont personne n'a jamais vu le visage alors que tous les habitants lui obéissent servilement car ils portent un collier qui menace de les tuer s'ils se rebellent .
Un despotisme absolu et intime , colore donc ce relativement petit roman dense , qui est un récit sur le totalitarisme autant que sur la libération .

C'est à un exquis dépaysement que nous convie l'auteur . Un dépaysement profond et solide .
Bien des univers de SF repose sur des analogies géographiques ou bien sur des analogies historiques , ou autres .
Les lecteurs avertis peuvent s'amuser à décortiquer les sources et à savourer des fusions plus ou moins subtiles , des emboîtages plus ou moins plus ou moins parlants ...
Mais ici , Vance va bien au-delà . L'auteur invente de toute pièce un univers puissant , qui n'existe que dans ce lointain futur où l'humanité semble avoir essaimé sur des mondes lointains pour le meilleurs e pour le pire . Pour Créer cet univers , l'auteur mobilise non pas des connaissances discernables de civilisations existantes . Il s'emploie plutôt à mobiliser les structures d'analyse même de l'histoire et de la sociologie pour faire émerger de la spécificité culturelle originale , mais néanmoins à la subtile portée universelle , mais irrévocablement originale .

Pour ce qui est des habitants certains sont aussi humains que vous et moi , mais d'autres s'ils le sont aussi , le sont pourtant sur un mode diffèrent . L'auteur en fait des autres , dont la nature profonde échappe en grande partie au lecteur , bien qu'ils soit aussi tangibles et typés que la réalité la plus abrupte et la plus évidente .

Ce monde est vaste et immense , comme le monde d'Omale de Genefort . Durdane est immense et inépuisable et ce monde repose aussi sur un vaste secret .

Dans ce tome , le lecteur accompagne un jeune homme promis au temple , mais qui du fait d'une histoire personnelle marquée et bouleversante , choisira de couper ses racines et de partir à l'aventure en dépit des conséquences douloureuses et irréversibles pour sa mère .
Donc autant le dire , le thème classique du parcours initiatique d'un jeune adulte fréquemment mobilisé en SF ....

La guerre n'est pas absente de cette histoire , aux frontières du Shant se précise une menace récurrente , mais surtout , la guerre de par ses effets dévastateurs à profondément marqué le destin de certains personnages , et elle est un facteur clef , parmi d'autres pour saisir la portée de l'univers de Durdanne .

Ce tome est le premier des Chroniques de Durdane . Il se suffit à lui-même , même s'il est certain pour le lecteur, qu'une suite lui fait suite et se profile à l'horizon de ce monde inépuisable .
Le personnage principal sera de fil en aiguille , un musicien habile dont la sensibilité aiguë , lui permettra de se libérer intérieurement et au grès des tomes d'être l'auteur d'actions de portée plus large que le destin de sa petite personne éminemment importante néanmoins .

Que sont les chroniques de Durdane ?
Un roman d'aventure certainement , mais principalement de la littérature de voyage à mon humble avis .

Les chroniques de Durdane existent désormais en un seul volume ....
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Chroniques de Durdane -Tome1 - L'homme sans visage

Le jeune Gastel Etzwane part à la recherche de l'Homme sans Visage, le "souverain" de la planète Durdane. C'est lui qui est chargé de maintenir l'ordre et de faire régner la justice. Mais Etzwane pense qu'il a faillit à sa mission et entend bien lui demander des comptes.

J'avais lu d'autres livres de Jack Vance, il y a fort longtemps et j'en avais gardé un bon souvenir. Alors...!? là celui-ci je l'ai trouvé poussif qu'est ce que je me suis ennuyée, l'intrigue est longue à se mettre en place, même les parties où il se passe quelque chose m'ont paru longues et lourdes. Pourtant il y a de belles descriptions notamment de la ville de Garwiy, mais tout cela ne fait pas une histoire palpitante.
Alors je me pose des questions : ne suis je plus réceptive à la science fiction ou ce qui me plaisait il y a longtemps a beaucoup moins d'attrait aujourd'hui ?
Bon mais comme les dernières pages ont quand même piqué ma curiosité je lirais le deuxième tome parce qu'en plus c'est une trilogie, mais je ne sais pas si j'irais plus loin.
En plus c'est pour la bonne cause puisque je lis ce livre dans le cadre du Challenge Jack Vance 2015 lancé par Relax67, donc je vais m'accrocher pour avoir au moins le niveau picoreurs

Challenge Jack Vance 2015
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Une belle prise d'esthète.
Au sein de la communauté patriarcale zélote des Chilites, Mur, jeune garçon rapide et décidé, renâcle à intégrer le cercle religieux particulièrement étriqué et à porter le torque, un collier potentiellement explosif qui, actionné à distance par l'Anome, le dirigeant invisible du continent ou par un de ses affidés, peut décapiter le quidam séditieux. Mur s'insurge contre son sort et le traitement réservé aux femmes de la communauté, asservies et vilipendées. En refusant son nouveau nom imposé par les Ecclésiarques, en choisissant son nom d'adulte, Gastel Etzwanne, en esquivant le torque, Mur s'enfuit, la mort aux trousses, se marginalise et devient musicien itinérant avec la ferme intention de racheter l'indenture de sa mère, Eathre, afin de la délivrer du joug des tyranneaux locaux. Dans un système corseté et despotique, il est difficile de s'exprimer librement et de vivre selon ses élans. Gastel doute et endure jusqu'à ce que les Rogushkoïs ruinent sa vie affective. Sauvages, ivrognes, obsédés, les Rogushkoïs violent et massacrent à tour de bras en toute impunité car l'Anone, l'homme sans visage, ne veut rien tenter pour les contrecarrer. Gastel Etzwanne décide de faire entendre sa voix coûte que coûte, au risque d'en perdre la tête.
Le premier tome de la trilogie des Chroniques de Durdane concentre tout l'art et les centres d'intérêt de Jack Vance âgé de 57 ans quand le 1er volume paraît en 1973. L'auteur décrit des systèmes sociétaux cohérents bien qu'exogènes. le Shant de la planète Durdane est un continent jadis colonisé par les Terriens. Les communautés se sont adaptées et spécialisées, développant des moeurs et des coutumes que Jack Vance esquisse brillamment, rendant crédible et attachant un monde bariolé, élaboré et barbare. L'Homme sans visage est un roman initiatique et politique qui se développe dans les Paladins de la liberté et se conclut dans Asutra, 3e tome des Chroniques de Durdane.
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Je retrouve Jack Vance et sa folie. Chaque monde inventé est une « symphonie » de peuples, de faune et de flore, de mythes, de rites, de légendes avec des descriptions quasi encyclopédiques. La planète Durdane n'y échappe pas, Jack Vance situe sa première chronique dans le pays de Shant et ses cantons gouvernés par l'homme sans visage. Cette planète oubliée des humains et de leurs livres d'histoire a évolué de façon étrange et l'auteur sait nous entraîner dans son délire.

Dans le pays de Shant, les habitants ont le cou pris dans un « torque » qui permet à l'homme sans visage d'avoir droit de vie ou de mort sur son peuple. En effet, il peut déclencher à distance une explosion du collier qui entraîne la décapitation de l'individu. le jeune Gastel Etzwane, a beaucoup de mal à accepter cet état de fait et souhaite rencontrer l'homme sans visage afin de lui exposer ce qu'il pense être une injustice. En devenant un hors-la-loi, il va s'exposer à de nombreux dangers dans sa quête.

En achetant les trois tomes des chroniques de Durdane, je pense avoir fait un bon choix. Malgré quelques critiques possibles sur la narration elle-même et quelques incohérences, Jack Vance offre toujours des voyages totalement dépaysant. C'est le récit picaresque porté dans un autre temps et dans une autre galaxie, dans lequel le héros, souvent au bas de l'échelle, affronte milles aventures pour atteindre son but, un régal.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tu connais la nature des appétits animaux. Sur le plan philosophique — c'est là une doctrine que tu n'es pas encore préparé à recevoir — ce sont des gratifications du Premier Ordre. Ton ventre est vide ; tu le remplis avec du pain : la réponse la plus grossière à une grossière sensation. La réponse du Second Ordre est de préparer un repas varié. Au niveau du Troisième Ordre, les viandes sont accommodées d'une façon subtile et experte, selon des normes astreignantes. Au Quatrième Ordre, les exigences de l'estomac lui-même sont ignorées : les nerfs gustatifs sont stimulés par des essences et des extraits. Au Cinquième Ordre, les sensations se produisent au niveau cérébral, contournant entièrement l'appareil glottal et olfactif. Au Sixième Ordre, le Chilite est dans un état d'exaltation inconsciente, et la sublime Galexis Achiliadnide s'occupe directement de son âme. Tout est clair ? J'utilise l'exemple le plus simple et le plus évident comme base de discussion.
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En un sens, le châtiment paraît extrême. Le cambrioleur a pris des biens, mais il a perdu la vie. Ce sont les lois d'Elphine, que l'Homme Sans Visage a correctement appliquées — mais est-ce qu'un sac d'objets et la vie d'un homme ont le même poids dans balance ?
L'homme aux cheveux blancs donna son avis :
Pourquoi serait-il différemment ? Vous négligez un facteur crucial dans cette situation. La propriété et la vie ne sont pas incommensurables, car la propriété se mesure en termes de labeur humain. Par essence, la propriété, c'est la vie ; c'est la proportion de qu'un individu a consacrée à acquérir ses biens. Quand un voleur s'empare des biens d'autrui, il vole de la vie. Chaque acte de pillage devient par conséquent un petit meurtre.
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Les cantons du Shant n'avaient qu'un point en commun : leur méfiance réciproque. Chaque canton tenait pour Principe Universel l'ensemble de ses coutumes, costumes, jargon et maniérismes, et considérait tout le reste comme de l'excentricité. L'autorité impersonnelle et inconditionnelle de l'Anome — l'Homme Sans Visage, selon l'usage populaire — convenait parfaitement à la xénophobie des habitants des cantons.
L'appareil gouvernemental était simple : l'Anome avait peu d’exigence financière ; les lois qu’il faisait respecter étaient, pour la plupart, celles-là mêmes formulées par les cantons. La justice de l’Anome pouvait être impitoyable et brutale, mais elle était impartiale et se fondait sur un principe simple, compréhensible par tous : Celui qui viole la loi, meurt. […] En général, quand quelqu’un perdait la tête, la raison en était bien connue : il avait enfreint les lois de son canton.
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Sers-toi de ta tête, gamin ! Supposons que le canton et toi soyez entrés en conflit, et que tu veuilles faire changer les roses. Tu peux aller à Garwiy et présenter une pétition correcte, convenable et légitime. L'Homme Sans Visage a trois possibilités. Il peut donner suite à ta demande et déclencher un tumulte dans le canton, avec des conséquences imprévisibles. Il peut refuser de donner suite à ta pétition légitime, et s'attendre alors à de la sédition chaque fois que tu te soûleras dans une taverne et que tu commenceras à en parler. Ou bien il peut tranquillement prendre ta tête.
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Le Shant formait un ovale irrégulier de deux mille kilomètres de long sur mille kilomètres de large, séparé de la masse sombre du Caraz, par un bras de mer large de cent cinquante kilo-mètres : le détroit de Pagane, qui réunissait l'océan Vert et l'océan Pourpre. Au sud de la Grande Palude, le Palasedra pendait entre l'océan Pourpre et l'océan Bleu comme une main à trois doigts, ou comme un pis de vache à trois trayons.
À mille cinq cents kilomètres à l'est du Shant apparaissaient les premières îles du Beljamar, un vaste archipel formant la limite entre l'océan Vert et l'océan Bleu. On ne savait rien de la population du Caraz ; il y avait relativement peu de Palasedrans ; le Beljamar abritait quelques petits groupes épars de nomades océaniques ; la plus grande partie de la population de Durdane habitait les soixante-deux cantons du Shant, une confédération assez libre dirigée par l'Homme Sans Visage.
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Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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