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3,75

sur 3008 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ici, pas de batailles héroïques, de héros qui sauvent le monde, d'érudits qui découvrent quelque chose de révolutionnaire. Non, juste deux personnes, une salariée Mathilde et un médecin Thibault, deux âmes vivantes mais écorchée, vidée, acculée par un monde indifférent mais ravageur. C'est incroyable comment l'être humain est à la fois si fragile et si résistant. Mathilde endure toute les pires horreurs, celle des non-dits, des mensonges, de l'hypocrisie, du mépris hiérarchique. Dans le monde rigide de l'entreprise, il n'y a pas d'insultes frontales, pas de cris, pas de gifles. La douleur physique n'existe pas, juste morale. On ne cherche pas à vous faire du mal. On vous ignore, on ne reconnait plus l'humain qui est en vous. Il faut faire semblant. Respecter les règles tacites. Un bonjour souriant. Un remerciement touchant. Une motivation inébranlable. Sinon gare à vous !
Mais ce roman ne fait pas de l'entreprise un lieu infernal pour autant, bien au contraire, Mathilde elle-même le sait, c'est aussi une machine à faire revivre, c'est par elle que Mathilde a repris goût à la vie. Et même quand son supérieur l'a foutu dans cet infâme bureau, l'espoir (gâché!) d'une mutation lui fait imaginer une multitude de choses. le bonheur, cela tient aussi à cela, une imagination qui s'emballe, qui fait espérer. On hurle avec ces gens là. Ils hurlent intérieurement. Car ils ne savent plus crier à la face du monde. Comme pour pleurer ! C'est un roman où apparait souvent le verbe pleurer. Et pourtant, l'acte du pleur ne sera jamais décrit. On se raccroche à n'importe quoi. A une carte de WoW même, pourvu qu'on trouve un sens à une situation idiote. Et en trame de fond, la Ville, inextricable, tentaculaire, valétudinaire. Ce lieu où la nature n'a aucun droit, et où l'homme y a fait son nid. Bref, ce roman est une excellente surprise.
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Une journée parisienne dans la vie d'une femme et d'un homme qui ne se connaissent pas. Deux histoires parallèles...
Lui, c'est Thibault, médecin urgentiste. Il vient de quitter Lila qu'il aime profondément mais dont l'indifférence le fait souffrir depuis trop longtemps. On accompagne sa journée harassante de médecin, il ne cesse de côtoyer la misère, la détresse humaine.
Elle, c'est Mathilde, la quarantaine, elle élève seule ses trois fils. On lui a prédit qu'en ce 20 mai, elle ferait une rencontre. Elle a en effet consulté une voyante parce qu'elle est à bout, nerveusement épuisée. Depuis près d'un an, elle est rongée par les insomnies, minée par son travail et la pression que lui fait subir son supérieur hiérarchique.
Inexorablement, elle s'enfonce, elle se noie, sans requérir l'aide de personne. le harcèlement moral va crescendo. Heureusement il lui reste l'amour de ses enfants, les paroles d'une collègue compréhensive, le soutien (tardif) de la DRH...
Tous deux semblent sur le fil du rasoir, parvenus à un point de non-retour : "Il arrive un moment où le prix est devenu trop élevé. Dépasse les ressources. Où il faut sortir du jeu, accepter d'avoir perdu. Il arrive un moment où l'on ne peut pas se baisser plus bas." (p. 282)...
Voilà un beau roman fort, très émouvant, poignant. On le lit le coeur serré avec un sentiment de révolte croissant. J'ai été touchée par le courage de cette femme qui va travailler coûte que coûte, et bouleversée par la cruauté du supérieur qui la harcèle de manière insidieuse...
Delphine de Vigan est une auteur que j'apprécie beaucoup, son écriture est douce même lorsque le sujet est violent, comme ici. Elle sait se renouveler de livre en livre. J'ai particulièrement aimé "No et moi" et "Jours sans faim", un peu moins "Les jolis garçons" et "Un soir de décembre".

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Encore un magnifique livre de Delphine de Vigan qui décrit là deux détresses psychologiques classiques de nos sociétés à savoir la souffrance au travail et la solitude amoureuse au coeur d'une ville souvent hostile.
Le sujet, très moderne, est très bien servi par une écriture à la fois concise et vivante.
L'agressivité, la violence, la solitude, la détresse humaine sont dépeints avec des mots simples et percutants. le harcèlement moral y est extrêmement bien traité.
On s'attache aux personnages, à leur histoire, à leurs blessures... et puis on les abandonne comme ça. le roman terminé, le lecteur a pris "une claque"
C'est fort, intense et très bien décrit.
Pas de mélo, pas de pathos, pas de happy end.
C'est superbe.
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Mathilde s'enfonce dans une impasse professionnelle qui la broie, tandis que Thibault se heurte jour après jour à l'impossibilité de vivre sans Lila qu'il a quittée car elle ne l'aime pas. Deux désespoirs parisiens. Mathilde et Thibault se battent pour ne pas craquer, elle dans un bureau - pour ses enfants, lui dans les rues de la ville - pour ses patients, car il est médecin. Chaque jour, ils pourraient se croiser. Et s'entraider qui sait ?
L'auteure nous emmène dans deux "désescalades" touchantes, tout en décrivant le courage de ces héros du quotidien.
Un de ses premiers livres m'a dit ma libraire en me le conseillant.
Sacrée lecture.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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On suit la vie de deux personnages, Thibault, médecin à domicile à Paris, qui vient de quitter la femme qu'il aime, et Mathilde, mère de trois enfants, veuve, qui est cadre dans une entreprise dans laquelle elle se fait harceler par son patron. Ce lundi 20 mai, alors qu'elle se réveille en pleine nuit, elle n'arrive pas à se rendormir car sa voyante lui a prédit qu'elle rencontrerait une personne importante pour elle le jour-même. Thibault, lui, revient sur son histoire avec Lilas et comment il en est arrivé à la quitter. C'est le premier roman de Delphine de Vigan que je lis et je dois bien avouer que c'est une très belle surprise.
J'ai été saisie par la belle plume de l'auteure, sa manière minutieuse de disséquer l'âme esseulée de ces deux personnages. La vie à Paris est très bien décrite, avec son lot de solitude, d'absurdité et de stress. J'ai été prise d'empathie pour Mathilde, qui se fait injustement humiliée et harcelée par Jacques, son patron sadique. Thibault et Mathilde vont-ils se croiser, se rencontrer, s'aimer ? Vont-ils trouver le moyen d'aller mieux ? Un roman d'une grande justesse. Seule petite réserve, à vouloir être réaliste, l'auteure se perd parfois un peu trop dans les détails.
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Il est difficile de parler de ce livre et dire ce que j'en ai pensé sans dévoiler l'issue de l'histoire.

Tous les jours, Mathilde prend le métro et le RER, emprunte le même chemin, les mêmes couloirs, monte dans le même train bondé. Chaque jour, elle va pointer, à la même heure, dans une entreprise où elle n'est plus la bienvenue. Où elle n'est plus attendue, où elle n'a plus rien à faire. Parce que depuis quelques mois, insidieusement, son responsable a décidé de l'enterrer.

Thibault, lui, est médecin aux Urgences Médicales. Chaque jour, il monte dans sa voiture et parcourt Paris. Chaque jour, il affronte la ville pour venir au secours des autres. Chaque jour, il se confronte aux petites ou grandes maladies, aux solitudes. Thibault est pris dans le marasme d'une relation dans laquelle il ne peut s'épanouir.

Tout au long de ce récit, on assiste à la lente descente aux enfers de ces deux personnages tellement attachants. Leur quotidien se délite, devient tellement pesant qu'ils suffoquent. Tout au long de ce récit, on attend la rencontre qui, se dit-on, est inévitable; ces deux destins doivent forcément se percuter à un moment. Parce que ces deux solitudes, ces deux douleurs doivent se confronter, on attend qu'ils partagent leurs angoisses et leurs attentes. Deux êtres au bord de la dépression, harassés, presque terrassés par leur vie, dans l'attente de cette petite étincelle d'espoir qui ravivera la vie, le bonheur, le désir.

Cette attente soutient et porte tout le récit. J'ai attendu impatiemment de savoir comment et ce qui en découlerait. Bien sur je n'en dirai pas plus, sinon la lecture de ce livre riche et passionnant n'aurait plus d'intérêt.

Un joli roman, très bien écrit. J'aime beaucoup l'écriture fine de Delphine de Vigan. Très vite lu tellement il est difficile de s'en arracher.

Lien : https://lyseelivres.wordpres..
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Thibault et Mathilde vivent à Paris. Ils ne se connaissent pas mais leurs histoires bien que différentes se ressemblent. Mathilde est harcelée professionnellement et Thibault est en pleine déception sentimentale. C'est la désillusion et ils paraissent tous les deux subir la situation, figés. Ils évoluent au rythme de la ville oppressante où ils ont choisis de venir mais où ils ne sont que des anonymes, des gens seuls confinés a côté d'autres gens seuls. Tout au long de ce roman, on attend la rencontre entre les deux personnages mais..., je n'en dirai pas plus. Allez plutôt dévorer ce livre d'une rare qualité. La lecture en est fluide et rapide, l'ambiance est là.
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Un vrai coup de coeur, une écriture juste! J'avais beaucoup aimé Rien ne s'oppose à la nuit, ici, j'ai adoré !

J'ai fuis cette lecture pendant longtemps, consciente de la violence que j'allais rencontrer. Une nouvelle fois, l'auteur s'attaque à un sujet dur, un calvaire qu'elle nous soumet comme un diamant brut. Rien n'est édulcoré, les descriptions sont parfaites.

Elle nous présente l'horreur de la réalité professionnelle de Mathilde, cet effondrement pervers qui petit à petit, l'air de rien, la conduit dans un fond où elle ne semble plus pouvoir se rattacher à rien. Jacques, son chef, la harcèle, doucement il établit son plan pour qu'elle s'en aille, il ne lui laisse pas la possibilité de s'en sortir, elle n'en a pas le droit. La justesse est telle que j'avais les papillons dans le ventre face à l'horreur de ce vécu, mais contrairement à Mathilde, j'avais la possibilité de l'arrêter quand je le voulais en refermant mon livre.

La réalité de Thibault est d'un autre ordre, son impuissance se focalise sur la volonté d'aimer, mais d'aimer vrai. Sa relation ne va que dans un sens, c'est une autre forme de harcèlement, celui que l'on se fait à soi-même. Rester des mois, des années avec une personne alors qu'elle ne vous aime pas, se leurrer, y croire quand même. Delphine de Vigan, dénonce là encore une réalité contemporaine : la peur d'être seul.
Grâce au métier de Thibault, médecin urgentiste, l'auteur va nous brosser la réalité des solitudes bien dissimulées dans les appartements des grandes villes, nombre des souffrances et d'errances rencontrées.

Les heures souterraines sont les heures que l'on passe dans l'introspection, à se parler à soi-même, à essayer de comprendre ; mais c'est aussi la réalité de la ville, les heures à passer dans des tuyaux tels des rats, ces transports en communs, métro, RER mais aussi ces bouchons où rien n'avance. Dans ces deux derniers cas une impuissance et une violence se dégagent, quelle est la limite à ne pas dépasser, à quel moment cela peut déraper.

Nos deux héros, désarmés face à la réalité de leur vie, essayent tant bien que mal de rester debout, la jungle n'est pas si loin, elle les entoure.
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Les heures souterraines, ce sont ces heures dont Mathilde a honte. Ces heures qu'elle cache à son entourage, sa famille, ses amis. Ces heures qui la minent, pourtant. Ce sont les heures qu'elle passe à ne rien faire au bureau, reléguée en fond de couloir près des toilettes, dans un local sans fenêtre ni ordinateur, parce qu'un jour elle a osé émettre un avis légèrement différent de celui de son patron en réunion. Il ne l'a pas supporté et insidieusement, les choses se sont dégradées sans que Mathilde ne puisse rien faire pour inverser cette spirale. Brimades, perversions, mises en scènes, mensonges et calomnies, c'est bien de harcèlement moral dont il s'agit ici, mais dont le nom ne sera jamais écrit noir sur blanc par l'auteur.

Alors Mathilde, au bout du rouleau, hante le métro et ses couloirs, ainsi que le RER qu'elle prend pour son long trajet vers son bureau. Elle vit comme un automate, n'arrive plus à penser, réfléchir. Elle ne dort plus, ne mange plus, ne parle plus non plus. Elle ne sait pas à qui s'adresser, elle a l'impression d'être seule contre tous, alors elle se terre en elle-même, dont elle devient l'ombre.

En parallèle, nous faisons la connaissance de Thibault, un médecin urgentiste parisien, qui passe ses nuits à sillonner la ville pour aller de détresse en détresse. A trop s'occuper des autres, Thibault se retrouve seul, et cette solitude lui pèse douloureusement.

On se demande s'il vont se rencontrer, si ces deux êtres écorchés, malheureux vont pouvoir se rejoindre et tenter, à deux, de remonter la pente, renouer avec le monde, trouver en l'autre du courage pour supporter leur situation, et même tenter de la modifier. « Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s'effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants. »

La ville, « cette superposition de mouvements. Ce territoire infini d'intersections, où l'on ne se rencontre pas » bruisse autour d'eux, présente comme un troisième personnage de ce roman, qui la rend vraiment vivante. Alors que ces deux êtres stagnent dans leur vie, sont à un point mort, n'arrivent plus à avancer, Paris est en mouvement perpétuel, fourmille, étend ses tentacules et sa violence.

Voici un roman que j'ai lu d'une traite tant je l'ai trouvé vrai, et actuel, poignant. C'est un roman sur la solitude et la violence, sur la lâcheté et la méchanceté des hommes, sur la jungle urbaine dans laquelle chaque jour il faut se battre pour survivre.
C'est une histoire sombre, mais terriblement réaliste, qui fait réfléchir sur ce que peut être la souffrance de personnes pourtant bien intégrées au départ dans la société. La plume de Delphine de Vigan est percutante, incisive et ces quelques heures passées à ses cotés vous marqueront longtemps du désespoir qu'elle dépeint avec grand art.
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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J'ai tout de suite été happée, par l'écriture, une belle écriture, la violence est contenue, non moins présente. On vit les heures sombres de Mathilde jusqu'à l'épuisement et parallèlement, simultanément le long chemin de Thibault vers une possible renaissance. On s'attend à une rencontre de ces deux écorchés par la vie, on l'attend, on l'espère. Un très beau roman sombre.
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