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Erika Abrams (Traducteur)
EAN : 9782264043627
528 pages
10-18 (17/08/2006)
3.72/5   196 notes
Résumé :
Pour tromper son ennui, une demoiselle de la bonne société anglaise, Margaret Prior, visite régulièrement les détenues de la prison de Millbank. Dans cette bâtisse sinistre croupissent les parias de l'ère victorienne, avorteuses, voleuses et autres criminelles, à qui elle veut apporter un peu de réconfort. Parmi elles, Selina Dawes, spirite à l'aura très particulière... En gagnant sa confiance, Margaret finit par découvrir l'étendue des pouvoirs de la jeune médium, ... >Voir plus
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Londres en 1875. Margaret Prior est une vieille fille de bonne famille. La soeur ainée qui n'a jamais trouvé mari. À cause de l'amour qu'elle portait à son père, trop tôt disparu ; à cause de son refus obstiné à se plier aux convenances du monde corseté qui est le sien ; à cause de passions troubles, souterraines, qui deviendraient sacrilèges si on les mettait au grand jour.
Pour combler ses journées trop vides et fuir une famille qui la méprise, peut-être aussi pour voir des femmes encore plus malheureuses qu'elle, Margaret devient dame patronnesse à la prison de Millbank. C'est une gigantesque et sinistre bâtisse où l'on enferme la lie de la société victorienne : avorteuses, mères maquerelles, infanticides, tueuses de maris, fausses monnayeuses, voleuses à la tire… Et puis il y a Sélina.
Sélina : un médium à l'aura particulière, une tête d'ange martyrisée, une séductrice éthérée qui fascine. Margaret sait qu'il faut se méfier comme de la peste des spirits, cette bande d'escrocs à la petite semaine, de rusés compères et d'escamoteurs…
Mais pas Sélina ! Elle a le don, elle a le fluide. C'est une passeuse qui entretient des relations particulières avec le monde des morts.
Comment la fragile et naïve Margaret, pourrait-elle résister à l'incroyable force d'attraction de Sélina, à ne pas être prise dans les filets de cette envoûteuse ?
Commence alors, entre le monde des vivants et des morts, une passion échevelée, irrationnelle entre Sélina, ce papillon crépusculaire, et Margaret qui ne demande qu'à croire.
L'adoration de Margaret pour son ange enfermé entre quatre murs, pour sa « moitié éternelle », sa ferveur amoureuse qui la dévore, la rend totalement aveugle aux menées hypocrites et aux leurres.
Avec Sarah Waters, on sait à quoi s'attendre. le canevas est le même : la société Victorienne avec ses mensonges et ses raideurs, un amour qui n'ose pas dire son nom entre deux femmes, et Londres, bien sûr, avec ses misères, ses flamboyances, et cette brume épaisse qui fige les os. Malgré cela, on est toujours surpris à chacun de ses récits, et on finit par s'égarer dans les méandres des passions humaines. du grand art.
Des trois romans que j'ai lus d'elle, « Affinités » est probablement le plus sombre, le plus désespéré, car il s'achève sur un triomphe sournois, atroce, et particulièrement cruel.
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"Affinités" est un livre fantastique, mais que je ne me souvenais plus avoir lu (et c'est en repassant devant à la bibliothèque que je m'en suis rappelée avec émotion). Vous pourriez me dire alors, et vous aurez raison, "Est-ce que ce livre est vraiment si bien, puisque tu ne te rappelais même plus que tu l'avais lu ?" (c'est aussi pour ne plus oublier mes lectures, ou en tout cas un peu moins, que j'écris des critiques sur Babelio. Enfin bref, on va stopper ici la narration de ma vie :) ). Hé bien, oui, "Affinités" est un livre fantastique, que je conseille vivement, dont la lecture est vraiment marquante.

Ce roman, dont la parution est moderne (entre 2005 et 2006 pour les éditions grand format et de poche), reprend tous les codes du roman victorien gothique (sauf que l'histoire ne se passe pas dans un château) : il raconte l'histoire de Margaret Prior, une dame patronnesse issue de la haute société, qui visite des prisons afin de tromper son ennui. A l'occasion d'une de ses visites, elle fait la connaissance de Selina Dawes, une jeune spirite qui a été emprisonnée pour avoir tué l'une de ses clientes au cours d'une séance de spiritisme, mais qui ne cesse de clamer son innocence. Celle-ci commence à raconter son histoire à Margaret Prior, qui, au départ juste intriguée par cette histoire qui sort de l'ordinaire, ne se rend pas compte qu'elle tombe dans une fascination dangereuse...

"Affinités" distille tout au long de sa lecture une ambiance doucereuse, intrigante, malsaine. Un parfum de mystère flotte dans l'ouvrage, contamine le lecteur (qui peut alors voir son quotidien différemment le temps de la lecture), et qui correspond parfaitement au rapport que l'on peut avoir avec le spiritisme (quand le sujet intéresse), soit une attirance trouble pour le jeu avec la mort, avec l'indéfini.
"Affinités" est aussi un formidable jeu de manipulation, une orchestration de faux semblant. Qui sont réellement les personnages ? Que veulent-ils vraiment ? le rebondissement final, estomaquant, se chargera d'apporter la réponse.
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Margaret Prior est une jeune femme issue d'un milieu aisé. Après la mort de son père, elle décide de venir en aide aux prisonnières de Millbank, une sinistre prison située non loin de la Tamise, afin de les conseiller et leur apporter son soutien durant leur dur séjour dans cette prison. Contre l'avis de sa mère qui préfère que Margaret accomplisse les tâches réservées aux jeunes filles de son rang, Margaret devient « dame patronnesse » à Millbank : elle rencontre ainsi des femmes condamnées pour toutes sortes de fraudes, comme le vol, la tentative de suicide ou encore le meurtre. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance d'une détenue particulière : Selina Dawes, jeune médium spirite condamnée après la mort de sa protectrice, Mme Brink ainsi que la plainte d'une de ses clientes. Peu à peu, Selina va se confier à Margaret, et celle-ci devient de plus en plus « fascinée » par le médium au point de ne cesser de penser à elle, et de raconter à ses lecteurs la passion qui commence à brûler en elle…

Voici l'histoire d'Affinités, premier roman que je lis de Sarah Waters, romancière talentueuse qui m'intriguait depuis un certain temps. J'ai particulièrement apprécié le choix du « journal intime », car il nous permet de connaître dans les moindres détails les pensées de l'héroïne, un anti-héros en décalage avec son époque, qui veut devenir libre ; Margaret est un personnage intéressant : profondément attachée à son père disparu, elle n'est proche ni de sa mère, ni de sa jeune soeur fiancée avant elle, ni même de son frère, pourtant marié à son amie intime, Helen. J'ai été touchée par sa situation, je l'ai comprise du début à la fin, et j'ai vécu en même temps qu'elle les différents évènements de ce roman.

Selina est un personnage complexe, qui m'a plu par son caractère mystérieux, son passé qui semble atypique et son comportement avec Margaret. Je dois dire que je ne m'attendais pas à une telle fin, j'avoue même qu'elle m'a un peu déçue, et pourtant, elle nous délivre la dernière clé qui nous permet de résoudre l'énigme de la vie de Selina.

Ainsi, j'ai apprécié cette lecture, qui, malgré le peu de gaieté qui y règne, est passionnante. J'espère avoir l'occasion de découvrir plus en détails l'oeuvre de Sarah Waters, et en particulier son roman le plus connu, du Bout des doigts.

A lire !
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Ne vous fiez pas à la couverture car elle n'a rien à voir avec l'histoire, si ce n'est qu'elle raconte l'histoire de deux femmes dans une époque victorienne.

Margaret Prior se sent bien seule depuis la mort de son père. Elle a 29 ans, vit toujours chez sa mère, son frère s'est marié à une amie d'enfance et sa soeur s'apprête elle aussi à se marier et à quitter le domicile. Elle ne s'entend pas très bien avec sa mère et son père lui manque terriblement. Pour échapper à l'ennui elle va devenir visiteuse de prison. C'est une prison de femmes qu'elle a choisit: Millbank. Elle va tour à tour rencontrer plusieurs femmes qu'elle va visiter régulièrement jusqu'au jour où une prisonnière retient son attention: Selina Dawes. Ce qui l'intrigue chez elle et qui la rend différente à ses yeux c'est le fait qu'elle soit spirite, un univers inconnu aux yeux de Margaret. Les faits un peu troubles de son incarcération vont la pousser à découvrir la vérité et à plonger dans ce monde de médium.
A travers un croisement des journaux intimes, celui de Margaret, qui écrit au présent et celui de Selina, qui écrit avant son incarcération, nous allons comprendre les histoires de ces deux femmes que tout oppose jusqu'au rang social. On ne comprend pas tout de suite qu'il s'agit d'un croisement de journal, ce qui rend la lecture un peu brouillon. Les faits intéressants résultent plus dans le procès de Selina. Que s'est-il passé cette nuit-là ? Bien plus que dans les rencontres des deux femmes qui sont monotones et qui s'étirent dans tous le roman. Il reste juste la fascination mystérieuse et mystique de Margaret pour Selina. Fascination dont va jouer avec brio Mlle Dawes. La fin est surprenante et peut laisser perplexe. Ne vous fiez pas aux apparences et entrez dans l'univers carcéral de notre spirite, Selina Dawes.
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Margaret est une femme de la bonne société anglaise qui vient de perdre son père récemment. Elle est aussi en période de convalescence d'un mal mystérieux que personne ne veut nommer ; toujours est-il que Margaret a besoin de chloral ou de laudanum pour s'endormir tous les soirs.

Pour changer son quotidien, elle décide de devenir dame patronnesse dans la prison de Millbank, la visite régulière d'une honnête femme du monde ne pouvant que bonifier le caractère et le comportement des détenues. Parmi celles-ci, Margaret s'attache particulièrement à Selina Dawes, une spirite qui a été emprisonnée pour avoir frappé une détenue. La médium soutient fermement que c'est un mauvais tour d'un esprit et qu'elle est tout à fait innocente. Bien que sceptique au départ, Margaret va s'intéresser d'un peu plus près au spiritisme, fascinée par l'aura de Selina.

Sarah Waters reste avec Affinités dans son univers favori, la ville de Londres au 19ème siècle. L'ambiance y est toujours aussi bien rendue, et l'atmosphère des prisons est étouffante. Par contre, l'intrigue est très lente, et toutes les révélations ne se font que dans les cinquante dernières pages. L'ennui commençait à poindre à l'horizon.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Et Selina, où est-elle en cet instant ? Comment repose-t-elle ? Je lance mes pensées à travers la nuit, je tends la main vers le cordon de fluide occulte qui semblait autrefois, tendu, vibrant, l'unir à moi. Mais non, il fait trop noir, mes pensées défaillent, s'égarent, et le cordon...
Il n'y a jamais eu de cordon, jamais d'intervalle où nos esprits se touchaient. Il n'y avait que mon désir - et le sien, qui y ressemblait si fort que les deux paraissaient n'en faire qu'un. Il n'y a plus de désir en moi, maintenant ; plus de vie nouvelle qui palpite - elle a pris tout cela et ne m'a rien laissé.
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D'être là ravivait mon deuil. La salle de lecture n'a changé en rien depuis que papa nous a quittés. J'y ai vu , pour certains, les mêmes lecteurs qu'il y a deux ans, séchant toujours sur les mêmes liasses manuscrites, épluchant les mêmes livres ennuyeux, livrant toujours les mêmes petites batailles perdues d'avance avec le personnel, toujours aussi rigide. Le monsieur qui se suce les moustaches ; celui qui rit dans sa barbe ; la copieuse de caractères chinois qui fait la grimace au moindre chuchotement de ses voisins... Ils étaient tous là, fidèles au poste - semblables aux mouches captives d'un presse- papiers d'ambre.
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"Silence rompu, à l'instant même où je commençais à m'en étonner, par un soupir. Un soupir isolé - un seul, mais un soupir parfait, comme sorti tout droit d'un livre et qui, assorti à mon état d'esprit du moment, produisit sur moi, dans ce cadre, un effet plutôt insolite. [...] J'appliquai d'abord les doigts, puis les yeux, au guichet. Je fixai le regard sur la jeune femme enfermée là - figée dans un calme tel que je crois bien avoir retenu mon souffle pour ne pas l'alarmer.
Elle était assise sur sa petite chaise de bois dans une attitude d'abandon, la nuque renversée, les yeux fermés. Son tricot délaissé reposait sur ses genoux, ses deux mains se touchaient, les doigts légèrement serrés; la vitre jaune à sa fenêtre resplendissait de soleil, et elle avait tourné la tête pour s'y réchauffer. Sur la manche de sa robe couleur de boue je vis l'emblème de sa catégorie - une étoile de feutre, coupée en biais et cousue de travers, dont les lignes se détachaient à la lumière du jour. Ses cheveux, là où ils dépassaient de son bonnet, étaient clairs, son teint d'une paleur qui soulignait le modelé du front, des lèvres, la courbe des cils. J'étais certaine d'avoir déjà vu ce visage. c'était celui d'une sainte ou d'un ange dans un tableau de Crivelli.
Je l'observai une minute peut-être. Pendant tout ce temps elle garda la tête parfaitement immobile, les yeux fermés. Il y avait dans son attitude, dans son recueillement, une ferveur presque religieuse. Je finis par me dire qu'elle priait. Honteuse, j'allais refermer le guichet lorsqu'elle bougea. Ses mains s'ouvrirent, elle les leva à son visage et j'entrevis contre le rose de ses paumes calleuses un éclair de couleur. Elle tenait une fleur entre ses doigts - une violette, à la tige fatiguée. Elle la porta à ses lèvres, souffla dessus. Du coup je vis le violet des pétales transfiguré, vibrant, radieux...
Elle fit cela, et je me rendis compte de la grisaille qui l'entourait - grisaille des corridors, des prisonnières, des surveillantes, du monde entier, moi-même comprise. C'était un monde de lavis et de demi-teintes avec, là, une unique tâche de couleur, posée sur la toile sans doute par mégarde." (10/18 - p.45-47)
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Elle n'a pas encore vingt ans, se trouve en prison depuis l'âge de seize, était peut-être jolie autrefois, mais à l'air maintenant si blême et flétrie qu'elle paraît sans âge, comme si les murs blafards de la prison l'avaient vidé de toute vie et de toute couleur, ne laissant qu'une écorce vide.
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Les marchands ambulants aux pieds enveloppés de haillons battent maintenant la semelle dans Cheyne Walk en maudissant le froid, et là où les chevaux attendent on voit des grappes d'enfants blottis contre les flancs moites des bêtes pour s'y réchauffer.
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