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EAN : 9782752909954
240 pages
Phébus (27/08/2015)
2.43/5   7 notes
Résumé :
À Voorspoed, petite ville d’Afrique du Sud, Karolina Ferreira, entomologiste, recense et observe les espèces rares de papillons du veld. Ses soirées, elle les passe au Café du Rendez-vous où elle danse le tango pendant des heures, joue au billard, boit du whisky et examine avec une acuité toute scientifique les êtres mystérieux qui traversent ce décor : un fermier jaloux, un lieutenant de police obsédé sexuel, un acteur amant de l’épouse d’un notable, enfin Jess Jan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Epigraphe
« Il faut être très attentif et bien écouter, avant d’ouvrir la porte d’une salle de billard. »
(Horace Lindrum, Snooker, billiards and pool)

Karolina Ferreira, entomologiste, arrive à Voorspoed, une petite ville d’Afrique du Sud de l’Etat libre d’Orange en compagnie de Willy qu’elle a pris en auto stop. Elle a connu cette bourgade, 25 ans auparavant, quand elle y venait en vacances avec sa famille et ce n’est pas sans appréhension qu’elle y revient.

Tous les matins elle arpente le veld pour étudier la répartition et les modes de reproduction des papillons de l’espèce « Hebdomophruda crenilinea » en compagnie de Willy qui, lui, récolte des plantes pour M.Isayago, un argentin chez lequel il loge, et qu’il aide à concocter des médicaments. Willy sait aussi deviner ce qui se passe dans le coeur des hommes comme dans la nature et voir ainsi ce qui peut advenir.
Ils rentrent à l’heure du scarabée quand la chaleur s’abat comme une chape de plomb sur la ville, alors désertée de ses habitants.

Le soir Katerina se rend régulièrement au Café du Rendez-vous où elle boit au bar, danse avec frénésie et surtout fait des parties de billard.
Dans la salle de billard se condensent toute les passions, tous les désirs troubles avoués ou cachés, toute la violence des hommes qui se mesurent autour de la table. Katerina est la seule femme qui y joue.
« Les personnalités se révélaient peu à peu. L’air était chargé de désirs indicibles, de peurs et de préjugés profondément enracinés, une hystérie latente remontait peu à peu à la surface. Elle éclaterait tôt ou tard, sous des formes différentes. Un bain de minuit, une chasse à l’homme, une séance de pillage. » p 40

Comme Katerina le lecteur est pris par l’ambiance inquiétante qui nait dès le premier soir dans la salle de billard, où rode une violence dont on ne devine pas toujours la cause et surtout dont on ne sait d’où elle peut surgir.
Katerina est une femme d’une sensualité brûlante, d’une grande sensibilité. Tous ses sens en alerte. Elle a peur de cet environnement qu'elle a du mal à cerner. Elle observe, a envie de savoir. Elle va devoir se risquer à sortir d’elle-même, quitte à se brûler comme ces phalènes qu’elle étudie en entomologiste, pour pouvoir ensuite revivre.

Car de retour à l’hôtel après sa première soirée au café du rendez-vous on peut lire :
« Sa chambre, située au-dessus de l’entrée de l’hôtel, donnait sur la rue principale ; elle était fraîche et plongée dans une semi-obscurité. Karolina se regarda dans la glace. Le miroir lui renvoya une image sombre. Ses épaules avait perdu leur douce rondeur féminine. Sa peau était d’un jaune pâle (bien qu’elle eût le teintt mat). Ses cheveux noirs étaient coupés n’importe comment. Elle avait l’air d’un tableau inachevé. » p 14

et en approchant de la fin après avoir traversé ses peurs
p 185 186(…) Dans la lumière, ses épaules douces, d’une rondeur toute féminine, étaient recouvertes d’une fine pellicule de sueur qui rappelait la poussière sur les ailes des papillons ; sa chevelure brillait de mille feux, ses cheveux jaillissant de leurs follicules, formaient une auréole sombre et vivante autour de sa tête. Comme si elle avait eu un secret. Un secret qui la mettait à part, qui flottait autour d’elle comme une fine bruine. Sa peau était chaude et humide.

Katerina Fereira va se retrouver. La force de ce livre réside dans cette redécouverte d’elle-même lente et pleine d’un mélange de crainte, de violence et de douceur que l’on partage avec elle. Elle se fraye un chemin à travers tout ce qui la traverse et la heurte. Voorspoed et la salle de Snooker lui auront permis de sortir de sa chrysalide, de se débarrasser du poids du passé.
L’écriture est dense, prenante, habitée d'une force incantatoire. Ingrid Winterbach qui est aussi peintre, sait saisir les nuances moirées des méandres du coeur humain comme celles des ailes des papillons.
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La première impression qui vient en lisant ce roman rédigé en afrikaners (le seul à ce jour traduit en français de cette auteure ) , c'est l'ambiance délétère , malsaine qui y règne . Evidemment , on est à la fin de l'apartheid , et les tensions entre communautés sont palpables . La violence peut surgir à chaque instant , on ne sait pas d'où elle va venir , un cocktail molotov va être lancé dans le café sans que l'on sache trop pourquoi , l'ami qui parlait si bien de cinéma va se tuer en voiture dans la nuit qui suit , une famille du township va être massacrée , on ne sait qui sont les assassins , ni pourquoi ces personnes ont été visées , etc..
Pour résumer grossièrement ce roman , Karolina Ferreira , entomologiste qu'on imagine jeune (on ignore généralement l'âge des personnages et leur couleur de peau ) se rend dans un petite ville d'Afrique du Sud , Voorspoed , qu'elle a connu dans sa jeunesse , en vacances avec sa famille . Sur la route , elle prend en auto-stop Willy qui connait parfaitement les plantes et leur effet sur les maladies , et fraternise avec lui .
En se rendant dans cette ville écrasée par la chaleur de l'été (on sent la torpeur à travers ces pages ) , Karolina va étudier les phalènes , mais elle va également à la recherche d'elle-même , et va finir par se retrouver .
Tous les soirs ou presque , toute une faune se retrouve au Café du Rendez-vous , et Karolina est la seule femme à jouer dans la salle de snooker , à boire de l'alcool et à danser une partie de la nuit . Malgré elle , sa présence exacerbe tous les désirs inavoués et la violence déjà perceptible dans cette salle de billard , avant même qu'elle y pénètre .
Comme les papillons qu'elle étudie , on craint par moments qu'elle puisse se brûler les ailes à ces lampes qui brillent au coeur de la nuit . Elle parvient néanmoins à une forme de rédemption et d'apaisement au terme du livre .
En dépit des réserves que j'ai pu exprimer , j'ai lu ce roman avec plaisir , il s'agit là d'une belle écriture (l'auteure est également peintre , ce qui change
probablement sa perception du monde ) .
En définitive , on est imprégnés de l'atmosphère qui règne dans ce roman , et le lecteur finit par ressentir le spleen inhérent aux personnages .
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C'est une chose qui heureusement ne m'arrive pas trop souvent, mais il y a des livres dont je déteste très vite l'ambiance, malsaine, trouble, inquiétante… après, si le texte a vraiment d'autres qualités, ça peut finir par coller entre lui et moi, mais je ne pardonne pas le moindre défaut à un roman où je me sens à ce point mal à l'aise.
Karolina est entomologiste, elle séjourne dans une petite ville du Veld en quête de spécimens de papillons. Elle fréquente, après ses journées de travail, le café du Rendez-vous. Ses soirées, elle les passe au bar et au billard de l'hôtel, où elle rencontre toujours les mêmes personnes. Parfois, elle va danser. Karolina est assez mystérieuse, sensuelle mais réservée, rationnelle mais influençable.
Pour en revenir à l'atmosphère du roman, il y a, certes, une multitude de raisons de ne pas être à l'aise dans cette Afrique du Sud d'après l'Apartheid, où les relations sont encore loin d'être simples entre les communautés, mais l'auteur en fait trop à mon goût. Elle en rajoute sur la chaleur infernale, la transpiration, les détails physiques particuliers, les regards grivois et les comportements lascifs.
Quant au style basé sur l'incantation, sur la répétition, à quelques pages de distance, de mêmes descriptions, il m'a lassée. Pourquoi écrire trois fois que Karolina a les cheveux noirs et mal coupés ? Je ne pouvais aussi qu'être contrariée par le retour, à intervalles réguliers, sur les rêves détaillés et inintéressants du personnage principal…
J'ai eu pourtant l'impression que l'auteure avait en mains de quoi faire un très bon roman, mais ce que j'ai lu m'a laissée perplexe, et même assez agacée pour ne pas terminer un livre que j'avais acheté !
Quelqu'un d'autre l'a-t-il lu ?
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Karolina entomologiste revient dans sa ville Voorspoed en Afrique du Sud pour recenser les papillons de l'espèce Hebdomophrda crenilinea du veld. Elle arpente le veld aux côtés de Willie, rencontré par hasard au détour d'une route, et qui cherche "un peu de tout" pour concocter des remèdes. le soir elle loge à l'hôtel et se rend dans la salle du snooker, lieu emblématique de la ville.

"La salle du snooker était un lieu où l'on ne savait jamais à quoi s'attendre." p. 186

C'est un lieu de pulsions et de folie réprimée hanté par des hommes désoeuvrés : Pol avocat, le magistrat, homme silencieux veillant sur la salle, le lieutenant Kieliemann sergent, le capitaine Gert Els difficilement contrôlable et Jess qui médite.

Karolina ressent à la fois attirance et répulsion pour eux, elle revient irrémadiablement en cet endroit quand elle ne va pas danser le tango.

La nuit elle fait des rêves agités, comme si un danger latent la guettait, tapi dans l'ombre :

"Tout peut arriver, songea Karolina. Elle pouvait être amenée à tout vivre, être exposée à n'importe quoi ; elle ne pouvait prétendre à aucune protection d'aucune nature. A aucune garantie." p. 45

A l'extérieur, le township gronde, prêt à imploser dans le silence et la chaleur poisseuse.

"L'air était chargé de désirs indicibles, de peurs et de préjugés profondément enracinés, une hystérie latente remontait peu à pe à la surface. Elle éclaterait tôt ou tard, sous des formes différentes. Un bain de minuit, une chasse à l'homme, une séance de pillage." p. 40

Dans cette atmosphère prégnante de violence sous jacente, passion et mort s'entremêlent sensuellement. Karolina est fascinée par un couple d'amants illicites, par ce risque, cet amour sans lendemain que la mort frôle sans cesse. Elle-même rêve de recommencer de zéro, loin des hasards de l'existence.



Mes réserves : Un rythme lancinant parcourt ces pages brûlantes présentant des êtres régis par des instincts primaires. Les allusions sexuelles sont nombreuses, et quelquefois superflues, comme si l'auteur souhaitait insister lourdement sur ce point.

"Elle dansa avec le dénommé Kolyn. Il portait des tennis qui lui montaient jusqu'aux chevilles. Ses testicules étaient frais et souples." p. 153
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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L'histoire:

Dès les premières pages, on se retrouve plongé dans la chaleur étouffante d'une petite ville sud africaine. On y suit Karolina, jeune entomologiste, venue observer des espèces rares de papillons.

La journée, elle consacre son temps à ses recherches puis le soir elle va se détendre au café du Rendez-vous. Là, elle boit, elle danse, elle joue au billard, elle discute, elle observe la faune locale avec un oeil acéré... Dans cette atmosphère moite, la tension est palpable, on y sent très clairement les restes d'un passé violent.

Mon avis:

L'Afrique du sud offre toujours une littérature bien particulière. Soit on adore soit on déteste. Je ferais plutôt partie de la deuxième catégorie mais je n'en avais lu que des romans policiers. Et la noirceur, la violence de ces romans m'ont toujours mis mal à l'aise. Ce n'est pas vraiment ce que j'aime lire. Mais j'avais vraiment envie de découvrir ce roman.

J'étais plutôt intéressée par les premières pages mais plus ma lecture avançait plus je me sentais effectivement mal à l'aise. Les personnages que Karolina retrouvent dans ce café ont tous un côté malsain, bizarre et si vous ajoutez à cela la chaleur écrasante omniprésente, vous n'êtes pas très "confort" dans votre lecture.

Il y a en plus dans la forme narrative d'Ingrid Winterbach, un côté répétitif qui a fini d'achever mon enthousiasme des premières pages.

Au final, une lecture plutôt décevante.

Flûte, cette rentrée littéraire ne me provoque décidément pas beaucoup d'émotions !!!
Lien : http://livr-esse.over-blog.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les clients formaient une masse compacte autour du bar. Le vent chaud et la pleine lune s’étaient coaliser pour drainer ici tout ce que le village comptait de mâles esseulés, affamés et assoiffés.
(…) Karolina buvait du whisky. Comment tous ces gens — ces représentants de commerce, ces policiers, ces paysans — arrivaient-ils à garder ce rythme frénétique ? Ils étaient plongés dans des états hallucinatoires. Plus l’heure avançait, plus ils paraissaient sujets à des sautes d’humeur, emportés malgré eux par des perceptions inquiétantes. L’alcool, la lumière de la lampe au-dessus de la table, l’effet hypnotisant du tapis vert, le reflet jaune des murs, les bavardages incessants, l’abrutissement du moment et la fascination du rythme qui dictait les mouvements des clients étaient autant d’éléments qui contribuaient à cette étrange atmosphère. p 82-83
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Le samedi soir, elle dansa avec le dénommé Kolyn.
(…) Ils dansaient avec une langueur, une passion suggestive et lancinante qui combla les attentes les plus folles des spectateurs. Le dénommé Kolyn ne commettait aucune faute, il faisait de son mieux et offrait à Karolina tout son savoir, toute sa technique.(…) Il dansait de manière mécanique, mais sans faire d’erreur, et ne mettait dans ses mouvements que le minimum d’érotisme.(…) Katerina évoluait avec finesse, avec une sensualité contrôlée, ses mouvements étaient empreints de nostalgie et d’amour.
Leur danse était une forme lourdement stylisée de rencontre sexuelle — leurs jambes se frôlaient de façon suggestive, le corps de Katerina se cabrait de manière provocante, ouvertement sexuelle. Bien que tous deux dansassent avec une énergie contenue, leurs mouvement avaient un parfum d’insouciance, un effet à la fois troublant et menaçant qui donnait la chair de poule aux autres danseurs. p 194
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Jess lui avait dit que lorsqu'on méditait sur la mort , il fallait garder deux choses à l'esprit . Tout d'abord , que l'on allait mourir , ensuite , que l'on ne connaissait ni l'heure ni les circonstances de sa mort .
-Et ça ne te fait pas paniquer ? avait-elle demandé .
-Non . On s'habitue . Plus on se concentre sur la mort comme un fait inéluctable , plus on approfondit sa compréhension de la vie - et de son caractère éphémère .
(...) En regardant les panneaux , Karolina comprit qu'il avait raison , que la vie était fugace , fragile , que les activités humaines étaient insignifiantes , dépourvues de substance historique .
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Un silence de mort régnait dans la ville. Les habitants s’étaient retirés derrière leurs rideaux. Il faisait trop chaud pour s’aventurer dans les rues. L’heure du scarabée.
Elle proposa de couper par le cimetière, où il lui semblait qu’il faisait plus frais. Ils marchaient depuis un petit moment lorsqu’ils aperçurent deux personnes assises sur un banc, à côté d’un cyprès. Un homme et une femme.
– Ce sont eux, dit Willie.
Karolina n’osait pas les regarder ouvertement.
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