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EAN : 9782070132157
256 pages
Gallimard (13/01/2011)
4.1/5   5 notes
Résumé :
« Depuis l’arrivée de Simon Madère à Port-au-Prince, trois ans après moi, à la fin des années 70, je n’avais eu d’autres nouvelles de lui que de simples bribes d’informations rapportées par des jeunes du village venus eux aussi à la capitale se casser les dents. »
Ayant enfin retrouvé Simon, l’homme qu’elle a longtemps cherché dans le chaos de la capitale haïtienne, Ursula Fanon lui raconte – ou rêve qu’elle lui raconte – ce qu’ont été les années de sa vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Corps mêlés de Marvin Victor
(Gallimard)


«Par une nuit de décembre, un vendredi, comme d'autres entrent au Séjour des morts, me raconta un jour ma marraine, ma tante, elle, la sage-femme par excellence, je sortis des entrailles peureuses et gluantes de ma mère que les gens du pays de Baie-de-Henne donnaient pour une mule — cette bête hybride, issue de l'accouplement d'une jument et d'un âne et qui, selon eux, met bas soit des mouches, soit des abeilles — considérant qu'au bout des nombreuses liaisons qu'ils lui prêtaient, elle ne parvenait pas à tomber enceinte.»

Waouh ! Livre fermé, fini, en sueur, en sang, en chaleur, vomissant le tabac, chancelant de trop de rhum «Trois-étoiles», le nez plein, ahuri d'odeurs. Voilà, courageux lecteur, ce qui vous attend !
Haïti, Marvin Victor et ses longues phrases qui montent au ciel ou qui remuent la terre comme des transes, là où «les voix, à la fois belles, rieuses et vulgaires, toutes réunies à mes oreilles, faisaient le paysage.»

Sa fille morte pendant le séisme, Ursula Fanon erre, en délire, dans les rues dévastées de Port-au-Prince. Elle y croise Simon Madère, disparu depuis 25 ans, l'un de ses anciens amants, peut-être le père de sa fille défunte. Elle va lui «hurler» son histoire (comme Billie Holiday savait hurler son blues)...celle de Haïti.

Un livre chaotique, de psaumes «baudelairiens», de décombres baroques. Un livre sismique !


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Ces corps mêlés sont ceux des morts que l'on jette à la fosse commune. Ceux qui se mélangent pendant l'amour et qui horrifient Ursula. Ursula Fanon est "une femme finie,même à quarante-cinq ans,ayant perdu pied à force de marcher, de courir, un être d'écume, plus exactement une vioque,voilà, sur laquelle ne se retournerait même plus un désespéré sans seins d'épouse ni de mère pour abriter sa tristesse", après le tremblement de terre qui lui tue son unique enfant, elle cherche et retrouve Simon et en sa présence repense à sa vie. L'écriture est ciselée comme un bijou, c'est un foisonnement continu qui fait surgir des images terrifiantes. Cependant, la luxuriance du langage, les images sombres et terribles, le déroulement de l'histoire m'ont parfois fait perdre le fil et il m'a fallu relire des pages entières pour saisir le propos que j'avais fini par oublier. Peut-être est-ce à cause de cela que je n'ai pas ressenti la terrible misère d'un après-tremblement de terre, ni la confusion qui saisit une mère qui arrache sa fille morte aux décombres de sa maison mais chaque fois j'ai été tétanisée par des images crues et organiques de sexes sales, de défécation, de matières gluantes, de l'"haleine du mort qui gît en tout être vivant". Il y a une vérité dans ces images qui n'est pas reliée à l'histoire, c'est cela qui est paradoxal dans ce livre.
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Autre livre sur le dernier tremblement de terre en Haïti. Une femme qui a perdu sa fille se réfugie chez son amour d'enfance. Récit de sa vie. Réalisme, rudesse et crudité.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au loin, j'entendais les aboiements des chiens excités par l'odeur des morts que des camions acheminaient vers les fosses communes. Mais en tout cas pas les miens, m'efforçais-je de croire, l'idée de corps mêlés l'un à l'autre m'ayant toujours un peu horrifiée, fut-ce pendant l'amour, sachant que je n'ai jamais franchement embrassé quelqu'un à la française, sinon que le vide, tendant ma joue aux gens, la droite ou la gauche,ce qui revenait au même, n'offrant à mes amants de passage que mon dos, autant dire mes fesses, comme une chienne, surtout par peur de respirer leur haleine,ou celle du mort qui gît en tout être vivant (...).
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Oui, ces bijoux avec lesquels d'ailleurs je gagnais ma vie et la sienne ,depuis que mon mari (...) m'avait quittée, bien qu'il eût ses raisons, la raison étant autant que le soleil à la portée de tout un chacun, m'étais-je tout simplement dit, au moment où il renfermait en silence quelques affaires dans une malle en cuir, et je n'avais même pas songer à le retenir, car on n'arrête pas un oiseau en plein vol disait ma marraine.
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