Gamliel Friedman vit à New York. Il est appelé au chevet d'une dame âgée, hongroise. La doctoresse espère la sortir de son mutisme en écoutant la voix de son patriote Gamliel. Pour lui, c'est l'occasion de ressasser ses souvenirs d'enfance, de jeunesse et sa vie en général. Juif, il a dû être séparé de ses parents qu'il n'a jamais revu. Une chanteuse de cabaret l'a pris sous son aile pendant un temps mais il a fallu finalement qu'il s'expatrie. Il a aimé plusieurs femmes mais a laissé chaque fois celles-ci s'échapper. Son mariage a été un fiasco, sa femme a fini pas se suicider et ses filles l'ont renié. Il ne peut guère se vanter de son métier : il est nègre, écrit pour d'autres personnes connues grâce à lui, mais sans talents. Ses mots, il tente de les poser dans son livre secret, dont il nous dévoile quelques extraits mais le finira-t-il ? Ce qu'il a réussi de mieux, c'est l'amitié qu'il a noué avec plusieurs hommes, des déracinés comme lui, avec des parcours différents et qu'on découvre petit à petit. Et malgré les malheurs qui l'ont poursuivi, malgré les moments de désespoir, chaque fois il rebondit, l'espoir renaît. Il n'abandonnera jamais son Dieu et cherchera finalement toute sa vie sa réelle identité. Une belle écriture et encore beaucoup d'émotions.
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Très beau livre sur le destin d'un homme, rescapé de tragédies historiques, qui tente de se reconstruire après avoir perdu sa famille durant son enfance.
Ce livre part d'un destin particulier pour proposer une réflexion universelle sur l'homme face au Mal. Très intéressant, cela sonne juste d'un bout à l'autre.
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Depuis lors, j'aime les fous, les mendiants fous au visage sombre et à la voix envoûtante qui allume en vous pensées et désirs interdits. Plus précisément, ce n'est pas la folie que j'aime, mais ceux qu'elle habite et secoue pour les rendre conscients de leurs limites, et de leur désir irrépressible de les dépasser. C'est devenu chez moi une sorte de seconde nature. Il y a des collectionneurs de tableaux, des amateurs de chevaux. Moi, ce sont les fous qui m'attirent. Ils font peur ? C'est pourquoi on les bâillonne ? Pour ne pas entendre leurs cris ? Certains m'amusent, d'autres m'effraient. Comme si pour eux, l'homme était l'ombre agitée et mystérieuse d'un rêve, peut-être celui de Dieu. Rien à faire, j'ai plaisir à me trouver dans leur compagnie, voir avec les yeux le monde meurt chaque soir avant de renaître à l'aube, courir après leurs propos comme après des chevaux sauvages, les écouter rire et faire rire, s'énivrer sans vin et rêver les yeux ouverts.
Je m'appelle Gamliel. Oui, Gamliel. Et je vous serais reconaissant de ne pas me demander pourquoi. C'est un nom comme les autres, pas vrai ? Les noms, on les porte et l'on s'en débarasse s'ils pèsent trop lourds. Toi, lecteur, est-ce que je te demande pourquoi tu t'appelles Maurice, Sigmund, Bernard, William, Serge ou Sergueï ? Oh, je sais bien : Gamliel n'est pas un nom courant. Et je peux te dire qu'il a une histoire, mettons, inhabituelle. Tu me répondras que cela vaut pour tous les hommes, et après ? Qu'ils racontent leur vie à eux, je suis prêt à les écouter. J'ajoute que que je m'appelle aussi Péter. péter, c'est un peu mon enfance. Pour toi, l'enfance évoque des jeux de ballon, des cerceaux multicolores, des promenades au parc à dos de poney, une succession de fêtes, des vacances en montagne ou à la mer. Mon enfance à moi, c'est un cabaret. Et lui aussi a son histoire.
Au nom de la patrie, des nations pourtant civilisées versent le sang de leurs enfants qui auraient préféré rester chez eux et danser la danse effrénée du désir. Sous le noble prétexte de servir la science, l'homme devient esclave des machines. La célébration de la mémoire risque de conduire à son contraire. A force de parler, on finit par ne plus rien dire. Les dieux de la haine se dissimulent sous des slogans fraternels, réussissent à tromper leurs créatures autant qu'à se leurrer eux-mêmes.
Ils sont tellement nombreux, ceux qui en savent plus que moi et comprennent le monde mieux que moi. Si j'avais retenu tout ce que j'ai reçu de ceux que j'ai connus, je serais un véritable érudit, un grand savant. ais serais-je moi ? Des mots, tout cela ? Les mots aussi vieillissent, changent de sens et de fonction. Comme les humains, ils tombent malades et meurent de leurs blessures avant d'être relégués dans la poussière des dictionnaires. Et moi là-dedans ?
Il arrivait à Gamliel de se demander quel moyen décent, honorable et efficace permettrait de déposer pour les parents morts ? La prière ou le cri ? Le silence peut-être ?
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