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EAN : 9791031204598
130 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (07/02/2019)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Une amitié plus forte que le bénévolat

"Tu me tiendras la main, Frédéric ? Tu tiendras la main d'Arthur ? Du début à la fin ?"

Chaque lundi, Jean-Frédéric Vernier vient voir Arthur dans son foyer du 16e arrondissement de Paris.
Jean-Frédéric est bénévole accompagnant pour les petits frères des Pauvres ; Arthur, lui, est un vieil homme handicapé mental.
Au fil de ces rencontres, de ces moments partagés, un lien fort, ten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La Feuille Volante n° 1322

Les yeux d'ArthurJean-Frédéric Vernier – Éditions « les ateliers Henry Dougier ».

Tout d'abord je remercie les éditions « Les ateliers Henry Dougier » de m'avoir fait parvenir directement cet ouvrage.

Jean-Frédéric est bénévole au sein des « Petits frères de pauvres » de Paris et se rend chaque lundi auprès des personnes en fin de vie. Cela lui a permis de rencontrer Arthur, un vieil homme handicapé mental atteint d'un cancer en phase terminale. Quand il lui rend visite, dans son foyer, Arthur est dans son monde et s'y trouve bien, soliloque, mène des occupations puériles avec des sourires béats, se fait son cinéma en mélangeant un peu tout, alterne les longs silences, observe aussi, l'air de rien… Pourtant cet homme reste une énigme pour Frédéric qui fait difficilement la part des choses entre la supposée gentillesse des handicapés mentaux et les questions, les phobies et les obsessions d'Arthur. Quand l'établissement autorise une sortie à l'extérieur du foyer en compagnie de Frédéric, il devient mutin, ce n'est plus lui qui est accompagné mais lui qui accompagne. Il est espiègle, cabotin même, il revit, se métamorphose, se met en scène ou focalise son attention sur un détail, au point que les passants, mi intéressés, mi-interrogatifs pourraient croire qu'ils ont affaire à un comédien menant avec talent une saynète de rue. On pourrait même le croire « guéri » au moins de son affection mentale. Il est inventif, inattendu, mais cette transformation peut même devenir gênante à la longue puisque Arthur, sans la moindre retenue, s'appesantit sur des choses anodines qui pour lui, soudain, prennent une importance capitale. Un peu bateleur, il se met lui-même en scène, interpelle les passants sans retenue au point qu'on peut se demander si cette réaction sincère n'est pas une révolte longtemps refoulée contre sa notion personnelle de l'injustice ou de la logique. Qu'ils aient compris ou non son état, ces passants de hasard lui montrent souvent de la bienveillance, une certaine forme de tendresse, parfois même entrent pour un temps dans son jeu devant un Frédéric partagé entre la complicité et la retenue. Arthur, le vieillard, redevient un adolescent quand il voit une jolie femme et veut lui dire son admiration. Il devient même quasiment séducteur, mais, sans qu'on sache pourquoi, par peur sans doute, reste un « donnaiollo », comme disent nos amis italiens, timide et réservé.

Face à cela, la présence de Frédéric est protectrice. Ainsi pourrait-on penser qu'à la longue, ses visites sont devenues fastidieuses pour lui et vont se terminer, mais que nenni. Il découvre que s'est installée entre eux une sorte de connivence et même de symbiose, que le temps n'a plus la même valeur lors de leurs entrevues, que sa vie, faite de stress, connaît une manière d'apaisement, et même de bien-être intérieur, devient une invitation à la méditation, une incitation au sourire, un peu comme si Arthur, en son absence, l'accompagnait comme une ombre, comme son ombre ! de même ces rencontres hebdomadaires font du bien à Arthur qui l'attend et ne peut plus s'en passer. Elles sont devenues rassurantes et probablement indispensables, pourtant Frédéric n'est ni soignant, ni salarié du foyer ni même de la famille d'Arthur, tout juste un simple bénévole plein de bonne volonté, mais pourtant il entre dans son jeu, comme beaucoup de ceux qui le connaissent. On pourrait croire qu'ils le font par charité, pour ne pas le brusquer, mais j'ai pensé qu'ils agissaient ainsi peut-être ainsi pour faire une pause dans ce monde survolté qui est le leur, le nôtre. Quant à Frédéric, cet attachement se fait, de jour en jour, plus grand. Tout au long de ces lundis, il s'est tissé plus qu'un lien entre eux. Frédéric était bien plus que le copain d'Arthur comme celui-ci le disait. Nous ne saurons rien de ce jeune homme bénévole qui s'efface volontiers devant ce vieillard à qui il a finit par s'attacher.

C'est un témoignage brut, sans fioriture ni recherche de syntaxe qui est ici donné à lire. Cette collection s'attache à montrer combien sont importantes et uniques les vies ordinaires ou les voix singulières. Arthur est handicapé, c'est à dire un inadapté à notre société, mais il nous est plutôt présenté comme quelqu'un de simplement différent de nous, de la norme. Ce livre, ce geste, qui peut paraître dérisoire, c'est celui Frédéric qui lui aussi veut faire obstacle à l'oubli et à travers l'exemple donné, tendrait-il à prouver que l'attention donnée à ce vieil homme peut avoir une dimension de thérapie? Veut-on nous dire que la guérison de la maladie mentale ne peut se faire qu'à travers une réinsertion du malade dans la société, à condition toutefois qu'elle soit encadrée strictement ? Quant à son cancer, sa disparition tient sans doute du miracle, pour ceux qui y croient, mais c'est un fait !

La réalité est cependant différente et s'impose à nous tous qui ne sommes qu'usufruitiers de notre propre vie. Pour Arthur ce n'est peut-être pas le cancer qui, par une sorte de miracle inexpliqué, s'était mis en sommeil au point que la faculté le considérait au mieux comme guéri, au pire comme en rémission. Frédéric était tellement attaché à Arthur Eet à ses progrès qu'il a fini par se demander s'il avait conscience de l'évolution de sa maladie, s'il avait l'intuition de sa propre mort, s'il pensait à l'au-delà... La Camarde a fini par triompher du vieillard sans qu'il s'en rende compte et sans même qu'il s'y attende, un peu mystérieusement dans son cas, mais nous sommes tous mortels de toute façon.

Je ne sais pas pourquoi, je suis entré dans ce voyage décalé, dans cette relation d'exception entre ce jeune homme dévoué et ce vieillard que la maladie mentale rendait étonnamment jeune, je me suis installé aux côtés de Frédéric pour accompagner son protégé et écouter ses délires parfois dérangeants, parfois carrément comiques, toujours émouvants.

©Hervé GAUTIER – Février 2019. http://hervegautier.e-monsite.com


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Ce roman fait partie d'une nouvelle collection de l'éditeur intitulée « Une vie, une voix » qui retrace l'histoire de vies ordinaires, réelles. Des tranches de vie de monsieur et madame tout le monde. J'ai déjà pu lire dans cette collection Pour te voir cinq minutes encore de Aurélie le Floch qui nous parle avec beaucoup de sensibilité et de pudeur de son père mort du SIDA. Ici, nous allons suivre l'auteur, Jean-Frédéric Vernier, dans son travail d'accompagnement bénévole de personnes pour les petits Frères des Pauvres. Il s'occupe plus particulièrement d'une personne, Arthur. Celui-ci est un adulte handicapé mental atteint en plus d'un cancer. L'auteur nous raconte leur rencontre, les premières fois aux côtés du malade, la grande timidité de leurs premiers échanges. Jusqu'à ce que Arthur fasse de plus en plus confiance en son accompagnant, devienne de plus en plus familier avec lui et arrive même à faire des choses qu'il n'avait plus faites depuis longtemps comme sortir à l'extérieur. Une belle amitié va naître entre ces deux personnes, malgré les différences et la maladie, chacun ayant besoin l'un de l'autre. Arthur va même être d'une grande aide pour Jean-Frédéric. Ce livre est un beau témoignage sur une belle relation entre deux personnes de mondes différents.

J'ai beaucoup aimé suivre Arthur et Jean-Frédéric, les voir se rencontrer, voir leur relation évoluer jusqu'à ce que chacun devienne indispensable à l'autre. Arthur est très touchant et émouvant dans ses paroles, ses gestes sa façon de prendre la main de son accompagnateur pour sortir. Jean-Frédéric est d'un calme et d'une patience incroyable, il sait mettre à l'aise Arthur, lui donner de la valeur, passer outre sa maladie et sa déficience pour en faire un être à part entière. Ils m'ont attendrie de bien des façons. J'ai aimé les sorties qu'ils font ensemble en ville, la manière qu'a Arthur de demander des prospectus au garagiste ou à la mairie. J'ai également été étonnée de voir comme les gens se comportent avec beaucoup de gentillesse vis-à-vis d'Arthur qui est parfois assez direct dans ses propos et ne prend pas de gants pour s'exprimer. Il m'a fait sourire et même rire bien des fois, il est un peu comme un grand enfant qui dit une vérité que nous adultes, on pense tout bas…

Tout le texte est écrit à la première personne du singulier, vous me direz que c'est normal vu que c'est un récit réel fait par l'auteur. Néanmoins, j'ai apprécié la façon dont c'est raconté. J'ai eu plus d'une fois l'impression d'être dans la peau de Jean-Frédéric ou une troisième personne invisible les assistant. L'auteur a très bien retranscrit toutes les émotions qui le traversent. Il a également retranscrit les dialogues avec une extrême précision. Arthur parle d'une manière assez précipitée et hachée, répétant plusieurs fois le même mot ou la même expression, parlant parfois à la première ou à la troisième personne, se dédoublant. J'ai vraiment bien ressenti les échanges entre les deux hommes. Combien de fois Arthur m'a attendrie lorsqu'il dit à Jean-Frédéric « On est bien ensemble ! » Une petite phrase anodine mais qui fait un bien fou quand on s'occupe de quelqu'un. C'est pour moi une très belle récompense..

On va suivre ainsi leur parcours jusqu'à la fin d'Arthur. Ce n'est pas un secret puisque c'est révélé par l'auteur dès le début du livre. Les rencontres entre les deux hommes se font une fois par semaine, le lundi exactement, et ce sont ces jours là qui nous sont relatés. Une belle histoire, pleine d'amour, d'amitié et d'empathie. J'ai retrouvé dans Arthur des visages de personnes dont je m'occupais quand je travaillais avec les personnes âgées. Elles ont tellement à offrir lorsque l'on prend le temps de les écouter et de les laisser s'exprimer. Je me suis aussi retrouvée bien entendu dans Jean-Frédéric, d'une profonde sensibilité et plein d'humanité.

Vous l'aurez sans doute compris, j'ai passé un très bon moment avec ces deux hommes que je ne suis pas prête d'oublier. le roman est assez court, un peu plus d'une centaine de pages et se lit facilement tellement je me suis trouvée entraînée dans la relation de ces deux hommes et je les ai suivis avec plaisir. C'est un très beau témoignage qui fait du bien, il prouve qu'il y a encore en ce monde de belles personnes qui savent donner de leur temps pour les autres sans attendre de contre partie. Un exemple à suivre…

Un grand merci à l'auteur pour ce moment de lecture très riche et aux ateliers Henry Dougier pour cette jolie collection pleine d'humanité..
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Une toute nouvelle collection voit le jour très prochainement, aux Ateliers Henry Dougier, en voici un des 3 premiers titres.

Comme vous pouvez le voir, les couvertures de ces romans sont très simples, l'addict que je suis les trouve bien ordinaires, le premier coup d'oeil n'est pas décisif pour une fois. Et puis on n'en comprend l'idée qu'une fois le livre terminé : l'essentiel est là, dans ces quelques pages, pas besoin de plus.. Nous rayons même le superflu pour ne retenir que l'essence des sentiments et des tranches de vie que l'on va lire. « Les yeux d'Arthur » n'est pas une fiction, pas de vaisseau spatial ou de meurtrier en série ; c'est un récit, un témoignage très intime.

Jean-Frédéric est bénévole accompagnant pour Les Petits Frères des Pauvres : il va rencontrer et suivre Arthur, malade et handicapé mental. le résumé m'a tout de suite interpellé mais j'avoue qu'une fois le roman commencé, j'ai été prise d'un certain malaise : pour être très honnête, j'ai failli arrêter ma lecture en chemin.. Ce récit est tellement intime que je ne me sentais pas à ma place, j'avais l'impression de voler cette relation qu'on eu Jean-Frédéric et Arthur, d'épier leurs échanges, de briser ce lien.. bref, que leur histoire ne me regardais pas. Je crois aussi que la pathologie d'Arthur m'a mise mal à l'aise, tout comme les passants qu'ils croiseront, parfois. Ne pas connaitre, ne pas comprendre..

Et puis, je me suis dit qu'il fallait quand même que j'aille au bout, je n'aime pas arrêter un livre, surtout pour cette raison. Je me suis rendue compte qu'au fil de ces quelques pages, Arthur m'appelait. Il m'avait aussi touché et je voulais le connaitre encore plus… Alors j'ai continué, parcouru ce roman avec beaucoup de pudeur mais tellement d'intérêt malgré la bulle dans laquelle Jean-Frédéric et Arthur ont su se loger : ils ont créer leur cocon et tisser un lien au fil des rencontres. Nous sommes justes spectateurs…

C'est Jean-Frédéric qui parlera durant tout le roman, il posera la lumière sur cette relation si particulière, pudique, sincère et profonde et la manière qu'il a eu d'apprivoiser Arthur.. Alors, nous admirerons surtout Arthur et ses folies, ses émotions, ses amours, ses mots.. J'ai été très émue par ce personnage si tendre, si fermé, si timide et si généreux à sa façon ; Arthur nous happe dans son quotidien et j'ai appris, malgré moi à appréhender la maladie mentale sans la ‘juger', ni avoir peur. Cette maladie est emplie d'obsessions corporelles, verbales ou mentales et les premières fois ne sont pas évidentes.

La plume est simple, sans fioritures, vraiment naturelle. Jean-Frédéric nous retranscrit Arthur dans toute sa splendeur, au rythme de ses élocutions si particulières !

Ce roman est un magnifique hommage, merci à l'auteur pour nous avoir fait partager un moment de son histoire avec Arthur,

Et bien sûr, merci Arthur ♥ vous avez raison..
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Témoignage émouvant.
J.F. VERNIER avoue avoir réinventé les dialogues entre le vieil homme et lui. Il a supprimé les nombreuses répétitions d'Arthur mais en a laissé quelques-unes. Tout le long du roman, c'est l'auteur qui parle.
Aucun voyeurisme dans ce récit. Arthur est un homme non agressif avec des idées bien arrêtées. Il aime quelquefois mener la danse.
"Je t'emmène promener, Frédéric ! Allez, donne-moi la main."
Merci Jean-Frédéric et Arthur pour le partage de vos moments et sorties du lundi. Ce fut très agréable pour moi.
Lien : https://vie-quotidienne-de-f..
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Je sors toute émue de cette lecture. C'est un bénévole des petits frères des Pauvres qui raconte l'accompagnement qu'il a fait chaque semaine auprès d'Arthur.
C'est écrit avec pudeur et tendresse. Quelle belle rencontre, quelle belle amitié ! C'est simple, comme devraient l'être toutes les histoires d'amitié, quand "on est bien ensemble".
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sentir le vieil homme, là tout près de moi, si vivant, si libre à sa façon, me rendait heureux.
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J'ai de la bienveillance pour lui. De la curiosité, je l'avoue, mais surtout de la bienveillance.
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