AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 583 notes
5
44 avis
4
35 avis
3
11 avis
2
2 avis
1
0 avis
Un roman qui nous entraîne à la découverte de la société new-yorkaise de l'aube du 20e siècle, une société corsetée, régie par des codes très stricts dont il est difficile de déroger. La vision que l'auteur en apporte est acérée, ironique, et c'est ce que j'ai le plus apprécié, bien plus que les personnages. le personnage principal, Newland Archer, produit parfait de cette société dont il aimerait tant se détacher, semble incapable de prendre une décision et laisse la vie se dérouler devant lui. Un moment de lecture très intéressant.
Commenter  J’apprécie          60
La grande bourgeoisie américaine, ses apparences, ses faux-semblants, son hypocrisie, sa hiérarchie, son corsetage... Ce monde là me paraît à des années lumières ! Et il l'est d'une certaine manière.
J'avais de la peine pour Newland, Ellen et May, victimes à leur manière, de ce carcan qui régit leur vie. Victimes et bourreaux, tout à la fois.
J'ai mis du temps à entrer dans ce roman, vraiment. Je restais extérieure. Mais j'ai appris à m'attacher à ses personnages, à ce monde, à cette importance des conséquences que prennent, ou que pourraient avoir leurs actes, leurs élans du coeur.
La fin est mitigée pour moi, entre vision d'espoir, déception et beauté. Donc une belle fin finalement.
Commenter  J’apprécie          150
Innocence , si j'en crois la définition du Larousse, désigne ce qui est exempt de malignité, de quelqu'un qui est d'une ingénuité, d'une naïveté souvent excessives... Où se cache l'innocence dans ce superbe roman d'Edith Wharton, récompensé par le prix Pulitzer 1921?
Les années 1870/80 , New-York, la haute société riche, très riche, guindée, très guindée. .La comtesse Ellen Olenska "rentre au bercail" .Après de nombreuses années v&cues en Europe, elle rentre à New-York fuyant un époux certes très riche mais particulièrement déplaisant. Ce retour provoque l'émoi dans le microcosme mondain, seul Newland Archer va porter un regard différent sur cette jeune femme profondément malheureuse. Sur le point d'épouser May Welland, la cousine de la comtesse, il va bientôt être sous le charme d'Ellen . Vont alors s'affronter deux personnalités bien trempées , éprises l'une de l'autre mais soucieuses de la tranquillité de leurs proches . ... Franchiront ils le pas ? pourront ils vivre leur amour ?....
Edith Wharton connait fort bien le milieu qu'elle nous décrit ici si brillamment . Une plume acérée certes mais toute en finesse. Les choses sont plus suggérées que dites , l'ironie est là toujours sous-jacente, la critique aussi mais avec une tendresse non dissimulée. Si Edith Wharton a choisi de quitter New-York pour s'installer en Europe c'est par choix , si elle a franchi certaines étapes réprouvées par son milieu-le divorce entre autres choses- elle l'assume ! Il n'en reste pas moins qu'à travers les lignes de ce roman affleure compassion et tendresse pour tous ceux qui sont passés à côté de leur vie ...Un grand , un très grand roman.
Commenter  J’apprécie          270
New York, 1870 : la bonne société se confit dans ses moeurs dans un entre soi savamment entretenu, avec d'autant plus de rigidité qu'elle sait sa noblesse construite sur des richesses de parvenus bien peu aristocratique et donc non pérenne, et qu'elle sent dans l'agitation du monde en devenir un mouvement qui pourrait la balayer.

Newland Archer est de ce monde. Son ADN social y est si bien mêlé qu'il s'apprête à le reproduire dans un mariage convenu avec une jeune femme de son milieu, ravissante et délicieusement bornée. Jusqu'à l'arrivée de la comtesse Olenska, européanisée, ouverte d'esprit, libre de pensée, qui va fissurer dans le coeur du jeune homme cette chaîne nucléique, laissant entrevoir à Newland une autre vie possible en dehors du carcan immuable de la vie prédéterminée et organisée pour lui.

A l'âge où l'innocence brûle de ses dernières flammes et fait croire que tout est encore possible, Newland, pris d'amour, va vivre à travers cette rencontre le dilemme le plus crucial de sa vie entre ses obligations de caste et son désir d'épanouissement.

Quelle plume Madame Wharton, quelle plume ! Il me fallait toute l'attractivité de votre talent, qui m'avait déjà subjuguée dans Ethan Frome, pour ouvrir ce roman d'amour qui en fait n'en est pas tant un mais plutôt une peinture ciselée et grinçante d'un monde que vous connaissez bien pour en être (la comtesse vous ressemble fort, dit-on) ainsi qu'un questionnement, juste et dérangeant, sur le poids de la pression sociale et le choix individuel dans une époque où l'individualisme libertaire n'avait pas encore été inventé.
Magnifique !
Commenter  J’apprécie          350
Dans le New York flamboyant de la fin du XIXème siècle, Newland Archer est un jeune homme bien éduqué de la haute bourgeoisie. Promis à un avenir brillant, il est sur le point d'annoncer ses fiançailles avec la pure May Welland, quand, à l'Opéra, tous les regards se tournent vers une loge...


La belle comtesse Olanska fait son apparition au même moment. Elle est la cousine de May. Une cousine qui fait parler d'elle parce qu'elle a eu l'audace de quitter son mari ! Depuis lors, elle a retrouvé son indépendance, chose qui était en ce temps-là très mal perçu. C'était inacceptable, impardonnable mais le pire dans cette histoire, c'est qu'elle va bouleverser la vie de May...


Newland est très perturbé par cette scandaleuse cousine qui devrait l'effrayer mais non ! Au lieu de se donner à fond et d'y aller franchement, d'agir honnêtement avec May, cet idiot va douter ! Qui de la blanche colombe et de la pie noire va-t-il finir par épouser ?


Autant vous le dire tout de suite, il n'y a rien d'innocent dans ce roman ! Au contraire, l'auteur s'emploie à y déverser beaucoup d'hypocrisie, de lâcheté et de bêtise humaines ainsi que quelques beaux moments d'amour, de vérité, de liberté.


L'innocence commence avec les fiançailles où l'innocence est physique autant que morale. May perd cette première innocence avec bonheur et consentement dans le mariage. Mais elle perd une autre innocence psychique lorsqu'elle perce à jour le secret de coeur que renferme son époux...


Pour Archer, il a perdu son innocence dès que son regard croisera celui de cette comtesse. Dès lors, son esprit sera tourmenté par cette femme qui le hante profondément...


Ce roman décrit avec brio l'hypocrisie de la haute société new-yorkaise. Les élans de liberté des femmes sont toujours réprimés, voire étouffés, par un monde riche et bien-pensant ce qui ne veut pas dire que ces mêmes personnes ne souhaiteraient pas les voir bafoués de temps à autre...


"Au temps de l'innocence" est un excellent ouvrage à lire, à découvrir ! Pour les cinéphiles, il existe une adaptation cinématographie du roman "Le temps de l'innocence" de Martin Scorcese ayant pour acteurs Michelle Pfieffer, Wynona Ryder et Daniel Day-Lewis.
Lien : http://leslecturesdeladiablo..
Commenter  J’apprécie          10
Les années 1870 à New-York. Le jeune Newland Archer précipite l'annonce de ses fiançailles avec la ravissante May Welland pour manifester son soutien à la puissante famille des Mingott qui accueille la comtesse Olenska, revenue aux États-Unis avec la ferme intention de divorcer d'un époux viveur et tyrannique. Bien qu'appartenant à la haute société new-yorkaise par ses origines, Ellen Olenska suscite le scandale en s'affranchissant de la tutelle maritale et en cherchant refuge auprès de sa grand-mère, Mrs. Manson Mingott, après avoir quitté le domicile conjugal.
Newland, élevé dans le temple du conformisme mondain, ne comprend pas tout d'abord l'attirance qu'il éprouve pour la belle comtesse dont la nature sensible, la spontanéité et la vivacité le séduisent. Il va bientôt épouser une jeune femme qu'il a choisie, sa fraîcheur et sa pureté l'enchantent, elle possède toutes les qualités requises pour être une maîtresse de maison accomplie et une future mère, et connaît à la perfection les usages de leur monde. Pourtant, l'approche du mariage lui donne le vertige, car le visage lisse et souriant de May ne semble receler aucune fantaisie, son éducation l'a préparée à rester dans le bon ton et ses gestes ou ses paroles ne s'écarteront jamais de la bienséance et de la politesse qui gouvernent les relations sociales des vieilles familles new-yorkaises. La blonde May incarne l'innocence de la jeune fille parfaite au seuil de sa vie adulte.
Ellen Olenska, orpheline trop tôt, a été élevée par sa tante Medora Manson dont les excentricités sont tolérées par la famille dans la mesure où elles se déroulent hors du sol américain, dans une Europe lointaine que la société puritaine du vieux New-York méprise pour ses moeurs trop libres. Ellen a toujours joui d'une liberté qui lui a été préjudiciable et qui l'a conduite à un mariage désastreux. Ainsi, on se souvient encore de sa robe de bal noire pour ses débuts dans le monde. Ses imprudences dans ses relations sociales (elle fréquente des nouveaux riches comme Julius Beaufort et Mrs. Struthers qui ouvre son salon aux artistes), son allure affranchie, son souhait de vivre seule, tout cela concourt à ternir sa réputation et à discréditer les membres de son clan qui essaient de la réintégrer dans son milieu en dépit de son indocilité. La brune Ellen porte en elle une sorte d'incandescence qui brûle le regard de Newland et l'amène à trouver fade sa fiancée, dans ses réponses convenues, dans son respect absolu des règles du jeu social.
Newland qui travaille dans une étude d'avocats, sera chargé de convaincre Ellen de renoncer à ses projets de divorce, puis d'accepter un arrangement financier avantageux qui la ramènerait auprès du comte Olenski. Alors que rien ne le prédisposait à soutenir Ellen, il la comprend, devine son malheur et sait que la renvoyer en Europe, auprès de son mari, la détruirait. En même temps qu'il prend conscience de son penchant pour elle, il pressent qu'elle serait capable d'apaiser ses doutes, d'aiguiser son appétit pour les arts et la littérature, et de lui ouvrir une voie nouvelle grâce à sa sensibilité. Quand il découvre que son sentiment est partagé, son mariage est hélas précipité par une de ses initiatives, appuyée par Ellen qui ne peut se résoudre à provoquer le malheur et le déshonneur de sa cousine May. Un an plus tard, quand il se sent près à trahir May et peut-être à l'abandonner, l'annonce de sa grossesse l'empêche de mener à bien son projet. Newland restera à jamais englué dans son incapacité à défier son milieu, à contourner les stratégies familiales pour affirmer ses choix, à secouer l'hérédité sociale qui fait son malheur.
May et Newland ne sont pas dupes des pièges qui se dressent sur la voie du mariage. La première, May a senti l'éloignement de son fiancé. Son élan de générosité pour lui rendre sa liberté, au nom d'un attachement plus ancien qu'il aurait contracté, est calculé. Elle sait que les scrupules dont elle s'ouvre à demi-mots auprès de Newland seront balayés par son orgueil de mâle assuré d'avoir choisi une jeune fille à la conduite exemplaire. le mariage est avancé malgré les réticences des Welland car la vieille Catherine Mingott veille au grain mais, auparavant, May a alerté finement sa cousine Ellen de ses craintes et les qualités de coeur de celle-ci l'empêchent de provoquer une catastrophe familiale et sociale. May utilisera la même stratégie un an plus tard. Quand Newland est prêt à basculer dans l'adultère, elle annonce à Ellen une grossesse dont elle n'est pas certaine pour l'obliger à repartir en Europe, toujours avec le concours de grand-mère Mingott qui accorde à Ellen l'indépendance financière dont elle a besoin. le temps de l'innocence a été très bref pour May et, avec un sang-froid étonnant, elle a conservé son couple et sa position sociale. Mrs. Manson Mingott raconte à qui veut l'entendre qu'Ellen est celle qui lui ressemble le plus, en réalité c'est May qui lui ressemble le plus et qu'elle protège des folies de Newland.
On voit que cette histoire est la confrontation de tempéraments féminins, même si le récit est vu au travers du regard de Newland. C'est un homme prit en tenailles. Il a été élevé dans une société où l'homme décide, commande, exige. Il tyrannise parfois sa mère qui se plie volontiers à ses caprices. Il a pitié de sa soeur Janey qui vieillit en perdant peu à peu tout espoir de se marier, mais ne fait rien pour l'enlever au tête-à-tête étouffant avec sa mère. Il ne rêve pas d'offrir à May une émancipation intellectuelle, il la juge incapable de sortir de son éducation trop traditionnelle. Il voit jusqu'à l'écoeurement les manies d'hypocondriaque de Mr. Welland mais n'encourage pas sa fille à les rejeter. Son éducation en fait un homme conventionnel sur le plan des devoirs respectifs qui attendent chacun des époux à l'intérieur du couple. À May, la décoration de la maison, l'organisation domestique, l'éducation des enfants, à lui le travail et l'aménagement de son bureau. Mais, quand il pressent ce qu'une femme sensible, cultivée comme Ellen peut lui apporter, il se veut progressiste et réclame l'égalité des sexes. Sa condescendance à l'égard des femmes ne s'arrête qu'à Ellen et à la vieille Mrs. Manson Mingott à qui rien n'échappe, et surtout pas l'attachement d'Archer pour sa petite-fille. le conformisme qu'il reproche à May est le même que le sien qu'il ne parvient à secouer que brièvement, quand il veut se rapprocher de ce qu'Ellen apprécie (les conversations avec des hommes cultivés même d'origine modeste, un intérieur fait de bric et de broc, un déjeuner improvisé dans une auberge...). Dans ces circonstances, Newland ne peut que renoncer à Ellen, étouffer en lui l'élan libérateur et, encore, un quart de siècle plus tard, fuir devant une rencontre par peur de n'apparaître que comme un homme sclérosé par une vie terne.
Faut-il choisir Ellen contre May ? Faut-il élire la vertu domestique et rejeter la liberté de choix revendiquée ? Edith Wharton se garde bien de répondre à cette question. May n'est pas une oie blanche comme Gertrude Lefferts qui ignore tout des aventures de son mari. L'auteur la dépeint à plusieurs reprises comme une Diane chasseresse, au tir à l'arc ou au bal, elle rayonne avec assurance. C'est une sportive, dotée d'une remarquable endurance et capable de mener à bien une entreprise avec intelligence et ruse. Ellen est originale, sensuelle, intellectuelle, mais exposée très tôt au malheur, elle manque de la force de caractère de May. Elle se sent vulnérable, elle est sans cesse en recherche de conseils et d'attentions, ses décisions fluctuent en fonction des faiblesses qu'elle essaie de contrarier chez elle. Aurait-elle été la compagne idéale pour un homme comme Newland Archer dont les certitudes vacillent au gré des circonstances ? Nous n'aurons pas la réponse, mais Edith Wharton nous touche profondément avec une héroïne dont le beauté troublante est aussi blessée que sa noblesse de coeur.
Le style d'Edith Wharton est chatoyant, fait de touches délicates, extrêmement précises, qui se juxtaposent jusqu'à former un tableau saisissant, à restituer une scène avec sa lumière, ses parfums, le grain d'une peau, la texture d'une étoffe. L'expression des sentiments prend toute sa place quand le décor est planté, l'atmosphère exactement restituée. Ainsi, May porte toujours des toilettes blanches ou claires, des tons pastel, du cygne, respire un bouquet de muguet, et se fraie ainsi un chemin jusqu'à nos yeux dans cet appareil quasi virginal qui est sa « note ». À Ellen, le noir, le bleu corbeau, le rouge, les parfums capiteux et les roses jaunes ou les orchidées, une dramatisation de son apparence qui renvoie à la passion, mais aussi à la fatalité qui pèse sur son existence. Cette charte visuelle, au lieu de nous fournir une approche stéréotypée des personnages comme on pourrait le craindre, nous les restitue à chaque scène avec une profondeur de champ immédiate. le même souci du détail préside à la description d'une soirée à l'opéra, du cérémonial d'une réception ou d'une partie de tir à l'arc. le décor posé, les protagonistes de la scène se détachent sur le fond avec la netteté d'une image restituée sous nos yeux par une patiente construction de leur identité plastique.
Cependant, la peinture sociale reste féroce. Certaines remarques d'Archer, notamment sur ses aventures amoureuses passées sont odieuses. le milieu comporte aussi ses commères attitrées et l'une des plus redoutables est le vieux Sillerton Jackson. La sécheresse de coeur, l'hypocrisie, la médisance apparaissent en filigrane sous les remarques les plus aimables et cette société confinée érige pour se protéger des distinctions sociales impitoyables.
Ce livre est une oeuvre très forte où l'on sent à chaque instant poindre une nostalgie très profonde pour une époque révolue en même temps qu'une dénonciation de la vanité d'un milieu social confit dans ses traditions.
Commenter  J’apprécie          32
Un chef d'oeuvre, un de plus à porter au palmarès d'Edith Wharton !
"Au temps de l'innocence" n'a absolument pas usurpé le Pulitzer 1921 et Martin Scorsese lui a légitimement rendu un vibrant hommage avec son adaptation cinématographique, petit bijou d'esthétisme et de sensibilité.

New York, 1870. Newland Archer est un jeune homme de la bonne société traditionnelle et puritaine qui fait la pluie et le beau temps sur cette capitale en devenir. Fraîchement fiancé à May, égérie de ladite société, fidèle à tous les préceptes aujourd'hui surannés, rigides et débiles, image vivante de la pureté, de la vertu, de la soumission, tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles sauf que... une ombre se profile sur le tableau idyllique : la comtesse Ellen Olenska, cousine de May, entre en scène un soir à l'opéra. Plus exactement elle entre dans la loge familiale et fait basculer la vie de Newland sans s'en douter.

Ellen représente tout ce que May n'est pas : mal mariée et séparée de son époux polonais - autant dire marginalisée dans la société new-yorkaise qui ne lui pardonne pas d'avoir fui son mari pour rentrer au bercail -, Helen est une femme d'expérience qui exprime ses goûts et ses envies, qui fait preuve de trop de franchise et qui par là même passe pour une créature sensuelle et dangereuse. Newland Archer, obligé de la soutenir socialement dans sa "réintégration" dans la bonne société, s'éprend irrésistiblement de cette femme passionnée qui relègue May au rang d'une froide statue de marbre dépourvue d'esprit et de personnalité et qui ne peut compter que sur sa beauté et son innocence.

L'étude sociétale que nous livre ici Edith Wharton est d'un esthétisme à couper le souffle, d'une précision délectable et d'un charme ensorcelant. La personnalité du triangle amoureux Newland - Ellen - May est un chef d'oeuvre d'analyse psychologique et émotionnelle. Ces trois êtres, pris dans les rouages bien huilés d'une société qui vit ses dernières heures de gloire avant le grand chamboulement de la finance, des transports et des communications, sont poignants d'humanité et touchants de grâce. Impossible de ne pas compatir à leurs sentiments ni d'être profondément remué par leurs espérances. Le tout servi par une plume en or massif, nous avons là un très grand exemple de Littérature.


Challenge ATOUT PRIX 2017
Challenge 1914-1968 2017
Commenter  J’apprécie          666
Dans les années 1870, dans la haute société new-yorkaise, Newland Archer s'apprête à épouser la belle et sage May, vitrine de cette société des apparences. Peu avant son mariage, il rencontre Ellen Olenska, belle, expérimentée, qui a vécu en Europe, amie des artistes et anticonformiste (pour son milieu et son époque car elle vit séparée de son mari violent).Ses yeux s'ouvrent, Archer est ébranlé dans ses certitudes. Néanmoins, il épouse May car il ne veut renoncer à une vie brillante même s'il sait qu'elle sera monotone et ennuyeuse. Plus tard, il pense à tout quitter mais Archer est faible et manipulé par le clan qui sait tout, voit tout et veille... Ce monde bien qu'en déclin résiste. Il ne pardonne pas à Ellen qui préfère vivre déclassée que se conformer aux usages en retournant vivre auprès de son mari. Eux ne veulent pas changer, ils savent que le Temps aura raison de leur monde. Il a manqué à Archer "le sel de la vie" mais il a préservé les apparences, il a surtout été le jouet de ce monde qui ne représente pas comme il le croyait "l'innocence". May était bien moins ingénue qu'il ne le supposait. Les sentiments ne sont pas exprimés franchement mais sous le monde policé des apparences, les êtres sont bien plus complexes qu'il n'y paraît. Ils peuvent aussi être d'une immense cruauté et s'employer à briser des destins.
Commenter  J’apprécie          20
Au début du roman, Edith Wharton nous présente Newland Archer fiancé à May Welland et la comtesse Ellen Olenska, cousine de May. Cette dernière revient à New-York pour fuir son mari et souhaiterait divorcer. Mais, elle se heurte au clan familial et aux us et coutumes de la société huppée de New-York des années 1870. L'auteure dépeint le positionnement de la femme dans cette société où l'indépendance d'Ellen Olenska que ce soit dans ses propos ou son mode de vie, se fait remarquer. Newland est à la fois déchiré par ces deux femmes et entre sa conviction intérieure où la femme doit faire ce qu'il lui plaît et les conventions sociales. Après son mariage, il a de plus en plus de mal à vivre dans cette société : étriquée, refermée sur elle-même ne s'ouvrant pas aux arts et ne montrant aucune curiosité pour d'autres quartiers de New-York ou pour d'autres villes. Quel choix va faire Newland : rester avec sa femme car c'est son devoir ou écouter son coeur et partir à l'aventure avec la comtesse Olenska ?
Malheureusement, le récit ne m'a pas emballé. Je ne me suis attachée à aucun des personnages puisque le récit est axé sur les moeurs sociétales et l'histoire d'amour est en trame de fond.
Commenter  J’apprécie          20
Oh, mais qu'il est bon ce bouquin ! Bien loin d'être une simple romance, sa force tient dans une galerie de personnages hyper représentatifs de leur époque et un contexte flirtant avec les prémices du féminisme, plus que dans son intrigue somme toute banale.

L'innocence de ce temps n'est qu'un attribut de façade, incontournable chez les jeunes gens mais vite réduit en poussière au profit de sentiments contenus. Finalement la vraie innocence n'est pas là où on l'attendrait. Entre May, l'ingénue oie blanche, et Ellen, la femme de tête indépendante, la plus naïve est loin d'être celle que l'on croit. L'épouse en effet est clairvoyante derrière sa réserve, téméraire sous son masque de perfection, quand l'autre à force de franchise se trouve souvent à manquer de discernement. le personnage de Newland lui est plus passif. Il a des convictions assez avant-gardistes, notamment en ce qui concerne les femmes, mais il n'a pas l'audace de les défendre et s'endort finalement dans la douce torpeur des conventions.

Edith Wharton fait admirablement ressortir toute la superficialité des convenances, et toute la profondeur des convictions qui se cachent derrière. Elle dresse le portrait d'une société où l'apparence est reine, engoncée dans ses principes, qui n'a finalement pas tant évolué qu'on voudrait nous le faire croire. Aujourd'hui, on se persuade d'être libre, libre de tout faire, de tout avoir, mais finalement, n'est-on pas tout aussi aliéné par d'autres conventions ?

Personnellement, je me sens complètement dans mon élément dans ce siècle aux codes redoutables et à la bienséance toute relative. A tel point que j'ai parfois la sensation de m'être trompée d'époque ! Cela peut sembler étrange en 2016, mais je trouve ce carcan presque rassurant. Nous vivons aujourd'hui dans un monde toujours plus rapide, où le moment présent prime sur le long terme. Mais à l'inverse, au XIXe siècle, l'endurance dominait le sprint. La raison dure plus longtemps que la passion, et si abandonner un amour scandaleux au profit d'une vie simple et sans heurts peut aujourd'hui sembler un grand sacrifice, à l'époque le ressenti était tout autre.

J'ai savouré « le temps de l'innocence » comme un bonbon acidulé, qui pique un peu la langue malgré le réconfort qu'il apporte. Lucides et sans rancoeur, les mots d'Edith Wharton m'ont touchée au coeur, comme ont pu le faire Zola et Flaubert dans mon jeune temps. Une vraie bouffée de nostalgie.
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1852) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11185 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}