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EAN : 9782020257275
128 pages
Seuil (01/01/1997)
3.69/5   56 notes
Résumé :

Un soir d'été, le jeune résistant juif Elisha apprend qu'il est choisi pour commettre à l'aube un acte irrémédiable. Il doit tuer. Sa victime John Dawson, un officier de l'armée d'occupation britannique en Palestine, qu'il n'a jamais rencontré auparavant et que l'on retient en otage. Elisha a une nuit entière pour se préparer, pour assumer le rôle du bourreau. Et aussi pour défendre son acte vis-à-vis des morts qui, en juges ou en témoins, sont venus ass... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Elisha va tuer, de sang-froid, John.
Elisha ne connaît pas John. Il ne hait pas John. Mais il faut exécuter John, en réponse à la pendaison simultanée de David.
Elisha pourrait, en tant d'autre occasion, être simplement l'ami de John!
En attendant l'aube funeste, fantômes et vivants accompagnent Elisha. Parmi eux, le petit garçon que Elisha fut un jour et Ilana, la voix du peuple juif en quête de sa Terre promise.
Elie Wiesel, en cette Aube tragique à la dimension d'Israël, explore et détaille ce paradoxe d'une logique triste et tellement implacable: Les victimes de l'holocauste se transforment bourreaux et en tueurs décidés.
Pauvre petit, pauvre Elisha qui se fera bourreau sans haine!
En sortant de cette puissante et belle lecture, J'ai le froid des morts et le chagrin des survivants dans le corps. L'espoir, aussi, qui aide à continuer.

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L'aube c'est une histoire d'ombre. L'ombre que deviendra un jeune homme après avoir exécuté un officier anglais.
Elisha est juif, rescapé des camps de la mort. Des bourreaux il en a connu, les victimes étaient ses frères.
Et pourtant il doit tuer cet homme, imiter les gestes de ceux qui ont fait de sa vie un silence, un désert. Il doit le faire pour la cause ; la Palestine libre. Mais il n'éprouve pas de haine. La mort de l'officier anglais n'a pas de sens.
Elisha est autant victime que bourreau.

La narration est lente, pure, profonde, comme une étincelle d'éternité. L'ambiance est oppressante, les murs se referment sur une incompréhension, une absurdité.

"La guerre, remarqua Ilana, c'est comme la nuit. Elle couvre tout."
Elle couvre l'aube.
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Palestine sous mandat britannique. Il fait nuit, Elisha un jeune juif de 18 ans, survivant du camp de concentration Auschwitz/Buchenwald réfléchit au meurtre qu'il doit commettre à l'aube.

Elisha a perdu ses parents et n'a plus de famille, tous ont péri dans les camps de concentration pendant la guerre. Une fois libéré du camp, il décide de s'installer à Paris pour suivre des cours de philosophie. Il rencontre Gad, membre d'un groupe sioniste terroriste et décide de le suivre en Palestine pour chasser l'occupation britannique. Elisha a appris à manier les armes et se prépare à sa première opération terroriste. Les Britanniques ont condamné à mort David ben Moshe, membre du groupe sioniste. Pour se venger les terroristes ont capturé un officier britannique, John Dawson, afin de négocier la libération de David ben Moshe. Mais les négociations ne vont pas dans le bon sens, les Britanniques ont décidé de pendre David ben Moshe. John Dawson doit mourir à son tour et c'est Elisha qui est désigné pour accomplir cette tâche.

C'est une histoire qui est surtout centrée sur les questionnements internes d'Elisha, il sait qu'il ne sera plus la même personne, une fois sa tâche accomplie. Il ne hait pas John Dawson, mais il doit le tuer, tout est tourmenté dans sa tête. Il n'a pas vraiment envie, mais c'est son devoir pour le bien de la Palestine. C'est une histoire sur les idéologies et jusqu'à où un être humain est prêt d'aller pour atteindre ces idéologies. Une histoire courte qui perturbe, mais qui est poignante...

Challenge Multi-défis
Challenge ABC
Challenge Riquiqui
Challenge XXième siècle
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C'est étrange... l'aube évoque toujours de nouveaux commencements, de nouveaux projets, une nouvelle vie... toujours envisagés positivement.

Pourtant il existe des commencements monstrueux, qu'on souhaiterait ne jamais avoir commencé, qu'on aurait voulu éviter à tout prix. Comme ce que décrit le narrateur, dont nous suivons la dernière nuit avant qu'il ne devienne le bourreau d'un homme dont la seule faute était d'être là au mauvais moment.
Il ne veut pas, mais le doit. Son engagement n'est pas de ceux dont on peut se délier. Il doit aller au bout, quitte à perdre celui qu'il est. Et passer du statut de victime à celui de bourreau, tout comme les bourreaux ayant exterminé sa famille, son peuple...

Ce livre est en dépit de la douceur de son écriture un coup de poing dans la gueule. Il réveille votre conscience, vous remue l'âme, vous fouaille dans les entrailles.
Lisez-le, faites-le lire, prêtez-le, offrez-le. Ces cent petites pages seront parmi les plus utiles que vous aurez lues de toute votre vie.
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J'aime Elie Wiesel, cela n'est pas nouveau. J'aime son écriture : les images qu'il sait convoquer, les questionnements qu'il sait nous transmettre. Dans l'Aube, nous sommes avec lui un futur assassin. Ce sont les concepts de mort, de meurtre, de guerre, tout entier qu'il nous force à penser. Loin de nous donner une réponse, nous assistons simplement à la longue et douloureuse nuit qui précède, pour le narrateur, l'exécution d'un détenu qu'il devra effectuer à l'aube. Perdu, sentant qu'il n'y aura aucun retour en arrière possible, aucune excuse philosophique réellement valable, il va chercher toute la nuit, avec et contre ses camarades de luttes, avec les ombres de la nuit, une logique à tout cela. Il s'agit, aussi, d'un recueil de phrases magnifiques, à serrer contre son coeur.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
— Nous nous disons que nous sommes engagés dans une lutte sacrée, poursuivit-elle, que nous luttons contre quelque chose ; nous nous battons contre les Anglais, nous nous battons pour une Palestine libre, indépendante. C'est ce que nous disons. Mais, je le sais bien, Elisha, les mots, les mots ne font que donner un sens à nos actes, tandis que nos actes - une fois réduits à leur dimension réelle, c'est à dire primitive ont la couleur, l'odeur du sang. C'est la guerre, nous disons-nous. Il faut tuer. Alors, nous tuons. Il y a ceux - comme toi - qui tuent avec leurs mains et d'autres - comme moi - qui tuent avec leur voix. Chacun tue à sa manière. Mais, que pouvons-nous faire d'autre ? La guerre a ses lois. Si tu les nies, tu nies sa valeur et tu offres à l'ennemi la victoire. Nous ne pouvons pas nous le permettre. Cette fois-ci, nous avons besoin d'une victoire, d'une victoire gagnée à la guerre, nous en avons besoin pour survivre, pour continuer à nous maintenir à la surface du temps...
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- Le jour où Londres comprendra que, pour rester en Palestine, l'Angleterre doit payer le prix du sang, l'occupation britannique touchera à sa fin, assurait Gad. Je le sais bien. C'est injuste. C'est inhumain. C'est cruel. Mais nous n'avons pas le choix. Pendant des générations nous avons voulu être meilleurs, plus purs que ceux qui nous persécutaient. Vous avez le résultat : Hitler, les camps d'extermination en Allemagne.
Eh bien, nous en avons assez d'être plus justes que ceux qui prétendent parler au nom de la justice. Ils n'invoquaient par la justice quand le tiers de notre peuple était anéanti par les nazis. Quand on tue les Juifs, tout le monde se tait. Vingt siècles de notre histoire le prouvent. Nous ne pouvons compter sur personne, sinon sur nous-mêmes.
S'il faut devenir injuste et inhumain pour chasser ceux qui sont injustes et inhumains envers nous, nous le deviendrons. Nous n'aimons pas semer la mort. Jusqu'à présent, nous avons toujours préféré le rôle de la victime à celui du bourreau. TU NE TUERAS POINT : ce commandement fut donné à l'humanité du sommet de l'un des monts de Palestine. Nous étions les seuls à y obéir. Nous cesserons de l'être. Nous serons comme tout le monde.
La mort sera, non pas notre métier, mais notre devoir. Pendant les jours, les semaines, les mois à venir, vous n'allez penser qu'à ceci : tuer ceux qui font de nous des meurtriers... Tuez-les pour que nous puissions redevenir des hommes...
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- Je veux que vous me donniez votre avenir.

Enfant, élevé dans un milieu hassidique, j'avais entendu beaucoup d'histoires étranges au sujet du Meshulah, ce messager mystérieux du destin qui peut faire n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment. Ce messager - dont la voix vous fait frissonner - est tout-puissant, puisque sa mission le dépasse et vous dépasse. Chaque mot qu'il prononce relève de l'absolu, de l'infini ; son sens vous attire et vous fait peur. Gad est sans doute un Meshulah, me suis-je dit. Ce n'était pas son apparence physique qui me faisait penser à cela ; c'était sa voix, c'était ce que cette voix disait :

- Qui êtes-vous ? lui demandai-je à nouveau.

Il me faisait peur. Quelque chose en moi me disait qu'au bout du chemin que je ferais avec lui m'attendrait un homme qui me ressemblerait et que je haïrais. Je crois que, déjà, je savais qu'un jour je tuerais un homme.

- Je suis un messager.

Je me sentis devenir blême. J'avais donc deviné juste. C'était un messager. L'homme du destin. A lui, on ne pouvait rien refuser. Il faut tout lui donner, même l'espoir, s'il vous le demande.
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Il ne faut pas avoir peur de la nuit, me confia-t-il en me prenant le bras. La nuit est plus pure que le jour. On pense mieux, on aime mieux, on rêve mieux la nuit. La nuit, tout devient plus intense, plus vrai. Une phrase prononcée le jour prend un sens différent, plus profond, plus lointain, quand son écho nous parvient la nuit. La tragédie des hommes, c'est qu'ils ne savent pas quand il fait nuit et quand il fait jour. Ils disent la nuit des choses qu'ils devraient dire le jour.
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Tu es la somme de ce que nous étions, m'expliqua le petit garçon qui ressemblait à celui que j'avais jadis été. Alors, c'est un peu nous qui exécuterons John Dawson demain à l'aube. Tu ne peux pas le faire sans nous. Tu comprends maintenant?
Je commençais à comprendre. Un acte absolu, comme celui de donner la mort, engage non seulement l'être lui-même mais aussi tous ceux qui ont participé à sa formation. En tuant un homme, je faisais d'eux des assassins.
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