Décidément cette collection est une mine d'or pour celui qui veut en revenir aux bases, aux « questions élémentaires, donc fondamentales » comme le dit la quatrième de couverture. Le mot République fait un retour en force dans les discours politiques. Ce n'est pas un hasard si le nouveau nom de l'UMP est « les républicains ». C'est au contraire tout à fait dans cet air du temps quelque peu réactionnaire, voire autoritariste. Régis Debray fait parti de ces intellectuels « néoréacs » souvent venus de gauche mais qui n'ont pas suivi le virage libéral du PS, préférant suivre Chevènement et toute une tendance nationale-républicaine. Le clivage gauche/droite perd donc de sa pertinence au profit du clivage néolibéraux/néorépublicains. D'autres couples de notions opposées sont développés de brillante manière : état unitaire/fédéral, laxisme/autoritarisme, nation/tribu, laïc/clérical, public/privé, égalitarisme/méritocratie. On sent que l'auteur a un certain goût pour l'ordre et reste très attaché à de nombreux principes ou caractéristiques de la République française : indivisible, centralisée, laïque (liberté), démocratique (égalité), sociale (solidarité). L'histoire française est d'ailleurs souvent évoquée.
Malheureusement Régis Debray n'est pas un bon pédagogue, les définitions qu'il donne de nombreux termes ne m'ont guère convaincu. Il faut lui reconnaître cependant un grand sens de la formule (voir citations). Mais aussi un amour de la langue française. Cela est par contre plutôt dommageable car le philosophe ne peut s'empêcher d'employer des mots vieillis ou difficiles (titulature, proscription, pentateuque), des expressions WTF (pierre de touche, cour de caserne, grabuge des atomes) ou carrément de tomber dans le lyrisme stylistique comme dans l'épilogue. C'est donc un petit livre assez théorique et abstrait mais qui recèle grâce à sa formule de bons exemples pris au niveau d'un lycée ou d'un quartier. A noter que malgré sa date de publication relativement ancienne (1998), cet essai est totalement d'actualité.
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Un livre écrit il y a presque 30 ans, ça se sent dans le ton utilisé et les termes employés.
Pour autant, le fond de ce livre est terriblement intéressant et met en lumière des dysfonctionnements actuels. Ce livre permet de comprendre assez facilement comment fonctionne ou devrait fonctionner notre république. Quels en sont les grands principes et ses limites. J'ai beaucoup aimé !
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On peut vivre en république, et profiter de l'aubaine, sans se conduire en républicain. C'est même le plus courant. Et de mauvais augure. Une république de stuc et de papier, livrée aux mécanismes impersonnels de l'Etat de droit, sans citoyen pour en faire vivre l'esprit, est un château de cartes. Un souffle peut l'emporter.
Chaque espèce de république a son histoire, et on ne peut pas choisir son modèle de démocratie comme on choisit une marque de fringue dans un magasin.
Même si son détenteur est un saint, tout pouvoir tend à l'excès.
La laïcité met une frontière entre le « ce que je sais » et le « ce que je crois », entre le domaine de l'esprit et le domaine des âmes.
le vent d'Amérique vient déplacer les lignes. On va vers une société plus égoïste, indifférente à autrui, où chacun veut d'abord s'enrichir et réussir individuellement.
Claude Grange : "Je lance un appel, aux soignants, de rester dans le prendre soin"