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Les Rougon-Macquart tome 10 sur 20
EAN : 9782253006985
510 pages
Le Livre de Poche (01/04/1972)
4.01/5   1393 notes
Résumé :
Zola est entré partout, chez les ouvriers et chez les bourgeois. Chez les premiers, selon lui, tout est visible. La misère comme le plaisir saute aux yeux. Chez les seconds tout est caché. Ils clament : « Nous sommes l'honneur, la morale, la famille. » Faux, répond Zola, vous êtes le mensonge de tout cela. Votre pot-bouille est la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille.
Octave Mouret, le futur patron qui révolutionnera le commerce en créant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (159) Voir plus Ajouter une critique
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Pot-Bouille, c'est du très bon Zola. Peut-être pas le meilleur qui soit, mais sans nul doute du très bon, bien plus agréable à mes yeux que les deux volumes précédents, Une Page D'Amour et Nana.
On renoue ici avec une mouture que j'aime assez, une façon d'écrire qui me rappelle celle de la Conquête de Plassans ou qui annonce déjà celle de la Terre, par exemple.
À bien des égards, cet opus n°10 fait figure de diptyque : une sorte de dédoublement du n°7, L'Assommoir en version bourgeoise ou bien alors, une manière de préambule au n°11, le célèbre Au Bonheur Des Dames.
Tout d'abord évoquons ce titre étonnant, difficile à comprendre de nos jours, mélange de pot au feu et de bouillabaisse, rimant admirablement avec tambouille et évoquant la "petite cuisine", comme on dit, ce qui se passe en arrière-cour, loin des façades sublimes, parfaitement lisses et polies, agrémentées de brillants et de couleurs affriolantes.
Là, pas d'erreur, qu'on ne s'y méprenne pas, on est dans la crasse, dans l'égout, dans la vomissure, dans la pourriture glauque et flasque que les gens "comme il faut", que les "braves gens" s'ingénient à minutieusement dissimuler derrière des sourires de façade, de belles manières et des attitudes altières.
L'idée d'Émile Zola est manifestement, après la joute en direction de la classe ouvrière qu'était L'Assommoir, de rentrer dans le lard de la bourgeoisie, en peignant ces familles "dignes" qui se bouffent la rate, et en lui signifiant bien qu'elle ne vaut rien, absolument rien de mieux que le bas peuple, l'hypocrisie en plus.
On assiste donc à l'arrivée à Paris d'Octave Mouret (le frère de l'abbé Mouret du tome n°5), jeune loup aux dents longues, qui rêve de conquêtes, que ce soit de femmes ou de commerce ; il veut faire un magasin éblouissant qui rayonnera loin à la ronde et qui écrasera tout.
Celui-ci est donc introduit par l'architecte Campardon dans un immeuble bourgeois, typiquement haussmannien, qui se targue d'une très haute respectabilité et d'une morale impeccable.
L'auteur utilise admirablement le contraste naturel, technique presque, entre l'escalier principal, grand, beau, majestueux, grandiloquent, illuminé, orné d'un tapis rouge, destiné à être vu et montré, et l'autre escalier, l'escalier de service, dissimulé aux regards, celui qu'on veut absolument cacher, étroit, ténébreux, crépusculaire et où pourtant circulent et se passent beaucoup de choses, pour ne pas dire, les principales.
Tout au long du roman, Zola s'applique à descendre en flèche chacun des locataires de chaque étage, de la loge du concierge jusqu'aux chambres de bonnes, sans oublier les propriétaires. Tout le monde y passe, à tour de rôle, à l'exception notoire d'un foyer, siège énigmatique de la famille d'un écrivain qui passe son temps à calomnier la bourgeoisie...
Tiens, tiens..., mais qui cela pourrait-il bien être ? Aucune idée !
Bah oui, il ne pouvait pas trop faire autrement notre Zozo qui accuse, que de se ménager une petite porte de sortie car il crache un peu dans la soupe, lui qui, à cette époque-là, s'était mis à vivre exactement comme les bourgeois sur lesquels il tirait à boulets rouges.
Ce genre de dissonances mises à part (il en était de même pour Hugo), l'écrivain signe un livre féroce, impitoyable à l'égard de l'absence de moralité de cette classe, dont la réalité exsude par la bouche des domestiques, qui vident le fiel côté cour, par la fenêtre des cuisines, non loin de l'escalier de service.
On est lubrique, adultère, cupide, calculateur, mesquin, hypocrite, menteur, faux-dévot, insensible, inconséquent, etc., etc., etc.
Pas besoin de vous faire un plus ample dessin, vous avez bien compris qu'elle sent le gâté cette pot-bouille, mais qu'elle vaut le détour. Ceci dit, ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de choses.
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Pot-bouille, l'équivalent de popotte, de tambouille, d'une mitonnée ordinaire et juste destinée à combler le manque de la faim. Est-ce à cette idée de médiocrité que Zola assimile la vie ordinaire de cet immeuble plutôt cossu, où débarque le jeune Octave Mouret, arrivant tout droit de Plassans, plein d'ambitions, d'idées et de volonté de se faire un nom?

C'est avec naïveté que le jeune homme tente sa chance auprès des jeunes demoiselles, voire des femmes mariées pour assouvir des désirs naturels, assortis d'un attrait pour la réussite sociale. Il faut dire qu'il s'en passe de belles, dans l'immeuble, malgré la vigilance aigrie de Mr Gourd, le concierge garant de la moralité de ces messieurs-dames.

Les cornes fleurissent sur tous les paliers et derrière les portes closes, les corps exultent en bafouant les serments prononcés lors des noces.

Parlons-en des noces : la recherche de l'époux pour les jeunes filles plus ou moins gracieuses et plus ou moins fortunées est une occupation à plein temps pour les mères en quête du gendre idéal, quitte à dépenser des fortunes qu'elles n'ont pas pour parer des atours masquant les disgrâces les jeunes filles en mal de maris. Promesses et trahison, pièges à gogo, tous les stratagèmes sont permis.

L'empereur n'a plus la cote, les électeurs sont prêts à lui donner une leçon. Ambiance de fin de règne

Zola n'est pas tendre pour ce milieu bourgeois, arriviste, et bas de plafond. Aucun personnage n'est paré d'une quelconque aura spirituelle, même les prêtres sont prêts à accepter la compromission. Les hommes sont dominés par leurs instincts de conquête féminine et les femmes ne songent qu'à s'orner de parures clinquantes.

Pas de fin dramatique comme dans la plupart des opus, mais l'on pressent que ce tome n'est le le préquel du récit consacré à l'ascension du jeune Mouret, dans Au bonheur des dames.
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Émile Zola a imaginé et construit une immense fresque, Les Rougon-Macquart, bâtie sur vingt romans pour décrire et aussi décrier un certain univers social sous le Second Empire.
Je continue de cheminer pas à pas et de manière chronologique, dans cette oeuvre puissante, et me voici parvenu au dixième roman, Pot-Bouille. Se situant au milieu de l'oeuvre, c'est sans doute un récit charnière pour bien comprendre les intentions de l'auteur et la force de cette longue saga.
Je tiens Pot-Bouille comme l'un des romans les plus rondement menés des Rougon-Macquart, du moins parmi ceux que j'ai lu jusqu'à présent. Et pourtant l'intrigue tient sur trois fois rien. Ah ! Mes amis... Comme c'est féroce, mais comme c'est savamment agencé ! Ici Zola n'est plus un peintre comme j'ai pu le dire naguère, c'est un mécanicien, que dis-je un orfèvre ! car il s'agit bien ici de mécanique de précision, et son roman fonctionne sur un mécanisme parfaitement bien huilé, aux mille rouages dont Zola a su régler la marche avec un soin méticuleux. On sent que l'auteur s'est ici amusé à décrire la bourgeoisie de son époque dans son vraie visage et sans concession.
Rue de Choiseul à Paris, il y a un immeuble au cadre de vie extraordinaire. Il y fait bon vivre, il y a l'eau et le gaz à tous les étages, les habitants sont d'un charme exquis... Derrière les hautes portes d'acajou se cachent des familles tranquilles et irréprochables. Voilà ! Ça c'est pour la façade... Côté jardin ou côté rue, dirons-nous. Mais côté cour, qu'en est-il ? Oh ! Vous êtes si pressé que cela de voir l'envers du décor ? Attendez encore un peu...
L'intrigue, la voici esquissée rapidement.
Le héros, Octave Mouret, sorte de Rastignac tout droit venu de son Plassans natal, ville de Provence née de l'imaginaire de Zola, qui est le berceau de cette lignée dégénérée que forment ces deux familles des Rougon et des Macquart, arrive à Paris et s'installe dans un immeuble bourgeois récent, le fameux immeuble de la rue de Choiseul. Ses intentions sont claires : il recherche une maîtresse qui l'aidera à s'élever socialement.
Il rencontre peu à peu la plupart des habitants qui, sous les dehors d'une bonne morale, ont des relations hors mariage, entretiennent des maîtresses, concluent des mariages d'argent, se déchirent pour des héritages et abandonnent leurs enfants. Ah ! le charmant immeuble... Et ce sont les bonnes au dernier étage qui s'amusent bien de tout cela... Il suffit d'ailleurs de tendre l'oreille côté cour pour écouter leurs ragots.
Le mot « pot-bouille » désignait au XIXe siècle, en langage familier, la cuisine ordinaire des ménages, dans un sens proche de l'actuel « popote ». Pot-bouille se révèle être la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille.
J'ai avancé pas à pas dans ce roman construit subtilement, me promenant dans l'immeuble côté jardin côté cour, empruntant l'escalier principal mais surtout l'escalier de service, celui qui est normalement réservé aux domestiques. Dans la vie, je préfère toujours les escaliers de service aux escaliers principaux, on y apprend davantage sur l'existence... Eh bien ! Je n'ai pas rencontré que des domestiques visiblement... Quelle vie effervescente dans cette immeuble !
Quand il ne s'agit pas d'amour,- si vraiment on peut appeler cela de l'amour, il est question d'argent, de cupidité.
Ainsi, l'ambiance qui prévaut à la succession du père Vabre est d'une cruauté sans nom. Au milieu des va-et-vient dans l'immeuble, sa succession apparaît au coeur du récit. Il est à l'agonie, il n'est pas encore décédé que des discussions n'en finissent pas autour de sa dépouille allongée sur son lit, pour savoir quelle est la part d'héritage laissée par le futur défunt, parce que cet héritage doit justement permettre de payer une dot. Mais oui, il y a toujours une logique dans les sentiments qui s'animent ici...
Dans ces moments-là, vous savez, les liens familiaux sont indéfectibles.
Pot-bouille, c'est la bassesse d'une société sans âmes. Un monde immoral, presque absurde, totalement actuel.
Voici une tranche d'humanité bien laide et sordide. C'est la médiocrité, le sordide en huis-clos.
Il y a de tout dans ce roman, du vaudeville et de la tragédie antique.
Aucun des personnages principaux n'échappe ici à la bassesse. Si l'on cherche du côté des personnages secondaires, seul peut-être le vieux Josserand sort-il relativement épargné de ce « pot-bouille ». Ce personnage m'a totalement ému. Épargné moralement, pas forcément physiquement, le pauvre...
Moi l'indécrottable laïc et anticlérical, c'est un comble, le personnage qui m'a le plus séduit ici fut un ecclésiastique, l'abbé Mauduit. J'ai tellement adoré son regard profond sur ce champ de bataille, son coeur digne posé avec délicatesse sur ce monde pourri.
Pot-Bouille, quel régal ! Et Zola, un fin cuisinier...
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On continue les présentations avec les protagonistes du clan Mouret. Après avoir vu à l'oeuvre François et Marthe dans La Conquête de Plassans, Serge dans La faute de l'abbé Mouret et Hélène dans Une page d'amour, on a matière à penser que ces braves gens ont autant un grain dans la tête que les illustres membres de la famille Rougon-Macquart.

Heureusement il y a Octave. Ah Octave ! Voilà de quoi ramener un peu d'air frais au milieu de cet arbre généalogique perturbé à souhait.
Fils de François et Marthe Mouret, le jeune homme a tout de l'ambitieux qui possède un fort potentiel commercial. Tout juste arrivé à Paris pour conquérir la ville et le coeur des femmes, Octave est logé dans l'immeuble des Vabre, par l'intermédiaire de Campardon, locataire de longue date et vieil ami de Plassans.
Rapidement, Octave prends ses marques auprès des occupants de l'immeuble et dans le quartier ou Campardon lui trouve une place dans le petit magasin des Hédouin, Au Bonheur des Dames. N'oubliant pas ses projets d'ascension sociale, notre héros sait que sa réussite passera par les femmes et met tout en oeuvre pour les séduire les unes après les autres. Seulement, dans cette "marmite ou mijotent toutes les pourritures", Octave ne sait pas encore dans quoi il a mis les pieds...

Avec Pot-Bouille, Zola se lâche et on aime ça !
Sa cible? La bourgeoisie, qu'il n'hésite pas à mettre plus bas que terre en décrivant le mode de vie de ces gens qui mettent tout en oeuvre pour avoir l'air chic alors que l'envers du décor est loin d'être reluisant. A chaque fois que j'ouvre un Zola je sais que je peux m'attendre à des surprises, à passer un bon moment et Pot-Bouille n'a pas dérogé à la règle. Je crois que ce que j'ai préféré dans ce volume des Rougon-Macquart, c'est les personnages. Malgré une intrigue centrée sur Octave, c'est avec tout les locataires de l'immeuble que nous faisons connaissance et il y a vraiment de quoi rire. Ils se veulent tous bourgeois mais en réalité, comme on dirait dans ma Provence natale, ce ne sont que des mange-merde qui font des économies de bout de chandelle pour faire croire à une richesse quasi inexistante. Quand à leur sens moral , il ne vaut mieux même pas en parler! Tant pis si ils font les pires saloperies entre les quatre murs de leur foyer, tant qu'en extérieur ils gardent un pseudo luxe de façade, les apparences sont sauvées!
Ce cher Emile sait mettre sa patte pour donner du style à une histoire qui pourrait agacer à certains moments et qui finalement s'avère très drôle. Il nous dépeint des personnages à la mentalité pitoyable avec une ironie et une finesse dont lui seul a le secret.
D'ailleurs, je lui accorde une fois de plus une mention spéciale pour la garce de service qui sévit dans tous ses romans et qui ici répond au doux nom de Madame Josserand. On a affaire à une vraie matrone qui mène son petit monde à la baguette et qui clame haut et fort "quand j'avais vingt sous, j'ai toujours dit que j'en avais quarante, il vaut mieux faire envie que pitié!". Toute façon, même avec quarante sous elle fait quand même pitié cette brave dame... Bref, vous l'aurez compris, c'est une vipère comme on peut les aimer chez Zola alors si vous n'avez pas encore eu l'occasion de croiser tout cette bande de joyeux drilles, n'attendez-plus, foncez sur ce 10ème opus des Rougon-Macquart, il est excellent.
A lire !
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10e livre des Rougon, avant " Au bonheur des dames", mon préféré.
Octave Mouret monte de Plassans à Paris. Il est accueilli par Achille Campardon, qui le connaît de Plassans. Celui-ci lui trouve un logement au 4è étage de son immeuble, rue Choiseul.
On fait la connaissance de la terrible Mme Josserand, qui veut absolument se débarraser de ses filles, Javotte et Anastasie.. Non, Hortense et Berthe. Lors d'un thé chez Clotilde Duveyrier, la fille du propriétaire, le vieux Vabre que tout le monde imagine riche, elle pousse Berthe dans les bras d'Auguste, le fils du propriétaire, afin de la "placer" etde les marier, mais il faut payer la dot de 50.000 francs qu'ils n'ont pas. Elle harcèle son frère, Narcisse Bachelard, vieux négociant ivrogne, qui les lui a promis.
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C'est un roman réaliste, non complexe, mais compliqué, car il faut faire un arbre généalogique de l'immeuble. Il s'agit d'un immeuble bourgeois avec commerçants et magistrats ; Emile Zola se propose ici de faire l'analyse des bourgeois parisiens. Cela se passe au Second Empire, et c'est de la sociologie mise en pratique. En effet, je me demandais, presque jusqu'à la fin qui était Pot-Bouille ? Ce n'était pas la bonne question. La bonne question, c'est : que veut dire l'expression "pot-bouille" ?
Faire pot-bouille avec quelqu'un, c'est se mettre en ménage avec cette personne ; Pot-Bouille, c'est la vie pas possible de tous les habitants de l'immeuble !
Un immeuble bourgeois, qui vit avec dignité, honnêteté, honneur, tact, et des principes moraux.
Mais un immeuble, je reprends les expressions des habitants au fil des pages, plein de saletés, affaires, tourments, où l'on cache le mot de "maîtresse", cochonneries, "ça" (pour le sexe), salopes, vilains, coups de plumeaux, saletés, dégoûts, bêtises, adultères, bons moments, explications...
Bref, ce qu'on appelle aujourd'hui les prises de têtes, les scènes de ménage.
L'hypocrisie bourgeoise prend ici "son paquet" par Emile Zola.
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
… Plus ça devient vieux plus ça devient c...
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Présentation de quelques personnages.
Octave, du 4è étage, notre "héros", est le Casanova de ces dames qui s'ennuient, ou en pleurs. C'est un calicot.
Marie Pichon, du 4è, douce et passive, dont le mari Jules rentre à pas d'heures, tombe dans les bras de qui vous savez.
Mme Eleonore Josserand, du 3è étage, est une maîtresse femme qui crie tout le temps.
Mr Jusserand, employé dominé par sa femme, en crève de détresse.
le fils Léon Jusserand, parti, de caractère rogue, cherche à se faire placer par mme veuve Dambreville.
le fils fou Saturnin, protège Berthe. Tout le monde en a peur sauf elle.
"Sitarane larivé avec grand couteau dans la main,
mi koné Sitarane lé mauvé li lé volèr mauvais kèr"
La fille Hortense plane sur Verdier qui ne lâche pas sa maîtresse.
Enfin Berthe, docile, obéit à sa maman, et devient auprès de son mari Auguste une deuxième Eléonore, reprenant les même arguments qu'elle.
Enfin, dans la famille Josserand, je voudrais l'oncle, Narcisse Bachelard, qui vit à l'extérieur. C'est un sympathique commerçant au nez rouge, qui aurait pu être joué par Galabru en son temps.
La douce Mme Juzeur, du 3è étage aussi, a été plantée là par son mari après une semaine de mariage. C'est "madame Tout-mais-pas-ça".
Au 3è, le couple Campardon, lui architecte, et Rose mélancolique, et leur fille Angèle. Mais il est amoureux de sa cousine Gasparine qui, on dirait perverse narcissique au XXIè siècle, avaleuse de pied de riz à La Réunion, le bouffe entièrement,
Au premier étage, il y a un monsieur inconnu, un "duc".
Il y a aussi la famille Duveyrier, lui magistrat, qui se fait bouffer par sa maîtresse Clarisse qu'il a dans la peau, lui impose sa famille souillon, puis le jette, pour son plus grand bonheur car il en aurait crevé, car elle a trouvé un nouveau vieux riche.Sa femme Clotilde, fille Vabre, pianiste, obsédée de trouver des ténors pour jouer son morceau lors des thés qu'elle propose. Il y a aussi leur fils Gustave, et le vieux Vabre, propriétaire.
Lorsqu'il meurt, tous se déchirent pour un héritage presqu'inexistant.
Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix
Argent, trop cher
Trop grand
La vie n'a pas de prix, pas de prix
Au premier, il y a aussi Auguste Vabre, éternel enrhumé, qui tient le magasin de tissus au rez-de-chaussée, ave sa femme Berthe qui elle, ne pense qu'à soutirer de l'argent à son mari pour faire les boutiques.
Enfin, le dernier enfant Vabre, Théophile, malade chronique aussi, excité et jaloux, vit avec sa femme Valérie aux yeux de feu, avec qui notre play-boy s'est pris un rateau.
Il y a aussi le couple Gourd, concierges, lui grognon moralisateur, mais ce qui se passe dans l'immeuble,
tout-à-fait (Thierry) ! cela ne nous regarde pas ! cela ne nous regarde pas !
Enfin, il y a toutes les bonnes qui se jettent des injures dans la cour des cuisines, et commèrent des la-dit-la-fait ( ladilafé) sur leurs bourgeois et leurs bourgeoises, mais les bonnes, je ne vous en parle même pas !

Bref, une très belle mise en scène de Zola ! je me suis régalé, mais j'ai mis du temps car il fallait que je fabrique et consulte mon arbre généalogique de l'immeuble Pot-Bouille !
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Sur cette couverture, je pense qu'on voit Berthe en chemise, éperdue, sortant de chez Octave Mouret, alors que son mari Auguste ayant découvert le cocufiage, gifle l'amant.
Ma couverture ( le livre de poche, 1957 ) représente un couple. Il pourrait s'agir de Mr Josserand qui essaye de calmer Eléonore, sa femme, qui lui jette un regard noir. Mais si elle fait les yeux doux ( on a du mal à percevoir comment elle le regarde), cela peut être Octave Mouret qui console Marie Pichon... Il y a tellement de situations qu'on peut tout imaginer !


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Citations et extraits (364) Voir plus Ajouter une citation
Dans la vie, il n’y a que les plus honteux qui perdent. L’argent est l’argent : quand on n’en a pas, le plus court est de se coucher. Moi, lorsque j’ai eu vingt sous, j’ai toujours dit que j’en avais quarante ; car toute la sagesse est là, il vaut mieux faire envie que pitié… On a beau avoir reçu de l’instruction, si l’on n’est pas bien mis, les gens vous méprisent. Ce n’est pas juste, mais c’est ainsi… Je porterais plutôt des jupons sales qu’une robe d’indienne. Mangez des pommes de terre, mais ayez un poulet, quand vous avez du monde à dîner… Et ceux qui disent le contraire sont des imbéciles !
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- Un sous-chef de bureau, continuait la mère ; pas trente ans, un avenir superbe. Tous les mois, ça vous apporte son argent ; c’est solide, il n’y a que ça… Tu as encore fait quelque bêtise, comme avec les autres ?
- Je t’assure que non, maman… Il se sera renseigné, il aura su que je n’avais pas le sou.
Mais madame Josserand se récriait.
- Et la dot que ton oncle doit te donner ! Tout le monde la connaît, cette dot… Non, il y a autre chose, il a rompu trop brusquement… En dansant, vous avez passé dans le petit salon.
Berthe se troubla.
- Oui, maman… Et même, comme nous étions seuls, il a voulu de vilaines choses, il m’a embrassée, en m’empoignant comme ça. Alors, j’ai eu peur, je l’ai poussé contre un meuble…
Sa mère l’interrompit, reprise de fureur.
- Poussé contre un meuble, ah ! la malheureuse, poussé contre un meuble !
- Mais, maman, il me tenait…
- Après ?… Il vous tenait, la belle affaire ! Mettez-donc ces cruches-là en pension ! Qu’est-ce qu’on vous apprend, dites !
Un flot de sang avait envahi les épaules et les joues de la jeune fille. Des larmes lui montaient aux yeux, dans une confusion de vierge violentée.
- Ce n’est pas ma faute, il avait l’air si méchant… Moi, j’ignore ce qu’il faut faire.
- Ce qu’il faut faire ! elle demande ce qu’il faut faire !… Eh ! ne vous ai-je pas dit cent fois le ridicule de vos effarouchements. Vous êtes appelée à vivre dans le monde. Quand un homme est brutal, c’est qu’il vous aime, et il y a toujours moyen de le remettre à sa place d’une façon gentille… Pour un baiser, derrière une porte ! en vérité, est-ce que vous devriez nous parler de ça, à nous, vos parents ? Et vous poussez les gens contre un meuble, et vous ratez des mariages !
Elle prit un air doctoral, elle continua :
- C’est fini, je désespère, vous êtes stupide, ma fille… Il faudrait tout vous seriner, et cela devient gênant. Puisque vous n’avez pas de fortune, comprenez donc que vous devez prendre les hommes par autre chose. On est aimable, on a des yeux tendres, on oublie sa main, on permet les enfantillages, sans en avoir l’air ; enfin, on pêche un mari… Si vous croyez que ça vous arrange les yeux, de pleurer comme une bête !
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- Je ne suis qu’une bonne, mais je suis honnête ! criait-elle, en mettant à ce cri ses dernières forces. Et il n’y a pas une de vos garces de dames qui me vaille, dans votre baraque de maison !… Bien sûr, que je m’en vais, vous me faites tous mal au cœur !
L’abbé Mauduit et le docteur Juillerat descendaient lentement. Ils avaient entendu. Maintenant, une profonde paix régnait : la cour était vide, l’escalier, désert ; les portes semblaient murées, pas un rideau des fenêtres ne bougeait ; et il ne venait des appartements clos, qu’un silence plein de dignité.
Sous la voûte, le prêtre s’arrêta, comme brisé de fatigue.
- Que de misères ! murmura-t-il avec tristesse.
Le médecin hocha la tête, en répondant :
- C’est la vie.
Ils avaient de ces aveux, lorsqu’ils sortaient côte à côte d’une agonie ou d’une naissance. Malgré leurs croyances opposées, ils s’entendaient parfois sur l’infirmité humaine. Tous deux étaient dans les mêmes secrets : si le prêtre recevait la confession de ces dames, le docteur, depuis trente ans, accouchait les mères et soignait les filles.
- Dieu les abandonne, reprit le premier.
- Non, dit le second, ne mettez donc pas Dieu là dedans. Elles sont mal portantes ou mal élevées, voilà tout.
Et, sans attendre, il gâta ce point de vue, il accusa violemment l’empire : sous une république, certes, les choses iraient beaucoup mieux. Mais, au milieu de ses fuites d’homme médiocre, revenaient des observations justes de vieux praticien, qui connaissait à fond les dessous de son quartier. Il se lâchait sur les femmes, les unes qu’une éducation de poupée corrompait ou abêtissait, les autres dont une névrose héréditaire pervertissait les sentiments et les passions, toutes tombant salement, sottement, sans envie comme sans plaisir ; d’ailleurs, il ne se montrait pas plus tendre pour les hommes, des gaillards qui achevaient de gâcher l’existence, derrière l’hypocrisie de leur belle tenue ; et, dans son emportement de jacobin, sonnait le glas entêté d’une classe, la décomposition et l’écroulement de la bourgeoisie, dont les étais pourris craquaient d’eux-mêmes. Puis, il perdit pied de nouveau, il parla des barbares, il annonça le bonheur universel.
- Je suis plus religieux que vous, finit-il par conclure.
Le prêtre semblait avoir écouté silencieusement. Mais il n’entendait pas, il était tout entier à sa rêverie désolée. Après un silence, il murmura :
- S’ils sont inconscients, que le ciel les prenne en pitié !

Chapitre XVII.
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Comme elle ne pouvait plus marcher et qu’elle sentait la fin venir, elle eut encore la force d’étaler sur le lit une vieille toile cirée ronde, que madame Josserand lui avait donnée, pour mettre devant sa table de toilette. Et elle était à peine recouchée, que le travail d’expulsion commença.
Alors, pendant près d’une heure et demie, se déclarèrent des douleurs dont la violence augmentait sans cesse. Les contractions intérieures avaient cessé, c’était elle maintenant qui poussait de tous les muscles de son ventre et de ses reins, dans un besoin de se délivrer du poids intolérable qui pesait sur sa chair. Deux fois encore, des envies illusoires la firent se lever, cherchant le pot d’une main égarée, tâtonnante de fièvre ; et, la seconde fois, elle faillit rester par terre. À chaque nouvel effort, un tremblement la secouait, sa face devenait brûlante, son cou se baignait de sueur, tandis qu’elle mordait les draps, pour étouffer sa plainte, le han ! terrible et involontaire du bûcheron qui fend un chêne. Quand l’effort était donné, elle balbutiait, comme si elle eût parlé à quelqu’un :
- C’est pas possible… il sortira pas… il est trop gros.
La gorge renversée, les jambes élargies, elle se cramponnait des deux mains au lit de fer, qu’elle ébranlait de ses secousses. C’étaient heureusement des couches superbes, une présentation franche du crâne. Par moments, la tête qui sortait, semblait vouloir rentrer, repoussée par l’élasticité des tissus, tendus à se rompre ; et des crampes atroces l’étreignaient à chaque reprise du travail, les grandes douleurs la bouclaient d’une ceinture de fer. Enfin, les os crièrent, tout lui parut se casser, elle eut la sensation épouvantée que son derrière et son devant éclataient, n’étaient plus qu’un trou par lequel coulait sa vie ; et l’enfant roula sur le lit, entre ses cuisses, au milieu d’une mare d’excréments et de glaires sanguinolentes.
Elle avait poussé un grand cri, le cri furieux et triomphant des mères. [...] Alors, elle goûta pendant un quart d’heure un soulagement immense, une douceur infinie de calme et de repos. Elle était comme morte, elle jouissait de ne plus être.
Puis, les coliques reparurent. Une peur l’éveillait : est-ce qu’elle allait en avoir un second ? Le pis était qu’en rouvrant les yeux, elle venait de se trouver en pleine obscurité. Pas même un bout de chandelle ! et être là, toute seule, dans du mouillé, avec quelque chose de gluant entre les cuisses, dont elle ne savait que faire ! Il y avait des médecins pour les chiens, mais il n’y en avait pas pour elle. Crève donc, toi et ton petit !

Chapitre XVIII.
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C’était, en elle, un appétit grandissant de liberté et de plaisir, tout ce qu’elle se promettait dans le mariage étant jeune fille, tout ce que sa mère lui avait appris à exiger de l’homme. Elle apportait comme un arriéré de faim amassée, elle se vengeait de sa jeunesse nécessiteuse chez ses parents, des basses viandes mangées sans beurre pour acheter des bottines, des toilettes pénibles retapées vingt fois, du mensonge de leur fortune soutenu au prix d’une misère et d’une saleté noires. Mais surtout elle se rattrapait des trois hivers où elle avait couru la boue de Paris en souliers de bal, à la conquête d’un mari : soirées mortelles d’ennui, pendant lesquelles, le ventre vide, elle se gorgeait de sirop ; corvées de sourires et de grâces pudiques, auprès des jeunes gens imbéciles ; exaspérations secrètes d’avoir l’air de tout ignorer, lorsqu’elle savait tout ; puis, les retours sous la pluie, sans fiacre ; puis, le frisson de son lit glacé et les gifles maternelles qui lui gardaient les joues chaudes. À vingt-deux ans encore, elle désespérait, tombée à une humilité de bossue, se regardant en chemise, le soir, pour voir s’il ne lui manquait rien. Et elle en tenait un enfin, et comme le chasseur qui achève d’un coup de poing brutal le lièvre qu’il s’est essoufflé à poursuivre, elle se montrait sans douceur pour Auguste, elle le traitait en vaincu.

CHAPITRE XII.
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