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3,79

sur 5856 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Attaqué par la critique de l'époque, Zola se sent obligé d'expliquer son oeuvre, prouvant qu'il ne voulait pas faire un roman pornographique mais une analyse de cas psychiatrique. Il s'en excuse d'ailleurs auprès des lecteurs qui ont compris.
A cette fin, il écrit lui-même la préface de son livre : c'est dans un but scientifique qu'il a créé ses personnages, étudiant les troubles entraînés par l'union d'une "nature sanguine" comme celle de Laurent à une "nature nerveuse", celle de Thérèse.
Les critiques ont finalement admis que Zola entre dans le mouvement Naturaliste et n'est pas le pervers qu'ils avaient imaginé.

Dès la première page du livre, Zola pose le décor, de façon cinématographique j'ai trouvé. le sens aigu du détail de l'auteur nous permet de bien visualiser ce passage du Pont-Neuf. Les descriptions nous font entrer dans ce contexte sombre et froid, comme dans un tableau. On imagine que cet endroit glauque et humide, sale, d'une noirceur profonde va influencer la vie des habitants. C'est dans ce lieu sans lumière que se trouve la Mercerie au nom de Thérèse Raquin.

Sa mère morte à sa naissance, Thérèse est confiée à l'âge de 2 ans par son père, militaire, à sa tante Madame Raquin. Elle vivra une enfance réprimée.
Madame Raquin, veuve, couve son fils, Camille, enfant souffreteux auquel elle est entièrement dévouée. Médicaments, tisanes, inactivité sont la vie de cet enfant, vie bien monotone et malsaine que va partager Thérèse, les 2 enfants étant élevés à l'identique.
Camille devient un homme faible et insignifiant auquel Madame Raquin va marier Thérèse afin de s'assurer une vieillesse confortable, entourée de sa famille.

Bien qu'aimante et dévouée, j'ai trouvé Madame Raquin intrusive, obligeant Thérèse à vivre comme Camille, les poussant à un inceste malsain.
Thérèse, au tempérament passionné, elle est la fille d'une cheffe africaine, va mener une existence bien ennuyeuse. Son hérédité et son éducation ainsi que son milieu de vie vont déterminer ses actes futurs. Madame Raquin, même si tout partait d'un bon sentiment, a pour moi une grande responsabilité dans les événements à venir.

Et oui ! Laurent arrive, grand, fort, avec "un cou de taureau", ce détail aura son importance plus tard, et Thérèse découvre un homme. Elle sort de sa résignation, les 2 vont devenir amants.

Laurent est un peintre, qui s'avère être un artiste raté, oisif, paresseux et égoïste, intéressé par l'argent de Madame Raquin qui l'accueille et finira par le considérer comme son propre fils.
Une brute, sans foi ni loi, à laquelle, contrairement à Thérèse, il est plus difficile de trouver des circonstances atténuantes pour la suite du roman. Fils d'un père procédurier, qui l'a obligé à faire des études d'avocat afin de le défendre plus tard, il est vrai que ces circonstances ne sont pas favorables à une vie épanouie.

Vous l'aurez compris, les personnages sont désagréables, pas du tout attachants, égoïstes, sauf un peu Madame Raquin, et encore... et le chat François, le seul auquel j'aurais aimé un sort de petit être choyé :)

Je ne vous en dirai pas trop mais l'ambiance glauque, la noirceur, présentes tout au long du roman vont aller crescendo jusqu'à l'inévitable drame tramé dans les cerveaux malades dont Zola fait l'étude.

A ce moment là, on pense que les amants vont avoir la belle vie qu'ils souhaitaient, c'était sans compter sur la culpabilité et le remords qui inconsciemment les domine.
Zola, avec son grand talent, réussit à aller encore plus loin ensuite dans les descriptions sordides, poussant les répétitions jusqu' à mettre le lecteur mal à l'aise. J'avoue à un moment avoir trouvé le texte redondant mais bien sûr, c'était voulu par l'auteur qui, a 27 ans seulement, était déjà un grand écrivain admiré plus tard par Freud lui-même.

On s'est demandé, lors de notre lecture commune si Thérèse et Laurent éprouvaient des remords pour leurs actes répugnants, je pense que oui. Laurent n'arrive plus à manger, à dormir, ni même à marcher, son remords se manifeste physiquement. Il fait des cauchemars, est victime d'hallucinations. Il est complètement obsédé, jusqu'à la folie.

Thérèse, quant à elle, est plus dans un remords "comédie", son esprit est en boucle sur ce qu'elle a fait et elle manifeste des regrets.

Les amants en arrivent à se détester, ne s'aiment plus, n'ont plus de désir et se renvoient la faute mutuellement. Leur tempérament change, s'inverse, Thérèse est maintenant dominée par son sang, Laurent par ses nerfs.

Je pensais faire une courte critique et je me rends compte qu'il y a encore tellement de choses à dire... Il s'en passe encore des choses... il ne vous reste plus qu'à aller les découvrir ou redécouvrir ! Beaucoup de points très intéressants ont été évoqués par mes amis de lecture, Sandrine (HundredDreams), Francine (Afriqueah), Fanny (Fanny1980) et Bernard (Berni_29) que je remercie de m'avoir entraînée dans cette lecture que je n'aurais certainement jamais faite, cela aurait été dommage.

Malgré la noirceur du roman et avec notre sensibilité différente et complémentaire, nous avons tous été passionnés par l'écriture de Zola et pris par cette histoire, nous donnant envie d'aller au bout... presque une obsession ;)

Dans Thérèse Raquin et son étude des tempéraments influencés par les milieux sociaux et les circonstances, Zola pose les bases de sa grande oeuvre : Les Rougon-Macquart que l'on a envie de lire à la fin de ce roman, mais ça, c'est un autre défi ;) !

Ah ! J'ai oublié de vous dire, pas de pornographie dans ce roman, c'était une autre époque ;), de l'horreur plutôt !
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Thérèse Raquin, fille d'une femme africaine et d'un capitaine français, est recueillie par sa tante Mme Raquin, suite à la mort de sa mère. Mme Raquin vit à Vernon avec son fils Camille, un garçon chétif, de santé fragile, que sa mère couve d'un amour maternel excessif.
Thérèse grandit au rythme de ce cousin malade, se soumet aux exigences de sa tante sans manifestation, mais sous l'apparence d'une petite fille sage et docile, se cache une personnalité sauvage.
Les deux enfants vivent comme frère et soeur, ils savent que Mme Raquin a résolu de les marier ensemble, et cette pensée mûrit en eux comme une chose naturelle et familière.
Les années s'écoulent, et à l'aube des 21 ans de Thérèse, Mme Raquin marie « ses deux enfants ». Quelques jours après le mariage, ils partent tous les trois vivre à Paris, la tante s'acquitte d'un fonds de commerce, une mercerie qu'elle occupe avec sa nièce, et Camille trouve un poste dans l'administration aux chemins de fer d'Orléans.
Pendant 3 ans, les jours se suivent et se ressemblent, Thérèse s'ennuie dans cette boutique, et tout en gardant une humeur égale, ses pensées flottent et se perdent dans ses journées vides, Thérèse rêve d'une autre vie.
Un soir, Camille amène un jeune homme Laurent, ancien camarade d'école, employé aux chemins de fer, curieusement Thérèse éprouve un frisson en sa présence.
Très vite, ils deviennent amants, la jeune femme s'épanouit dans les bras de Laurent, elle se transforme, se confie et raconte ses années d'abnégation auprès de la famille Raquin, lui, est ensorcelé par cette maîtresse féline et voluptueuse.
Leur passion est alimentée et exacerbée par l'interdit, et les amants ne supportent plus de s'aimer dans l'ombre.
Thérèse veut prendre une revanche sur sa vie gâchée auprès d'un mari médiocre, elle va donc pousser Laurent au crime, ce dernier finit par noyer Camille lors d'une balade en barque.
Afin d'éviter les soupçons, les amants s'éloignent pendant de longs mois, puis finissent par se marier avec l'accord de Mme Raquin, leur plan réussi le couple peut s'aimer dans la lumière.
Mais l'enfer commence au soir de leur nuit de noces, le fantôme de Camille vient les hanter. Obsédé par leur crime, le couple tombe dans la névrose, les nerfs dominent, les cauchemars secouent leur sommeil, la culpabilité les ronge et le remord les étouffe et les éloigne.
Les amants meurtriers s'accusent mutuellement de la mort de Camille.
Leur crime a tué leur passion et leur mariage va virer à la catastrophe...

La fin du roman démontrera que les amants diaboliques n'ont finalement jamais cessé de s'aimer.

Zola dépeint les héros de son roman Thérèse et Laurent comme « des brutes humaines », sans âme, au tempérament sanguin, deux désaxés dépourvus de toute moralité, poussés par le besoin irrésistible de se posséder au point de commettre un meurtre.
La noirceur et la violence de cette oeuvre fait de cette histoire d'amour sordide, une tragédie dramatique et envoûtante. Si l'immoralité de Thérèse et Laurent peut provoquer du dégoût, la puissance de leur amour se place à mes yeux, au même rang que les amours mythiques de la littérature.
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Sang et nerfs : voilà les deux ingrédients que le tout jeune Zola vient jeter dans le chaudron terrifiant de ce premier roman, faisant hurler au scandale les bonnes gens, frémir d'angoisse sensuelle son premier lectorat, et cauchemarder cent cinquante ans plus tard les lecteurs d'aujourd'hui!

Le sang, c'est celui de la nature bestiale de Laurent qui, au contact des nerfs malades de Thérèse, se corrompt pour produire l'indicible : le meurtre, puis pourrit dans la folie.
En voulant étudier la confrontation de ces deux tempéraments, Zola ne nous épargne rien des déflagrations morbides issues de cette rencontre. On tremble constamment à la lecture : d'effroi en sentant couver le mal dans la nature contrariée de la jeune Thérèse, de volupté à l'évocation des étreintes passionnées des deux amants, de saisissement quand s'accomplit le meurtre, de terreur grandissante enfin en découvrant comment la culpabilité vient inexorablement leur ronger les sangs, pervertir les sens et dévorer l'âme.

Il n'y a pas que le suspens et la tension croissante de ce récit parfaitement maîtrisé qui font de ce roman un monument tout à la fois du roman noir, du drame et de l'étude de caractères : ma main au feu qu'aucun lecteur ne peut lire sans frémir les pages évoquant le cadavre putréfié et vengeur de Camille, le mari assassiné, et pire encore, l'oeil immobile et furieux de la vieille paralytique Madame Raquin foudroyant les meurtriers comme l'oeil dans la tombe regardant Cain. J'en tremble encore, et pour longtemps!
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Littérature putride?

Un chef-d'oeuvre de la littérature du XIXe siècle ? Assurément !

Une oeuvre qui contient en elle le germe des Rougon-Macquart mais qui ne fait pas partie de l'oeuvre-monde. Zola y est bon, Zola y excelle.
Le lecteur du XIXe s pénètre dans une morgue et voit des corps en décomposition, il assiste à un meurtre abominable et commis nonchalamment, banalisant l'horreur et la trahison.
La mère de Camille qui assiste, muette et paralysée, au manège de Thérèse et Laurent subit, de loin, le plus atroce des crimes commis par les assassins. Elle ne parvient pas à les dénoncer, contrainte de vivre avec eux et de supporter d'être nourrie par eux, d'être transportée jusqu'à son lit dans les bras du meurtrier de son fils.
Le crime et l'abject suintent de ce roman et c'est un coup de force de l'auteur.
Littérature putride ? non !
Humanité putride, on s'approche...
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Zola, à l'âge de 27 ans, dresse une oeuvre magistrale, terrifiante et funèbre, avant de commencer Les Rougon-Marquart. Zola est déjà Zola.

Avant-gardiste, l'auteur nous embarque dans un roman noir des plus angoissants, en utilisant les épices du thriller des temps futurs.

" Thérèse Raquin " dépeint les âmes acerbes et perfides. Calculateurs, les amants cupides vont commettre l'irréparable. Ils finiront détruits par leurs tourments et rongés par leur infamie. le cauchemar qui va les briser est bien pire que le jugement auquel ils échappent.

Le final est remarquable.

Zola est intemporel.

Lu en avril 2017.
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Lorsque je voyais ce livre dans ma PAL depuis des années, je me disais que ce devait être le portrait d'une femme du XIXème plutôt banal, qui vivotait dans un mariage arrangé à se languir, à coudre au coin du feu, à éventuellement s'amouracher d'un autre homme.
Mais je n'avais pas pris en compte que l'auteur était Zola et donc, je suis un peu (beaucoup) tombée des nues en voyant l'orientation que prenait l'intrigue.

Je me suis délectée des descriptions des personnages, de la ride au coin de la bouche à la profondeur de leurs âmes ; se dessinaient sous mes yeux de véritables tableaux de maître.
Il en est bien sur de même concernant les lieux, les paysages.

Dans cette histoire, nous sommes en présence de quelques personnages mais qui sont travaillés avec une profondeur infinie.
Thérèse, jeune femme que je qualifierai d'éternelle insatisfaite, qui rêve d'action, de passion, ...
Camille, son mari, pâle et malade, qui nourrit tout de même une ambition commerciale
Mme Raquin, mère de Camille, mère poule, protectrice qui ne vit que pour son fils qu'elle idolâtre plus que tout autre personne.
Laurent, paresseux, oisif, manipulateur, pleutre
Un petit groupe d'amis que l'on ne voit que les jeudis.

Le sentiment qui prédomine dans tout ce roman est l'égoïsme. Tous ont agit par égoïsme un moment ou un autre et tous seront perdus.
Egoïsme pour le bonheur de son fils, pour son propre bonheur, pour être riche sans rien faire, pour sortir de sa routine, pour continuer à rire les jeudis soirs, ...

Zola nous dépeint l'âme noire de l'être humain, mélangé à la bêtise, à la cupidité.
On ressent vraiment heurtée de cette lecture : Comment des personnes civilisées vont aller jusqu'au meurtre ? et comment vont-ils contrer leurs remords ?
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Dans une atmosphère étouffante où la crasse et la laideur recouvrent le moindre centimètre d'espace et le moindre grain de peau, une passion charnelle dévastatrice va germer. Un rayon de soleil va percer de sa lumière la noirceur des lieux pour réchauffer le coeur et le visage de Thérèse et Laurent. Un nouveau souffle va chambouler leur quotidien emportant avec lui les journées longues et répétitives qui se ressemblent toutes. Les deux amants ne vont plus voir le temps filer, trop occupés à rêvasser de leur prochain rendez-vous secret et des quelques heures de luxure qu'ils vont partager. La seule ombre au tableau est Camille, le mari encombrant de Thérèse. Ils décident de se débarrasser de cet être chétif et insignifiant qui les empêche d'assouvir librement leur besoin de l'autre. Thérèse et Laurent sont désormais unis à jamais par leur crime, enchaînés l'un à l'autre dans une prison de remords où l'autre est le bourreau. Le désir s'est noyé avec Camille, la flamme s'est éteinte enterrée avec lui, la fièvre et les frissons de plaisir ne sont plus que ceux de la peur. Camille n'a jamais été plus vivant que mort. Sa présence hante et torture sans cesse l'esprit des deux meurtriers. Les deux anciens amants sont rongés par la culpabilité, écorchés à jamais par la souffrance et la folie. La rédemption n'existe pas dans ce monde c'est leur châtiment.

Dans Thérèse Raquin, Zola n'épargne aucun de ses personnages et met à contribution son cynisme pour dépeindre les péchés qui entachent l'humanité. Les descriptions lugubres mêlées à une analyse psychologique de l'âme humaine pour en extraire ses vices donnent un roman incroyablement fort dans lequel on ne reprend son souffle qu'à la fin.
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Thérèse Raquin est un livre presque effrayant. Zola nous plonge, plus encore à mon sens que dans la série des Rougon-Macquart, dans les tréfonds les plus glauques de l'âme humaine.
Plus que dans ses autres récits, la désespérance est totale et rien ne vient racheter l'adultère, le crime commis sur le mari par le couple d'amants, pas même la passion amoureuse, pas même le décor de Paris, la ville-lumière, pas même l'échappée belle dans la nature, un soir de canotage sur la Seine...
Zola est un jeune écrivain lorsqu'il publie en 1867 ce livre qui suscite de la part des critiques, c'est le moins qu'on puisse dire, une forte controverse ! Au point que Zola écrit une préface justificative dans la seconde édition de son roman.
A la fois description analytique, étude psychologique, thriller avant la lettre, Thérèse Raquin provoque très justement cette sensation d'effroi, de malaise, de cauchemar, d'attirance ambiguë, qui fait que le lecteur peut se sentir voyeur ou complice, à tourner l'une après l'autre les pages et s'enfoncer ainsi toujours plus dans la boue, au lieu de jeter le livre et d'aller au grand air. Aurais-je donc l'âme aussi malsaine que celle des protagonistes ?
Que le lecteur se rassure, Zola écrit lui-même dans sa préface à la seconde édition que ses personnages n'ont pas d'âme, que les remords qu'ils éprouvent ne remontent pas jusqu'à la conscience et sont exclusivement physiques :
"[...] Les amours de mes deux héros sont le contentement d'un besoin ; le meurtre qu'ils commettent est une conséquence de leur adultère, conséquence qu'ils acceptent comme les loups acceptent l'assassinat des moutons ; enfin, ce que j'ai été obligé d'appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique, et une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L'âme est parfaitement absente, j'en conviens aisément, puisque je l'ai voulu ainsi. [...]".
Décidément, j'adore Zola, le lire et le relire.



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Tout la virtuosité de Zola explose dans ce roman qui mêle sciences de son époque et littérature. le naturalisme de l'auteur s'appuie sur des théories qu'il faut replacer dans leur contexte pour ne pas s'en moquer. Les quatre personnages du récit sont d'une richesse et d'un charisme impressionnants. Madame Raquin d'abord qui entretient la fragilité de son fils puis qui semble le marier à Thérèse afin de mieux garder tout ce petit monde sous sa coupe. Camille, le fils, d'une mollesse un peu agaçante et d'un égoïsme tranquille. Il se laisse porter. A chacune de mes lecture, j'ai envie de le secouer pour l'obliger à réagir. Au milieu de ces deux-là : Thérèse. Dotée d'une nature passionnée, toute sa vigueur est étouffée par la petitesse de son existence. Son mariage avec Camille est aussi mal assorti que possible et elle se retrouve très vite frustrée par son quotidien. Enfin, nous avons Laurent qui réveillera les passions de la jeune femme. Leur relation est magnifiquement dévastatrice et très vite, ils préméditent le meurtre de l'époux.

Je crois que j'aime tant cet ouvrage parce que finalement il n'est pas seulement naturaliste. C'est une tragédie, un thriller psychologique, un huis-clos fascinant. Et puis la dimension fantastique apporte un élément original à l'univers si brute de Zola.

Je crois que j'ai un penchant réel pour la seconde partie du récit, après le crime. Un autre aspect me fascine dans le roman de Zola : c'est l'influence du lieux sur la vie psychologique des personnages. On se figure très bien ce logis sombre et petit ou les passions semblent s'amplifier par manque de place.

Alors, ami lecteur, si tu ne dois en lire qu'un de Zola, laisse-moi te conseiller Thérèse Raquin qui mérite, à mes yeux d'humble lectrice, sa place au panthéon des chef-d'oeuvre de notre belle littérature.
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A partir d'un fait divers assez sordide (une femme qui assassine son mari avec l'aide de son amant), Zola a écrit un livre choc, véritable étude anatomique d'une grande puissance évocatrice, qui dissèque les ressorts du crime dans un premier temps puis ses conséquences terribles sur les meurtriers, lesquels, subissant les tourments moraux du remords, deviennent victimes à leur tour de leur crime.

L'écrivain use de sa plume comme d'un scalpel, détaillant l'évolution tumultueuse des pensées qui s'agitent chez Thérèse et son amant pour trouver un moyen d'éliminer le gêneur, le bouillonnement de leurs émotions et de la passion qui les dévorent tandis que l'idée du meurtre leur vient progressivement, puis les ravages de la culpabilité et du remords naissants qui les amènent à se haïr, désormais incapables de jouir de leur crime. Cet examen des différentes phases psychologiques est rendu d'un oeil froid presque clinique, comme si Zola se livrait à un écorché de l'âme humaine afin de mieux en comprendre la noirceur. C'est tout simplement grandiose !

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