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EAN : 9782267027204
195 pages
Christian Bourgois Editeur (15/01/2015)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Textes qui permettent de découvrir un aspect important de l'oeuvre de l'écrivain : la constante réflexion sur la littérature qu'elle a menée parallèlement à sa création romanesque. Son grand modèle : l'Autrichienne Ingeborg Bachmann, poète et romancière.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre contient une série de textes et discours, inédits en français, rédigés par Christa Wolf entre 1966 et 2010. le plus central à mes yeux est celui qu'elle consacre sur une cinquantaine de pages à la prose et à l'écriture, écrit en 1968, et sur lequel je reviens en détail ici. D'autres chapitres sont néanmoins cruciaux pour l'auteur de l'Allemagne socialiste : le point aveugle (2007) aborde la question de la mémoire et de la culpabilité de son pays pendant le nazisme pour aboutir à une réflexion sur un certain «mutisme» de Goethe ; La vérité qu'il faut affronter(1966) est une magnifique réflexion sur la prose héroïque de Ingeborg Bachman ; enfin Maintenant il faut que tu parles relate la prise de parole courageuse de l'auteure lors du onzième plénum(1965) du comité central du parti socialiste de RDA qui marqua la rupture des intellectuels avec le pouvoir.
La compilation propose aussi deux écrits où Christa Wolf dépeint avec un sourire affectueux la vie commune avec son époux, le diplomate et essayiste Gerhard Wolf ainsi qu'un bref portrait de Uwe Johnson rencontré à plusieurs reprises.

Christa Wolf entre dans le coeur de son raisonnement sur la thématique du «lire et écrire» avec un paragraphe qu'elle tient dans la ville de Gorki, sur la Volga, où elle est déjà venue auparavant : J'écris cela assise au bureau poussiéreux de l'hôtel «Rossia» : dans la conscience du présent – de ce fleuve là-bas par exemple, et de toutes les expériences réelles ou rêvées qui, pour moi, s'associent à lui – j'écris sur un événement antérieur, pendant le déroulement duquel – suivant à tâtons une chaîne d'associations – je me souvenais non seulement des événements encore plus antérieurs, mais aussi des pensées et des souvenirs passés et qu'en plus surgissait en moi la possibilité que tout cela puisse un jour, à l'avenir (qui, en ce moment, est le présent) devenir, d'une façon ou d'une autre, significatif. Par exemple du fait que je le décris.
Cette expérience est courante, fait partie de notre psyché moderne, le moment est presque extensible à l'infini, porte en lui une foule d'expériences possibles alors que les cinq minutes écoulées demeurent cinq minutes. Voilà ce qui sauve la prose, l'expérience humaine, avec une profondeur qui peut être transcrite.
[...]
[Suite de la critique complète et extraits sur Marque-pages]

Lien : http://christianwery.blogspo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« (…) lorsqu’il y a bien des années, j’écrivais Trame d’enfance, un livre de souvenirs sur mon enfance, et qu’au cours du travail préparatoire et en rassemblant de la documentation, je pus me rendre compte du caractère douteux des souvenirs sur lesquels je devais pourtant m’appuyer, j’ai accompagné l’écriture du livre d’une réflexion sur la mémoire, relativisant ainsi l’affirmation : C’est ainsi que cela s’est passé, et pas autrement. Et Günter Grass, dans son livre autobiographique récemment paru, Pelures d’oignon, a avoué et désigné des lacunes dans le souvenir, et notamment à des moments importants, présentant par ailleurs un curieux matériau que sa mémoire a gardé pour des raisons inexplicables. L’écriture autobiographique doit être, à notre époque en tous cas, une recherche sur soi, c’est-à-dire une plongée dans les abysses de notre propre mémoire, faisant l’expérience de la douleur et de la honte, en remettant sans cesse en question l’authenticité des trouvailles extraites des éclaircies de la conscience. Même si la neurobiologie a trouvé la région du cerveau où loge la mémoire autobiographique, elle ne peut pas dire selon quelles lois psychologiques elle travaille. (…) Nos points aveugles, j’en suis convaincue, sont directement responsables des points de désolation sur notre planète. Auschwitz. L’archipel du Goulag. Coventry et Dresde. Tchernobyl. Le mur entre la RDA et la République fédérale. La déforestation au Vietnam. Les tours détruites du World Trade Center à New York. »
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[…] La voix ne recule pas sans livrer combat, elle ne se tait pas sans avoir protesté, elle n’est pas résignée quand elle quitte le champ de bataille. Prendre conscience de ce qui est, réaliser ce qui doit être. La littérature n’a jamais pu se fixer objectif plus ambitieux.

Elle porte plainte ? Pas contre ce qui est insignifiant, et jamais dans la lamentation. Contre le mutisme aux aguets. Contre la disparition menaçante de toute communication entre littérature et société, ce qui est une évidence pour tout écrivain intègre dans un environnement bourgeois. Contre la perspective de rester seul avec le mot (« le mot ne fera qu’entraîner d’autres mots, la phrase une autre phrase »). Contre l’inquiétante tentation de devenir complice des dangers mortels auxquels le monde s’expose par l’adaptation, l’aveuglement, l’acceptation, l’habitude, l’illusion et la trahison. […]
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Videos de Christa Wolf (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christa Wolf
Christa Wolf (1929-2011), dans le puits du temps : Une vie, une œuvre (2013 / France Culture). Production : Matthieu Garrigou-Lagrange. Par Christine Lecerf. Réalisation : Charlotte Roux. Diffusion sur France Culture le 9 novembre 2013. Photographie : Christa Wolf im Jahr 1971. (dpa / picture alliance). Née en 1929, en Prusse orientale, aujourd’hui territoire polonais, Christa Wolf est précipitée dès l’origine dans le paysage tourmenté de l’histoire allemande. Comme beaucoup d’enfants, elle s’enthousiasme pour le Führer. Comme beaucoup d’adolescents, elle participe avec fierté à la naissance de la nouvelle Allemagne de l’Est. Et comme bon nombre d’intellectuels antifascistes qui croient à l’idéal socialiste, elle s’engage au parti communiste dès 1949. Mais Christa Wolf n’est pas tout à fait comme tout le monde. Elle écrit : sur la déchirure de l’Allemagne dans “Le ciel partagé” (1963), sur ses propres dénis dans “Trame d’enfance” (1976). Elle creuse l’oubli, rumine un passé qui ne passe pas. À partir de 1976, à la suite de son soutien au chanteur Wolf Biermann, Christa Wolf n’est plus une femme libre. La Stasi l’espionne. On refuse qu’elle quitte le parti. Plus on cherche à la museler et plus l’écrivaine s’échappe par l’écriture dans les strates du temps. Elle trouve refuge auprès des premiers romantiques allemands qui, comme elle, n’avaient “Aucun lieu. Nulle part” (1979). Dans “Cassandre” (1983) ou “Médée” (1996), elle s’inspire de ces « femmes sauvages » de la mythologie grecque qui avancent comme elle, tête haute, la parole vibrante. On se presse à ses lectures. On rêve l’esprit éveillé. Peu après la chute du mur, l’icône de la littérature est-allemande est injustement accusée d’avoir travaillé pour la Stasi. Dans “Ce qui reste”, elle écrit : « N’aie pas peur, dans cette langue, que j’ai dans l’oreille, pas encore sur les lèvres, j’en parlerai aussi un jour. » Brisée mais non vaincue, Christa Wolf entreprend alors dans “Ville des anges” (2011) une lente et ultime descente au « fond du puits ». Le corps perpétuellement en alerte, Christa Wolf luttait depuis des années contre la maladie. Elle est morte à l’âge de 82 ans.
Avec : Jana Simon, journaliste, petite-fille de Christa Wolf Nicole Bary, traductrice et éditrice de la revue “LITERALL” Pierre Bergounioux, écrivain Günter Grass, écrivain (Archives) Marie Goudot, auteur de “Cassandre” Alain et Renate Lance, traducteurs de l’œuvre de Christa Wolf Erika Tunner, germaniste, spécialiste du romantisme Irving Wohlfarth, germaniste
Et la voix de Christa Wolf
Textes lus par Blandine Molinier et Aurélia Petit. Avec la voix de Jean-François Néollier.
Extraits de films : “Le ciel divisé”, de Konrad Wolf, adaptation de Christa et Gerhard Wolf, DEFA, 1964 “Le tambour”, de Volker Schlöndorff, 1979 “Christa Wolf. Ein Tag, ein Jahr, ein Leben”, de Gabriele Denecke et Gabriele Conrad, ARTE, 2004
Source : France Culture
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