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J'avais été frappé d'une fascination brute et tout à fait inédite pour un extrait de ce roman, que j'avais étudié à l'occasion d'un cours d'anglais. Il était très court, une quarantaine de lignes tout au plus, et pourtant semblait avoir défini avec la plus exceptionnelle des finesses ce que j'attends, j'espère et je rêve de l'amour. Roland Barthes parle du « C'est ça » lorsque vous reconnaissez une vérité dans un texte littéraire, et en ressentez immédiatement une euphorie particulière, indissociable de votre sensibilité ; c'est ce que j'avais vécu avec ce tout petit passage. Edith Wharton semblait l'avoir écrit spécialement pour moi, et les thèmes qu'elle abordait, les motifs qu'elle utilisait, étaient comme autant d'échos que je trouvais avec mes propres aspirations.

Aussi brûlais-je d'envie de lire l'entièreté du roman. Si quarante lignes avaient su à ce point me conquérir, pourquoi ne pas prolonger le plaisir ?

Je suis très heureux d'avoir obéi à cet instinct et de m'être empressé de commander et de lire « Ethan Frome », car j'y ai reconnu une des plus belles, sinon la plus belle histoire d'amour qui m'a été donné de lire. Nous avoisinons ici, à mon humble avis, le génie de « Gatsby le Magnifique ». L'atmosphère du roman est glaciale, maussade, et derrière l'humilité de ses 200 petites pages se cache un esprit d'acuité phénoménal. Que l'on se reconnaisse (comme moi) dans la figure d'Ethan Frome, que l'on s'attache davantage à un autre personnage, ou même que l'on ne ressente aucune identification particulière, on ne peut nier la justesse de ces portraits ni le réalisme psychologique avec lequel la romancière parcourt les sinuosités du sentiment amoureux.

La caractérisation des personnages sert par ailleurs une intrigue ciselée qui se repose sur des petits moments, parfois même des symboles, pour représenter des réalités profondément ancrées dans la nature humaine. le ressort tragique est parfaitement exploité, quoiqu'en un sens légèrement subverti (mais je n'en dis pas plus), ce qui fait toute la force du dénouement, qui m'a personnellement laissé pantois et les larmes aux yeux.

Je ne peux donc que vous conseiller ce court et néanmoins brillant roman, démonstration éloquente du talent de Mrs Wharton, oeuvre qui m'a touché au plus profond de moi-même, chef-d'oeuvre donc, toujours à mon humble avis.
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Alors que le temps de l'innocence , m'avait semblé rester un peu top en surface du milieu qu'il dépeignait et des figures qu'il composait , Edith Wharton dans Ethan Frome, malgré ou à cause peut être de son dispositif plus modeste parvient tout à fait à faire cohabiter la retenue, la légèreté de son écriture avec une approche immersive de son trio de personnages.
La beauté délicate et sombre du livre qui m'a rappelé le voile de tristesse qui flotte également sur le très beau Stoner de John Williams, réside justement dans cette manière cotonneuse , à l'image de la neige quatrième personnage du livre , d'investir progressivement l'intériorité de chacun de ses acteurs et créer de la sorte un récit qui s'alourdit à chaque page d'une tension croissante pour aboutir in fine à un dénouement plutôt inattendu.
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Pourquoi Ethane Frome, claudiquant tristement, tirant le diable par la queue, n'a jamais quitté sa ferme, son bled pourri de la Nouvelle Anletterre?

Je l'ai trouvé faible de caractère et le livre aurait du s'appeler 'Zenobia' du nom de son épouse aigrie, hypocondriaque et si méchante avec sa cousine Matt.

L'écriture de cette triste romance date d'un siècle, mais je l'ai trouvée un peu traînante et pas très mature.
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"Ethan Frome" d'Edith Wharton confine au chef-d'oeuvre.

Un étranger dans le village de Starkfield se surprend d'un habitant mystérieux, austère, un homme boîteux taciturne semblant renfermer en son for intérieur un passé riche de mille romans et pourtant définitivement triste. Il tente alors de reconstituer sa tragique histoire: celle d'un homme que le destin régurgitera, encore et encore, avec cruauté et une certaine ironie.

Edith Wharton nous plonge dans une Nouvelle Angleterre grise, enneigée, parfois maussade mais aussi merveilleuse. Tout son récit est empreint d'une minéralité, d'un élan vital formidable qui s'incarne en premier lieu par les sentiments amoureux.
Dire que ses personnages sont "bien construits" ne serait définitivement pas lui rendre justice. Ils sont criants de vérité, plein de fêlures et de surprises, et étrangement cohérent même lorsqu'ils perdent (presque) la raison.
La relation amoureuse, que je garderai pour vous volontairement floue, est absolument somptueuse. Intense, et encore une fois, sans aucun artifice: on y croirait, tant nous sommes traversés par les mêmes fulgurances et implosions qu'Ethan.

"Ethan Frome" est un court récit, mais qui s'apparente à ce que l'on fait de mieux dans l'art romanesque. On peut ne pas adhérer à l'histoire, ne pas adhérer à ce genre de "récits de vie", mais bon sang, qu'est-ce que c'est bien écrit...
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Je n'avais jamais rien lu d'Edith WHARTON, et je le regrette maintenant alors que je viens de refermer ce roman, très bien écrit (sans doute en français), qui conte l'histoire d'un jeune fermier du Massachussetts, sous la domination de sa femme Zenobia, une véritable ménagère hypocondriaque. L'arrivée de Matt SILVER, une cousine de Zenobia dans le besoin et abandonnée de sa famille va illuminer la vie d'Ethan, mais déchaîner la jalousie de femme.
La narration est magnifique, les personnages sont décrits avec minutie, notamment celui d'Ethan, par exemple quand il ne parvient pas à exprimer ses sentiments pourtant forts pour Matt.
La fin de l'histoire est particulièrement terrible et touchante.
Lecture indispensable pour comprendre les moeurs étriquées de l'époque dans la Nouvelle-Angleterre.
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"Les histoires d'amour finissent mal en général"... celle-ci très mal, et on le pressent dès le début, c'est la grande originalité de ce livre dont la trame, le milieu et le style me rappellent le grand Thomas Hardy de Loin de la foule déchaînée.
Je n'aurais pas détesté trouver une note d'espoir à la fin de cette histoire, mais qu'attendre d'une autrice capable de dresser un portrait aussi féroce de l'épouse tyrannique et hypocondriaque ?...
Portrait inoubliable ceci dit, comparé aux deux tourtereaux un peu fleur-bleue, comme le voulait l'époque, dont on apprécie les approches timides en étirant la lecture, pour retarder la fin dont on sait l'issue inexorable.

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Je poursuis ma découverte des romans courts d'Edith Wharton qui sont dans ma bibliothèque avec Ethan Frome qu'un numéro du Book Club de France Culture m'avait vivement donné envie de lire. Je ne savais pas alors que je tenais un peu le pendant américain des Hauts de Hurlevent dans ce roman tout aussi déprimant et rude.

La semaine dernière, je vous parlais d'Eté de l'autrice que je comparais à Gustave FLaubert et sa Madame Bovary, Edith Wharton ayant une plume caméléon, c'est plutôt à Emily Brontë qu'elle m'a fait penser dans ce récit d'amours contrariés, d'amour et désir adultère qui finit mal et qui rend les personnages terriblement amers. Elle reste comme je le disais alors un vrai pendant de Thomas Hardy pour les États-Unis avec des personnages aux destins dramatiques dans des décors on ne peut plus banals. Les amateurs du genre seront ravis, les autres comme moi prendront peut-être plus de plaisir à lire sa plume qu'à découvrir ses intrigues ^^!

J'ai à nouveau été frappé par la justesse de ses mots pour décrire cette petite ville tellement déprimante dans les montagnes du Massachusetts de la fin du XIXe où vit Ethan Frome, un homme pauvre, qui va se retrouver tiraillé entre sa raison et ses sentiments et entre deux femmes. C'est à nouveau d'une belle et vive modernité, jouant sur notre morale et celle de ses personnages, mais avec de fulgurances superbes quand il s'agit de décrire cette retenue des sentiments et leur surgissement pourtant.

Contrairement à Charity dans Eté, le personnage d'Ethan, bien que moralement discutable et avec un caractère assez faible, m'a émue ici. J'ai été touchée par cet homme qui s'est marié par la force des choses avec une parente venue l'aider avec sa mère malade et qui va se transformer elle aussi en plaie souffreteuse, ou plutôt hypocondriaque agaçante, tandis que lui sue sang et eau pour tenter de faire vivre sa petite scierie, ce qui n'est pas simple et rapporte peu. C'est un homme simple qui n'arrête pas de se faire embêter par les femmes de sa vie.

L'autrice nous offre un héros très pur malgré son sexe et son âge. Il est émouvant dans son éveil aux sentiments amoureux, même si ceux-ci peuvent déranger le lecteur actuel du fait de sa relation d'autorité morale et de la différence d'âge avec la jeune personne concernée, une parente de sa femme : Mattie. Celle-ci est l'inverse de la première. Là où elle est morose, acariâtre et méchante, Mattie est douce, volontaire et gentille. Ainsi même si la morale décrie cela, il y a une forme de beauté pure dans ce qui naît entre eux mais ne peut avoir lieu.

L‘autrice met toute sa science du drame au service de ces deux personnages dont la douceur détonne et est presque antinomique de leur rôle dans le récit. Edith Wharton contient tout du long une tension qu'on sent pressente chez Zeena, la femme d'Ethan, qui réalise bien ce qui se joue sous son nez, mais elle ne fait exploser cette tension que dans les ultimes pages d'un récit bâti sous forme de témoigne par des narrateurs doubles connaissant ou rendant visite à Ethan, offrant une vision déformée qui interroge sur ce qui a eu lieu entre ce trio. Singulier.

Ethan Frome est donc une lecture qui interroge à nouveau les liens du mariage et place son cadre dans une Nouvelle-Angleterre misérable parfaitement décrite dans sa rudesse et son vide par l'autrice à l'aide d'une plume pleine d'une grise poésie. Si vous aimez voir votre morale interrogée et dérangée, Edith Wharton est vraiment une autrice à lire, pendant féminin et américain du dramatique Thomas Hardy, qui aime torturer notre coeur avec les destinées tragiques de ses personnages.
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Une longue nouvelle que j'ai dévoré beaucoup trop rapidement.
Au coeur d'un village du Massachusetts vit un homme diminué physiquement, balafré, qui vit avec deux femmes recluses chez lui.
Au village, son histoire personnelle se chuchote et ne se raconte pas.
On devine un lourd passé et un drame mais lequel ?
Un huit clos tendre et âpre à la fois, où l'atmosphère devient de plus en plus pesante jusqu'au dénouement final.
Un récit qui traite de la solitude, de l'amour, et des choix du coeur ou de la raison.
Un roman qu'on ne lâche pas !
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Immense coup de coeur pour cette histoire d'amour terrible et terrifiante dont vous dévoiler les tenants et les aboutissants s'apparenterait à un crime littéraire.
Massachusetts, fin du XIXe siècle. Ethan est désormais un homme terrifiant, de prime abord. Boiteux et porteur d'une balafre défigurante au visage, il salue d'un hochement de tête mais ne s'attarde jamais. Chez lui, deux femmes qui vivent complètement recluses. Quelle est l'histoire d'Ethan Frome ? Son âme est-elle aussi sèche et terne que son corps semble le dire ?

Edith Wharton signe ici un roman d'une précision psychologique incroyable et à la narration splendide. Qu'est-on prêt à faire par amour ? Jusqu'où ?

Au fil des pages, l'atmosphère se charge d'une intense lourdeur qui ne verra son paroxysme atteint seulement quelques pages avant la fin, offrant un texte à la fois subtil, tendre et terriblement angoissant.

Je ne vous en dis pas plus car, pour l'apprécier, il faut vivre ce roman en en connaissant le moins possible.

Chef d'oeuvre de la littérature américaine, ce court roman est à mettre entre toutes les mains, pour se rendre compte du pouvoir et de la puissance de l'amour, de la jalousie aussi … et surtout de la littérature !
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