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Iconoclaste, mystérieuse, discrète et en quête d'elle-même, la comtesse Olenska est un être singulier pour la bonne société de New York, dans un XIXe siècle qui s'achève. Ce personnage m'a beaucoup rappelé la Princesse de Clèves pour des raisons que je vais exposer : nous avons affaire à une héroïne constamment soumise au regard des autres dans un microcosme fermé (la comtesse Olenska, dans l'aristocratie de New York, Mme de Clèves, à la cour des Valois), soucieuse de ne pas compromettre ceux qui lui sont chers, et confrontée à un cruel dilemme sentimental. Quelle fresque stupéfiante et décadente de l'aristocratie ! C'est avec un désenchantement qu'Edith Wharton nous dépeint une société à l'agonie, qui savoure le crépuscule d'une gloire qui s'amenuise à vue d'oeil ! Newland Archer, jeune avocat récemment diplômé, issu d'une illustre famille, doit bientôt se marier avec May Welland, une femme comme il faut, le pur produit du milieu dont elle vient. C'est alors que le chemin d'Archer croise celui d'Ellen Olenska, revenue d'Europe, dont la rencontre vient bouleverser toutes ses convictions au sujet du mariage, de la vie conjugale, et de la vie. L'auteur fait fort avec cet ouvrage qui fut couronné de succès et obtint le prix pulitzer en 1923 ! Edith Wharton dépeint une société qu'elle a très bien connu et nous montre les dernières illusions dont se bercent les plus nobles familles de New York, soucieuses des rumeurs qui sont colportées, de la tenue qu'il faut arborer le jour d'un mariage ou à un simple dîner. Ce n'est pas un regard acerbe que porte l'auteur sur cette ère qui entame son chant du cygne ; c'est un constat pessimiste. J'ai particulièrement abhoré le personnage de May : superficielle, quelconque et dotée d'une langue de vipère, elle est le contraire de la comtesse Olenska qui rayonne par sa franchise primesautière. J'ai été particulièrement frappé par le chapitre où tout est calculé jusque dans les détails les plus anodins, rien que pour dire adieu à quelqu'un... lorsque je suis parvenu à la dernière page du roman, je suis tombé des nues, tant j'étais consterné, non seulement par le dénouement, mais surtout par l'ensemble des étapes du roman ! Ce monde que nous décrit Edith Wharton est un château de cartes menaçant de s'écrouler à tout instant.
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Je connaissais ce titre de roman par le biais de la série Gossip Girl (quelle référence !) dans laquelle les personnages jouent ce roman en pièce de théâtre. Je ne savais donc pas grand chose.
Et puis avec mon abonnement aux livres sur les personnages féminins forts de la collection Cranford, ce roman m'a été envoyé.
J'aime les romans qui décrivent la haute société de ma fin du XIX e siècle. Ici l'autrice nous décrit la société New Yorkaise avec ses travers, ses apparences et son hypocrisie.
La comtesse Oleska revient vivre dans sa famille après des déboires avec son mari resté sur le continent. Elle veut vivre une vie comme elle l'entend, ce qui est très féministe comme attitude pour ce siècle. le jeune Archer Newland y fait sa rencontre.
Ce roman vaut bien un Pulitzer !
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Ce roman, qui a offert le Prix Pulitzer à son autrice en 1921, raconte un amour impossible dans la bonne société new-yorkaise dans les années 1870. C'est avant tout la description précise d'un monde d'apparence, d'hypocrisie et de bonnes manières. Les convenances qui le régissent annihilent toute tentative d'évasion. Suivre son coeur, ses désirs, n'est pas une option lorsque l'on est de haute extraction et que tous les regards se fixent sur vous. Une plongée dans un univers dirigé par les attentes de la famille et de la société.
Loin du romantisme qui abat tous les obstacles, c'est une histoire qui laisse un sentiment doux-amer. Une histoire de croisée des chemins, celui du coeur et celui du devoir, qui se referme avec un soupir sur ce qui aurait pu être. Ce n'est pas le récit d'une vie gâchée, mais d'une vie affadie.
Une autrice que je ne connaissais que de nom et une agréable découverte.

(Instant ronchon : je l'ai lu dans l'édition RBA « Romans éternels » et j'ai été un peu irritée par la pluie de virgules qui s'est un moment abattue sur le texte. Il y en avait trop. Partout. Aux endroits les plus improbables et inappropriés. Heureusement, ça n'a pas été sur l'ensemble du livre, mais ce fut quelques pages laborieuses pour moi.)
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Edith Wharton est la première femme à avoir obtenu en 1921 le Prix Pulitzer pour son roman - le temps de l'innocence -. Et que la chose soit entendue : elle n'a pas obtenu cette récompense parce que femme mais pour son talent,, qui est grand.
Sa plume, d'un esthétisme fin XIXème - début XXème, a l'acuité, l'intelligence et le brio de celles qui résistent au temps et à la poussière des modes.
Son roman est un tableau de Maître, qui peint avec un réalisme et une minutie exemplaires le microcosme élitiste, replié sur lui-même, consanguin, de la haute bourgeoisie new-yorkaise corsetée dans ses codes, défendant jusqu'au ridicule le mythe d'une prééminence sociale quasi dogmatique... en l'an de grâce 187*.
C'est dans ce troisième tiers de ce siècle "déclinant" que, tel un opéra dramatique, cette société va s'animer sous l'impulsion d'un jeune homme, Newland Archer, sur le point d'épouser une toute jeune femme, May Welland... tous deux représentants sans tache de leur classe, lorsque surgissant telle une démone échappée de la dépravée Europe, va "s'installer" dans leurs vies la belle comtesse Olanska à la réputation sulfureuse.
La brave société new-yorkaise va alors voir vaciller le socle de ses certitudes, emportant dans ce tremblement de terre les convictions et les sentiments du jusque-là très conformiste Newland Archer.
Mais cette société apparemment crépusculaire a des ressources inattendues et ses défenses immunitaires sont prêtes à tout pour assurer la survie d'un corps qui n'est pas que social.
Roman d'amour, de moeurs à la psychologie lucide, acide, aiguë et sans concessions, - le temps de l'innocence - se déguste comme un Darjeeling millésimé, accompagné de petits fours cyanurisés.
Un excellent moment de lecture.
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Très heureuse d'avoir enfin pu lire ce classique de la littérature américaine, écrit par une femme de surcroît, prix Pulitzer 1921 ! On y suit Newland Archer – jeune homme de la bourgeoisie américaine, avocat parce qu'il faut bien s'occuper mais qui vit surtout grâce à la fortune familiale – sa future fiancée May, mais également la comtesse Ellen Olenska qui se trouve être la cousine de May. Très épris de sa fiancée éduquée pour la bonne société et donc finalement peu éduquée, très soumise et plutôt niaise, il va avoir un coup de foudre pour la comtesse, qui fait fi des bonnes manières et dit tout haut ce qu'aucune dame n'oserait dire.

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman. Les premiers chapitres sont consacrés à la descriptions des différentes strates des familles bourgeoises qui se partagent la main-mise sur New-York : difficile de s'y retrouver, en plus le sujet n'est pas vraiment ma tasse de thé. Sans compter que pas mal de noms de se ressemblent, que les femmes portent les noms (et prénoms!!) de leurs maris, mais les enfants aussi, bref, pour qui n'a pas l'habitude de la littérature américaine, et encore plus la littérature classique américaine, cela prend un peu de temps et d'énergie !

Toutefois, une fois dans le vif du sujet, j'ai beaucoup aimé l'histoire. Je trouve l'ensemble du roman très moderne pour l'époque, que ce soit dans la narration, les pensées des personnages, la critique des sociétés enclavées dans leurs traditions depuis des siècles... Mais surtout le féminisme qui y est assez présent, et plutôt discrètement et finement car nous suivons le point de vue de Newland, un homme donc. Est-ce que les maris ne seraient pas plus heureux si leurs femmes étaient éduquées et avaient une vision du monde éclairée, plutôt que de dire oui poliment à chaque question ? Est-ce que les couples ne seraient pas plus passionnés si les dames avaient droit à d'autres expériences avant celle du mariage, plutôt que d'attendre cela indéfiniment avant d'être livré à la pression de la société pour se reproduire rapidement ? Pourquoi ne pas permettre aux femmes de divorcer lorsque leurs maris se couvrent de ridicule ou, pire, sont violents ? Pourquoi pas, soyons-fous, considérer les femmes comme les égales des hommes ?

J'ai passé un bon moment en compagnie de ce roman et suis ravie d'avoir découvert Edith Wharton !
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Pour les besoins d'une conférence j'ai lu les deux versions, celle de 1921 traduite par Madeleine Taillandier, et celle de 2019 traduite par Sarah Fosse. Rarement une retraduction n'aura eu autant de légitimité : en effet, il y a énormément de coupes dans la version de 1921, (surtout plus on approche de la fin), si bien qu'une bonne partie de l'atmosphère disparaît : la nostalgie et l'ironie du texte ne transparaissent plus autant, comme si Edith Wharton (elle a présidé à cette première traduction) pensait que le public français de l'époque allait s'ennuyer et être choqué ? Il n'y a pas photo : lisez la seconde version !
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Edith Wharton (1862-1937) est une romancière américaine née à New-York. Elle vivra en France à partir de 1907 et va côtoyer les écrivains français de son époque tel qu'André Gide. Lors de la première guerre mondiale, elle est décorée de la Légion d'honneur pour son dévouement à visiter les hôpitaux du front et à organiser des collectes de dons.
Son roman « le temps de l'innocence » parait en 1920 et lui permet d'obtenir le prestigieux Prix Pulitzer en 1921, elle est la première femme à le recevoir.
C'est à New-York que vit Newland Acher au sein de la société bourgeoise engoncée dans de multiples principes et règles implicites. L'opéra est l'endroit où l'on se montre et où l'on fait preuve d'appartenance au rang des « meilleurs » de ce monde. May est la fiancée de Acher et leur intention de mariage est annoncée officiellement au sein du cercle des privilégiés.Tout semble paisible et couler dans le lit de la rivière des conventions lorsqu'apparaît la belle Ellen Olenska qui n'est autre que la cousine de May. C'est avec une extrême finesse que les personnalités sont décrites au fil des pages. Chacune des deux femmes représente réciproquement candeur, sagesse pour l'une et liberté, frivolité, esprit aventureux pour l'autre.
Les amours contrariées d'Acher nous mènent tout au long de ces pages sur des sentiers divers, ceux du respect, de la retenue, du questionnement, des convenances.
J'ai adoré l'écriture d'Edith Wharton, jusqu'à la fin, cette lecture m'a enchantée.
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En voilà un roman somptueux qui n'a usurpé ni son prestigieux prix Pulitzer, ni les louanges qu'on lui attribue souvent.
Roman de l'amour impossible et de la dénonciation de l'hypocrisie de la bonne société et des conventions qui enchaînent, "Le Temps de l'innocence" est pour moi l'un des meilleurs ouvrages d'Edith Wharton (avec "Chez les Heureux du Monde"), un parfait condensé de son talent tant du point de la vue de l'intrigue romanesque que de la forme.

Nous sommes à New-York dans les années 1870. Il y a la plèbe et il y a la haute-bourgeoisie puritaine et traditionnelle, celle qui s'enorgueillit de descendre des passagers du Mayflower, qui prend le thé dans un froissement de soie et le tintement de la porcelaine, celle qui brasse la finance et l'immobilier mais ne parle jamais d'argent -c'est bien trop vulgaire-, celle qui fait des mariages de convenance et qui se doit d'adopter le mode de vie et de pensée du troupeau. Celle qui vit dans les plus beaux quartiers et qui feint d'ignorer qu'ils sont comme autant de cages dorées où qui a été éduquée à ne pas s'en rendre compte. On en remet pas en question un modèle social qu'on a hérité de ses ancêtres, surtout quand celui-ci est aussi distingué, convenable et luxueux
Newland Archer est un jeune homme issu de cette excellente société. S'il en épouse certains principes -plus par habitude qu'autre chose- c'est également un être cultivé, brillant, ouvert surtout et passionné. Il est fiancé à la jeune et jolie May, véritable joyau de la haute-société new-yorkaise: délicate petite poupée de porcelaine, elle est tout ce qu'on attend qu'elle soit dans ce monde raffiné. Belle, douce, effacée, soucieuse des convenances et de son avenir, la jeune femme fera sans doute une bonne épouse et plus tard une mère parfaite. Elle semble éprise de son fiancé, qui lui ne la déteste pas. Pour autant, ce n'est pas de l'amour, pas vraiment. C'est que la petite est froide quand Newland se montre plus ardent. Elle est même lointaine, dure parfois et insipide surtout... Mais qui a dit que les mariages étaient affaire d'amour et d'inclination après tout? C'est bon pour les poètes et le théâtre, les mariages d'amour... Enfin, les fiancés sont beaux et font bonne figure. Tout va bien... jusqu'à l'arrivée dans ce petit monde bien rôdé de la comtesse Olenska, cousine de May. Cette femme est tout ce que la société réprouve: fantasque, profondément vivante. Mal mariée à un noble polonais, elle a quitté son époux -ce qu'on ne lui pardonne pas- et au lieu de se terrer, discrète, chez elle, comme elle devrait le faire suite à sa conduite scandaleuse, elle n'hésite pas à dire haut et fort ce qu'elle pense, ce qu'elle aime. Elle, une femme! Une femme libre. Et fascinante. Newland s'éprend de la cousine de sa promise qui est tout ce que n'est pas sa fiancée. Or, dans le microcosme que constitue leur société, rien ne peut demeurer cacher et il faut faire des choix. Les doutes et les déchirements de Newland constituent la partie la plus clairvoyante du roman.
"Le Temps de l'innocence" ou la triste découverte que toute la volonté d'un homme n'est rien face à son milieu, qu'il est bien plus douloureux qu'on ne le pense de s'en couper...
Au delà d'une très belle histoire d'amour impossible, Edith Wharton nous livre un roman d'une clarté féroce et d'une grande intelligence. Elle fouille ses personnages avec beaucoup d'empathie et de finesse et analyse leurs ressorts avec pertinence; tente et réussit une véritable analyse sociologique dans une langue somptueuse, délicate dont la richesse n'entrave nullement la fluidité.
Il n'y a rien d'innocent ni de doux dans ce livre qui dénonce l'hypocrisie de la bonne société, sa capacité à briser et qui révèle l'injustice et la cruauté de la condition féminine.
Un très grand et beau roman, qui a eu droit à sa très belle adaptation par Martin Scorsese, un film époustouflant qui a su restituer à l'écran toute la beauté et la profondeur de l'intrigue (et avec le très séduisant Daniel Day-Lewis en plus!). A lire et à voir.
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Il faut bien un peu de puritanisme pour écrire une si belle histoire d'amour. Dans la haute-société new-yorkaise de la fin du dix-neuvième, les fiançailles durent des mois dans d'interminables visites familiales, le divorce est légal mais pas du tout rentré dans les moeurs, une horreur absolue, inenvisageable. L'ambiance dans laquelle baigne ce roman est un moment de rupture ou d'évolution.
Les descriptions d'Edith Wharton qui montre une société aristocrate enfermée dans son vieux New-York, alors que la ville est en plein développement, les petites allusions aux nouvelles inventions pas encore répandues comme le stylo, le téléphone, ou la popularité naissante du tennis, sont encore là pour montrer que le monde change. Edith Wharton a écrit ce roman au vingtième siècle, il évoque ce qu'elle a vécu dans son enfance et il y a probablement un côté nostalgique qu'on ne perçoit plus.
Et nos deux amoureux se retrouvent dans ce monde avec une complexité de sentiments, vis-vis d'eux-mêmes et par rapport aux anciennes et nouvelles moeurs, passionnante à observer. Ellen est, dans ce qu'elle montre, plus libre que Newland Archer, mais si elle l'aime c'est pour la sécurité, la constance qu'il représente, son côté « vieux New-York ». Et inversement, Newland qui est désespéré par la monotonie de sa vie aspire à la liberté que représente à ses yeux Ellen, tout en fuyant l'isolement social que cette liberté impliquerait. Un amour impossible donc, fait d'attirances à peine avouées et d'oppositions dans les actes, mélange bizarre de curiosité et d'effarouchement, d'autant plus qu'ils se sont laissés enfermés par le destin dans une situation mensongère et inextricable.
Après, on peut toujours dire que c'est très vieux-jeu ces romans d'amour impossibles. Ils se démodent petit à petit, et en écrire un aujourd'hui passerait pour absolument ridicule. On est obligé de lire ceux-là si l'on veut retrouver le temps de l'innocence (qui ne l'était peut-être pas tant que ça, après tout, Wharton laisse un doute).
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Un sujet intemporel : lorsque l'on préfère les apparences est-on vraiment heureux ? en bonus les us et coutumes de la haute-bourgeoisie new-yorkaise du fin du XIXème.
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