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EAN : 9782246289210
229 pages
Grasset (24/08/1983)
3.57/5   47 notes
Résumé :
Comment le fils de Reuven Tamiroff, ce jeune Juif new-yorkais né d’un ghetto polonais, peut-il vivre, marqué par la malédiction qui a frappé les siens : une communauté emmurée et suppliciée par un officier SS que par dérision elle avait surnommé l'Ange ; une famille mutilée par la tourmente ; un père devenu silencieux sous le poids d'images épouvantables qui le poursuivent ; une mère, recrue d'horreur, que seule la folie a sauvée ; et Ariel, ce frère inconnu, double... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Parmi toute l'oeuvre d'Elie Wiesel que j'ai presque lue dans son intégralité, si j'ai une préférence pour les essais traitant des histoires hassidiques, l'oeuvre romanesque « le cinquième fils » a de loin ma préférence. En effet, il me semble qu'avec ce roman, Elie Wiesel a tissé de la plus belle manière les thèmes qui le hantent et trouvé le meilleur équilibre entre fiction, tradition, transmission, et littérature.
Ses romans ont parfois le défaut de soumettre l'histoire racontée aux « messages » un peu trop appuyés, ceci sûrement à cause du côté obsessionnel de l'auteur, et la lectrice que je suis a dû souvent s'accrocher pour ne pas perdre son intérêt.
On relie souvent Elie Wiesel à la formule « devoir de mémoire » tellement employée qu'elle en a perdu de sa force, je dirais – pour nuancer le propos, que selon moi le thème fondamental sur lequel repose son oeuvre entière est le thème de la transmission, thème essentiel du judaïsme, mais bien évidemment universel. Mais la transmission dont il est question ici est celle du père au fils, Elie Wiesel, il le reconnait d'ailleurs lui-même, se sentant incapable de brosser un portrait féminin (il est vrai que les femmes de ses romans sont comme des météores, elles tombent dans les pages et en disparaissent en une vitesse éclair mais en y déposant des traces explosives).
Père et fils, fils et père, mémoire donc, et plus particulièrement ici comment transmettre la mémoire d'un monde détruit par la Shoah, un passé dont la nostalgie empêche le père d'être heureux, ou de s'autoriser au bonheur, et qui pèse sur le fils essayant d'endosser ce qui est indicible malgré la conscience que ce ne sera jamais son histoire et qu'il ne pourra jamais se l'approprier tout à fait.
L'incommunicabilité est commune à chaque parent et enfant. le conflit est inévitable pour l'affranchissement, mais pour les enfants de survivants, la culpabilité est d'un prix exorbitant.
« le cinquième fils » raconte donc l'histoire d'un père survivant d'un ghetto polonais qui veut témoigner auprès de son fils new-yorkais de la traque obsessionnelle dont a été victime sa famille d'un bourreau SS dont la figure incarnation du Mal l'obsède.
Reuven, dont la mère s'est réfugiée dans la folie et le père dans le silence, a échoué dans son désir de vengeance. Son fils désemparé reprend le flambeau pour l'amour de son père, conscient que ce bourreau, surnommé « L'Ange », est devenu un membre à part entière (et toxique) de la famille. Il part à la quête d'un fantôme, d'une abstraction, sans illusion de réparation. Autre fantôme, ce cinquième fils, Ariel, sorte de double fantasmé de Reuven, devenu le symbole des espoirs assassinés mais surtout d'un monde imaginaire seule échappatoire possible à la folie des hommes et rempart à sa propre folie.
Le roman alterne les récits réalistes et dramatiques et les moments oniriques, le style indirect, la prière et les dialogues père-fils. le dosage est subtil et très réussi, offrant au lecteur des moments de respiration nécessaire par des ruptures de ton bienvenues. Les époques et les lieux se télescopent, se font écho, l'effroi du ghetto se noie dans la fourmilière new-yorkaise, les mots du père dans la colère du fils, et les rêves de chacun créent une réalité palpable qui les sauve de la tentation suicidaire.
« le cinquième fils » est aussi réussi car il peut s'appréhender sur bien des niveaux : historique, spirituel, onirique, poétique… le dosage équilibré de tous ces ingrédients rend l'histoire accessible et parlante à chacun. L'auteur croit en la stérilité de la vengeance (idée ou acte) à laquelle il oppose l'éventualité de pardon, malgré la souffrance dont on voudrait se délivrer. Avant tout, l'oeuvre est un émouvant roman d'amour entre pères et fils auquel Elie Wiesel ne veut pas apposer le mot fin, mais plutôt l'expression « à suivre ». C'est ainsi et pour cela que l'écrivain continue à écrire et à laisser des traces.

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Le narrateur est un enfant d'après-guerre, fils de Juifs immigrés en Amérique. Dès l'âge de 6 ans, l'enfant vit seul avec son père, sa mère étant internée en clinique. le père se mure dans le silence. L'enfant puis l'adolescent ensuite, se pose des questions. Pourquoi ce silence ? Pourquoi son père ne répond-t-il pas à ses questions ? Il décèle un secret, un problème. Il adore son père mais cet amour est-il réciproque ? Les souvenirs refont surface. Et petit à petit, comme le narrateur, on apprend la vérité, la vie dans les ghettos, la souffrance subie par les Juifs. Pour moi, le meilleur roman d'Elie Wiesel que j'ai pu lire. Très bien construit. Beaucoup d'émotions.
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Si j'ai eu du mal à pénétrer ce roman à ses débuts tant les références à la religion juive, à ses traditions, à ses dogmes y sont nombreuses, j'ai ensuite été captivée par le récit de ce fils qui cherche à comprendre le silence de son père, la démence de sa mère, les fantômes qui hantent ses proches survivants de l'Holocauste, qui découvre qu'il a eu un frère, victime innocente de la barbarie nazie, et qui est confronté au désir de vengeance et à la volonté de Dieu.
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N'ayant jamais lu de livre de cet auteur et étant au courant de certaines controverses à son sujet, je me suis lancée dans cette lecture sans savoir à quoi m'en tenir. J'ai beaucoup apprécié ce roman qui nous raconte la vie d'une famille juive installée aux Etats-Unis après la Seconde Guerre Mondiale. Dès le départ, les séances entre Reuven Tamiroff et son ami Simha sur la religion juive m'ont beaucoup intéressées. L'auteur nous fait rapidement sentir qu'un secret trouble cette famille, la mère est en clinique et le père semble emmuré dans le silence. le fils veut des réponses. Cette quête l'entraînera dans le passé de sa famille dans le ghetto de Davarowsk et se terminera en Allemagne.
Je recommande vivement ce roman centré sur la vengeance.
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Comment vivre à l'ombre d'un silence, d'un souvenir qui ne dit pas son nom, d'un frère mort en martyr ? Comment être le fils de tout un ghetto sans détenir les mots de cette mémoire ? Comment vivre pour soi-même, comment se connaître quand aucun ne voit en vous qui vous êtes ? C'est à ces questions, et d'autres qu'Elie Wiesel répond dans « le Cinquième Fils ». Un roman initiatique, mémoriel, qui questionne aussi la vengeance et la solitude.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Donc... tu es pour la torture ?
- Non, dit mon père avec fermeté. Je suis contre. En théorie et en pratique, je m'y oppose. La torture est humiliante car elle dénature l'humanité de l'agresseur et de l'agressé : la victime devient plus humaine que le tortionnaire.
- Mais... tu n'es pas contre la peine capitale ?
- Si. je le suis. Et toi aussi, Simha, tu es contre. Quel est le sens de toutes nos études ici si ce n'est pas pour accentuer et illustrer notre opposition à l’humiliation suprême qu'est la mort donnée aux hommes par les hommes, leurs semblables ?
- Leurs semblables ? Tu y vas un peu fort.
- Aux yeux de la Mort, tous les hommes le sont, dit mon père.
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"J'ai, dans la paume de ma main, vos douze noms, dit-il d'une voix neutre. Je vais en jeter six, malheur à eux. Ils vont mourir." Même alors, je me répétais bêtement la phrase : "Mais non, il ne va pas faire ça, pas ça, pas maintenant, pas de cette manière-là, il veut nous effrayer, c'est tout, il plaisante, ça l'amuse de nous voir ainsi affolés." Eh bien, il n'a pas plaisanté. Je me souviens de ce que j'ai éprouvé : une sensation physique d'amputation ; j'ai survécu à moitié. (...) " Vous avez tiré le bon lot, monsieur le président du Conseil juif. Je suis content pour vous. D’autant plus que, en ce qui vous concerne, et vous connaissant mieux que vous ne le pensez, c'est le mauvais lot qui est le vôtre. Désormais, votre avenir aura l'odeur de la tombe."
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- Notre Dieu est aussi Celui de la vengeance, répondit-il au bout d'une longue réflexion, se penchant vers moi et s'appuyant du coude sur un volume du Talmud. Cela signifie quoi ? Cela signifie que la vengeance n'appartient qu'à Lui seul.
Je ne pus réprimer un mouvement de colère.
- Et les assassins de notre peuple ? Faut-il les laisser en paix ?
- Je n'ai pas dit cela. J'ai dit le contraire : Dieu les punira.
- En arrangeant des accidents de voitures peut-être ?
- Cesse, dit-il. Ton ironie ne m'offense pas.
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Le jour où une tragédie humaine, n'importe laquelle, sera traitée chez nous comme un évènement ordinaire donc sans importance, ce jour-là marquera la victoire de l'ennemi.
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Il ne répond pas à mes questions. Les entend-il seulement ? Je sais qu'il les reçoit. Je veux savoir, lui dis-je. Un début d'histoire, une bribe de souvenir, je veux savoir ce que tu savais de la vie, du monde, du mystère de la vie et des hommes, je veux savoir ce que tu éprouvais au milieu des fauves humains qui se réclamaient de l'histoire et de Dieu, je veux comprendre, je veux te comprendre. Rien à faire, il me dévisage d'un air de plus en plus sombre, de plus en plus tourmenté, il serre les lèvres, avale sa salive, et ne dit rien. Il ne veut pas se livrer, il ne peut pas.
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Quel écrivain reçut le prix Nobel de la Paix et passa toute sa vie à essayer de changer le monde à travers la littérature ? Il fut déporté à Auschwitz à l'âge de 15 ans…
« La Nuit » d'Elie Wiesel, c'est à lire en poche aux éditions de Minuit.
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