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EAN : 9782841007554
Bartillat (17/08/2023)
3.58/5   6 notes
Résumé :

Ce roman raconte l’histoire de la rencontre entre deux hommes à Détroit au cours d’un week-end. L’un, Gilles, est pilote, l’autre, Luc, conservateur de musée, ils ont vingt ans d’écart, ils ne se reverront peut-être pas mais c’est dans ce creux que se joue leur intimité furtive. Autour d’eux, il y a Détroit, l’architecture, le monde, les questions de l’enfance et de la perte, du corps et de la religion, du doute aussi.
Écrit en vers libres, Tout s'éco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
«Detroit est comme un conte et un abîme»

Dans son premier roman, Antoine Vigne raconte la vie de Gilles, pilote d'avion, qui atterrit à Detroit. Cette ville décadente, dans laquelle il déambule avec son Luc, son nouvel amant, est à l'image de sa vie.

Gilles n'est plus dupe. En prenant les commandes de son long courrier, il sait que ses rêves d'enfant se sont évanouis, que l'aventure et la découverte du monde se sont dissous dans une société consumériste qui voyage toujours plus, qui enfile les destinations comme les photos dans leurs smartphones, sans véritablement chercher un sens à ses déplacements. Aujourd'hui il retourne à Detroit, ville qu'il a découverte au temps de sa splendeur dans les années 1990 et qu'il retrouve balafrée, défigurée par le déclin de l'industrie automobile.
«Cette friche n'en est pas une
Cette campagne n'en est pas une
Ces étendues vertes au long des avenues — il y avait des maisons là et là, partout, sur tous ces espaces vides, ces terrains
vagues, ces pelouses improvisées
Des populations, des tramways, des cafés, des théâtres, des familles, des histoires sordides ou gaies ou solitaires, des parades des véhicules, des amoureux, des enfants courant après un chien
La vie
D'une métropole
décomposée»
Au hasard de ses déambulations, il croise les stigmates d'une destinée, échange quelques mots avec des habitants désabusés et finit dans un bar où il trouve Luc, un autre Français venu convoyer des oeuvres d'art. Il finira la nuit en sa compagnie. Puis partagera avec lui les quelques jours qui lui restent dans le Michigan.
«Ils parlent
longtemps
du Michigan d'abord puis de Trump, de l'Amérique contemporaine,
de ses travers, de ses errements,
du capitalisme mondial,
le désastre écologique,
et la violence,
les grands combats de l'époque».
Ensemble, ils revisitent la ville, parcourent les musées, se dévoilent. Pourtant ils pressentent que leur liaison ne durera pas, savent que le temps des belles promesses est terminé. Que l'avenir s'assombrit. Que cette parenthèse est désenchantée.
Ce choix de composer son roman en vers libres permet à Antoine Vigne de séquencer son texte en impressions, sentiments, émotions. Mais ce travail sur la langue lui permet aussi de trouver des images fortes – des punchlines, comme on dit aujourd'hui – qui résument en quelques mots cette Amérique divisée, cette ville qui est passée en quelques années de la grandeur au désastre, et sa vie construite autour de la figure du père parti trop vite et dont il a sans doute plus fantasmé les leçons que réellement apprises.
«Les bars en Amérique sont des gueuloirs»
«L'homme est une dérive, un virus,
tout ce que nous touchons est abîmé»
«Sans le doute il n'y a que la violence».
Après Là où nous dansions de Judith Perrignon, nous voilà une nouvelle fois invités à arpenter les rues de Detroit, devenue malgré elle la ville symbole des excès du consumérisme et de ses conséquences. Mais là où la romancière mêlait les voix et les époques, Antoine Vigne préfère les images et les sensations. Comme cet étage d'un étage qui s'effondre et ne laisse derrière lui, après un instant de sidération qu'un nuage de poussière. Cette poussière où nous retournerons tous...
Mais en filigrane, un second thème apparait, l'homosexualité, qui semble être un sujet récurrent en cette rentrée littéraire avec notamment Un empêchement de Jérôme Aumont, Plexiglas d'Antoine Philias ou encore La prochaine fois que tu mordras la poussière de Panayotis Pascot, sans oublier La vie nouvelle de Tom Crewe. Ici le romancier l'aborde avec tendresse. Mais il paraît qu'il faut prendre garde à la douceur des choses…


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Ce qui frappe d'emblée, c'est la forme, évidemment. Ecrit en vers libres, "Tout s'écoule", avec son accumulation d'images percutantes et son rythme empreint d'urgence, nous embarque dans sa scansion. Ce choix narratif, pertinent, colle parfaitement au propos.
L'intrigue est minimaliste. Gilles est pilote de ligne. Au cours d'une escale à Détroit, il déambule dans la ville, d'abord seul, puis en compagnie de Luc, une aventure d'un soir ou peut-être plus. le jeune homme est lui aussi de passage, venu accompagner des oeuvres exposées dans un musée.

Gilles est un désabusé, dénué de toute illusion non seulement sur son métier, conscient d'être un rouage de l'une des industries les plus néfastes, mais aussi sur le monde, dont la folie et le cynisme l'obsèdent. La narration se fait l'écho du tourbillon insensé dans lequel nous enferme la domination du profit et de l'argent, que l'on sait délétère et voué à l'échec, et auquel nous n'opposons pourtant aucune résistance. Ce qui compte, c'est de devenir et/ou de rester possédant. Enfermés dans nos routines, dans nos préoccupations individuelles et matérielles, gavés à la conviction de notre unicité et de notre importance, nous magnifions notre propre idée de nous-mêmes, qui à la fois nous écrase et nous déresponsabilise vis-à-vis des irréversibles dégâts que nos choix aberrants infligent au monde. Les écrans, en focalisant notre attention, la détourne par ailleurs de ce qui est véritablement grandiose et à sauver : le ciel, la terre, la mer...

Pour autant, Gilles n'est pas complètement désespéré. Il sait encore voir la beauté du monde, et s'accroche à ce puissant désir qui pousse les hommes à vouloir le réinventer.

Luc est plus pessimiste et plus catégorique, en colère, et intimement convaincu d'une finitude dont nous portons l'entière responsabilité.

Détroit, cité fantôme en ruines, devient le symbole de notre échec et de nos dérives. Ville du miracle industriel et de la modernité, des classes moyennes et de la musique, elle a fini par devenir victime de son succès, avec la fermeture de ses centaines d'usines vaincues par la relocalisation, sacrifiées sur l'autel du "toujours plus de profit". Protéiforme, elle concentre dans son histoire à la fois la grandeur d'une épopée économique démarrant à la victoire contre les nazis et les démons de l'esclavage et de la ségrégation. Malgré ces errements, et malgré sa chute, elle survit. Ceux qui n'ont pas pu partir -majoritairement des noirs- et ont subi la fermetures écoles, des commissariats, des services publics et des infrastructures, ont instauré une nouvelle économie, minimaliste, celle de la débrouille.

Et Gilles y voit, si l'on prend la peine d'y traquer certains signes, la preuve de la possibilité d'un revirement. Il montre ainsi à son amant les marques évidences du déclin mais aussi les fulgurances que font naître certaines beautés architecturales, la créativité spontanée qui s'est par endroits emparée des murs, traces de visiteurs, fantômes ou amoureux, qui en cherchant la transgression, se réapproprient l'espace urbain, amorçant la conception d'une ville autre, modelée par ses habitants et non plus l'inverse.

Détroit nous montre ainsi ce que sera la fin du rêve, mais aussi, peut-être, se fait la friche d'un nouveau rêve à bâtir…

Poésie du délabrement et de la hantise de la dévastation environnementale, "Tout s'écoule" est, même s'il est traversé d'un infime espoir, un texte sombre, que sa dimension lancinante rend frappant, malgré le manque de consistance de son intrigue.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Décollage immédiat pour la ville de Détroit, dans le Michigan, avec le premier roman d'Antoine Vigne, Tout s'écoule aux éditions Bartillat.

Gilles est pilote de ligne pour Boeing et se retrouve à faire une escale à Détroit, une ville fantôme et en ruine. Cette ville, Gilles l'aime pour son architecture et son urbanisme. Celui qui se rêvait architecte déambule dans la ville et s'interroge sur sa place dans ce monde.

Un soir, dans un bar gay, son regard croise celui d'un autre Français, Luc, conservateur de musée, âgé d'une vingtaine d'années de moins que lui et également de passage dans la ville.

Dans un tourbillon enflammé, les deux hommes s'abandonnent dans ce rêve éveillé face à cette ville à reconstruire.

Ce livre est écrit en vers libres. Il peut surprendre le temps des premières pages. J'ai trouvé dans ce roman une forme d'allégresse et de virtuosité. Au coeur de cette ville, le temps semble comme suspendu. Dans cette relation fugace, les deux hommes abandonnent leurs corps et leurs chairs dans les draps d'une chambre d'hôtel. Ce flirt pour une journée est vertigineux.
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critiques presse (1)
LeFigaro
20 octobre 2023
Un premier roman écrit entièrement en vers libres, où la ville du Michigan joue un rôle primordial.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Cette histoire n'est rien. Un moment volé au temps. Quelques heures entre l'Atlantique et Détroit, suspendues dans la chaleur de l’été au-dessus de l'asphalte désagrégé des rues. Le rêve d'une ville en décadence, la vitrine de nos échecs et de nos faillites, le fossé dans lequel on ne cesse de jeter les corps dépecés des exclus et des abandonnés. Le monde tel qu'il est. Un chaos perpétuellement renouvelé que nous cherchons sans cesse à rationaliser pour lui donner un sens et satisfaire notre fantasme d'équilibre, Et au creux duquel nous inventons nos vies.

Les gros porteurs sur le tarmac
Le soleil moite et vitreux dans la chaleur du matin
L'été
Les camions qui passent sur l'autoroute, larguant leur lot de pollution qui décolore le ciel
Les avions qui descendent vers Roissy, arrivant de partout
De Madrid, Sydney, New York, Toulouse ou Conakry, de Rome et de Düsseldorf, de Tunis et du Caire,
Ces vols qui parlent de l’Europe et d’ailleurs, de notre société mondiale, des échanges et du tourisme, de ce que nous sommes devenus, des voyageurs que rien ne peut contenter, aveuglés par leurs miles
Oui, on dit miles, tout le monde le dit, la langue elle-même s'est liquéfiée

Gilles, assis dans le cockpit
Aux commandes du Boeing
La machine lourde, impensable, qu'un levier suffit à emporter dans les airs
Comment sommes-nous arrivés à ce degré de technicité ?
Ce rêve de l’homme qui ne fait plus rêver
Devenu évident, commun
Abîmé par l'argent lui aussi, les profits indécents des compagnies aériennes qui vendent des slogans aguichants, promettent l'horizon et n'offrent que des sièges chaque jour plus exigus
Et des écrans
Des écrans pour tous alors qu'à l'extérieur il y a le ciel, les nuages, l'Océan, la vision de la Terre, des plaines, des rivières, des villes, l’ouate lourde et dense dont on ne sort pas toujours

Gilles donc
Pilote de ligne
Abîmé dans sa routine
Les derniers réglages, les données du fret, des passagers, la météo sur le parcours, le plan de vol, long couloir invisible qu’ils suivront pendant dix heures
Et là-bas
De l’autre côté de l'Atlantique
La destination, le point d’arrêt
Détroit
Cité fantôme dont ne restent que des ruines

Un copilote absent ou presque
Quelques mots échangés
Des vérifications encore
Et toujours le soleil en suspension derrière le pare-brise de l'avion, lourd et épais,
Un astre de plomb tombé dans une mare translucide

Les pistes bondées
Des véhicules qui vont et viennent entre les portes et les ponts entre les avions, embarquant et débarquant des passagers
Et puis l'attente derrière les parois de verre des terminaux
Par groupes, par famille, par destination
Les voyages organisés, les touristes solitaires, Les hommes, les femmes d’affaires,
Ceux qui attendent en lisant sur leur siège et les autres
Tous les autres
La foule grouillante et piétinante
La fourmilière d'individus
Nous sommes ces corps, ces planètes minuscules, ces univers entiers enfermés dans la chair,
Toujours inquiets de nous-mêmes, nos destinées,
le temps qui passe, la vie promise
comme une épiphanie,
Brûlure indélébile
Qui pourtant nous entraîne

Gilles les regarde
Tous, derrière la paroi de verre
Il suffira d'un mot et ils s’engouffreront dans le sas
S'installeront
Coussins, oreillers, iPads, iPods, écouteurs
Jeunes, vieux, grands, gros, tranquilles ou énervés
La foule du quotidien
La foule qui vole et qu’il observe chaque fois
Il fait partie du tout, il le sait, le système
L'immense chaîne qui tourne chaque jour un peu plus vite
Enserrant la Terre
Cordon d’asphalte, de câbles, de drones, d'avions, d'immeubles,
De villes et de frontières, lignes invisibles, balafres sanglantes sur lesquelles viennent se briser les destins des plus pauvres
On dit toujours «les plus pauvres» comme s'ils étaient un tout étranger à nous-mêmes
Et l'assemblage tourne, il emporte ses passagers
Pour propulser des ventes, des rendez-vous, des vacances, des images d'Instagram, des achats, toujours plus d'achats
Un tourbillon insensé dont tout le monde sait qu’il faudrait
l'arrêter
Entraîné par les rires des puissants, des ayants,
Les décideurs du temps,
Nos guides, nos prêtres suprêmes
Qu'on entend sur les radios, les réseaux
Exhibant leurs vies, leurs succès, leurs visages cadrés
sur des séjours idylliques que nous ne nous lassons pas d'observer, de commenter, d’envier, d’imiter
Nous sommes assoiffés de leur or

Des messages échangés avec la tour de contrôle puis l'attente
sur la piste
La chaleur qu'on perçoit à travers la vitre
La lumière change, transperce la pesanteur de l'air, scintille
sur l’aile
Le métal blanc
Les avions avancent un à un comme de gros animaux allant à la pâture
Suivant les lignes aux sols
Les marquages du béton
Nos sociétés sont ainsi, des couloirs arrangés entre des pelouses rousses où gambadent des lapins rescapés
Enfin vient l'envol
Les roues se détachent du sol
Les ailes tanguent
La matière résiste, cabre, s'étonne, s’apaise
On entend le bruit des soutes se refermant sur les trains d'atterrissage
Suit le silence

À l’intérieur, la vie reprend - les écrans s’allument, les sièges s'abaissent, les oreillettes se branchent, le personnel de bord va et vient - mais est-ce la vie quand tous se ruent sur la même chose, que les hublots se ferment, et se répète à l'infini la comédie des slogans publicitaires censés nous expliquer que notre sécurité prime, tout est fait pour nous
Juste pour nous
Et nous savons, nous acceptons le mensonge
Nous le laissons traîner, rôder autour de nous
Pensant qu’il n'est rien, une nuisance tout au plus,
Un murmure qu'il est possible d'ignorer, d'oublier
Mais il reste là, il nous assiège, il nous traque
Il nous pénètre, nous salit
Boue quotidienne
Résignation
Compromission
Renoncement à tout ce qui nous fait
humains

Les côtes de Normandie, la botte inversée du Cotentin Gilles aime ces premiers moments
La première heure
La montée dans l'azur
Les champs qui diminuent
Le pays se dévoile avec ses routes, ses rivières, ses villes, ses forêts, le grand kilt agricole aux couleurs dorées ou vertes — c’est encore la France
Et puis la mer, le premier saut
Le moment où le panorama change, l'horizon s'agrandit Nous sommes plus haut, l'air est plus vif
Il reste l'Angleterre, les bocages se succèdent, la côte de Cornouailles,
Précédant l'appel du large, l'Irlande
Les détails s'estompent
Et le dernier saut, le grand cette fois,
L'écume autour des roches, du granit, des falaises, du monde
C'était le monde pendant des siècles, des millénaires
qui s’arrêtait là, se jetait

dans le vent
dans le bouillonnement des vagues
dans l'éclatement de l'Océan
sur l'élément solide
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Ils parlent
longtemps
du Michigan d'abord puis de Trump, de l'Amérique contemporaine,
de ses travers, de ses errements,
du capitalisme mondial,
le désastre écologique,
et la violence,
les grands combats de l'époque
— Nous sommes des monstres, des parasites Gilles écoute, sent Luc en train de s'enflammer tout seul,
entend des mots auxquels il songe souvent lui-même mais qu'il préfère généralement ne pas employer
Il a les mêmes instincts, la même colère vis-à-vis de ce qu'il voit,
L'idée inepte que la richesse constitue le but ultime des sociétés, et tout ce qui en découle implicitement, toute la folie du monde contemporain, ses aberrations et ses compromissions,
Les ventes d'armes que personne ne peut arrêter parce qu'il faut bien rester au top, parce que la technologie qui en résulte est garantie de domination p. 65
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Cette friche n’en est pas une
Cette campagne n’en est pas une
Ces étendues vertes au long des avenues — il y avait des maisons là et là, partout, sur tous ces espaces vides, ces terrains
vagues, ces pelouses improvisées
Des populations, des tramways, des cafés, des théâtres, des familles, des histoires sordides ou gaies ou solitaires, des parades des véhicules, des amoureux, des enfants courant après un chien
La vie
D'une métropole
décomposée p. 26
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Rien
Que le ciel
Le ciel sans fin
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