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3,99

sur 3021 notes
Il est parfois intéressant de lire le premier tome d'une saga après en avoir découvert d'autres auparavant... enfin surtout quand il s'agit des Rougon-Macquart.

En effet, le portrait global d'une société à travers le destin d'une famille que s'est donné pour but Emile Zola permet une lecture non-linéaire intéressante. Après avoir lu plusieurs autres tomes (L'Assommoir, Germinal, Au bonheur des dames, La faute de l'Abbé Mouret, Nana), la lecture de ce tome originel prend une autre saveur.

On découvre les origines de la famille et ce qui guidera l'ensemble de ses membres tout au long de leur vie: argent, pouvoir, reconnaissance, gloire. Zola n'est pas tendre avec ces personnages, une drôle de haine-amour pour les avoir suivis si longtemps et en avoir fait le coeur de son oeuvre. J'avais souvent loué Zola pour la peinture qu'il avait réussi à faire de son siècle, mais à la lecture de ce roman, c'est ce rapport ambigu avec ses "créatures" qui me semble le plus intéressant.

Le style est en tout cas toujours aussi riche. Les longues descriptions qu'on lui reproche parfois servent ici le propos. Ainsi, la longue ouverture qui pose un lieu particulier de la ville de Plassans sera utile tout au long de l'histoire, les lieux étant des acteurs tout aussi essentiels que les personnages chez Zola.

Évidemment le contexte politique est également très intéressant, étant donné le choix de l'événement précis autour duquel tourne toute l'histoire. La narration est d'ailleurs très habilement menée, de façon très moderne pour un romancier du 19ème, avec des allers retours chronologiques qui permettent de ménager un suspense final assez marquant.

Zola est donc assez jouissif à redécouvrir à l'âge adulte, après des lectures adolescentes qui furent un peu contraintes même si pas non plus désagréables à l'époque.
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Une première dans ce meli-mélo de fin de siècle. Zola à la plume, il reste pour moi un bourgeois. Et ses considérations sont si profondes ! Je le respectes! Et pour les 250 caractères, y a qu'a . Merdre de Jarry. Amicalement . André. et tous les autres, en pensant à Jean- luc qui s'est suicidé en Suisse.
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Et hop, j'ai décidé que les kilomètres accumulés au quotidien ne le seraient pas en vain. La série Des ROUGON-MACQUART (celle qu'on ne connaît que par bribes mais qu'on adore) m'accompagnerait en livre lu. Hélas, c'est une version ancienne qui n'a pas la tonalité qualitative des Audiolib actuels que j'ai écoutée.

Ce fut long, très long donc.

Car, même si le fond du récit est passionnant (les jours qui ont suivi le coup d'état de Napoléon III) le récit dramatique des bandes insurrectionnelles de républicains, hostiles au coup d'état, et le devenir des bourgeois de Plassans ne passent pas bien en livre audio mal lu.

Certes, on découvre de quelles manières Pierre Rougon va réussir à profiter du coup d'état et de la répression, et comment se dessine l'arbre généalogique des ROUGON-MACQUART, avec deux clans bien distincts.

A relire, évidemment, sous forme papier qui sentira bon les bancs du collège où on étudiait (un peu) Zola.
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CHALLENGE ABC 2014/2015 (26/26)

Moi qui ne suis pas une grande fan de classique (à part Victor Hugo mon préféré), je ressors complètement soufflée par cette lecture. Certes, comme tout le monde, j'avais dû lire, au temps des mes années "lycée", un ou deux tomes de cette grande saga que sont les "Rougon-Macquart" mais j'avais oublié la puissance de la prose de l'auteur (que je n'avais d'ailleurs peut-être pas appréciée à sa juste valeur à l'époque). Comme il me fallait un écrivain en "Z" pour terminer mon challenge ABC et que la magnifique collection que je possède de la série ( qui jusqu'à présent servait uniquement de faire-valoir à ma bibliothèque) me faisait de l’œil, j'ai trouvé plus logique de commencer par le premier tome.
Zola nous y narre la genèse de cette famille, genèse bâtie sur la cupidité, une ambition démesurée et une mesquinerie sans limite, par des personnages aux multiples tares mais dont l'alliance (Pierre et Félicité) permettra de satisfaire leur soif de pouvoir, au mépris du sang qu'ils répandront au cours de leur ascension.

L'écriture de Zola est magistrale. Tout est décortiqué, analysé avec précision, du caractère des protagonistes, aux lieux traversés et aux faits à proprement parler pour nous offrir une peinture sociale des plus réalistes. J'avoue que parfois certains passages me paraissaient un peu longs tandis que l'instant d’après, la tournure d'une phrase au détour d'une page me remplissait d'admiration devant un tel talent. Je préfère garder en moi l'image de Miette en figure de la République morte au combat ainsi que celle de l'amour innocent que lui portait Sylvère même si c'est sur les vices des autres personnages que va être bâtie l'intrigue des 19 autres tomes de la série. Je ne sais pas si j'aurai le courage et le temps de m'attaquer à la suite de ce roman mais il est certain que j'inscris Zola dans la liste de mes auteurs classiques favoris à côté de l’indétrônable Victor.
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Avec La fortune des Rougon, premier roman d'une série de vingt, Zola plante le décor: il nous dévoile l'origine de sa saga, à la fois les personnages à l'origine de la lignée mais aussi le contexte historique de ce qu'il veut être une étude naturaliste et exhaustive d'une famille influencée par son milieu.

Et j'ai beaucoup aimé découvrir l'origine de cette famille, faire connaissance avec des personnes dont le nom m'est plus ou moins familier, m'installer au milieu d'eux en sachant que je vais avoir le temps de bien les connaître. Gervaise, Lantier, le Docteur Pascal, Mouret... :si tous ces noms ont déjà résonné à mes oreilles, j'aurais été incapable d'établir le lien qui les unit. Eh bien, maintenant, je le sais... et j'ai hâte de connaître la suite de leur itinéraire!

Mais, dans ce premier tome, Zola ne fait pas qu'installer son histoire: je ne suis pas prête d'oublier le long passage relatant l'amour naissant entre Silvère et Miette! J'ai trouvé cet épisode d'un romantisme magnifique, loin de l'image parfois triste et ennuyeuse que l'on a parfois de cet auteur (quand on le connaît peu ou mal!). Evidemment, la conclusion n'en est que plus touchante...

Je gardais un souvenir ébloui de ma lecture du Bonheur des dames, quand j'étais adolescente. Je n'avais pourtant pas eu l'occasion ou l'envie de découvrir beaucoup plus son auteur.
Si j'avoue quand même avoir légèrement peiné à suivre les finesses politiques exposées dans ce roman (Républicains, insurgés, Bonapartistes... je cale un peu!), je resors ravie de cette lecture qui, en plus, ouvre la voie aux 19 suivants!...
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Plassans, 1851. le jeune Silvère fait ses adieux à la petite Miette. C'est décidé, il prend les armes et se joint à la cohorte d'insurgés qui partent pour Paris bien décidés à défendre la République. Derrière les remparts de la petite ville de Provence, tout le monde a peur. On dit les républicains sauvages et sanguinaires. Nobles et bourgeois craignent le pire. Seuls les Rougon voient dans la situation politique instable l'occasion d'enfin faire fortune. Ils réunissent dans leur salon quelques personnages influents de la ville, des réactionnaires qui appellent de leurs voeux le retour du roi. Cependant à Paris, Louis-Napoléon Bonaparte prépare le coup d'état qui assoira le second empire. Renseignés par leur fils Eugène, installé dans la capitale, les Rougon décide de retourner leur veste et de se faire fervents bonapartistes. Mais qui est donc ce couple calculateur et opportuniste?


Pour le savoir, il faut un peu remonter le temps jusqu'à l'époque où Adélaïde Fouque, fille d'un des plus riches maraîchers de la ville perd ses parents et choisit d'épouser Pierre Rougon, un paysan mal dégrossi. Leur mariage est bref, Adélaïde se retrouve veuve et mère d'un fils, appelé Pierre comme son père. Loin de se morfondre dans la solitude, Adélaïde se compromet dans une relation passionnelle avec un braconnier, contrebandier à ses heures : "ce gueux de Macquart". le couple illégitime aura deux enfants: Antoine et Ursule. le fils Rougon et les deux Macquart grandissent à leur guise, sans entraves ni éducation, et sans non plus de sentiments fraternels. Pierre est convaincu de sa légitimité et déteste les deux "bâtards" qui mangent son pain. Dès que l'occasion se présente, il s'empare de l'héritage, spoliant sa mère et ses frère et soeur. Ursule s'en moque. Elle quitte Plassans et part vivre à Marseille avec son mari. Mais Antoine ne l'entend pas de cette oreille. Libéré de son service, il quitte l'armée où son frère le laissait végéter, et revient avec la ferme volonté de récupérer sa part d'héritage. Cependant, Pierre a épousé Félicité Puech, la fille d'un marchand d'huile. Il a investi dans l'affaire de sa belle-famille et tente tant bien que mal de faire fructifier son pécule. le couple n'est pas riche, leurs nombreux enfants leur tondent la laine sur le dos. Pierre et son épouse se débarrassent de ce demi-frère encombrant avec quelques miettes. Antoine épouse la bonne et travailleuse Fine, lui fait trois enfants, Lisa, Gervaise et Jean et se laisse entretenir sans complexes par sa petite famille.


Et nous revoilà en 1851. Adélaïde vit en recluse dans la vieille masure de Macquart. Reniée par ses fils, misérable et presque folle, elle a recueilli Silvère, le fils d'Ursule décédée très jeune. Antoine Macquart est plus amer que jamais. Fine est morte et ses enfants ont fui le domicile familial, lassés d'entretenir un père fainéant et alcoolique. Les époux Rougon ont marié leurs deux filles. Leur fils aîné, Eugène, vit à Paris. le cadet Pascal est le médecin des pauvres de Plassans, il n'a que peu de contacts avec sa famille. le benjamin, Aristide, travaille à la sous-préfecture et écrit des articles pour un journal. Il a opté pour le camp républicain, non par conviction mais parcequ'il pense se mettre ainsi du côté des vainqueurs. Et les Rougon complotent pour tirer partie du coup d'état et s'assurer la fortune à laquelle ils aspirent depuis toujours, quitte à laisser des morts derrière eux....



Quand je me suis lancée dans le challenge qui consiste à relire la série des Rougon-Macquart dans son intégralité, j'ai pris conscience, à ma grande honte, que je n'avais lu que Germinal et Au bonheur des dames, et encore, c'était contrainte et forcée par des profs de français au collège. Ce sera donc une réelle découverte pour moi de lire les dix-huit autres volumes de la saga. Et me voici ravie après la lecture de ce premier tome fondateur, celui qui pose les bases de la famille, qui explique les origines de chacun et donne une bonne idée de leurs traits de caractère communs.
Outre le fait que je me suis replongée dans une période de l'histoire de France que j'avais oublié depuis belle lurette, j'ai aussi découvert avec plaisir les moeurs d'une sous-préfecture du Sud. Plassans se compose de trois quartiers bien distincts, du plus pauvre au plus riche. Les deux premiers n'aspirent qu'à grimper les échelons, le dernier veut conserver ses privilèges. Cette fracture sociale (toujours d'actualité d'ailleurs) est aussi une fracture politique : en haut de l'échelle, on espère un retour des Orléans alors qu'en bas on place tous les espoirs d'une société meilleure dans la république.
ZOLA place les Rougon-Macquart au coeur de cette société provinciale. Il nous donne à voir une famille à l'hérédité très lourde. Bien que demi-frères seulement, Pierre et Antoine partagent des traits de caractère fort semblables: l'avarice, l'envie, la cupidité, la méchanceté, la mauvaise foi, et j'en passe! gageons que quelques uns de ces défauts ataviques se retrouveront chez leurs descendants dans les tomes suivants...
Un roman dont les couleurs sont le noir de l'âme des Rougon-Macquart et le rouge du sang de leurs victimes.
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Les Rougon-Macquart constituent une série de vingt romans écrite par Emile Zola entre 1870 et 1893, évoquant l'histoire d'une famille à la fin du XIXème siècle en France et publié sous le titre "Histoire naturelle et sociale d'une famille du Second Empire".
Le premier tome intitulé "La fortune des Rougon" présente les personnages que nous suivrons tout au long de l'histoire ainsi que leur origine. Les Rougon viennent de Plassans dans le Var où l'on rencontre Adélaïde, la mère, celle qui se trouve tout en haut de l'arbre généalogique de cette grande famille.

Adélaïde Rougon a un enfant, Pierre, lorsque son mari meurt brutalement. Elle se remarie ensuite à un certain Macquart avec lequel elle a deux autres enfants, Antoine et Ursule. A leur tour, Pierre, Antoine et Ursule seront parents de plusieurs enfants qui évolueront sur des décennies.

Pierre et Antoine seront toujours en conflits. Pierre Rougon est le plus réfléchi et par un vilain stratagème, vole la petite fortune de sa mère, déshéritant en même temps son demi-frère et sa demi-soeur. Pierre et sa femme forment un couple manipulateur représentant ceux qui veulent s'élever socialement et mettront tout leur espoir dans l'éducation privilégiée de leurs enfants.

Antoine Macquart est un fainéant notoire. Marié et père de famille, il refuse de travailler, prétextant diverses raisons. Il passe à ses journées à boire et à maudire Pierre, voleur d'héritage. Sa seule ambition, détruire Pierre.

Ursule, elle, a pris ses distances en se mariant à un homme honnête avec lequel elle forme une belle famille avant de mourir prématurément.
Son fils, Silvère, ira vivre avec Adélaïde. Sa grand-mère le considère comme son propre enfant et lui voue toute l'affection d'une mère.
Mais contrairement à ses oncles, Silvère est un jeune homme fougueux et optimiste, travailleur et volontaire. Il portera les armes et prendra la route vers Paris avec le cortège des hommes désireux de renverser le pouvoir.
Nous sommes dans un contexte politique sensible. Un coup d'Etat se prépare sous l'influence de Louis-Napoléon Bonaparte. "La fortune des Rougon" se construit à partir de ce coup d'Etat, Pierre Rougon s'apprête à gagner une place dans la bonne société varoise.

Dans ce premier tome immersif, on parle d'ambition, de statut social à travers toute la généalogie d'une famille qui part de peu. Nous sommes au coeur d'un fait historique à partir duquel l'auteur étudie des personnages associés à l'insurrection du Var.

C'est une lecture très descriptive mais qui se lit vraiment très bien, une fois les bases posées, j'ai suivi avec plaisir cette famille dans sa quête de reconnaissance. le contexte politique fragile de cette période est très intéressant et certains personnages, notamment Silvère, m'ont profondément touché. J'ai beaucoup aimé la plume d'Emile Zola. Une saga que je vais poursuivre tout au long de l'année.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Ajouter une 78 ème critique à "La Fortune des Rougon" ne semble pas nécessairement utile, si ce n'est que nous sommes sur Babelio et que modestement chacun apporte à son tour une pierre à l'édifice.
Le cadre de ce premier "tome" est une petite ville appelée Plassans, qui correspond à Aix-en-Provence, où Zola a passé son enfance et une partie de sa jeunesse, et à Lorgues, dans le Var, où se sont déroulés en décembre 1851 les événements insurrectionnels décrits dans le roman. C'est le roman des origines. Il marque le début de la généalogie des Rougon-Macquart, qui commence avec Adélaïde Fouque, dite Tante Dide, née en 1768. Elle épouse un certain Rougon, jardinier, dont elle a un fils, Pierre Rougon. À la mort de son mari, elle vit en concubinage avec Macquart, contrebandier, qui lui donne une fille, Ursule Macquart, et un garçon, Antoine Macquart. Après la mort de Macquart, elle se reclut dans la solitude. Ses trois enfants donnent naissance aux trois branches de la famille : les Rougon, chez qui prédomine l'appât du gain et l'appétit du pouvoir ; les Mouret (mariage d'Ursule avec un chapelier ainsi nommé), branche où la fragilité mentale de l'aïeule réapparaît souvent ;
les Macquart, branche la plus fragile, chez qui se retrouve la folie d'Adélaïde mêlée à l'ivrognerie et à la violence de son amant.
Ce n'est pas le plus connu, ni le meilleur volume de la série, il n'a d'ailleurs pas connu un succès retentissant lors de sa sortie, mais il est nécessaire à la compréhension de cette immense histoire familiale qui se veut un des reflets de la société d'alors et qui par certains aspects touche encore à la réalité de notre monde actuel par ses batailles incessantes face au pouvoir et à l'argent. La fortune des Rougon plante les racines d'une généalogie où Emile Zola cerne avec justesse les outrances de la nature humaine.
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J'avais gardé d'Emile Zola un très mauvais souvenir après la lecture de Germinal au lycée (il y a pas mal d'années) et avais toujours refusé d'y retourner jusqu'à maintenant.... J'ai repris la saga à sa base et là très bonne surprise.... J'ai accroché et ai été surprise par une écriture d'une grande qualité alliée à non seulement une plongée dans des familles hantées par la folie, le pouvoir, l'argent sans pour autant sacrifier L Histoire avec un grand H et une histoire d'amour-amitié d'une grande beauté car animée par des idéaux révolutionnaires. Zola démontre à la fois les bassesses humaines mais également la pureté dont sont capables les humains et j'ai bien l'intention de continuer cette découverte tardive en suivant l'arbre généalogique des différentes branches même si je l'avoue qu'a certains moments il m'a fallu concentration et ténacité en particulier dans les méandres politiques, plus tenue par la psychologie des personnages et de leurs racines.
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Depuis des années, je pérégrinais dans l'immense fresque des Rougon-Macquart d'Émile Zola. Parcourant lentement les routes sinueuses du Second Empire en compagnie de l'auteur, je m'étais enthousiasmé pour « Germinal », « Nana », « La terre », « L'oeuvre », puis « La débâcle », l'avant dernier roman de la série voyant l'effondrement du règne de Napoléon III.
Dans la pensée d'Émile Zola, les 20 livres de cette immense fresque se voulait « l'Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire » s'étendant sur quatre générations.
Il me manquait la généalogie. Elle m'est apparue en lisant récemment le tout premier roman de la série publié en 1871 « La Fortune des Rougon » que Zola appelle dans sa préface celui des Origines : « Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d'étudier, a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. »

L'action du livre se déroule à Plassans, ville imaginaire du sud de la France qui pourrait être la ville de Zola à Aix-en-Provence où il passa une partie de sa jeunesse.
Adélaïde Fouque, étrange personnage, une grande créature, mince, pâle, aux regards effarés comme la décrit l'auteur, est le personnage fondateur de cette dynastie familiale des Rougon-Macquart. « le bruit courut qu'elle avait le cerveau fêlé comme son père ». Elle se marie avec un jardinier qui lui donne un fils Pierre Rougon, et meurt trois mois après. Et voilà notre Adelaïde qui, après un an de veuvage, s'éprend d'un ivrogne dont elle fait son amant, « c'était cet ogre, ce brigand, ce gueux de Macquart qu'Adélaïde avait choisi ! ». En seulement vingt mois, deux enfants vont naître : Antoine et Ursule. « le fils légitime, le petit Pierre Rougon, grandit avec les bâtards de sa mère ».
Ce premier roman est une longue lutte entre Pierre Rougon et son demi-frère, le bâtard Antoine Macquart. Ils ne pensent l'un et l'autre qu'à assouvir leurs appétits de richesse et d'honneur, « des besoins irrésistibles de jouissances bourgeoises » pour le premier, de fainéantise pour l'autre. Zola nous entraine dans un univers de débauche, avidité, corruption et violence dont le point culminant est le coup d'État du 2 décembre 1851 qui permettra aux Rougon de prendre le pouvoir à Plassans. Deux forces politiques s'affronte : les républicains et leurs idéaux remontant à la Révolution française et les bonapartistes qui veulent se réinstaller au pouvoir.

L'auteur plante le décor dans ce roman fondateur de son oeuvre. Il introduit les héros des futurs volumes à venir. Les grands thèmes de la saga des Rougon-Macquart apparaissent : la soif de pouvoir, l'aliénation au travail de la classe ouvrière dans un capitalisme financier féroce, les luttes politiques entre les républicains et l'empire, la bourgeoisie, les inégalités sociales, la corruption, l'alcool, le rôle de la presse.

Les plus belles pages du roman sont consacrées à une idylle amoureuse entre deux adolescents : la jeune et jolie Miette et Silvère Mouret, fils d'Ursule Macquart que l'ancêtre Adelaïde, tante Dide, volée de ses biens, exploitée, terrorisée par son fils Pierre, a recueilli. « Ce fut un réveil d'amour, une dernière passion adoucie que le ciel accordait à cette femme toute dévastée par le besoin d'aimer. »

Miette n'a que 13 ans et Silvère à peine 17 ans. « Ils restaient enfants, ils avaient des jeux et des causeries de gamins, et goûtaient des jouissances d'amoureux sans savoir seulement parler d'amour, rien qu'à se tenir par le bout des doigts. Ils cherchaient la tiédeur de leurs mains, pris d'un besoin instinctif, ignorant où allaient leurs sens et leur coeur. À cette heure d'heureuse naïveté, ils se cachaient même la singulière émotion qu'ils se donnaient mutuellement, au moindre contact. »
Un vieux puit et leurs reflets dans son eau est le jeu favori des deux enfants : « Silvère, qui se trouvait presque toujours le premier au rendez-vous, éprouvait, en la voyant apparaître dans l'eau, avec cette rieuse et folle hâte, la sensation vive qu'il aurait ressentie, si elle s'était jetée brusquement dans ses bras, au détour d'un sentier. »
Républicain de coeur, Silvère s'insurge au moment du coup d'État du 2 décembre 1851. Miette, qui le suit partout, est tuée durant le combat. « Elle s'affaissa en arrière, sur la nappe rouge du drapeau. (…) Silvère sanglota. Les regards de ces grands yeux navrés lui faisaient mal. Il y voyait un immense regret de la vie. Miette lui disait qu'elle partait seule, avant les noces, qu'elle s'en allait sans être sa femme ; elle lui disait encore que c'était lui qui avait voulu cela, qu'il aurait dû l'aimer comme tous les garçons aiment les filles. »
Dans les derniers instants de la République moribonde, Silvère est fusillé par un gendarme sur la pierre tombale d'un ancien cimetière où ils aimaient se retrouver. « La mémoire tendue, il écoutait un bruit aigre de fusillade, il voyait un drapeau tomber devant lui, la hampe cassée, l'étoffe pendante, comme l'aile d'un oiseau abattu d'un coup de feu. C'était la République qui dormait avec Miette, dans un pan du drapeau rouge. Ah ! misère, elles étaient mortes toutes les deux ! »
Pendant ce temps, Pierre Rougon fêtait la victoire : « Comme il avait relevé la fortune des Bonaparte, le coup d'État fondait la fortune des Rougon. Et, au loin, sur la pierre tombale, une mare de sang se caillait. »

Les nombreux enfants et petits-enfants des personnages du roman vont alimenter la vaste fresque des Rougon-Macquart. En 1871, Victor Hugo adressera une lettre à Émile Zola : « Votre comédie est tragique. Je vous lis, mon éloquent et cher confrère, et je vous relirai. le succès, c'est d'être lu ; le triomphe, c'est d'être relu. Vous avez le dessin ferme, la couleur franche, le relief, la vérité, la vie. Continuez ces études profondes. Je vous serre la main ! »

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