Premier livre traduit en français de cette auteure qui a été récompensée de plusieurs prix en Chine.
Le roman part de la visite, obligatoire, d'Emmy, venue du Canada (“ la montagne d'or”, selon les Chinois émigrés) à Zimian, berceau de sa famille dans le Guangdong. En fait, c'est Yanling, sa mère, qui aurait dû venir elle-même, en réponse à une lettre de l'administration chinoise qui veut récupérer, pour le classer au patrimoine et le restaurer, le diaolou (propriété, domaine) de la famille Fang.
D'abord pressée de partir, Emmy, après s'être, selon la coutume, prosternée devant la stèle de ses ancêtres, va écouter de la bouche d'Ouyang, professeur, le récit de la vie de sa famille.
Commence alors une véritable saga, écrite d'une façon presque linéaire, qui nous ramène aux temps de la “ ruée vers l'or ”, version canadienne puisque une bonne partie de l'histoire se passe à Vancouver.
Du premier Fang émigré, qui va suer sang et larmes pour construire la ligne ferroviaire transcanadienne, jusqu'à Emmy, parfaite jeune fille américaine qui finit ses études de sociologie, vont défiler tous les membres d'une famille coupée en deux, de part et d'autre du Pacifique.
Chaque personnage, y compris ce qu'on appellerait les “ seconds rôles ”, est décrit, défini, replacé dans son contexte familial, social et professionnel. Gérant de laverie, homme à tout faire, intendant auprès d'une vieille dame en mal de tendresse, prostituée, manoeuvre, paysan, hôtesse : tous les métiers défilent et sont évoqués au fil des générations. L'arrière-plan social et historique est là aussi, intransigeance et racisme au Canada, traditions ancestrales en Chine, choc de la Révolution culturelle, guerres du 20ème siècles avec les horreurs perpétrées par les Japonais.
Le roman est foisonnant, d'une richesse extraordinaire à tous points de vue et vraisemblablement bien traduit si on en croit l'auteure et la fluidité du discours romanesque.
Un vrai plaisir de lecture, à savourer doucement !
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Le sujet est certes très intéressant (l'immigration chinoise au Canada pour le travail au XIXe siècle), mais le style m'a semblé trop lent, trop lourd.
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Décider de vivre avec une femme est pour un homme un choix temporaire, mais c'est en choisissant celle avec qui il veut partager sa tombe qu'il montre pour qui bat son cœur...
(p. 231)
Video de Ling Zhang sur l'immigration chinoise au Canada
Ling Zhang raconte son parcours d'écrivain, de l'histoire des premiers colons chinois au Canada et de l'origine du titre de son roman, le rêve de la montagne d'or.