“Que ceux qui ont faim aient du pain ! Que ceux qui ont du pain aient faim de justice et d'amour !”, s'écriait ou s'indignait l'
Abbé Pierre.
Tout est dit dans cette dichotomie exprimée avec toute la véhémence chrétienne qui était la marque de fabrique de Henry Grouès.
Car comme nous l'explique
Jean Ziegler ( homme politique suisse, altermondialiste, anticapitaliste, sociologue et ex-rapporteur spécial auprès de l'ONU sur la question du droit à l'alimentation dans le monde), rien ne justifie que cette planète largement autosuffisante, laisse s'empiffrer les uns et mourir de faim des dizaines de millions d'autres... sans parler des centaines de millions de ceux qui sont au bord de la malnutrition... qui peinent à survivre.
Rien ne le justifie mais de multiples facteurs l'expliquent.
Dans cet opuscule d'une soixantaine de pages écrit en 1999 ( non, non rien n'a changé... tout, tout a continué...) sous forme d'un dialogue questions-réponses entre
Jean Ziegler et son fils Karim, l'infatigable humaniste et homme politique suisse nous fait une synthèse pédagogique, engagée, sur ce fléau qui hante les nuits et entache la conscience de Sapiens depuis "la nuit des temps".
J'ai voulu lire ce petit bouquin après que j'eus subodoré que le fasciste Poutine allait se
servir du blocus des ports ukrainiens, et du blé du pays qu'il martyrise, comme d'une arme alimentaire... avec la menace bien réelle de famines pesant sur des pays dépendants de cette céréale vitale.
Il est des sujets qui obligent selon les circonstances.
J'ai présenté il n'y a pas très longtemps une BD sur le commerce des armes.
La faim, thème dont je me souviens qu'il était un leitmotiv parental adressé à l'enfant qui, quelquefois, boudait son assiette :"songe à tous ces enfants qui meurent de faim dans le monde", sans que pour autant il me donnât envie de finir ladite assiette ; la faim dont on se racontait... à se faire "péter de rire" nos ventres repus... les dernières blagues sur les Biafrais ; la faim que je voyais de si loin, en photo, dans le regard "triste et résigné" d'un petit être squelettique au ventre gonflé du vide de nos silences coupables... cette faim qui n'est pour nous qu'un mot mais pas un mal...je voulais "l'actualiser" à travers le savoir d'un de ceux qui en ont fait un combat politique, une priorité essentielle d'homme responsable... un de ces frères universels qui viennent inlassablement, qu'on leur ouvre ou pas, agiter le heurtoir des portes de notre passivité derrière lesquelles nous nous prélassons dans le confort de notre ignorance ou de ce que nous feignons d'ignorer par manque de...
Ce petit livre m'a permis de me reconnecter avec une réalité contre laquelle, je le sais, il est difficile mais pas impossible de lutter.
Il m'a donné l'occasion d'enrichir mon vocabulaire.
J'y ai fait la connaissance du mot "kwashiorkor"... c'est une maladie due à la malnutrition grave du jeune enfant, observée surtout en Afrique noire.
"Lente destruction du corps, les cheveux deviennent roux, puis tombent ; le ventre gonfle, les dents se déchaussent et tombent. L'enfant ou l'adolescent meurt lentement."
Beaucoup de ce que beaucoup n'ont jamais voulu savoir sur ce fléau qui frappe les hommes à cause d'autres hommes... vous le trouverez dans ce petit ouvrage utile et saisissant à l'usage de chacun d'entre nous.