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EAN : 9782362240775
386 pages
Atelier In8 (10/01/2017)
4.05/5   19 notes
Résumé :
Au coeur de Marseille, on exécute Tarek Bsarani de trois balles dans la tête. Il était le directeur de campagne d’une jeune députée du Vaucluse, espoir prometteur du Parti National de France.

À l’autre bout du pays, on découvre dans la boue les corps meurtris de deux jeunes Érythréennes. Deux migrantes égarées sur les routes dévastées de l’exode.
Forte de son expérience et d’une équipe soudée, la commissaire Aïcha Sadia tente de dénouer l’affa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Alors qu'il circule à moto, Tarek Bsarani, riche homme d'affaires franco-syrien, est abattu de trois balles en pleine tête. Il était depuis peu le directeur de campagne de Manon Péan, jeune députée du Vaucluse et étoile montante de Parti National de France, surnommée « la nièce » ou « la petite-fille ».
L'affaire échoit à la Commissaire Aïcha Sadia, héroïne récurrente de Gilles Vincent. Policière expérimentée, ayant la confiance de sa hiérarchie, elle gère son groupe d'une main efficace, un peu comme une famille. Son amant Sébastien Touraine, détective privé, participe régulièrement aux enquêtes de leur groupe, et leur apporte une aide précieuse.
Au Nord du pays, près de Calais, on retrouve à demi enterrés dans la boue, les corps de deux jeunes filles. Betiel et Yohanna Seyoum, migrantes Érythréennes de 12 et 19 ans, victimes d'un viol collectif, et littéralement massacrées.
En charge de ce dossier, le Lieutenant Carole Vermeer n'a pas la tâche facile. En butte à l'hostilité ou au mieux, l'indifférence de sa hiérarchie et de son équipe, elle n'est pas dans les meilleures dispositions pour enquêter dans la sérénité. C'est une jeune femme fragile « une blessure ambulante », qui traîne le fardeau de l'absence d'un jeune frère disparu trop tôt, et d'une enfance passée en famille d'accueil.

« Derrière elle, les mains posées contre les yeux, le petit Jason, son bermuda en jean, son tee-shirt rouge, ses petites tennis scratchées ; Derrière elle, la voix du gamin qui compte jusqu'à vingt. Qui hurle les derniers chiffres parce qu'il n'a même pas peur. Presque pas.
Elle s'est accroupie derrière un buisson. Elle a fermé les yeux. S'est laissée envahir par les senteurs du sous-bois, a perçu le clapotis du lac contre la berge d'herbes folles. Elle a entendu nettement Jason crier l'ultime nombre. Alors, elle a guetté le froissement des feuilles sous ses pas. A attendu qu'il vienne… »

Entre Nord et Sud, nous suivons en parallèle les enquêtes d'Aicha et de Carole, toutes deux soumises aux mêmes pressions, de leurs supérieurs, et des responsables politiques du secteur.
Entre trafics divers, magouilles politiques, corruption, clientélisme, manipulations, Aïcha, Carole et leurs équipes marchent sur des oeufs. Les élections régionales approchent et il faut ménager toutes les susceptibilités, éviter toute erreur qui pourrait avoir une influence sur le scrutin à venir.

Cette région du Nord-Pas de Calais, était, il n'y a guère, terre d'élection d'un communisme et d'un socialisme ouvriers et militants. L'impéritie des différents gouvernements qui se sont succédé, de gauche comme de droite, ont livré cette population déboussolée et désespérée au féroce appétit d'une droite extrême.
Le même constat vaut pour la région marseillaise. Les populations immigrées, parquées dans les tours de banlieue des quartiers nord sont un terreau fertile pour les extrémistes de tout bord, qu'ils soient fondamentalistes islamiques ou bien de l'extrême droite représentée par le Parti National Français.

Deux beaux portraits de femmes, l'expérimentée et fougueuse Aïcha et la fragile Carole. Bloquée dans son enquête, humiliée et impuissante face aux mafieux, aux politiques ou les deux ensemble, cette dernière ne verra d'autre issue que de quitter la scène.
« Devant ses yeux défilent les posters de la chambre de Carole : Mike Brant, Nino Ferrer, Marilyn, et puis les oeuvres complètes d'Hemingway, de Virginia Woolf et de Stefan Zweig.
Et ça lui vient d'un coup. Ces chanteurs, ces acteurs, ces écrivains, tous ils se sont donné la mort. Sans exception.
Autour du lit de Carole Vermeer, des compagnons de solitude. »

Caroe se suicide avec son arme de service et laisse un carnet à l'intention de son supérieur, le commissaire Kaminski. Pendant qu'elle est dans le coma, il lui en fait la lecture. Ainsi, en remontant le fil de l'enquête qu'a conduit Carole, il prend la mesure de tous leurs manquements à son égard. Elle lui apparaît alors sous un jour bien différent de ce qu'il avait imaginé, et nous lecteurs, saisissons mieux toute la détresse qui habitait cette jeune femme.

Que l'on ne s'y trompe pas, au travers de Manon et Maryse Péan, l'auteur brosse le portrait de deux femmes bien connues dans notre paysage politique pour leurs positions extrêmes. « Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé est purement volontaire. le reste n'est que fiction. »

Les deux enquêtes policières nous laissent sur des impressions, des quasi-certitudes, mais rien de définitif. Mais là n'est pas le plus important. L'auteur dresse ici un état des lieux de notre pays, gangrené par la voyoucratie de nos élites, le clientélisme et la corruption.
Il n'est qu'à voir les dernières affaires à la une des médias, de Bygmalion, aux écoutes de l'Élysée, aux emplois fictifs pour la famille et les amis. Ce polar de Gilles Vincent est noir, très noir même. Il ne laisse que peu d'espoir sur notre société en décomposition, livrée aux vautours de la politique et de la finance, plus soucieux de se servir que de servir leur pays. Ainsi on peut comprendre que certains se laissent abuser par des discours extrêmes.

En fin de roman, la sinistre tuerie du Bataclan change la donne. Les enquêtes criminelles sont reléguées aux oubliettes. La priorité est d'assurer la sécurité des Français, de lutter contre le terrorisme, de rassurer la nation sur notre capacité à faire face à ce nouvel ennemi.
Les polars de Gilles Vincent sont toujours solidement ancrés dans notre réalité sociale et historique. Il nous pousse à nous interroger sur les problèmes de notre société et d'un monde en pleine mutation.
Il signe là un très bon roman, placé dans une récente actualité, habité de magnifiques personnages, et loin d'être politiquement correct. Une très belle lecture, que je vous recommande.

Editions In Octavo, 2017
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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J'ai découvert Gilles Vincent grâce au festival des polars de Villeneuve les Avignon et "Usual Victims". Et quelle découverte !!! Je continue donc ma plongée dans l'oeuvre de cet auteur avec ce polar âpre qui vous prend les tripes pour ne plus les lâcher jusqu'à la dernière ligne. En plus, une partie se passe dans ma région. L'intrigue se déroule en deux parties, une enquête qui se déroule dans le sud suite à un assassinat d'un directeur de campagne d'une députée appelée à devenir présidentiable. Et une seconde qui se déroule dans la Nord avec la découverte de deux cadavres de deux jeunes migrantes de 13 et 19 ans. On ne peut en dire plus sur l'intrigue sans spoiler, et je dois dire que le quatrième de couverture nous donne juste ce qu'il faut pour nous appâter sans rien nous dévoiler du contenu et c'est tellement rare qu'il faut le souligner.
Ce que j'adore avec Gilles VIncent c'est qu'il vous prend avec ses intrigues, ses personnages et il vous lessive ; il vous secoue ; il vous essore et il vous laisse un peu hagard à la fin, avec quand même une lueur d'espoir. Ces deux femmes flics sont justes extraordinaires et remarquablement bien travaillées psychologiquement. On évolue à leurs côtés, on se révolte avec elles, on se résigne avec elles, presque on pleure avec elles.
La seconde chose que j'adore avec cet auteur, c'est qu'il nous guide dans son intrigue, puis son roman prend un autre chemin totalement inattendu, mais sans pour autant nous perdre. Et ça c'est quand même la marque des grands auteurs. D'ailleurs le coup de théâtre au premier quart du roman est juste génial et je trouve qu'il donne une dimension supérieure à cette intrigue.
Quant au contenu, Gilles Vincent y aborde la condition des policiers, leurs difficultés professionnelles et personnelles, leurs états d'âme, leur souffrance face à tout ce à quoi ils sont exposés sans toujours y être préparé ou soutenu. On y trouve aussi bien évidemment une approche politique qui n'est pas sans rappeler des personnages politiques existants. Et enfin, le contexte migratoire et la perception des migrants est bien évidemment abordé à travers ces deux jeunes filles.
Et ce final, que dire si ce n'est juste Waouh et on ne le voit absolument pas venir, avec la petite touche d'espoir, que des personnes seront toujours là pour faire face quoi qu'il arrive.
Je vais bien évidemment poursuivre ma découverte de cet auteur qui est juste génial et qu'il faut découvrir. Et ce roman est tellement plus qu'un simple roman policier.
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Les flics sont des êtres humains, et comme chacun d'entre nous, ils ont leurs faiblesses, leurs travers et parfois, une histoire personnelle dure à vivre au quotidien.
Gilles Vincent, dans ce polar, met l'accent sur les très sombres méandres de l'univers des politiques, sur la terrible tragédie que vivent les migrants et aussi, sur le fléau du racisme qui ne fait que croître dans toutes les couches sociales....
On alterne entre deux enquêtes, une dans le Sud et l'autre dans le Nord de la France et ces 2 affaires seront menées par 2 femmes que rien, apparemment, ne relie.
Evidemment, même dans un roman noir, on s'attache à quelques personnages et le dénouement ( surprenant et émouvant) m'a d'autant plus chamboulée!
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Au nord, dans un fief électoral détenu par un parti d'extrême droite, une capitaine de police, sensible à ses idées, se trouve confrontée à une sordide affaire de viol de deux jeunes Erythréennes, en route pour Calais. Au sud, l'enquête sur la mort du directeur de campagne d'une candidate du même parti extrémiste est confiée à une commissaire.
Les deux femmes, de vraies meneuses mais néanmoins fragiles, vont se confronter aux aléas de la hiérarchie et au machisme ambiant. Pour les aider, deux équipes masculines et éclectiques leur sont dévouées et seront malmenées au cours du déroulement des intrigues.
C'est une plongée dès les premières pages, sous les jupes de la politique xénophobe et radicale… L'auteur nous aspire vers le contexte glauque des migrants, obligés de tout accepter, y compris la prostitution, pour trouver le peu d'argent nécessaire à la traversée du pays vers la nouvelle terre promise. Il nous fait aussi aborder le problème de la Syrie de Bachar et de sa dépendance militaire à la Russie de Poutine ainsi que la dépendance financière du parti de l'extrême droite française, en campagne, à cette même Russie. La narration chronologique est efficace et l'originalité de l'utilisation de la lecture du carnet de Carole est d'autant plus percutante qu'elle est inattendue.
Même si les personnages politiques sont adaptés pour cette fiction très documentée, le lecteur trouvera des analogies flagrantes avec le paysage politique d'Hénin-Beaumont notamment.
Une intrigue double pour un vrai polar, mais pas que … un roman psychologique, plein de pudeur sur les angoisses de ceux dont le métier est de nous protéger et qui prennent tous les risques.
C'est le premier roman que je lis de Gilles Vincent qui en compte 18 au compteur … Comment ai-je pu passer à côté jusqu'à aujourd'hui ? J'ai aimé, je vais récidiver !



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Un petit noir bien corsé, voilà ce qu'on pourrai dire de "Ce pays qu'on assassine" de Gilles Vincent; dés les premières pages on ressent cette tension qui va maintenir le lecteur les yeux grands ouverts à l'affut d'un instant de répits, il n'y en a pas, c'est du tambour battant...Entre complots politiques et les travers de l'être humain, on plonge au sein d'une course folle afin de connaître la vérité, cette vérité qui aura brisé des vies.
Mensonges, politique, ou les deux en même temps, assassinas, l'auteur n'a rien omit, il nous tient au bout de sa ligne d'écriture; en lisant ce roman, on se demande si la réalité n'en est pas trop proche tout de même; "Ce pays qu'on assassine" est un excellent roman noir que tout les amoureux du style se doivent de lire; j'ai adoré!!!
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après le viaduc de Martigues, surgissent les premières barres d’immeubles de Port-de-Bouc. La voie rapide, comme une balafre, coupe la ville en deux. A droite, les blocs en grappe, les parkings, les fenêtres aux stores baissés, les cages d’escalier livrées aux odeurs de soupe. Entre les bâtiments, de vagues aires de jeux abandonnées aux vents et à la poussière, où les mômes se mouillent encore pour le ballon. Le soir, y dansent les scooters, les BM descendues de Marseille, les barrettes qu’on échange loin des réverbères.
A droite de la rocade, perchées sur des promontoires aménagés, des résidences en parpaings. Un dédale de maisonnettes crépies aux fenêtres sécurit, labyrinthe de jardins à l’herbe plus ou moins pelée, où se plaquent comme elles peuvent des piscines miniatures. Sur les murets qui se dressent, des clous, des tessons de bouteilles. Derrière les palissades, les existences barreaudées de la classe moyenne en accession.
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Sa détresse, je ne l’ai pas vue arriver. Avec ma jeunesse à la campagne, les hommes, moi, j’ai toujours pensé que ça supportait tout. Les bêtes qu’on saigne, le cri des cochons qu’on ouvre, le bêlement des agneaux qu’on pousse dans la camionnette qui les mène à l’abattoir. Et puis, à écouter leurs histoires de guerre d’Algérie, de types cramés à l’électricité, de gueules cabossées à mort, à croire toutes leurs conneries, j’ai vraiment cru que les hommes, ça n’avait pas peur de grand-chose.
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Elle sait qu’elle n’est pas la première. D’autres l’ont fait avant elle. Au bureau, sur un parking ou dans leur garage. Avec leur arme de service, le plus souvent.
Dépression, surcharge de travail, burn out, violences de la rue, de la nuit, trop de tension sur les épaules, et puis un jour, tout s’écroule. Parfois la corde, souvent une balle.
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Elle s’est accroupie derrière un buisson. Elle a fermé les yeux. S’est laissée envahir par les senteurs du sous-bois, a perçu le clapotis du lac contre la berge d’herbes folles. Elle a entendu nettement Jason crier l’ultime nombre. Alors, elle a guetté le froissement des feuilles sous ses pas. A attendu qu’il vienne…
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Devant ses yeux défilent les posters de la chambre de Carole : Mike Brant, Nino Ferrer, Marilyn, et puis les œuvres complètes d’Hemingway, de Virginia Woolf et de Stefan Zweig.
Et ça lui vient d’un coup. Ces chanteurs, ces acteurs, ces écrivains, tous ils se sont donné la mort. Sans exception.
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Vidéo de Gilles Vincent
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Entretien avec Gilles Vincent, lauréat du Prix Cezam Inter CE 2014 avec Beso de la muerte, publié chez Jigal
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